J33-J34 : ascension de mon premier sommet andin réussie

Mardi 23 février 2011 – Mercredi 24 février 2011

Autres photos plus tard, merci de votre patience…

Que dire ? Génial, grandiose, fabuleux, impressionnant, à faire, pour quelqu’un qui aime la montagne, vraiment il faut aller dans la Cordillère, dedans on se rend compte que c’est quelque chose, c’est grand, c’est haut, il y a des montagnes partout, rien à voir avec les Alpes, très, très différent, reliefs différents, végétation différente, climat différent, un autre monde… Tous les efforts faits pour porter mes chaussures, mes bâtons et mon sac à dos sont récompensés. Quant à mon duvet et à ma veste-duvet, je savais qu’ils étaient géniaux, ma tente se révèlera encore plus géniale.

Réveil 6 heures.

La veille au soir j’ai descendu une partie de mes bagages dans la salle réservée à cet effet et y ai aussi entreposé mon vélo. Je n’ai donc plus grand chose à descendre. Départ de la posada 7h20, il fait frais, le ciel est bleu, je suis armée de mon sac-à dos, de mes bâtons, de ma tente, de mon matelas et de mon duvet, il est entendu que le guide me portera duvet, matelas et tente. J’arrive chez Fanny aventures, elle ouvre juste, me dit qu’en général elle dit au client 8 heures et au guide 7 heures 30, histoire de faire coïncider les horaires, vu qu’au Venezuela, les heures ne sont pas respectées. Patricia recompresse mon duvet afin de ne pas faire peur au guide sur le volume à embarquer. Je lui laisse mes derniers euros pour lesquels elle va s’occuper du change, elle me prête une assiette en plastique que je n’ai pas. Elle me montre la nourriture qu’elle a achetée, ce n’est pas ce que j’aurai emporté, mais vu que ce n’est pas moi qui porte, je m’incline, par exemple du cerfeuil, c’est pas trop mon truc en vivre de courses (l’expérience me montrera que j’ai tort… Moi j’ai fait provision de chocolat et de coca (que je porte quand même), elle me donne une grande bouteille d’eau à porter aussi, ça va, mon sac est portable.
Le guide arrive, le chauffeur de jeep aussi, la jeep ne ressemble pas à ce que j’imaginais, elle ressemble plutôt à un 4X4. Nous retraversons Merida et remontons la vallée de la Culata, superbe vallée, toute verte, touristique, les maisons ont souvent deux étages, ce qui n’est pas le cas au Venezuela, c’est vert, c’est beau, c’est gai, des fois on se croirait en suisse, détour recommandé aux cyclotouriste (c’est vraiment un détour vu que c’est un cul de sac, inconvénient : ça monte… Mais ici le plat n’existe pas, ça monte ou ça descend, et en général pour redescendre il faut commencer par monter, et quand ça monte, ça monte… Après la route de la Culata, il y a un chemin bétonné juste pour le passage des roues qui se termine devant une clôture, allez hop tout le monde (mon guide et moi) descend et c’est parti pour l’ascension du Pan del Azucar, 4700 et quelques mètres (ici on ne sait pas l’altitude exacte, je vais chercher sur internet). Première difficulté : un escalier à monter et à descendre pour franchir la clôture, pour ceux qui ont eu comme moi l’idée farfelue de gravir le Ben Nevis en Ecosse, là-bas il y a la même chose, vous vous dites que c’est rien un escalier, sauf que ma bouteille d’eau étant mal fixée, se détache, explose, on peut quand même la récupérer, sauf qu’il en manque un quart et que je dois la porter à l’envers, et que les petits malins qui rigolent en pensant que je l’ai fait exprès pour m’alléger, et bien non, je ne l’ai pas fait exprès, sauf que maintenant je bois l’eau des rios sans filtre et sans pastille et que je survis, il faut dire que passé 4000mètres plus rien ne vit, sauf les félés qui vont traîner par là, alors les microbes ou parasites dans le rio, à mon avis il n’y en a pas.

Voilà, nous marchons, j’ai des atome crochus avec mon guide, d’abord il est à peu près aussi gras que moi, et ensuite il adore faire des photos comme moi, et en plus on a la même vision des choses, et en plus il me corrige mes fautes en espagnol et je progresse; tout va bien, le guide va vite, je m’accroche, peut-être me teste-t-il un peu, surtout qu’il avait dit qu’on allait se la jouer cool aujourd’hui… le ciel reste bleu, nous marchons bien, grimpons un premier ressaut,assez long, puis traversons une longue vallée, de l’herbe rase, des cailloux et cette drôle de plante qui donne au paysage un aspect féérique : des frailejones. Ce sont des plantes vert pale, aux feuilles velues, qui poussent en fauteur, seul le haut est vert, le bas est marron foncé presque noir, certaines sont bicentenaires. Dans cette première vallée quelques chevaux. A ma question : « pourquoi n’y-a-t-il ni moutons ni chèvres ? » Le guide me répond que c’est parce qu’il fait trop froid, et le trop froid bientôt je vais savoir ce que c’est, pour l’instant ça va, ni chaud, ni froid, j’ai quand même collant, pantalon polaire, deux polaires en haut et mes mitaines. Nous pique-niquons : chacun deux sandwichs pain jambon fromage et un nouveau fruit « des papariviches » ou quelque chose comme ça, c’est bon, très juteux, un peu acide, ça se mange en coupant le haut et en piochant dedans, ça a la forme d’un petit pamplemousse allongé, d’accord ça ressemble pas à un pamplemeousse, mais ça n’a pas non plus la forme d’une orange, donc ça a la forme d’un papariviche, et en plus une fois mangé ça sert de verre. Nous continuons à avancer, le guide s’octroie une petites sieste bien méritée, puis à nouveau une grimpette et une longue vallée. Mon guide s’appelle Marco, en rigolant j’ai dit « Marco Polo », surprise c’est le nom qu’il a donné à l’entreprise de tourisme qu’il a créé, il m’explique qu’il travaille à son compte, quand il veut et avec qui il veut, et que là il travaille pour Patricia parce que c’est une amie. Il me parle de sa montagne, je lui parle de la mienne. Je lui raconte comment on devient guide en France, il me dit comment on devient guide au Venezuela. J’apprends par ailleurs qu’il a été à l’université et qu’il a soutenu un mémoire sur l’environnement. Il me dit que comme je marche bien (ça fait toujours plaisir d’entendre ça d’un professionnel) nous planterons la tente au camp de base numéro deux, en tout il y a trois camps de bases. Nous sommes seuls dans cette montagne immense, lors d’une pause, surprise nous voyons arriver un autre guide qu’il connait avec deux jeunes femme slovènes, il faut le faire, rencontrer deux slovènes dans ce bout du monde (seulement deux millions d’habitants en Slovénie), la langue commune sera l’espagnol qu’elles parlent d’ailleurs beaucoup mieux que moi, toutes les deux travaillent dans la même boite de tourisme et parlent l’espagnol, l’anglais, le slovène et le russe… ce groupe va plus lentement que nous, nous les laissons et rejoignons le camp de base n°2 où se trouve une maison à moitié écroulée qui sert de cabanes aux chevaux, mais il y a deux murs qui peuvent protéger du vent. Les slovènes et leur guide arrivent, ils décident de bivouaquer un peu plus loin près du rio, nous décidons d’en faire autant. Le terrain n’est pas vraiment, vraiment plat (je le constaterai durant la nuit, mais ça ira), ouf je sais comment monter ma tente sans me tromper, les sardines rentrent bien dans la terre et deux grosses pierres tiennent deux tendeurs, le vent peut souffler fort, elle ne bougera pas. Évidemment les nuages ont envahis toutes les montagnes, évidemment le vent souffle, pas très fort, suffisamment pour s’infiltrer partout, évidemment ça caille un max, je change débardeur et mon espèce de sous-pull doux, j’enfile ma veste duvet qui vraiment est très chaude, encore un investissement que je ne regrette pas. Et nous mettons à faire la cuisine, et oui, ici dans la Cordillera Andina del Venezuela, à un bivouac à 3800 mètres nous faisons la cuisine… La recette, parce que c’était vraiment trop bon, déjà on mélange ce que les deux cordées (sans corde, ici pas de corde) ont apporté soit: un sachet de soupe aux champignons, un sachet de soupe à je sais pas quoi, mais n’importe quel sachet de soupe fera l’affaire, des pommes de terre coupées en fines lamelles, un poireau (ils ont bien rigolé quand j’ai commencé à couper mon poireau comme en France, il fallait que ce soit beaucoup plus petit), du céleri, du cerfeuil, un poivron, deux oignons, du lait en poudre, des espèces de céréales de soja (les slovènes sont végétariennes), du sel, on fait cuire( réchaud à gaz avec cartouches de même diamètre que les nôtres en camping gaz, mais plus hautes), et trop trop bon. Les slovènes ( Anita et Katia) ont des sacs immenses, je comprends pourquoi : dedans le nécessaire pour bivouaquer et escalader, mais aussi du schnaps, le drapeau slovène, et 2 bouteilles de vin rouge, je m’abstiens du schnaps, pas les guides, on fait du feu, et du vin chaud, alors là le vin chaud à un bivouac à près de 4000mètres, trop géant, on chante et puis on va se coucher, mon guide et moi on a super chaud dans la tente, les slovenes elles vont mourir de froid toute la nuit, la moitié de la nuit moi je vais lutter pour me remonter vu que la tente est en pente. Réveil à 7 heures, tandis que je m’habille (oui j’ai dormi à moitié à poil, que à moitié à cause du guide, et à poil, merci le duvet moins 35° et merci la tente, et pas la moindre petite goutte de condensation dans la tente, alors que l’eau que j’avais mis dans mon écuelle est toute gelée. Pourquoi de l’eaiu dans l’écuelle ? Parce que j’ai éclaté la bouteille, donc je la vide par le fond, ce qui oblige à un premier transevasement dans l’écuelle, un deuxième dans mon gobelet et le troisième dans la bouteille de coca vidée, et oui c’est très compliqué de gravir un 4700 mètres (au fait après recherches pour savoir 4700 combien c’était, en fait c’est que 4680 mètres, mais quand même le neuvième sommet du Venezuela, le troisième du massif de la Culata (au fait sieur Janodou, je te recommande fortement de mettre les pieds, et j’ai dit les pieds, pas les roues au plus profond de la Cordillère, c’est vraiment quelque chose, c’est magique, dément, c’est autre chose que vu de la route, à défaut va voir la vallée de la Culata, attention ça monte, et éventuellement tu peux juste marcher un peu au fond pour avoir une idée, après pour le sommet, attention trois ou quatre passages délicats, ne pas y aller seul, car en plus il y a l’altitude et pas de PGHM ici, et le portable du guide ne passait pas). Je m’habille donc très chaudement et le guide me prépare quoi ? Deux superbes toasts jambon fromage et chauds en plus, génial de chez génial. Je ferme la tente, ici on peut tout laisser sur place car il n’y a plus personne. Nous partons, le soleil ne nous a pas encore atteints, il fait un froid polaire, et toujours le petit vent, nous traversons le rio pour retrouver le soleil plus tôt, je fais très attention, la veille j’ai glissé sur une pierre mouillée et l’eau est rentrée dans ma chaussure par le haut, ma chaussette a séché dans mon duvet, ça pour les futurs explorateurs de Cordillère c’est un truc à savoir, si tu as des affaires mouillées, tu dors avec à l’intérieur de ton duvet et le lendemain c’est tout sec, ça marche à tous les coups. Nous marchons d’un bon pas, le guide déchargé du poids (on a tout laissé sur place, nous avons juste de l’eau, du chocolat, des gateaux, du coca, du thé (en poudre), le guide déchargé du gros sac, il a pris mon sac, court comme un lapin, je vais un peu moins vite, tout va bien, le chemin comme tous les chemins de toutes les montagnes du monde est emprunté par un petit cours d’eau, lequel est gelé, je fais attention de ne pas glisser, nous montons, rejoignons vite le soleil, je peux enlever ma veste duvet, mais pas le reste, froid et vent ne nous quitterons pas. Nous marchons au milieu d’un paysage grandiose, fabuleux, lunaire, et que nous, mon guide et moi ( Les slovenes et leur guide sont allé à un autre sommet), le silence est là, pas de nuages pour l’instant, une ou deux poses gâteaux et coca ou eau (du rio ni filtrée ni pastillée, mais vu qu’ici plus rien ne vit sauf l’araignée qui a réussi à se faufiler dans mon thé et que j’ai avalé n’arrivant pas à la retrouver). Les pose sont brèves, pas plus de cinq minutes, histoire de ne pas couper le rythme,nous atteignons les 4400 mètres (mon guide a un altimètre), je n’ai aucun problème respiratoire ni cardiaque mais je sens mes cuisses limites, surtout la droite, un moment je doute, je doute d’y arriver, je ne dis rien, trop peur que le guide dise stop, je ralentis un peu mon pas, le Pan del Azucar se fait désirer, pour les diois c’est comme la cervelle (euh la Servelle de Brette), on croit y arriver, on n’y est jamais, même les frailejones ne poussent plus, trois ou quatre passages délicats ébranlent un peu ma confiance en moi, quand c’est du gravier glissant ou l’on peut planter les pieds ça va, quand c’est un petit gravier glissant juste posé sur la pierre, si il y a des prises pour les mains ça va, mais pour le reste faut vraiment assurer, c’est si tu tombes tu te tues, et ici pas de corde et le guide à part marcher devant ne m’apporte aucune aide, je crois qu’il a une entière confiance en mes capacités, je suis vraiment passé limite au niveau musculaire, et tout d’un coup le guide s’arrête et me laisse le sommet en premier, un caillou à monter et à moi la victoire. Marco mon guide est aussi heureux comme un roi et il crie, et je crie, nous crions notre joie tous azimuts, nous traînons un peu au sommet, nous nous amusons à faire des photos, c’est moi qui vais voir El Pico Bolivar, le sommet du Venezuela, 5700 mètres avec son petit glacier, et ce dans une trouée de nuages, j’ai paraît-il une chance inouïe, la personne de l’agence qui est là depuis plusieurs années et qui parcourt les montagnes en parapente n’a pas encore réussi à le voir. C’est trop chouette, trop génial, et le temps est avec nous, pour l’instant pas de nuages au-dessus de nos têtes, ils sont plus loin, à regret nous quittons le sommet et entamons une longue descente. Suis très à l’aise dans la descente, j’ai l’habitude, bien face à la pente, la tête légèrement en avant pour abaisser le centre de gravité, les talons bien plantés quand on le peut et sur les passages délicats (plantage de talon non possibles, faire gaffe, très gaffe, je n’ai aucune appréhension (n’en ai d’ailleurs plus aucune depuis le réveil en pleurant d’une anesthésie , je pleurai et disais «  je ne voulais pas me réveiller, je ne voulais pas me réveiller », je crois avoir fait comme une expérience de la mort, et c’était bien, depuis je n’ai aucune appréhension du vide et comme je suis coquine, je m’amuse à faire peur aux autres en m’en approchant, pas dangereusement, je ne prends pas de risque, je m’amuse à « Titanic », je suis presque dans le vide, je lève très haut les bras au ciel, et je vole, je vole, au sommet del Pan del Azucar j’ai joué à Titanic, et comme mon guide était en résonance avec moi, nous avons joué tous les deux, il y a des moments comme cela dans la vie, des moments de pur bonheur, et quand en plus il y a un partage, un écho, c’est du sublime, voilà, j’ai vécu du sublime, rien que ce petit moment vaut que la vie vaut d’être vécue, je crois que je parle charabia là, mais il y des minutes comme cela dans la vie qui resteront gravées à tout jamais. Quand même vu que nous ne sommes pas suicidaires, nous redescendons. Arrêt au bivouac, pendant que le guide prépare à manger (pates sauce tomate gruyère, cote de porc cuit avec du jus d’orange, trop bon) je plie la tente, duvet et tout le barda. Je perds de précieuses minutes à enlever tous les rapamous qui se sont faufilés dans mes vêtements, vu que j’ai eu la malencontreuse idée d’enlever chaussettes et chaussures. Nous avons mangé, les sacs sont faits,nous redescendons, le paysage est aussi beau à la descente qu’à la montée, et qui nous rejoint ? Allez, un petit effort, oui les nuages, et quand on est trop près des nuages on a quoi ? Un deuxième effort, oui la pluie, mais pas trop forte, elle ne sera forte que lorsque nous aurons rejoint la jeep. Nous sommes en retard sur l’heure prévue, nous arrivons à la jeep à 17heures 30 au lieu des 16 heures prévues, mais 16 heures c’était trop juste, nous avons quand même gravi mille mètres, redescendu 2000 mètres, défait le bivouac et mangé. J’ai rendez-vous à 19 heures avec des amis d’ami qui habitent Merida, je me dis que je n’y serai pas, j’y serai, mais eux ne seront pas là, ils ont du avoir un empêchement, et je n’ai pas de téléphone, dommage, c’eut été sympa de rencontrer des gens que je ne connais pas et qui s’intéressent à ce que je fais. Bon pas grave.

Bisous tout le monde

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5 réponses à J33-J34 : ascension de mon premier sommet andin réussie

  1. Chapeau bas Françoise, total respect !
    Bravo pour ta performance qui en annonce bien d’autres encore !

    Congratulations

    besos

  2. Cyril dit :

    Que d’aventures, bravo pour ton ascension. Vivement les prochaines photos.

  3. Monica dit :

    Tu sembles rayonnante de bonheur sur ton sommet Andin. On dirait que le monde t’appartient et que tu le tiens entre tes bras. Je viens d’ailleurs d’imprimer la photo qui trône maintenant sur mon bureau !
    Félicitations pour tout.

    • Francoise dit :

      Merci Monica, oui c’etait trop genial ce sommet, c’est vrai que j’ai des fois l’impression que le monde m’appartient, sauf quand je suis bien au chaud dans mon duvet, dans ma tente apres m’etre fait bien sauce et que l’on vient me deloger en m’appelant par mon prenom ( rancon de la celebrete, mais, chut, histoire plus tard) Bisous

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