J295 : le plus beau jeu de pistes du monde, J21 : direction le salar de Coïpasa

Samedi 12 novembre 2011

Colchane – Bivouac au bord du Salar de Coïpasa
Kilométrage : 37,75 km
Heures sur le (ou à coté du) vélo : 5h54’16 »
Vmoyen : 6,3 km/h Vmax : 16,8 km/h
Températures : min : 15°, max : 35°
Dénivelée positif : 26 mètres
Dénivelée négatif : 14 mètres

Je passe une bonne nuit, il n’a pas gelé dans la chambre… Au petit-déjeuner je prends mortadelle et fromage pour mes pique-nique.

En observant bien mon vélo, car cette histoire de changement de vitesses me tracasse, je m’aperçois que le câble n’est pas passé dans un des trous, c’est pour cela que c’était si dur. Pire, cela a fait que le guide câble des deux changements de vitesse (avant et arrière) est sorti de ses gonds. Je demande au belge qui parle français si il peut m’aider à repositionner le câble car je manque de force et le câble coupé très court offre peu de prise. Voilà qui est fait, du coup je ne pars qu’à 9 heures. Mais miracle le changement de plateau se fait à nouveau presque bien. Mon vélo fait quand même un drôle de bruit, à ma pause de 13 heures je nettoie et regraisse la chaîne, le bruit cesse.

Mais je ne fais pas que m’occuper du vélo, je passe la frontière, j’ai mal choisi mon jour, nous sommes samedi, tous les travailleurs émigrés boliviens rentrent chez eux et je dois faire une heure de queue. La petite conne du guichet ne veut « me donner » que 30 jours, ça va on retrouve dans tous les pays le même genre de petite conne (ou de petit con) qui, parce qu’ils sont derrière un guichet et qu’ils ont en face d’eux des gens qui « demandent », se prennent pour Dieu le père, moi j’appelle ça un abus de pouvoir… J’applique ma technique de résistance passive, je reste très calme et répète inlassablement la même chose « je ne comprends pas, je suis française, européenne, la loi dit que j’ai droit à 90 jours », elle me dit que je n’ai qu’à aller à Oruro à l’émigration me faire prolonger, je lui dis que ce n’est pas mon projet, que je voyage en vélo et que mon projet est de traverser le salar de Coïpasa, celui d’Uyuni, d’aller à Potosi et Sucre (je ne parle pas du Sud Lipez, là elle ne va pas suivre…), elle finit par céder et me donne les 90 jours, dans ma tête j’ai élaboré une autre stratégie de défense si elle ne cédait pas, qu’elle appelle son chef, en général ça marche ça, et si le chef redit la même chose, ok, qu’ils m’emmènent à Oruro à l’émigration, sauf que aujourd’hui samedi ça risque d’être fermé… De toute façon j’avais bien décidé de ne partir de là qu’avec mes 90 jours… Amis cyclos, soyez vigilants, à l’émigration, ici comme dans d’autres pays c’est assez folklo…

Enzo, tu avais raison il vaut mieux dormir coté chilien…

Me voilà donc partie direction le Salar de Coïpasa avec les indices d’Enzo : « 10km après la frontière tu prends une piste sur la droite ». Un peu plus de 4 km après la frontière un barrage militaire, je me fais confirmer mon chemin, ils me disent que la piste est à droite, au village qui est juste sur la droite, devant l’église. Je quitte à regret cette jolie route goudronnée déserte qui va à Oruro et m’engage sur une piste.

A coté de l’église d’autres militaires, redemande de renseignements, c’est la piste là et après tout droit, sauf qu’après il va y avoir mille bifurcations, je vais me diriger à la boussole et à l’instinct.

Le temps est beau et chaud, le ciel un peu laiteux.

Comme d’hab, c’est beau…

A part 5 ou 6 passages très sableux la piste est roulable pour moi.

Et toujours le paysage est chouette…

Et voilà un premier morceau de salar à traverser, je suis un peu inquiète, oui je suis un peu inquiète sur les grandes distances pour traverser les deux salars (Coïpasa et Uyuni), si il faut que je pousse je ne sais comment je vais gérer ça, je n’ai pas envie de dormir sur le salar, d’abord j’ai peur qu’en cas d’orage je me retrouve dans l’eau, j’ai peur qu’un 4×4 m’écrase et puis le vent sur les salars est terrible.

Mais je passe bien ce premier morceau de salar, me voilà déjà un peu rassurée. Je vais faire 10 à 20 km de salar, je suis impressionnée, c’est un milieu que je ne connais pas, c’est blanc, on dirait un lac gelé, parfois ça craque, alors on a peur de tomber au fond…

Je vais m’offrir un super pique-nique au soleil (sandwich jambon-fromage, de l’eau à bulles, le luxe quoi, un quart de pommes, oui le rationnement continue…).

Je suis des traces.

Puis les traces se perdent…

Je suis à peu près sûre de là où je dois aller, mais j’ai besoin de confirmation. Une voiture va à droite et je crois voir comme une maison, j’y vais. Je vais goûter aux joies du salar mouillé, c’est clair ça fait comme de la neige mouillée et on avance pas, je pousse, oh la la ça se complique. En fait de village ce sont des voitures et camionnettes, des hommes travaillent sur le salar, armés de pioches et de brouettes, entièrement masqués à cause du soleil (nous sommes à près de 4000, sous les tropiques et réverbération 100%). Pas de photos, moi je ne peux prendre en photo la misère. Je demande mon chemin, c’est bien là où je pensais mais ça m’aurait arrangé que ce soit là où je suis, vous me suivez ? Allez je repousse dans ce morceau de salar mouillé, vélo et moi sommes entièrement salés…

L’orage menace… (Regardez bien la photo, ce n’est pas un orage… Regardez bien au centre et à gauche…)

Déjà que j’ai peur que le salar m’engloutisse, si en plus il ya l’orage… Ajoutez à ça que durant toute la journée j’ai vu moins de 10 véhicules… J’arrive à l’île, le village où Enzo m’a recommandé de demander mon chemin est entièrement occupée par des militaires, je suis tentée de planter ma tente là, mais ce serait mieux que je dorme à Coïpasa pour attaquer tôt le lendemain les 70km de salar. Les miltaires me disent que Coïpasa est à une demi-heure, oué, il me faudra deux heures et demi.

La piste est faite de gros cailloux enchassés dans de la terre battue, ça secoue un max mais ça roule.

L’endroit n’est pas vraiment hospitalier…

Puis je me perds un peu, je sens que la piste sur laquelle je me suis engagée va m’amener à traverser le salar, salar, nuit, vent, orage, non… Je vois au loin des poteaux électriques, ça c’est un bon repère, ils ne peuvent mener qu’au village de Coïpasa. Je me dirige donc vers ces poteaux. L’orage menace de plus en plus. Je décide de m’arrêter.

Je me dépêche de monter la tente et de tout rentrer, je crois que la pluie se dirige sur moi, non ce n’est pas la pluie, c’est une tempête de sable, c’est la troisième que je prends et pas la dernière. Les deux premières je les ai prises dans la tente, venant plein est alors que j’avais planté la tente les pieds plein ouest (je plante maintenant la tente des fois à la boussole…). C’est terrible ça va durer une demi-heure à trois quarts d’heure, je suis arqueboutée sur la tente pour la tenir, j’avais oté mes lunettes, le sable va me griffer les yeux, puis le vent va redevenir normal, c’est-à-dire violent.

Je vais voir passer 3 véhicules un peu plus loin, ouf mon instinct m’a remis sur le bon chemin.

J’apprendrais le lendemain que tout Coïpassa sait que je suis là…

Bonne nuit les petits… Et bisous tout le monde…

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2 réponses à J295 : le plus beau jeu de pistes du monde, J21 : direction le salar de Coïpasa

  1. JANODOU dit :

    Hola Françoise
    Bonne nuit et fais de beaux rêves dans ta tente 5 étoiles avec hammam, douche et climatisation.
    Je me permets de te chambrer car je suis persuadé que ton moral est au beau fixe, dans cette jolie petite ville où tu te reposes je crois.
    Recharge tes batteries pour mieux repartir vers Santiago.
    Je t’embrasse

    • Françoise dit :

      Oui, curieusement aujourd’hui le moral est au beau fixe, hier pas top, pied très enfflé et douleurs…
      Je suis en train de réparer sacoches et tente, mon hôtel 5 étoiles il a pas de hammam, mais il a tout le reste… J’ai même eu de la visite, des familles de patients rencontrées à l’hôpital… Je vais peut-être aller le payer un petit resto au bord de l’océan, là c’est pour te faire maronner, et tet un ti verre de vin chilien… Bisous à toi le sédentaire…

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