J19 : de l’inutilité…

Mardi 29 janvier 2013

Quelque part en Tierra de Fuego – Bifurcation San Sebastien, Cameron, Porvenir, Cerro Sombrero
55 km de piste
Départ  8 heures (inutile…), arrivée vers 16 heures

Pourquoi de l’inutilité ? Parce que je longe la Baya Inutila, oui, la baie inutile, longtemps je me suis demandé ce qui différenciait l’homme de l’animal, j’ai d’abord pensé que c’était l’art, mais on m’ a dit que les oiseaux inventaient des mélodies juste pour le plaisir et que les éléphants dessinaient avec leurs trompes… Alors j’ai pensé que ce qui différenciait l’homme de l’animal c’était de faire des choses inutiles, mais si l’océan pacifique se met aussi à jouer l’inutile, où va-t-on, où va-ton ? Ce que je fais , relier Caracas à Ushuaïa, seule, en vélo, en solo et en autonomie est très inutile, mais aujourd’hui je vais me faire encore plus inutile, oui, 40 km sur piste avec un vent furibard contre pour rien…

Tout avait bien commencé, l’endroit aurait pu être bucolique s’ il n’était si sale…

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La pampa à droite, la pampa à gauche est rarement égayée par un camion

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Regardez bien les deux tentes là, d’abord ma petite sœur tu peux remarquer que je ne suis pas la seule à mettre des pierres à disposition de l’agresseur…

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Je vois une tête, un hola, la tête rentre vite se mettre à l’abri, oui, le vent souffle encore très fort. Deux tentes, une charrette, pas de vélo, je me demande si ce sont des marcheurs qui tirent leur barda ou s’il y a une tente pour les humains et une pour les vélos…

Un abribus à côté des tentes m’accueille, j’avale vite quelques gâteaux, les vitres sont cassées et il n’abrite plus rien et le vent souffle très fort. (Au fait, vous voyez la piste à droite, c’est celle que j’ai ratée)

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Très vite je sens que je ne suis pas sur la bonne route, et mon instinct me trompe rarement, je regarde la photo prise, le croisement, à gauche c’est pour Cerro Sombrero, à droite Camaron et San Sebastia tout droit.

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Mais ce qui me gêne c’est le soleil, je devrais aller plein est et je l’ai à droite, je devrais avoir le vent favorable et je l’ai de coté à gauche, ça ne me plait pas du tout. Je m’apprête à arrêter la première voiture qui passe quand un motard arrive et s’arrête. Il interroge son GPS, sa carte, oui je suis sur la bonne route et à 51 km de San Sebastian, moi j’avais compté moins, mais…

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Francisco il s’appelle, il est italien, ma beauté fatale a dû le troubler… Arrive un ouvrier, je demande le droit d’emprunter la route en construction, la piste est plus que mauvaise, oui mais je dois faire attention, un motard a eu un accident, il y a plein de trous et ne les a pas vus…  Et voilà qu’ils s’y mettent à deux pour me mettre sur le mauvais chemin…

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Et je vais galérer, galérer un max, les trous sont difficilement franchissables, le vent latéral devient franchement contre, je pousse avec peine, en clair je galère…

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J’atteinds le campamiento des ouvriers, je demande refuge, un endroit pour poser ma tente à l’abri. Il faut qu’ils voient leur supérieur. Je m’assieds sur une marche, mange un des sandwichs laissés par les chiens de Porvenir.

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Le vent ? Il va souffler aussi fort demain ? Oui, c’est tous les jours comme ça. Et c’est normal qu’il ait changer de sens comme ça tout d’un coup ? Je l’avais favorable, j’aurais dû l’avoir favorable allant dans le même sens, peut-être est-ce cela qui les a fait réfléchir et leur a fait comprendre mon erreur. Je reprends des forces et me dis que je vais y retourner. Je pousse mon vélo sur la piste épouvantable, ça monte, le vent contre est furibard ça devient impossible. Un pick up du campamiento s’arrête à mon niveau, je crois qu’ils veulent m’emmener, je refuse, explique que je fais tout à vélo, mais ce n’est pas ça, je ne suis pas sur le bon chemin… Quoi ? Oui, j’ai raté la bifurcation là où il y avait l’abribus… Non, ce n’est pas possible, 5 heures de galère pour rien (d’où de l’inutilité). Je rebrousse chemin, je n’ai plus la force de franchir les obstacles de la route en construction, je roule (enfin pousse bientôt) sur les bas cotés car je reprends le vent de coté, il est plus que furibard, impossible de rouler. Les déferlantes se font plaisir sur la laguna. Moi je galère, 40km, 40 km d’inutile…

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Je finis par rejoindre la bifurcation, les bivouaqueurs sans vélo sont partis, je prends leur place.

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Cette place est très mauvaise, le vent s’engouffre sous la cabane qui est sur pilotis et un espèce de courant d’air se forme sur le côté, et le vent est plus que furibard… Pendant deux heures je reste terrée dans ma tente, le bruit est assourdissant, je n’ouvre pas mes sacoches, je n’enlève même pas mes chaussures de peur de devoir intervenir rapidement sur ma tente et j’ai peur et j’attends. La tente tient. Je reprends confiance.

Ma dynamo dans le moyeu avant a bien fonctionné et mon baladeur se charge.

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Je vaque à mes occupations de bivouaqueuse, séchage du linge…

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Recharge en calories…

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Pas le courage de sortir l‘ordinateur… Bisous tout le monde

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