J48 : paix, calme et sérénité

J48 : paix, calme et sérénité

Jeudi 10 mars 2011

Chitaga – Cas Viejas, lieu-dit de quatre maisons à 3000 mètres d’altitude, hotel-restaurant, dernière étape avant le Paramo à 4000 mètres

15,21km

Vmoy : 6,4 km/h  Vmax : 18,6km/h

Température : 18° départ°, en cours : 21°, arrivée : chute rapide, vent glacial

Dénivelée positif : 565m dénivelée négatif : m selon compteur

Heures sur le vélo : 2H21’21 »

Départ : 8h30

Arrivée : vers  11h45

Résumé de l’article : (pour ceux qui roulent ou les flemmards ou les gens normaux que mon délire n’intéresse guère ou ceux qui bossent comme des malades pour payer la retraite des vieux croulants comme moi, merci d’enlever le c)

  • Objectif : El presidente ou plus lon selon les renseignements recueillis
  • Conditions météorologiques : ciel couvert toute la journée, pas de sensation de froid au départ, vent glacial à partir de 11 heures, pluie à 13 heures, ouf je suis à l’abri
  • Etat de santé : excellent, le doigt s’améliore
  • Degré d’euphorie : parfait
  • Particularités de la journée : trop, trop, trop beau, paysage de calme, de paix, de sérénité, verts pâturages, route excellente, aucun bruit, seul celui du torrent et de quelques cascades,  je pédale bien, ça monte. J’arrive à 3000 mètres, m’arrête à un hotel-restaurant isolé dans la montagne à cause du vent glacial, excellente idée, après c’est le paramo, 1000 mètres sans rien sauf les frailejones et un col à 4000 à passer, qui sera pour demain.

Je crois que mes anges gardiens aujourd’hui se sont unis pour m’offrir ce superbe cadeau…
Je commence par fuir rapidement cet hôtel pourri, à 7H30 mes sacoches sont bouclées, à 8 heures mon vélo est chargé et je quitte l’hôtel pourave de chez pourave. Je fais les cinq ou six boutiques du village pour réunir tout ce dont j’ai besoin (que vous connaissez maintenant par coeur mais je redis pour si nouveaux lesteurs : pain, chocolat,, ships coca, limonade), je vois qu’il y avait un autre hôtel, la peur de l’orage m’a fait accepter  n’importe quoi, du coup je raconte à tout le monde comment l’hôtel est pourave, combien il m’a fait payer, la tête de dix mille mètres de long est connue du reste du village…. Je donne le guide promis à une voisine du point internet avec pour mission de le remetre à la jeune femme qui tient la boutique. Quand je quitterai le village je la verrai arriver le guide à la main, on lui a donc bien remis, elle est ravie et sait s’en servir mieux que moi. Voilà donc deux heureuses, elle qui a un petit trésor entre les mains, je lui ai recommandé d’instruire les gamins qui viennent jouer sur ses ordinateurs (et au passage les casser), et moi je suis ravie de m’être déchargée. Voilà, il est 13h30, j’entends la pluie qui dégringole. A la sortie du village, je me coeur, il sait même faire usage de la parole, il accepte de poser pour moi à coté de mon vélo, et me voilà partie, je suis vite rejoint par un cycliste (un vrai), il s’appelle José, il travaille à Chitaga et s’est pris une heure pour faire du vélo, il me fait grimper à un train d’enfer, en plus il me fait parler, au bout de cinq kilomètres je craque et lui dis que monter et parler en même temps il va me tuer, je le retrouverai une heure plus tard lui descends, moi je continue à monter ( je ne sais si vous avez fait attention, mais aujourd’hui c’est descente 0 mètre, j’apprends que son vélo pèse 9 kg, qu’il est en aluminium (renseignement utile, si il y a ici des vélos en aluminium peut-être y-a-t-il des gens capables de le souder si jamais je casse). De la route se dégage calme, bonheur et sérénité, un petit billard asphalté, de vrets pâturages, beaucoup de vaches, quelques moutons, des chevaux aussi. Ce matin j’ai vu un cow-boy qui avait vraiment fière allure avec ses botes et son chapeau à large bord, j’ai pu observer que ce chapeau sert autant pour le soleil que pour la pluie. Des arbres trapus  au  tronc noir, au feuillage vert très sombre en forme de boule m’intriguent. Je ne saurai jamais ce que c’est car je ne sais pas si vous avez remarqué mais les renseignements concernant la flore, la faune et la géologie sont quasi inexistants dans les guides. Je vois aussi un arbre très très haut avec seulement deux branches à sa cîme, là-aussi je resterai dans l’ignorance .Je suis bien, mais bien, tout n’est que silence, pas de voitures, pas de camions, (ou si si rares)les vaches et les moutons se taisent aussi, et mon vélo, rien pas le moindre petit bruit, pas de cliquetis de chaîne, pas de freins qui accrochent, j’ose à peine respirer, seuls viennent troubler ce silence le torrent qui reste un peu jaune pour rappeler que nous ne sommes pas dans les Alpes, les ruisseaux qui passent en cascade sous la route, un enfant qui pleure dans une ferme isolée. Je surveille les nuages, je ne crois pas qu’ils me tombent sur la tête aujourd’hui (erreur puisqu’il pleut). Je pédale, ça monte depuis plus de deux heures et demi et la faim vient me retenailler. Je cherche un endroit où manger, mais un petit vent glacial vient de se lever, je veux un endroit abrité, je continue donc, je vois un écriteau indiquant que l’on peut manger et dormir, je décide de m’arrêter pour manger. C’est bon je peux manger, je vais pour me changer car trempée par la transpiration plus froid égale mains paralysées. Tandis que je cherche mes affaires je me fais brancher par le mec du restaurant, je lui explique que je vais d’abord me changer puis je reprends la conversation, à nouveau des compliments sur mon espagnol (comme je sais que je le parle comme une vache espagnole ça me fait toujours plaisir…). Je vais manger, trop trop bon, une super soupe, le plat complet de poulet, riz, mon légume à goût de chataigne, des pois chiches, salade carottes oignons, j’écarte quand même un peu les oignons, la salde est assaisonnée de mayonaise un peu sucrée, miam, miam, des pois chiches, un morceau de banane frit, un verre de jus de mangue frais, j’en redemande un. Ici, c’est le menu habituel, on choisit juste la viande. Voilà, je commence à bien prendre mes repères, je comprends tout ce qu’ils disent, y compris derrière mon dos, ce qui me permet de répondre et de surprendre, nul n’ose me traiter de gringa et si on me demande timidement si je suis une gringa, je lève les bras aux ciel en disant que non, je suis une française, je ne suis pas une gringa… Comme je vous l’ai déjà expliqué, vu ma lenteur, tout l monde a largement le temps de me repérer et les gens doivent sepasser le message. J’apprends qu’une française est passé il n’y a pas longtemps, ellee-aussi est allé au Venezuela, mais elle se déplace en prenant des camions. Et surtout je me renseigne sur la route, El presidente, tout petit village est à 3km, puis il n’ya plus rien pendant 60 km, et devant moi c’est ? Le Paramo, un col à 4000 mètres, les frailejones, le vent, le froid, la pluie, l’altitude quoi, instantanément je décide de m’arrêter ici, on n’attaque pas un col à 4000 mètres l’après-midi. Quand je vous dis que mes anges gardiens ont fait front aujourd’hui, en plus 1 heure de l’après-midi (il est 16 heures là) il pleut… Si la faim ne m’avait pas tenaillée, si le vent glacial n’avait pas repoussé mon arrêt, si je n’avais pas décidé de m’offrir un bon petit repas chaud, su je n’avais pas habladorée, peut-être serai-je en train de mourir quelque part dans le Paramo… Là je suis dans un endroit super sympa, de l’autre coté de la route la vierge garde les voyageurs. L’ambiance ici est un peu celle d’un refuge de haute montagne, d’ailleurs nous y sommes en haute montagne, nous sommes à 3000 mètres, tout voyageur qui se respecte se doit de s’arrêter ici. Devant le hameau de quatre maisons, un immense terre-plein qui sert de parking aux camions (un toutes les heures à peu près). Le Paramo, ici, on le respecte, on le craint aussi. Oh là là que ça dégringolees gens avec qui j’ai discuté me disent qu’il y a une inversion des saisons, que maintenant c’est l’hiver au lieu d’être l’été et que cela est du à El nino qui s’est inversé (Jean_Luc t’as de la veine, normalement c’est toi qui aurait du avoir de la pluie. Je décide donc de passer mon après-midi à faire ma petite préparation physique et mentale. Je commence par prendre une douche chaude (auparavant je demande si l’eau est vraiment chaude ou si elle est tiédasse et je continue à parfaire la réputation de l’hôtel des Alpes où j’étais à Chitaga). On me dit qu’elle est vraiment chaude. Je vérifie quand même par moi-même avant de me déshabiller, au passage je m’éclabousse, c’est malin, j’évite la pluie et je mouille mes chaussures sous la douche, ça va elle est chaude, et quand je serai dessous elle est bouillante. Cela fait des jours et des jours que je n’ai pas eu de douche chaude, j’en profite un max, je lave mes dessous (pas affriolants, non, quoique quand je fais les boutiques je me retiens de ne pas acheter une petite tenue un peu féminine, mais le rapport poids utilité étant en défaveur de la petite tenue sexy je m’abstiens…), après la douche, une tenue chaude, une plaquette de chocolat, je vole le balais à franche pour essuyer mon éclaboussage, là-aussi à cause du rapport poids-utilité je le remets en place, je sors pour faire des photos, trop tard il pleut. Hop, au lit pas besoin de mon duvet, il y a quatre couvertures (c’est même mieux qu’en refuge où c’est une ou deux maximum), je tapote sur mon ordinateur, une envie de dormir me prend, j’y cède, le trop chaud me réveille, je me déshabille, une envie de chocolat me réveille, j’y cège (2 plaques), puis je reste dans une douce léthargie. Ca c’est la préparation physique. Pour le temps demain il va pleuvoir, l’hôteleir me conseille de partir très tôt, il me dit même six heures, mais je crois qu’à six heures le jour n’est pas levé, d’accord je partirai aux aurores, et si il pleut le matin je repousserai. Oui le Parano à 4000 mètres et dans la Cordillère des Andes ça se respecte, la nature sera toujours la plus forte, donc il vaut mieux composer avec elle et savoir que l’on est petit, petit, petit, et quoique l’on fasse on restera petit. J’ai pu rentrer mon vélo dans le sens du départ, ainsi je ne le décharge pas complètement, ce soir tout sera prêt, je dormirai de bonne heure, je sais déjà que j’aurai un bon repas. J’achèterai à l’hôtel qui vend deux ou trois trucs mes calories et boissons indispensables, mon vélo tourne nickel. J’imprime presque (à la manière des compétiteurs de ski mon trajet de demain, même si je ne le connais pas, juste je sais qu’il y a mille mètres de dénivelée, qu’il y 15 kilomètres, donc une pente plus forte qu’aujourd’hui mais supportable quand même, que nous sommes en haute montagne, que les conditions météorologiques vont être difficiles, et puis ? C’est pas possible ça vous ne suivez pas, je suis dans la Cordillère des Andes…
A propos de météo j’ai entendu qu’il y avait des inondations en Colombie, je ne sais pas exactement quelles régions sont touchée, Bogota déplore un mort. Moi j’ai toujours mes problèmes de séchage, vêtements mouillés non par la pluie mais par la sueur et le lavage qui s’avère parfois indispensable, c’est trop collant, trop désagréable.

Mon doigt va mieux, il a un peu dégonflé, est nettement moins douloureux, toujours rouge en regard de l’articulation, mais il pendouille toujours, peut-être pendouille-t-il depuis l’écrabouillage de main, l’IRM ayant montré une atteinte des nerfs moteurs (mais comme j’ai parait-il des complications normales… Monica tu me comprends… Moi maintenant je comprends les victimes du sang contaminé, celles de l’amiante (un véritable scandale là, encore pour le sang contaminé on n’avait pas trop compris, et comme le corps médical à de rares exceptions près se croit dépositaire de toute la science du monde, et bien pour l’amiante on le savait ce que ça faisait et on a continué à l’utiliser larga manu, je ne veux pas faire peur à tous les français, mais à chaque fois que vous avez attendu que le feu se mette au vert pour traverser, hop, un petit coup d’amiante dans les poumons vu que les freins étaient en amiante, et tout comme cela, qui fait une deuxième révolution avec moi ? Bon pour la révolution avant il faut être capable de monter un col à 4000 avec un vélo chargé)
Je regarde le plafond de la chambre, pour la première fois je vois un plafond en lambris.
Et pour le froid, tous le craignent ici, chacun me met en garde, mais les maisons sont ouvertes à tous vents avec en général un petit courant d’air, ce qui fait que la température ne dépasse jamais 15°. Beaucoup ici, même des jeunes continuent à mettre le poncho traditionnel en laine brute et souvent sale, mais vu les problèmes de séchage, je comprends…
Voilà, voilà, demain un col perdu désert méconnu à 4000, le bonheur quoi. Et la pluie qui continue de tomber… Et mon linge qui ne veut pas sécher…

Au fait pour le froid j’ai lu que tout le flanc est de la Cordillère bénéficie (?) d’un climat froid.

Ah oui, je n’irai pas voir la lagune si belle, cela fait un détour de deux fois 13 km, je me consacre à mon col.

Bisous tout le monde

photos plus tard, merci bisous

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11 réponses à J48 : paix, calme et sérénité

  1. ACHARD dit :

    BONJOUR ICI UN PEU DE PLUIE APRES LES GRANDES CHALEUR LOL COURAGE ET MERCI POUR LAVENTURE. bisous

    • Francoise dit :

      Coucou ici grandes chaleurs apres les pluies (37), j’espere que vous m’enviez, mais demain je retourne en haute montagne son froid ses nuages son vent et peut-etre la neige, bisous, le courage est la

  2. Monica dit :

    Je vois que le moral est au top,malgre le doigt qui pendouille. Oui,effectivement,les,complications sont toujours normales,ou bien stabilisees meme si ca evolue au fil des annees. Sois prudente, mais je vois que tu as bien la tete sur les epaules et que tes intuitions sont bonnes. Je te souhaite de belles decouvertes,accompagnees de belles rencontres. Besos

    • Francoise dit :

      Je crois que la Colombie c’est vraiment genial a tous points de vue, meme si les conditions sont parfois tres difficiles, et ca y est je suis comme chez moi ici, bisous du doigt qui pendouille

  3. Marie-Do dit :

    Coucou, je suis rentrée des Guibertes semaine de rêve, ciel bleu comme il n’en existe que là bas, neige extra, les montagnes toujours aussi belles, rien de tel pour se refaire une santé, bien plus efficace que tous les médicaments du mondes. la journée de la femme j’ai bien pensé à toi, j’espère que tu seras rentrée à temps en 2012 pour que l’on se fasse notre petite journée sympa à chamrousse, qui sait on aura peut-être du soleil un jour!
    je vais ouvrir ton courrier accumulé pendant ma semaine de vacances et je t’enverrais un mail pour te dire ce qu’il en est de tes comptes.
    Heidi et Salomée vont très bien elles se languissent de toi, surtout Heidi qui veux voir Babouchka et retourner en vacances dans ta maison.
    gros bisous @+
    Marie-Do

    • Francoise dit :

      Je suis heureuse de voir que les Guibertes t’ont fait du bien, moi je vais tres bien a part le doigt qui pendouille et suis vraiment dans un pays tres chouette, je t’envoie un mail pour les comptes, bisous

  4. ARDUIN-BOREL Marie-héléne dit :

    comme les guibertes sont petits côté de tout ce que tu vois.
    Mais notre ciel depuis hier s’est transformé en ciel blanc, et nous
    a laissé un petit manteau de neige.
    Tout est joli, sous ce manteau. Mais on languis un peu les petites
    fleurs des « près vieux » Bisous Mylaine;

    • Francoise dit :

      Les petites fleurs vont vite venir, ici je n’en parle pas trop mais il y en a plein, des jeunes, des bleues des rouges, et la uu je suis aujourd’hui 37 degres et cactus…. bisous, allez demain le printemps est la, ici on nous envie beaucoup nos quatre saisons, bisous

  5. Monica dit :

    Coucou abuela cyclo, Quand redescends tu de ton sommet andin. J’ai hate de voir les photos du paramo Apres une semaine passee sur le bassin d’Arcachon dans la famille, je rentre mardi sur Paris retrouver la pollution amiantee et l’agitation frenetique des humains qui courent pour travailler.Profite au maximum de toute la beaute de cette nature sauvage. Besos.

    • Francoise dit :

      ici aussi ca peut étre pollue, meme tres dans les villes, mais vu que je les ai quittees, je vais mettre plus de temps, mais franchement ca vaut le coup, voila, c’est vraiment tres tres beau ici, besos

  6. Eurizete dit :

    Tout se vaut, n’est-ce pas ? Mon propos n’est pas le0, ni mes arrie8res pense9es Le proble8me est que quand l’on dit que La litime entre le aller vers soi et le aller vers l’autre est de nature mystique ou que le bonheur est voie sur laquelle on chemine au pre9sent , il faut expliciter au maximum ce que l’on veut signifier sinon l’on de9bouche dans une sorte de surenche8re de signifiants e9le9gants dont le sens est peu explicite.Il n’est donc nullement question de relativisme mais simplement de rigueur dans l’expression de sa pense9e.Je n’ai vraiment rien du tout contre Vincent F., cependant son commentaire ( La litime entre le aller vers soi et le aller vers l’autre est, pour moi, de nature mystique. ) me paraeet peu e9clairant : que veut-il nous dire par le0, en quoi la question avance ?

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