J17 perdue dans la montagne, j adore…

J17

Dimanche 6 février 2011

El Tocuyo- Un petit village perdu dans la montagne dont il faut que je note le nom

43,29 km dont 40 de montée

Vmoy : 8,1 Vmax : 46,8

Température : 30 ° avec des pointes à 21°

Dénivelée positif : 855m dénivelée négatif : 266m selon compteur

Dénivelée positif selon altimètre : 3322 pieds

Heures sur le vélo : 4h58’59 »

Départ : vers 9 heures

Arrivée : vers 16 heures

Voilà, j’y suis, je suis dedans, dans qui ? Dans quoi ? La cordillera Andina. Comment elle est ? Superbe, magnifique, je l’aime.

Tout a commencé par une nuit épouvantable, les vénézueliens ont fait la fête toute la nuit, ai très peu dormi, mes boules quiès étant totalement inefficaces, et puis je me suis rappelée que celles que j’avais prises dans l’avion quelques années plus tôt étaient, elle,s efficaces, donc j’ai fouillé au fond de ma sacoche, les ai trouvées, et miracle à 5 heures du matin ai pu trouver un peu de repos, du coup j’ai dormi jusqu’à 7h30. Le temps que je range mon bazar, que je déjeune du dernier quart de mon palmira et d’un verre de coca, et surtout que je fasse la connaissance de l’équipe nationale de canionning dont le russe est en fait l’entraîneur, et reséquences photos, chacun étant fier et admiratif de l’autre, me voilà parti vers Biscucuy (prononcez bicoucouille), j’estime la distance à 70 km, ne sais si ls choses sérieuses ( la grimpette) vont  commencer aujourd’hui ou demain, me fais préciser mon chemin et demande à combien de kilomètres c’est, réponse « deux heures de camion », oh là là si l’unité de mesure devient le camion, où vais-je ? Mais de camion n’en rencontrerai que deux, l’un transportant des bananes et l’autre des sacs de je sais pas quoi. En fin de nuit il a plu et la température n’est plus que de 19°, mais je me suis couverte, dans la ville d’immenses flaques d’eau. Rapidement la route devient ce que j’avais pressenti : une vraie route de montagne avec des vrais virages et des vraies pentes et plus de camion et de moins en moins de voitures, et de moins en moins de motos. Bientôt je serai presque seule sur cette route, mais j’aime ça… Je suis à nouveau dans du vert de chez vert, la végétation tropicale a repris ses droits et mes jambes piquées aussi, malgré l’application de crème solaire et de repelente. Pierre j’attends ton diagnostic, c’est quoi ces espèces de petits moucherons qui piquent pas tout le monde, et c’est pas dangereux, et ça fait pas mal, ça fait un point d’impact, un rond rouge et un rond blanc, et je ressemble de plus en plus à une extraterrestre ? La pluie se remet à tomber, je mets mon kwé qui est pas un kwé mais qui est imperméable et qui surtout, est de la même couleur que les petits cailloux que je suis censée semer. Les villages sont rares, je monte bien. Il est midi je vois un minuscule resto et mange ce qu’il y a, c’est à dire un œuf dur et un espèce de beignet, j’avais compris qu’il était au fromage, en fait il y a de la viande hachée dedans, j’espère que la friture a tué les microbes, sinon c’est returista, apparemment ça se passe bien. (Au fait mon état de santé est meilleur, peut-être encore un peu de fièvre aujourd’hui vu qu’à 31° j’ai froid, mais pas grand chose, l’appétit est revenu, le mouchage vert est moins fréquent, je tousse un peu et ai quelques expectorations, j’ai mal à l’oeil gauche, finalement je n’ai pas pris de collyre (erreur), j’espère que cela va passer tout seul. Dans l’ensemble je me sens bien, moral bien sûr tout là-haut dans le ciel), Dans le petit resto ils ont essayé de me faire goûter à la sauce piquante, trop piquante, pourtant j’adore le piquant, j’ai essayé leur mayonnaise : pas bonne, leur sauce salade : pas bonne, et aussi ce midi vu qu’ils n’avaient ni coca ni catogate, me suis offerte une cerveza, light quand même la cerveza (light en alcool) Puis je suis repartie courageusement, la route est devenue de plus en plus montagne, de plus en plus non fréquentée, du plus en plus tropicale et humide et j’ai dû affronter (par ordre de danger) trois chiens qui m’ont attaquée et mes cris ne les ont pas fait fuir (juste vu ma grippe ai perdu ma voix, ne vous inquiétez pas, je continue à blablater…), j’ai du descendre de vélo et ramasser des cailloux, là ils sont partis, du coup, au lieu de semer mes petits cailloux verts fluo, j’en trimballe pour lancer sur les chiens, ce qui rajoute au poids de mon vélo. J’ai du répondre à multes questions, un interview fut plus difficile que les autres, c’étaient des jeunes qui avaient leur VTT à l’extérieur de leur voiture, qui se sont mis à rouler à coter de moi, à me filmer et m’interviewer tandis que je grimpai une pente rude, et qui plus est sur une route cassée, il fallait donc : que je monte, que je fasse attention de ne pas tomber, que je mette pas pied à terre que je réponde à leurs questions, qui plus est dans une langue étrangère, que je sourie, et je respire quand moi ? Ils m’ont proposé de m’accompagner un moment, je leur ai dit que c’était vraiment difficile pour moi tout ça en même temps, ils ont compris, ont terminé leur interview et m’ont laissée. Allez mon webmaster, trouve cette vidéo qui doit circuler sur le net, un indice : les vénézueliens sont des fans de facebook. Et toujours quand je rencontre des gens, les mêmes questions, d’où je viens, où je vais et pourquoi je fais ça, et toujours les mêmes encouragements. Petit à petit la route est devenue plus étroite, par endroit emportée par des coulées de boue, à un moment, une énorme pierre barre la moitié de la route. Je traverse un très gros village, il y a une posada et internet, mais je me dis que j’ai encore un potentiel pour avancer et que j’aimerai bien faire la moitié du chemin qui mène à Biscucuy. Donc je continue, tente d’acheter du catogate, il n’y en a pas, achète du coca. Et je continue, et je continue, et je continue, et ça monte, et ça monte, et ça monte. Je vois sur ma gauche, isolée, en plein dans le vert une superbe posada, le petit coin de paradis que j’attendais, j’hésite et ne m’arrête pas. Pourquoi ? Peut-être parce que le portail était fermé, peut-être parce que c’était dans une pente, peut-être que j’avais peur que ce soit trop cher, peut-être aussi parce que je me disais que j’avais encore du potentiel pour avancer, donc j’ai continué, la route a continué elle-aussi, il a fallu traverser des rios (peu profonds), passer des zone de route effondrée, et fini, aucune habitation, aucun village, et je commençais à être fatiguée. Je vois deux maisons, je leur demande où je peux dormir, là pas possible. Deux jeunes en vélomoteur m’accostent, j’en profite pour leur demander où je peux dormir, ils me disent qu’il y a un village plus loin, que là-bas je pourrai dormir, à la question c’est à combien de kilomètres ? La réponse est toujours vague et en général fausse, Ils me disent cinq kilomètres (en fait ce sera sept), ils me disent que ça descend, faux, ça monte pendant six kilomètres et ne descend que sur un. La température est descendue à 21° et j’ai froid, je me couvre et mets mon kwé dans la descente. J’arrive au fameux village (une vingtaine de maisons et une minuscule boutique), je requestionne : où puis-je dormir ? J’ai ma tente et mon duvet. Là on m’explique que ce n’est pas possible, qu’il faut que j’aille plus loin, alors je fais du setting. Vous avez déjà vu une abuela cyclotouriste faire du sitting, et bin c’est pas triste. J’explique qu’avec un vélo chargé je vais très lentement et que je ne peux rouler de nuit, ni dormir au bord de la route, je demande l’heure, il est quatre heures je ne peux aller plus loin. On me prévient que la nuit il fait très froid, je dis que je le sais et que j’ai tout ce qu’il faut. Sûr que là je leur pose un problème difficile à résoudre. Alors on va chercher quelqu’un, et puis quelqu’un qui prend sa voiture et me dit de le suivre, puis changement d’avis, arrive le représentant du conseil municipal qui me dit que je peux planter ma tente dans la cour de l’école, qu’il a des « bano » (toilettes) sauf qu’il faut que j’attende pour la clef. En attendant j’achète des brioches à l’épicerie, c’est ça ou une boite de thon ou une boite de sardines ou une sucette ou du papier toilette, il n y a rien d’autre. Visiblement soit on ne trouve pas la clef, soit ça pose problème pour l’école. Rechangement, je suis quelqu’un à pied, puis quelqu’un en moto, là on m’amène dans une suite royale, je peux planter ma tente dehors ou dormir dans la maison, je choisis la maison  qui est une sorte de maison municipale, on me fait savoir que je suis sous la protection du gouvernement (euh juste le conseil municipal) il y a un salon, une chambre, une cuisine, une salle à manger, un coin douche et un jardin tropical de toute beauté, l’eau est dehors et on laisse à a disposition une pince pour ouvrir le robinet et la clef de la maison. La maison est faite de rangées de bois et de terre battue, le sol de ciment; Vous l’avez compris tout est plus que rudimentaire, mais pour moi c’est un vrai paradis. Je me lave dehors, lave même mes affaires, évidemment le froid paralyse mes doigts, la technique de mise dans le duvet avec polaire et veste duvet est réemployée et ça marche. Je mange mes brioches et du chocolat, tente la tequila vénézuelinne dans du catoga :imbuvable, je rajoute de l’eau : toujours aussi imbuvable. J’entends une délégation qui se dirige vers ma porte, je comprends qu’ils viennent m’inviter à aller ailleurs ou peut-être manger. Je commence à comprendre ce que l’on dit derrière mon dos, signe que je fais des progrès en vénézuelano. Ils patientent cinq minutes, le temps que je m’extirpe de mon duvet, alors je leur dis que je suis vraiment très fatiguée, que j’étais déjà couchée, que tout va très bien, que je ne manque de rien, j’en profite pour leur donner ma téquila, ils commencent par refuser, alors je pars dans mes explications oiseuses, que je n’aime pas ça, que le moindre gramme pour moi compte, finalement ils acceptent et ont l’air content du cadeau. Voilà ce que je vais faire maintenant j’accepte tous les cadeaux et les offre au prochain qui m’accueille. Sauf les fleurs en crochet, elles sont trop belles et me vont trop bien. Après avoir laissé tomber la nuit et chercher longtemps ma frontale, je m’aperçois qu’il y  a l’électricité. Et voilà, je suis dans la Cordillère des Andes. Les gens d’ici ne savent pas à quelle altitude, 1275 mètres selon mon compteur, c’est peut-être juste, en tous cas pour monter, j’ai monté. La température dans ma suite est de 19°, j’ai bien accroché la nourriture dans un sac étanche et l’ai mis en hauteur. Suis contente, contente, contente, du coup demain je ne sais pas où je vais m’arrêter vu que je suis en avance sur mon programme. Je voudrai encore gagner de l’altitude avant de faire une pause pour m’acclimater. Et voilà je suis heureuse, heureuse, heureuse, bisous à toutes et tous, et merci à ceux qui me lisent, m’encouragent et m’accueillent.

Message perso à Jean-Luc (écrit ici car souvent mes connections internet sont difficiles et il est plus facile pour moi de tout écrire sur mon ordi et de transférer d’un bloc sur le net grâce à ma clef USB), si il a eu le courage de me lire jusque là : pour la participation au réchaud des cyclocosmos, prends contact avec le webmaster du site de poésie en lien sur ma page, tu lui dis que c’est de la part de Franny, et tu lui demandes comment faire, car il avait organisé une souscription pour l’édition de nos œuvres en passant par paypal, moi ces choses techniques me dépassent…

Message perso à ma famille : savez-vous si Eric et Isabelle sont toujours en panne d’ordinateur ? Si tel est le cas donnez-leur de mes nouvelles et réciproquement et dites à Salomé que quand c’est difficile je pense à elle et j’y arrive.

Ce contenu a été publié dans Venezuela, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

5 réponses à J17 perdue dans la montagne, j adore…

  1. Salut Françoise,
    Pour ce qui est du réchaud, Corinne et Enzo nous remercient tous et en particulier Pierre pour le geste généreux mais ils estiment qu’ils pourront faire sans. Toujours aussi humble ce couple ! Dès leur retour, je les inviterai chez moi dans l’Oise pour leur dire tout le bien que je pense d’eux.

    Je suis très content Françoise que tu sois dans un rythme de croisière qui te va très bien. Je lis très souvent ton bonheur d’être dans la Cordillère, d’être au milieu de tes rêves qui te poursuivaient depuis très longtemps. Comme je te comprends !
    Aujourd’hui, je vais sur Paris sur les conseils de Pierre pour trouver les bonnes cartes. C’est un acte important pour moi que d’aller choisir, au bon endroit, des cartes fiables car je m’aperçois à la lecture de tous les voyageurs à vélo qui traversent cette Amérique qu’il n’est pas aisé de trouver le bon chemin pour diverses raisons. Encore une fois, merci Pierre, notre guide suprême ! (non, non, pas Mao !). J’y vais aussi pour trouver LA bonne boussole. Deux éléments indispensables pour notre périple.

    En parlant d’itinéraire, je compte sur toi pour me dire si celui que tu as choisi ne t’a pas donné trop de soucis.
    Tu me diras aussi la meilleure solution pour le mobile. Est-ce que j’emporte mon mobile européen ou me conseilles-tu d’en acheter un sur place qui fonctionne à carte. Je serai en même temps muni de « Skype » pour correspondre avec famille, amis et classes de collège.
    Je t’envie d’être déjà sur place pour goûter à toutes ces joies et mon frein commence à se ronger sérieusement. Avant même d’être sur les chemins andins, j’ai déjà changé de patins.

    Bonne continuation Françoise et hasta pronto !
    Bises à toi

    • Francoise dit :

      Merci Jean-Luc pour ce long message, c’est promis je vais te faire un article spécial pour l’itinéraire et tu en feras ce que tu veux compte-tenu de tes aspirations personnelles. Pour les cartes, celle que j’ai va, si je ne trouvais pas d’autre route, c’est qu’il n’y en avait pas… Juste il n’y a pas le nom des petits villages, et l’appréciation des distances est difficile, et des difficultés impossible… Je recueille les renseignements sur place, mais c’est folklo… Quand même ronge pas trop tes freins, ici ça peut servir… Sinon, physiquement c’est très très dur (enfin pour moi…) J’ai un gros avantage sur toi, c’est que suis devant toi, donc récupère tous les honneurs dus aux extraterrestres… Quant ils te verront, ils seront moins surpris…Bisous

  2. brigitte jotté de la touche dit :

    ben!!! ouaih!!! te voila donc enfin sur ce grd projet qui te tenais à coeur , et je te vois souriante, et pleine de vie , à la santé rutilante !!moi je crois que t’es faite oui pour le tour du monde !!! t’as l’air moins malfoutue sur ton vélo qe dans une maison confortable :: bravo la bretagne t’accompagne bizzzzzzzzzzzzzzzzzz

  3. JOSELY dit :

    hola ayer no supe de ti …. espero que estes bien ….. besos

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *