J24 : Valera, ahahh

Dimanche 13 février 2011
Trujillo- La posada « la montana » à 9km67 de l’entrée de Valera
Altitude : 758m
44,67 km
Vmoy 11,5: Vmax : 46,7
Température : 29 au départ, se stabilisant à 34 ° avec des pointes à 39° puis chutant brutalement à 29° sous les nuages et à 2&° sous la pluie
Dénivelée positif : 566m dénivelée négatif : 713m selon compteur
Dénivelée positif selon altimètre : 2521 pieds
Heures sur le vélo : 3H52’11 »
Départ : 9H20
Arrivée : 14h25
Important cette arrivée à 14H 25 car à 14H 30 : trombes d’eau…
Je me réveille vers 7h30, je profite d’une douche chaude et je prépare tranquille mes affaires, il faut dire que pour mettre le bazar, suis la championne des championnes. Je déjeune de 350g de pain, chocolat aux noisettes, coca. Un dernier adieu a la Virgen de la Paz, qui ce matin etincele au soleil…J’ai étudié guide et carte, me renseigne sur cette petite route qui évite l’autopista et shunte Valera. Après avoir interrogé multes personnes cette petite route existe, alors pour ceux qui seraient tentés de la prendre : explications: D’abord elle s’appelle la « caretera vieja », ce qui veut dire l’ancienne route, évidement elle est déconseillée car en mauvais état (des pierres) et évidemment c’est une route où ils assassinent, volent et violent tout le monde (sauf évidemment les « abuelas cyclotouristes), bref cela doit être une super petite route de montagne. Il faut redescendre Trujillo ( ce que au passage je fais en me perdant, et quand on se perd sur une ville en pente, et bien, juste, si on descend il faut remonter… Mais cela fait partie du jeu, et cela permet de visiter des quartiers ignorés et de voir ce que les vénézueliens font le dimanche matin). Je rencontre trois cyclistes,(des vrais) je pense qu’ils vont aller à la Virgen de la Paz. Ah oui, je disais pour la petite route de montagne, donc quand on a descendu Trujillo et rejoint la bifurcation Trujillo – l’autopista qui va à gauche vers Merida et à droite je sais plus, là il faut redemander, attention peu de gens connaissent cette route et personne ne la recommandera, juste mon instinct me dit que ça doit être super. Pourquoi ne pas l’avoir prise alors ? Parce que je me dis qu’on est dimanche et qu’il doit y avoir peu de trafic sur cette autoroute, effectivement les voitures ne sont pas fréquentes, juste chacun de leur passage entraine une pollution sonore qui dure 5 minutes. Les camions (interdits dimanche et jours fériés) sont absents. La route est excellente, et qui plus est je bénéficie d’une voie d’arrêt d’urgence rien que pour moi, enfin rien que pour moi presque, je suis doublée par un groupe de vrais cyclistes qui ne me laissent pas sur place et que je redoublerai beaucoup de kilomètres plus loin (ils ont du faire une pause). Un autre groupe de trois cyclistes me doublent, puis un tout seul qui manque de me bousculer en m’interrogeant sur ce que je fais. La route comporte de très longues montées et quelques descentes, le tout est pédalable et je file bon train. Évidemment l’ambiance ni la montagne ne sont les mêmes sur les grandes et les petites routes, mais là j’ai décidé d’avancer un peu. Ce matin le ciel était tout bleu, juste un petit nuage auréolait la vierge. Je crois que je n’ai vraiment plus de fièvre car je ne grelotte plus à 39° et je souffre de la chaleur dans les montées, même que je transpire un max. Les replats me permettent de me réhydrater, maintenant j’ai la technique je commence par le coca, puis de l’eau, puis le catogate. A propos de coca, c’est fini plus personne ne touchera ni à mon vélo, ni à ma tente, ni à mes bagages, ce matin la personne qui a voulu m’aider a tenu la gourde de coca à l’envers, et comme évidemment ces machins ne sont pas étanches 1 en a perdu quelques gouttes, et 2 en a renversé plein sur ma sacoche guidon, bon j’ai tout nettoyé car je n’aime pas que tout colle. Je crois que j’ai réussi à équilibrer le bilan entrées-sorties en ce qui concerne les calories et l’hydratation, l’inconvénient ? Il faut que je pisse une fois dans la journée, ce détail pour une femme est important, car c’est tout sauf facile… Mes 35 premiers kilomètres sont aisés, je commence par redescendre les sept kilomètres de détour pour aller à Trujillo, je ne regrette pas ce détour, cette ville m’ a beaucoup plu (sauf le fait qu’elle soit construite en pleine pente…), puis je pédale bien dans les montées. Je finis par arriver à Valera et c’est l’horreur, pas tellement parce que la ville est construite sur une pente raide, mais les bas quartier de Valera, je ne croyais pas que cela existait au Venezuela, c’est pire qu’une poubelle ( ça je l’ai déjà dit que le Vénézuela était une vaste poubelle, et je pense qu’au lieu de passer ses messages de propreté et de respect de l’environnement soit à la télé soit par affiche, le gouvernement ferait mieux d’installer des poubelles (elles sont très rares) et d’organiser le ramassage des ordures, c’est peut-être par là que va commencer le travail de tous les jeunes diplômés du Venezuela). Donc j’arrive en bas de Valera, j’ai l’impression que Valera est construite sur une montagne au milieu d’une vaste vallée, enfin que l’impression car l’humidité est si intense que l’on a un peu de mal à vraiment distinguer le relief. Le bas de Valera ? Des tonnes et des tonnes d’immondices, de tout, des trucs en plastiques, des bouteilles vides, des papiers, des choses qu’on ne sait plus ce que c’est, et au milieu de tous ces immondices ? Des cadavres de chiens et chats, une odeur pestilentielle, et la pollution du trafic qui est redevenu intense, et la caretera que es muy subida, j’ai un peu peur, je pense qu’il ne vaut mieux pas traîner ici, c’est sûr que je ne vais pas sortir mon appareil photo, j’appuie comme une malade sur mes pédales pour ne pas mettre pied à terre, au bout d’un kilomètre ou deux, une irrégularité de la route aura raison de mon obstination, mais de toute façon derrière le virage il y a un feu, donc j’aurai été obligée de poser pied à terre. Après le feu je réenfourche mon vélo et pourrai pédaler tout le long, mais c’est hyperdur, la route est très pentue, il fait très chaud, le trafic est intense, les queues de poisson des taxibus habituels, la pollution toujours aussi insupportable, et je commence à avoir quelques kilomètres et dénivelées derrière moi, plus je monte et plus la misère, puis la pauvreté s’atténue, les beaux quartiers sont en haut de la ville. Je décide de m’arrêter dés que je trouverais un endroit où ils vendent du coca (j’ai épuisé ma provision et j’ai vraiment envie d’un coca frais). Je vois une « farmacia todo 24 horas », ce n’est pas une pharmacie mais un petit super marché, je trouve une canette de pepsi frais, m’installe sur le parking à l’ombre, au milieu des voitures (suis une vraie clodo) et mange mes ships, mon pain légèrement sucré et un bout de chocolat, il est presque fondu, j’ai un peu négligé ma technique secrète. Les nuages sont de plus en plus noirs et de plus en plus menaçants. J’interroge un motard qui s’était arrêté à coté de moi et qui m’avait encouragé d’un « que Dieu vous accompagne » sur la probabilité de pluie, il me rassure en me disant que non il ne va pas pleuvoir, juste que l’humidité va être très importante, me voici rassurée, juste il se trompe… Je reprends la route et pédale, pédale, 7km 27 plus tard je sors enfin de la ville, je n’en peux plus, je suis épuisée, je mets pied à terre et pousse. Un couple dans une camionnette flambant neuf me propose de m’emmener 3 heures plus loin, mais trois heures de quoi ? J’ai du mal à leur faire comprendre que je veux continuer en vélo, ils me disent que la route monte beaucoup, je leur dis que tant pis je pousserai, ils ont vraiment du mal à admettre mes raisons, peut-être croyaient-ils faire leur B.A. ( bonne action pour ceux qui n’ont pas fait de scoutisme) de la journéeje leur demande si il y a un hôtel à Mendoza, ils me disent que non, qu’il faut aller jusque La Puerta, déjà que je pense que je suis incapable d’aller jusque Mendoza, impossible d’aller jusque La Puerta. Au moment où je vous écris, alors que je suis dans une posada qui se veut charmante il y a dans la cour un camion qui laisse tourner son moteur, l’essence ici ne vaut rien, elle est mille fois moins chère que le coca, ce qui fait que pour aller à Merida, ça revient moins cher pour un camion que pour une abuela cyclo. Si ils veulent régler le problème de la pollution, il va falloir qu’ils augmentent de un milliard de fois le prix de l’essence.. Donc je suis épuisée, j’ai chaud, j’ai froid, chaque montée me fait tituber, je ne crains plus (à tort) les immenses nuages noirs, je me dis que je vais devoir recommencer ma quête d’un endroit où dormir (au fait je pense que c’est ça le plus dur, trouver un endroit où dormir) quand ? Un écriteau « posada à 500 mètres », un deuxième « posada à 1km », je surveille attentivement à gauche, à droite, et la Posada est là. Le prix est abordable, je peux mettre mon vélo dans ma chambre, bientôt la propriétaire vient me congratuler, on me propose à manger, mais je viens de manger, on m’offre (j’accepte, je sais que c’est très bon pour moi) un verre de jus de fruit tout naturel, c’est un verre de jus d’orange, on m’explique pour la douche, qu’il faut demander pour l’eau chaude, je dis que je veux prendre ma douche tout de suite ( je crois que je vais mourir intoxiquée par les fumées du camion, c’est pas possible), j’ai du mal m’exprimer, la douche est glaciale, elle me fait quand même du bien, mais évidemment je me paralyse les mains, j’hésite à sortir mes duvets, finalement j’arrive à me réchauffer avec ma polaire. Au fait que croyez-vous qu’il arriva cinq minutes après mon arrivée inespérée dans cette posada ? La pluie, soit-disant qu’il ne devait pas pleuvoir… Et ici, la pluie c’est pas une petite pluie, l’hôtelière me dit que ce n’est rien, non ce n’est rien, c’est juste une averse tropicale, c’est-à-dire qu’il va pleuvoir à sceau, mais quand je dis à sceau, c’est à sceau, et cela va durer pile une heure. Conclusion je pense que j’ai intérêt à avoir mes sacoches ( ouf le camion est parti) bien fermées, ce qui n’était pas le cas ces derniers jours, mes sacoches avant dégoulinant de leur contenu… parce que quand ça tombe, je pense qu’on a pas le temps de s’abriter et ça tombe bien. D’après ce que j’ai lu les averses c’est plutôt en fin de journée, là il était 14h30, l’autre jour c’était toute la nuit et le matin, j’ai peut-être intérêt à partir plus tôt, je ne sais pas, à avoir mes sacoches bien fermées, c’est sûr, et à me garer quand mon instinct il me dit qu’il va pleuvoir, et là mon instinct me l’avait dit, et surtout croire plus personne, mais là ça va être dur, surtout que quand les gens vont dans le sens que vous attendez, c’est dur de ne pas leur faire confiance. Demain je ne sais pas trop jusqu’où je vais aller, on verra, cela dépendra de la route, de ma forme et du temps. J’ai toujours un peu mal à la gorge et les bronches un peu prises, mais je crois que c’est la pollution à chaque fois que je traverse une ville. Je n’ai plus de fièvre, je n’ai pas regrossi, mais je crois que j’ai cessé de maigrir, j’ai l’impression que je n’ai pas de nouvelles piqûres sur les jambes, bref ça va. Si j’étais quelqu’un de bien je déchargerai mon vélo et referai un nettoyage graissage des pignons, chaîne, etc (j’ai entendu un petit cliquetis), mais pour une fois que je peux garer mon vélo chargé dans la chambre, je verrai demain. Les spécialistes peuvent-ils me dire quand on roule dans des conditions à peu près normales,(c’est-à -dire pas pistes, chemins ou rios, euh juste quelques uns,) tous les combien il faut nettoyer et regraisser la chaîne et ce autour de quoi elle tourne ? En tous cas je vérifie le gonflage tous les jours et rajoute si nécessaire.
Finalement je crois que j’ai adopté la bonne technique (pour moi), un peu de route de montagnes perdues pour me faire plaisir, et un peu de routes qui roulent, histoire de ne quand même pas perdre mon objectif qui est d’arriver à Ushuaïa avant l’hiver de là-bas et de pouvoir randonner dans la montagne.
Bisous tout le monde

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