J439 : j’atteins la carretera austral…

Mardi 3 avril 2012

Puerto de las Piedras- Villa Santa Lucia

Kilométrage : 23,20 km sur piste
Vmoy : 5,6 km/h, Vmax : 19,5 km/h
Heures sur le vélo : 4h07’20 »
Température 11° à 21°, temps couvert puis pluie
Dénivelée positif : 291m, dénivelée négatif : 185m

Voilà j’ai du mal comme beaucoup de fois ces jours-ci à quitter un endroit où je suis bien, des gens avec qui je me sens en harmonie… Je sens que je sacrifie tout à Ushuaïa, mais j’ai besoin d’aller à Ushuaïa pour dire « je suis là », et pour les argentins Ushuaïa n’est pas la fin du monde, c’est là que tout commence… Le symbole est encore plus fort…

Après un délicieux petit déjeuner avec de la confiture de cinhorendron (orthographe ?)qui abonde par ici, après avoir récupéré mon linge que mon hôte a eu la délicatesse de mettre à sécher au-dessus de la cuisinière pendant que l’abuelacyclofluo jouait la belle au bois dormant…

Après un ultime délestage (là c’est pour soulager le porte-bagages)

Je m’attaque au remontage de mon vélo…

Horreur les freins coincent, j’ai peur que le cassage du porte-bagages n’ait entraîné plus de dégâts que je ne le soupçonnais… Je bataille pas mal et arrive à un compromis de freinage, dernière ville Coihuaque à je ne sais combien de jours d’ici, j’espère que tous les bricolages vont tenir jusque là, sinon je verrais, je suis de plus en plus sereine… Mon
hôte m’assiste moralement mais ne m’est d’aucun secours, son truc à lui c’est la pêche à la mouche et le raft…

Et voilà encore des adieux, encore des sourires pour ne pas montrer ses larmes, retour sur la piste qui est vraiment horrible, dans mes sacoches des herbes patagoniennes pour si je me fais mal… Mais là c’est à l’âme que j’ai mal…

L’eau est omniprésente, sous toutes ses formes, toutes ses couleurs, au jour où je mets en ligne je sais d’où vient toute cette eau, quatre jours et quatre nuits qu’il pleut fort en continu, demain pareil, donc demain je reste là, amélioration dimanche, je vais faire comme cela, viser les crénaux, hier ça a été trop dur… Et si vraiment c’est trop dur je m’échappe en Argentine, parce quand  même je sais que je suis un héros, mais quand même pas maso…

Pourquoi je vais lentement ? Je respecte le code la route, moi…

Pour seuls compagnons les cochons…

Cette Patagonie chilienne est sauvage, rude, là un lac, comme en suspension…

La poussière, un des rares véhicules…

Un lac carte postale…

Un torrent…

Un pont pas méchant…

Et moi j’ai du mal, la piste est difficile, en très mauvais état, pierres, tôle ondulée, gravier
s’entremêlent, en plus il y a des montées et des descentes… Au moment où j’écris, après le déluge que je me suis pris sur la tête, là c’est le vent qui souffle, pas de souci j’ai trouvé un abri pour ce soir, où ? Vous le saurez plus tard, encore un truc incroyable…

Allez, un petit lac estampe japonaise pour se mettre du baume au cœur…

Et pourquoi les moutons ils se sauvent quand ils me voient ?

Et pourquoi l’eau ça rouille ?

Et pourquoi j’aime tant la montagne ?

Notamment quand coupée au couteau .

Quand j’ai demandé à Jorge pourquoi la Patagonie argentine était si touristique et celle chilienne si désolée, si sauvage, il m’a répondu que les moyens de communication manquaient, qu’il était difficile de venir ici, je comprends…

Cet éboulement est super impressionnant…

Je vous assure, je ne l’ai pas fait exprès, j’ai juste voulu récupérer un petit caillou pour le
peindre en vert fluo pour le sieur Janodou, et tout est parti…

Et la piste est difficile…

J’arrive à Villa Santa Lucia

Village quelque peu sinistre qui me rappelle Sajama en Bolivie… La plupart des maisons sont pauvres, certaines moins, tout est fermé, personne dehors, la pluie tombe, sinistre…

Je viens d’apprendre qu’à Villa Santa Lucia ils se sont entretués il y a quelque temps… Santa Lucia c’est là où ma piste perdue rejoint la carretera australe, je suis sur la carretera austral, et comme Jean le cyclo je dis c’est ça la carretera austral ? Une piste avec des camions où il pleut, c’est ça ? Sauf que le lendemain je me rendrai compte que ce n’est pas ça, en tous cas ce n’est plus ça… Je trouve refuge sous un abri-bus, il n’y a même pas de banc… Ce matin j’étais dans un petit coin de paradis et là je suis dans cet endroit sinistre, ce n’est pas possible, j’hésite à continuer ou chercher une chambre ici, allez, il est 17 heures, il pleut, je stoppe…Quand même j’ai droit à mon arc-en-ciel…

Je commence par faire mes courses à la première épicerie et je crois bien que je fais toutes les maisons à la recherche d’une chambre, je passe même par le centre de santé,
trois coups de fil sans résultats… Ces chiliens ils sont du genre précis, regardez les heures d’ouverture…

Il y a bien des cabanas hyper chères, je délaisse, je rencontre trois israéliens comme moi trempés et hagards qui cherchent une chambre, je leur indique les cabanas, à trois ça fait moins cher… Je me décide à planter ma tente sur le terrain de jeu, et puis j’ai une idée, je vais frapper à la porte des militaires et la porte s’ouvre… Un mobil home pour moi seule…

Son salon

Sa salle à manger

Sa cuisine

Une des trois chambres…

Manque le principal, du bois pour faire du feu, ah ces militaires, il faut tout leur apprendre… Il repleut…

Demain je vais essayer de rejoindre la Junta, 70km de piste, pour moi cela va être difficile, juste pour éviter un bivouac sous la flotte avec ma tente qui prend l’eau par
le tapis de sol…

Bisous tout le monde et n’oubliez pas,  je suis sur la carretera austral…

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12 réponses à J439 : j’atteins la carretera austral…

  1. FTS dit :

    Coucou Françoise,
    Tu alternes le paradis et l’enfer !le soleil et la pluie,les rencontres et la solitude, la route et la piste…
    Visiblement c’est dur en ce moment.
    je pense bien à toi et te souhaite bon courage,le but se rapproche!
    Je « t’ abandonne » 1 semaine le temps d’1virée au maroc et je reprends le voyage dés mon retour.
    bises.

  2. Enzo dit :

    Hola Chica !

    Dis-moi, où es-tu ?
    A Puyuhuapi ?

    Enzo

  3. Enzo dit :

    Pour la suite des événements, voici ce que je te propose :

    Tu vas jusqu’à O’HIGGINS car cela en vaut vraiment la peine.
    Pour moi, tu as cent fois plus l’impression de te trouver au bout du monde à O’Higgins qu’à Ushuaïa.

    Si tu n’arrives pas a repasser en Argentine, rien ne t’empêche de reprendre un bus dans l’autre sens jusqu’à Cochrane ou Coihaique.

    Donc, bon à savoir :

    De Colchrane à O’Higgins, il faut compter 2 jours jusqu’à Puerto Yungay (environ 130 km).

    Puerto Yungay n’est pas un village mais juste un point d’embraquement pour franchir un lac (bien te renseigner à Cochrane sur les horaires de la traversée car les bacs sont très rares).
    Il paraît que maintenant il est possible de « bivouaquer » dans l’espèce de cabane touristique qui se trouve au point de débarquement.

    De là, il faut encore compter 2 jours pour atteindre O’Higgins (on a vu plein de condors sur ce tronçon).

    ATTENTION !!!!!!!
    Prévois donc 4 journées d’autonomie.
    Pour l’eau ce n’est pas trop difficile car il y a des rios.

    Lorsque tu arrives à O’Higgins, tu n’hésites pas et tu vas dormir à l’Hostal El Mosco (seul vrai point internet du village).
    Le patron (espagnol) Jorge ne sera probablement déjà plus là, mais son hostal reste ouvert en hiver. C’est facile de le trouver, à l’entrée de O’Higgins tu prends le coté droit de la route et il est situé deux ou trois cents mètres plus loin.
    De tout façon, O’Higgins est si petit que tu en as fait le tour à pieds en 10 minutes.

    A O’Higgins, il te faudra trouver le moyen de traverser le lac en bateau.
    Je sais que certains ont réussi à louer de petites embarcations pour faire la traversée.
    Après, il faut compter une très grosse journée de marche à pousser ton vélo en franchissant des gué dont l’eau est glacée (je ne suis pas passé par là, tu le sais, mais cela parait plus évident que le Passo Mayer).

    Si tu ne trouves pas de bateau pour la traversée, deux solutions :
    Soit comme je te l’ai dit plus haut tu reprends un bus pour te remonter vers le premier Passo au nord.
    Soit, tu as la chance de tomber sur un autre cyclo et alors là, à deux, vous pourrez affronter le Passo Mayer car je vous enverrai des plans super détaillés (il faut juste demander au Carbinieri de O’Higgins si le poste frontière est ouvert). En réalité, tu as un peu peur de franchir la fameuse « pasarela », mais je peux t’affirmer que c’est ce qu’il ya de plus facile à négocier dans le Paso Mayer. Les vraies difficultés sont ailleurs.

    Voilà, maintenant c’est à toi de prendre les décisions et en fonctions de ce que tu auras choisi je t’enverrai des plans du Passo Mayer… ou pas.

    Kissssssssssss !!!!

    • Françoise dit :

      Merci, merci Enzo je t’ai répondu par mail, donc je vais à O’Higgins car finalement tu as toujours raison dans le choix de tes itinéraires, après je ferai demi-tour avec bus pour repasser en Argentine, traverser des gués glacials ce n’est pas que je ne veux pas c’est que je ne PEUX pas à cause de mes muscles, à moins que là-bas un état de transe me reprenne et que je fasse n’importe quoi……… Le dernier cyclo a quitté Villa Santa Lucia avant moi et il file, plus d’espoir, snif, snif, les derniers retardataires en sens inverse viennent aussi de fuir….Besossssssssssssss

  4. Mylaine dit :

    Pourquoi l’eau est couleur de rouille? Comme celle de Monétier.
    Alors tu dois savoir pourquoi? Bisous, je vais continuer la lecture
    de tes récits. Un coup le paradis, un coup l’enfer, tu auras çà d’avance sur nous.

  5. la côte ouest du chili est l’une des plus humide du monde .. au cas où tu t’en aperçois pas

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