Oui, un tel cadeau du ciel, je vous l’offre délicatement…
Je quitte mon auberge à baroudeurs, non sans avoir auparavant appris le conditionnel passé « habriamos podido dormir mas », ce sont les argentines de mon dortoir qui ont prévu le même treck que moi qui m’apprennent à conjuguer les verbes, ceci en attendant le bus qui a une demi-heure de retard…
Long trajet en bus de 2h30
Et vous voyez quoi là-bas ?
Après avoir roulé longtemps dans la Pampa nous empruntons une piste qui se rétrécit de plus en plus pour atteindre l’entrée du parc.
Après avoir payé l’entrée nous sommes enfermés dans une pièce où nous écoutons sagement les règles, nous signons même un formulaire nous engageant à les respecter, ici nous sommes au Chili et avec la CONAF on ne rigole pas… Mais la montagne est si belle, ce serait dommage de l’abîmer…
Puis nous prenons un minibus pour atteindre l’hôtel-refuge de Torres par ce qui ressemble plus à un chemin qu’une piste. Alors voilà cette fois-ci j’ai bien pris la carte, je me fais réexpliquer tout, notamment l’horaire de retour, 19 h30, il est 10h45, ils prévoient 4-h4h30 de montée, un peu moins pour redescendre, ça devrait passer sans courir…
Au début le chemin est large
Il convient de suivre les consignes, voilà pour ceux qui savent lire…
Le chemin est bien entretenu (pas aussi bien que les chemins argentins quand même)…
Et les chiliennes ne rechignent pas à la tâche…
Déjà la vallée s’éloigne…
Les trekkeurs s’éparpillent peu à peu…
Le chemin s’élève tranquillement…
Se rapprochant lentement de la montagne…
Le regard parfois ne sait où se porter…
Pour l’instant pas de difficulté majeure…
Des marches…
Pour traverser les rios des ponts ou des passerelles…
Le premier bouge beaucoup…
Interdiction de monter à plus de 2…
Moi, qu’ils soient chiliens ou péruviens je n’aime pas les ponts…
J’aime pas les ponts…
J’aime pas les ponts…
J’aime pas les ponts…
J’aime pas les ponts…
J’aime pas les ponts…
J’aime pas les ponts…
J’aime pas les ponts…
J’aime pas les ponts…
J’aime pas les ponts…
J’aime pas les ponts…
J’aime pas les ponts…
J’aime pas les ponts… Pour un peu je me croirais dans les rios des montagnes belges où j’ai essayé sans succès de noyer Enzo…
Ouf il n’y a pas que passerelles dans ce chemin, il y a aussi du beau…
Du beau…
Où qu’ils soient les chevaux patagoniens sont très fiers…
J’atteinds le campamiento chilénien, je ne m’accorde pas de pause, ma technique c’est lentement et sûrement, c’est comme cela que je distance tous ceux qui étaient dans le même bus que moi et que je mets une heure dans la vue aux jeunes argentines… Fière la cyclo, fière…
Je pénètre alors dans une forêt étrange…
Je suis seule… Parfois surgit… Non pas un lutin, une cascade…
Parfois les arbres poussent n’importe comment…
Ils peuvent être puissants…
A moitié morts, à moitié vivants…
Se déplacer par deux…
Vous envôuter…
Même morts les arbres imposent le respect…
Et quand telles deux sentinelles ils gardent les lieux vous vous faites tout petit…
Et c’est parfois timidement qu’ils essaient de vous barrer la route…
Et gentiement qu’ils vous font une haie…
J’aime me perdre dans leur désordre…
Et celui qui d’un dernier effort retient sa branche, il n’est pas chou ?
De tronc emmêlé l’arbre sait me séduire…
Sa lutte acharnée pour survivre m’émeut…
Il soutient la main du trekkeur qui jour après jour le polit…
Vient un jour où il baisse sa garde…
Si frêle, si frêle…
Un jour il mourra…
Ceux qui n’aiment pas les arbres se disent « ouf il est mort, enfin la cyclo va arrêter son délire »… Et bien non,..
Et puis, il y a l’arbre qui voudrait être pont…
C’était l’arbre, si fragile et si puissant…
Mais derrière la forêt il y a la montagne…
Belle…
Belle…
Je photographie beaucoup ? Oui mais comme je n’ai pas de bâtons j’ai mon appareil à la main alors j’en profite…
J’arrive au dernier campamiento, là ça va grimper dur durant environ une heure…
Je vais bientôt sortir de la forêt, je les entends vos milliers de ouf…
Le chemin s’engage le long d’une moraine glacière…
La montée est rude…
Parfois le chemin est vertigineux… Et le plus souvent sableux ou gravillonneux, mes chaussures de trail ont une accroche d’enfer…
La remontée de la moraine est longue et harassante…
Sa traversée se fait au milieu de blocs de taille variable…
Très très grands des fois les blocs…
Je sens que l’objectif est bientôt atteint, déjà les larmes me montent aux yeux…
Un dernier effort… Comme la plupart des trekkeurs je quitte la trace, escalade les blocs au péril de ma vie, les voilà, elles sont là : las Torres del Paine… Plus heureuse que moi tu meurs…
Je crois bien n’avoir jamais rien vu d’aussi beau…
Je vous l’offre de nouveau…
Eugenia et Belen me rejoignent une heure plus tard…
La descente sera longue, très longue, je ne rate pas le bus, retour sans problème, harassée mais si, si heureuse… Bisous out le monde…
» J’aime pas les ponts, j’aime pas les ponts, j’aime pas les ponts… »
Pfffff cela valait bien la peine que je t’emmène t’entrainer dans les Ardennes !!!!!!
🙂
Il suffit que je laisse un commentaire sur l’article précédent et j’ai mes photos des Torres.
En plus, tu es allé les voir par le même itinéraire que moi.
Tes arbres, tes ponts, tes rochers : je les reconnais et cela fait encore un grand moment d’émotion.
Je t’embrasse
François
Si tu n’aimes pas les ponts marche dans l’eau, mais tu auras les pieds mouillés.
Nous on est sous la neige et le vent. Toujours aussi beau ce que tu nous montre.
BISOUS.
La poésie est dans la Nature et sous ta plume aussi.
Besos Hermana