J14 suite

Hier soir, j’étais trop malade pour écrire, trop terrassée par la fièvre qui à mon avis devait dépasser les 40, moi qui n’en ai jamais, dur. Alors je voulais raconter ma vie d’otage : je vous ai parlé de l’interview, aussi des nombreuses personnes qui sont venues me saluer. Il ya eu aussi la sieste obligatoire, et puis la visite de toutes les maisons du quartier où en fait réside toute la famille et qui souvent communiquent entre elles par derrière, seule celle de l’abuela était belle, les autres étaient quelconques et sales, le ménage n’est vraiment pas leur priorité. Le midi j’ai encore eu droit au pâtes (c’est bon pour la cycliste que je suis ont décrété tous les venezulanos) le problème c’est que ces pâtes sont des spaghetti à la bolonaise et là je suis en train de faire le rapprochement viande hachée-turista, vais peut-être essayer d’éviter…  Après ma sieste j’ai appris quelques rudiments de français aux enfants du village, j’étair en train d’appendre à une petite fille comment on disait « j’ai de beaux cheveux longs, noirs et frisés » quand sa mère est venue la chercher pour aller… se faire couper les cheveux, la vie est mal faite… j’ai aussi tenté d’apprendre au fils de mon hôtesse Gerald à faire les croisés en roller, mon prestige est monté d’un cran…Le soir ça a été la grande fiesta, invitation de familles et amis, ils m’ont fait comprendre que c’était un privilège que de me recevoir. Au repas une de leurs spécialités :arepas mara je sais pas quoi, ce sont les galettes pas tout à fait que du maïs coupées en morceaux, du jambon coupé en morceaux, de la viande en fines lamelles, des carottes râpées, des œufs durs coupé en rondelle, le tout décoré de mayonnaise et de ketchup, et ma fois c’est bon. On ne mange pas à table, certains sont debout, d’autres assis dans des canapés tout défoncés, le tout arrosé de soda aux couleurs et saveurs fort étranges, pas une goutte d’alcool ( on peut s’amuser sans alcool), mais en discutant avec mon hôtesse, ce n’est pas le cas dans toutes les familles; certaines personnes viennent pour dire bonjour et repartent, ici aucune intimité, on vit beaucoup dans le rue, peut-être est-ce pour cela que la mison et le ménage n’ont aucune importance, une grande solidarité familiale, on mange vite et le plus souvent debout. Les vénézueliens et surtout les vénézueliennes sont gros, pas question de régime, les vénézueliennes arborent leurs formes généreuses avec beaucoup de sensualité, on me confiera que les femmes aussi sont « chaudes ». Puis commence la vraie fiesta, musique, chants et danse, je m’éclate ( je pense à leur grande surprise), et c’est pour moi vraiment un privilège que de danser avec eux, les vénézueliens et ennes ont la musique, le rythme et la sensualité qui éclatent de partout, et moi ça me va bien, le courant passe, trop génial, je me dis ma petite tu vas le payer demain, mais c’est la maladie qui aura raison de moi demain. Vers les 10 heures la soirée s’achève, j’ai le droit à un « je t’aime à la folie » et suis raccompagnée à ma cellule (la propre chambre de mon hôtesse) en moto, sans casque bien sûr… Je passerai la nuit à greloter, mon nez coulera comme une fontaine, puis ça deviendra purulent, je tarde à avoir la force de mettre des polaires, n’ai même pas l’idée de prendre du doliprane, je subis, c’est tout. A six heures je suis debout, j’entends le carillon qui chante petit papa Noël, je prépare mes affaires, suis encore gênée par ma turista, un de ceux qui habitent la maison est débout, je lui demande si il a du papier toilette, aussitôt il va en acheter, il me prépare à déjeuner, j’essaie de me forcer mais ça ne passe pas. Mes sacoches ont prêtes,j’attends la télé, elle arrive plus tôt que prévu, mon hôtesse dormait encore, et là branle bas de combat, tout le monde est là, réglage de la caméra, réglage du son, essai et c’est parti 🙁 au passage un dernier cadeau : une médaille de la vierge qui lors d’un arrêt se prendra dans mon compteur et faillira me mettre par terre), dernier au revoir à ma deuxième famille d’accueil, puis interview puis départ : une moto m’escorte et me filme, dix mille voitures et motos me suivent, toutes klaxons hurlant, ce qui fait qu’en plus du boucan du trafic j’ai le boucan des tut tut et ouaioauioaui, au moins je suis protégée des camions tueurs (pas tous quand même), cela dure cinq kilomètres, et le commentateur qui blablablattte, j’imagine: « l’abuela cyclotouriste française  a les traits tirés, le visage couvert de sueurs, elle pédale, elle pédale, ses mollets sont tendus à bloc, elle ne faiblit pas, elle passe à la vitesse supérieure, nous avons du mal à la suivre, son vélo pèse pas loin de 50 kg je me dis que si ça doit durer la journée, je vais crever, je ne sais pas comment font les coureurs du tour de France… j’étais couverte, la température matinale étant inférieure à 25° et mes muscles ne le supportant pas, là j’ai chaud, je fais signe à la moto filmeuse que je veux m’arrêter et c’est le strip-tease devant la moitié du Venezuela… Puis ils me laissent et me » disent qu’ils vont m’attendre à Chivocoa, sauf que je pensai mettre deux ou trois jours pour atteindre cette ville et que l’ai atteinte le soir même. J’étais trop malade, alors j’ai décidé de tracer j’ai tracé. Comme on me l’avait prédit la route est une succession de montagnes russes, parfois j’arrive à me livrer à mon petit jeu favori, je prends de l’élan pour remonter en face. Puis le vent se met de la partie s’alliant aux camions pour essayer de me jeter par terre, quand la route perce la montagne, il souffle en rafales, quatre ou cinq fois suis obligée de mettre pied par terre, suis trop déséquilibrée par le vent et le souffle de certains camions qui me frôlent, j’ai bien cru tomber quand ils s’y sont mis à trois: le vent et deux camions qui se suivaient jusqu’à’ à se toucher presque. Le paysage serait bucolique sans les camions, la route serpente entre des collines verdoyantes ça et là agrémentés de bananiers, il y a beaucoup de camions qui transportent des lolos, vous savez ce fruit qui donne un jus délicieux ressemblant au citron. Avant de faire étape, il me faudra trouver la ville, trouver un hôtel, curieusement une personne avec qui j’avais discuté lors d’une pause à une station service me croise, il se gare, vient à mon secours, m’aide à traverser six voies et le tremplin central, me met sur le bon chemin, bien sûr je louperai la sortie et devrai encore remonter l’autoroute en sens inverse. J’arrive dans un état lamentable, on me donne une chambre, on m’aide à monter mon vélo dans la chambre, quand on sait qui je suis on veut me changer de chambre pour une meilleure, celle où j’étant puant, mais je n’en ai plus la force et dis que je m’en fous. Comme j’ai demandé si je pouvais changer des dollars, on viendra me voir, on me conseillera de manger, je dis que je me repose d’abord un peu, j’ai l’idée de prendre du doliprane, ça va mieux, je vais manger, on me change de salle à manger et on m’installe dans la salle des VIP qui est climatisée et où je grelotte à nouveau, on me fait à manger ce que je veux, salade de cœurs de palmier et tomate (y avait pas d’avocat, c’est que le début de la saison,des frites et du pain, le défilé des gens qui veulent me parler commencent, il y aura celui qui se dit philosophe, celui qui a passé 20 ans au Québec et qui me dit que Charles de gaulle a dit le Québec libre, celui qui parle anglais et bien sûr ceux qui sont intéressé par mes dollars. Puis je dormirai onze heures, j’attends un peu pour les antibiotiques (pas parce que c’est pas automatique, juste por préserver ma réserve pour des cas plus graves, mais demain j’ai encore de la fièvre j’en prendrai. Voilà, les photos seront pour une autre fois, sinon le cybercafé va fermer et pas net pas de nouvelles, dans les deux sens, et moi aussi j’ai besoin de garder un lien avec tous ceux que j’aime et qui m’aiment, bisous à toutes et tous. Au fait j’ai semé la télé, j’espère qu’il n’y aura pas de représailles.

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2 réponses à J14 suite

  1. Quelle aventure Françoise ! Quels souvenirs déjà tu viens d’accumuler en 2 semaines de voyages ! Quelle épopée à raconter dans ton prochain livre que tu publieras bien évidemment !
    Quel ! quelle ! quels ! quelles ! Que d’exclamations rien que pour toi !
    T’es notre championne, y’a pas de doute.
    Bises à toi

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