J266 : jusqu’au bout le Pérou m’aura tout donné…

Jeudi 13 octobre 2011

Le Pérou c’est le Pérou, le pied quoi…

– village à 10 km de Yunguyo, un peu en retrait de la route

Distance parcourue :61,82 km
Vmoy :11 km/hVmax :41 km/h
Température : minima : 15°, maxima : 33°
Dénivelée positif :184 m
Dénivelée négatif :275 m
Heures sur le vélo : 5H35’07 »
Départ : probablement vers 8 heures 30
Arrivée : vers 17 heures

Résumé de la journée

  • Objectif : La Bolivie, je m’écroulerai avant…
  • Conditions météorologiques :  ciel laiteux, du ciel bleu aussi, pas de pluie, vent intermittent toujours glacial.
  • Etat de santé : et bin l’épaule, le genou, le dos, les dents…
  • Particularités de la journée : de tout…

Pour ce dernier jour au Pérou, le Pérou va tout m’offrir…

D’abord le plus bel oiseau libre du monde, elle a dix ans de moins que moi mais est tellement plus libre… J’espère, arrivée à Ushuaïa, avoir acquis un peu de sa liberté… Ni GPS, ni téléphone (remarquez moi-aussi), ni carte, ni ordinateur, pas même d’appareil photo… Elle est partie il y a cinq mois du Paraguay, va de-ci delà, explorant au grès de sa fantaisie les chemins de traverse, parfois elle ne fera que10 km dans la journée, s’arrêtant quand elle le veut et où elle le veut, les bivouacs sauvages loin de tout ne l’inquiètent pas, même ses cheveux elle les a laissé libres… Revêtue d’une robe de laine elle a je crois trouvé la solution pour ne pas avoir les cuisses glacées comme je les ai souvent… Nos points communs ? On a un buen suerte de crevaison, chacune une, oué car moi je mets deux heures pour changer une chambre à air, elle trois… Nous avons toutes les deux la moitié d’une sacoche pleine de trucs pour réparer le vélo, oh on a pas décidé d’emmener ces trucs, juste qu’on a peur pour nous alors on nous donne des démonte-chaines, des câbles, des trucs pour changer intégralement tous les rayons, même qu’on nous a montré, même qu’on sait qu’on le fera jamais et un jour, en catimini, on va prendre tout le sac et on va le jeter dans un fossé… Elle et moi sommes minuscules… Elle et moi avons perdu 10kg, ne vous inquiétez pas là je suis en train de reprendre… Notre joie rebondit de l’une à l’autre… Notre rencontre a lieu à 10 mètres du col, elle a faim, j’ai froid, nous nous quittons…

Le Pérou a compris que j’en avais un peu assez de ces longues lignes droites au milieu de l’altiplano…

Alors il va parsemer ses bas-cotés de rochers…

Parfois imposants…

Ailleurs érodés par l’eau et le vent…

Là on ne sait qui de l’homme ou de la nature lui a donné cette forme inattendue…

Des fois ils sont tout ronds…

Et enfin le lac Titicaca va se montrer, beau, très beau…

Et pour ne pas oublier la descente sur Ocros, allez, un peu de piste…

Bien sûr dans ce pays les gens ne s’arrêtent pas de travailler parce que je passe…

Certains tissent des cordes en plastique, quand je leur ai demandé ce qu’ils faisaient ils m’ont dit que c’était pour me tordre le cou… Bon on peut aussi en faire des filets…

Certaines femmes tissent…

D’autres transportent les espèces de roseaux pour en faire un tas de choses…

D’autres travaillent dur pour doter ce pays de vraies routes…

Partout la terre est cultivée ou sert de pâturages, là les vaches frôlent la surpopulation…

Certains attendent que les filets posés ramènent de délicieux poissons…

Et puis le Pérou va m’offrir encore :

Son jaune…

Ses maisons agrémentées de cochons…

Ses églises posées là par hasard…

Puis il va m’offrir encore une dernière montée, la der des der ? Non, derrière ça monte encore, et puis il y en aura encore une, et encore une, et bien sûr je mets un point d’honneur à ne jamais poussé, appliquant quand c’est nécessaire ma technique de la respiration contrôlée, non pas assistée, contrôlée, n’oublions pas que nous sommes aux alentours de 4000 mètres d’altitude…

Et puis bien sûr, pour clore le tableau, un peu de vent, toujours glacial, là contre…

Et voilà le cadre du dernier pique-nique…

Le Pérou ira jusqu’à voler à la Bolivie ses cimes enneigées pour ravir mes yeux et mon cœur…

Pour moi encore il louera la petite reine…

Pour dormir il a voulu m’offrir son « parque », il fallait escalader le banc, traverser la haie…

Moi j’aurais préféré le« campo », mais parait-il que les chiens la nuit vont me manger…

Je suis épuisée comme cela m’arrive souvent… Je ne veux qu’une chose, c’est m’enlever ma transpiration, me changer, manger, dormir. Une fois installée une mamita me propose d’aller chez elle, là c’est dangereux, non, merci beaucoup mais je n’ai plus la force, j’explique que je suis vraiment épuisée et quand je suis comme cela les larmes me montent aux yeux toutes seules. Je m’enferme dans ma tente et ce sont les enfants qui vont venir m’embêter, tournant autour de la tente, lançant dessus leur ballon, puis du gravier. Je crie un coup, ils se sauvent puis reviennent, l’un essaie de sortir de l’instrument traditionnel quelques notes de musique à touristes, je supporte un moment et je craque et je m’énerve, je sors de le tente et crie, non pas crie, hurle que je suis au Pérou depuis quatre mois, que tout le monde m’a bien accueillie, m’aidant, m’hébergeant quand c’était nécessiaire, me respectant et que c’est la première fois qu’on m’ennuie comme cela, mais qu’est-ce que c’est que ce village, c’est ma dernière nuit, c’est le souvenir que je vais avoir du Pérou ? Et celui qui joue de la musique et bien au lieu de m’embêter il ferait mieux d’aller à l’école apprendre à jouer de la musique parce que ce qu’il joue c’est très très laid. Puis je rentre dignement dans ma tente (enfin aussi dignement que l’on peut rentrer dans  une tente, c’est-à dire les fesses en l’air, puis effectuant un retournement, lequel vous arrache mille cris de douleurs, puis vous récupérez vos savates qui ont valsé et bataillez avec les fermetures éclair qui évidemment se coincent… Ceux qui me connaissent  savent que je ne ne m’énerve pas souvent mais que quand je m’énerve il vaut mieux se garer, et bien c’est ce que vont faire les enfants, la mama qui regardait et tous les habitants du village, de toute la soirée et la nuit on aurait pu entendre une mouche voler… Sauf qu’à près de 4000 il n’y a pas de mouche…

Ce fut ma dernière journée et ma dernière nuit au Pérou, merci le Pérou pour tout, tout ce que tu m’as donné valait bien une fracture…

Bisous tout le monde

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2 réponses à J266 : jusqu’au bout le Pérou m’aura tout donné…

  1. Enzo dit :

    Maintenant tu sais pourquoi je veux retourner m’installer au Pérou.

    Kissss

  2. Francoise dit :

    Oui, je comprends, mais la Bolivie debute tres fort… Peut-etre je viendrai finir mes jours a Copacabana, je crois que je vais avoir du mal a partir…besos……. et dis-moi la partie dure c’est entre le salar d’Uyuni et le Chili ? Et je dois prendre des provisions pour combien de jours ? Et pour l’eau je fais comment ? Il n’y a vraiment aucune tienda ? Rien de rien ? Pendant combien de jours pour toi ? Moi il me faut le double de jours… J’ai rencontre sur voyageforum un francais qui a monte son entreprise de trek a Huaraz, il ne regrette pas.. Encore merci pour tou, besos

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