J51 : une vraie journée de cyclotourisme

J51 : une vraie journée de cyclotourisme

Dimanche 13 mars 201

Cerrato, petit village andin inexistant sur les cartes – Capitanejo

Distance parcourue :   58,03 km dont 9 de montée

Vmoy : 11,9 km/h  Vmax : 36,6km/h

Température : 21° départ°, en cours :36°, arrivée : 28°

Dénivelée positif : 383m dénivelée négatif : 1708m selon compteur

Heures sur le vélo : 4H50’47 »

Départ : 10h00

Arrivée : 16H30

Résumé de l’article : (pour ceux qui roulent ou les flemmards ou les gens normaux que mon délire n’intéresse guère ou ceux qui bossent comme des malades pour payer la retraite des vieux croulants comme moi, merci d’enlever le c)

  • Objectif : Malaga ou plus loin selon la route, la forme
  • Conditions météorologiques : ciel bleu d’enfer, puis petits nuages, puis petit vent frais, puis je gagne en température, un fort coup de vent tiède de face vent, en gros excellentes conditions
  • Etat de santé : bon
  • Degré d’euphorie : va de pair avec le soleil et la magnifique petite route de montagne
  • Particularités de la journée : j’ai perdu 3000 mètres en deux jours, donc j’ai gagné en température, le climat est moins rude, une petite route de montagne superbe, d’abord en mauvais piste, puis route neuve déjà cassée par les éboulements, puis route en état moyen, quasi absence de circulation, un paysage de rêve, très varié, une halte resto à Malaga très bonne, retraversée d’une petite coulée de boue qui anéantit plus de deux heures de nettoyage de vélo, une dernière petite montée avant Capitanejo.

Donc aujourd’hui je me la joue cool… Je n’ai pas été réveillée à 5H30 par les camions vrombissants ou klaxonants vu que l’hôtel est à l’écart de la route, je n’ai pas non plus été réveillée par les voisins, vu que l’hôtel a pour clients des gens qui travaillent et nous sommes samedi, je n’ai pas été réveillée non plus par toute une famille qui dit bonjour à la vie vu que la propriétaire est célibataire, d’origine vénézuelienne (que je connaisse sa ville natale Barquisimeto tisse des liens), je n’ai pas non plus été réveillée par la télé qui crie, bref j’ai fait la grasse matinée jusque 6h45, puis j’ai trainé, rangé mes affaires tranquilos, fait sécher mon linge au soleil sur la rambarde, après j’ai parlé avec les enfants qui m’ont dit que c’était dimanche et que je devais me faire « une petite journée », il faut toujours écouter les enfants.

Alors je pars il est 10 heures pile, l’église voisine a un carillon de ferraille, trop drôle.

Le soleil brille.

La route commence par la mauvaise piste très caillouteuse que j’ai laissée la veille, puis de temps en temps est goudronnée, les ouvriers, bien que l’on soit dimanche y travaillent, ils font des travaux titanesques pour essayer de désenclaver ce petit village andin de 8000 personnes qui m’a beaucoup plu. En partant ce matin je remarque qu’il y a beaucoup de policiers ou militaires en tenue de camouflage armés jusqu’aux dents, la place du village est aussi très animée, un grand marché est installé. Je demande aux policiers si ils sont là tous les jours ou parce que c’est dimanche, ils me répondent que c’est parce qu’on est dimanche, je demande si c’est parce que les hommes boivent beaucoup, ils me disent que oui. Je ne suis pas sûre de la véracité de leur réponse car à la sortie du village il y a un contrôle de police très sérieux, systématique avec fouille au corps, moi évidemment je ne les intéresse pas. Les colombiens sont très fiers de leur pays et de la sécurité qu’ils offrent, l’épisode de la guerilla, ils veulent l’oublier, et de parler d’Ingrid Betancourt les blesse (au moins ceux avec qui j’ai discuté), alors est-ce que ces policiers-militaires sont là pour éviter tout nouvel incident avec les Farks ? Je ne sais. J’en profite pour renouveler mes dires, je me sens en totale sécurité dans ce pays et en plus c’est un pays magnifique, vraiment magnifique. Je prends en photo le panneau indicateur qui est aussi immense que le nombre de pierres et de trous sur la piste. J’ai d’ailleurs remarqué que sur la piste sur laquelle je suis maintenant depuis plusieurs jours les panneaux indicateurs ne manquent pas. Il faut souligner l’effort que fait la Colombie pour son infrastructure routière, engageant des travaux titanesques, et à peine la route est-elle construite qu’elle est détruite par des « descumbre », des failles géologiques, et maintenant, c’est nouveau ça : des avalanches. En fait ce sont les eaux, petits torrents ou grands rios qui emportent tout sur leur passage. Je suis fascinée par cette montagne qui est au-delà de tout ce que l’on peut imaginer par sa taille, sa hauteur, ses forces destructrices, son climat rude et changeant, sa beauté qui vous remue, bref c’est grandiose.. Je ne vais pas pousser une seule fois de la journée, magique non ? La route neuve est faite de plaques de ciments à double pente et rainurée pour permettre l’écoulement de l’eau, elles très agréable à rouler, pas de frottement, pas de bruit, hélas par endroit elle est déjà cassée. Je suis surprise par la montée, pense d’abord que ce n’est rien, juste la configuration du terrain, mais non ça va monter pendant 6 km, ça va je tiens le rythme sauf lorsqu’un cycliste me rejoint et me parle un peu, je parle un peu et je lui dis que ce n’est pas possible, pédaler en montant et parler, il va m’attendre en haut de la montée, puis m’accompagnera jusqu’à Malaga et me dira où se trouve la place, ses restaurants et ses hôtels, au passage il se fera charrier par un de ses copains qui lui dit qu’il va chercher loin ses copines, comme maintenant je comprends beaucoup de choses, des fois je me marre…Je fais deux fois le tour de la place avant de me décider, je me fais aborder par un mec qui ne me plait pas, je le jette. Mon choix s’avérera excellent, j’ai des renseignements sur la route, ça descend, il faut aller jusqu’à Capitanejo, mais attention c’est une ville chaude, difficile d’expliquer que moi j’aime les villes chaudes. De toute façon dans ce pays il y a les villes chaudes et les villes froides, et évidemment chacun n’habite ni dans l’une ni dans l’autre…. Je mange donc très bien, essaie de trouver une bouteille de limonade en plastique, je dis que je veux un truc bien sucré et vais me retrouver avec un truc 0%, bahhhhh, heureusement j’ai acheté des bonbons, que je vais sucer toute la descente, des bonbons bien chimiques, bien acidulés, miam, et avec du vrai sucre. La végétation de montagne et de résineux va se mêler à la végétation tropicale, puis devenir plutôt chaude et sèche avec des cactus, des zones érodées, je rejoins une très large vallée avec un immense rio à plusieurs bras qui évidemment par endroit a emporté la route, je me régale un max, personne sur la route, un paysage d’enfer et en plus ça descend, juste je crains un peu pour mes freins, je me dis que compte-tenu de la descente hier dans les pierres où j’ai du freiner tout le temps et celle d’aujourd’hui où je suis obligée de freiner presque tout le temps aussi (derrière chaque mètre de superbe route se cache une faille, un éboulement, une avalanche, des pierres, des trous, alors je ne vais pas trop vite, mes freins font un drôle de bruit, et surtout ils se ramollissent, je me dis que je vais devoir tout resserrer et que mon super réglage va être à refaire, ou pire que j’ai bouffé tous les patins de frein, et honnêtement je suis un peu loin de tout. A l’arrivée je réussirai à resserrer un peu mon frein arrière sans tout dérégler et les patins ne me paraissent pas complètement usés. J’espère que ça va tenir jusque Bogota ou peut-être Tunja. Je croise de superbes cheminées de fées qui surplombent au-dessus de la route, j’espère que certaines n’attendent pas mon passage pour tomber, je vais garer mon vélo un peu plus loin, je serai plus à l’aise dans mes mouvements si ça parpine et je reviens les photographier, trop beau. Le vent de moyen devient fort puis excessivement fort, je suis ravie que la route soit déserte, ainsi je peux continuer à pédaler (d’ailleurs malgré la descente je dois pousser sur les pédales, l’avantage c’est que j’épargne mes freins et soudain que vois-je ? Le rio qui allait dans mon sens va en sens inverse, je vais devoir remonter une vallée, et moi qui traînasse, qui me fait ma journée cyclo tranquille, avec pause photos, pause resto, si je continue je vais devoir pédaler la nuit, et la nuit dans les pierres, les trous, les morceaux de route effondrée, non j’ai déjà fait une fois. Bivouaquer ici ? Impossible à droite le rio furieux, à gauche la montagne qui part en morceaux, donc je ne traîne pas, ouf la montée ne dure que 4km et j’arrive : je me renseigne sur l’hôtel, je ne vais plus au premier (que je ne vois pas d’ailleurs), donc ce sera le troisième (petit aparté :ceux qui disent dans forum voyages qu’ils ont traversé tout la Cordillère des Andes sans voir un seul moustique il faudra qu’ils m’expliquent par où ils sont passé et à quelle saison, car dés que tu descends en-dessous de 1200 mètres, pour peu qu’il ait plu et qu’il fasse chaud il y en a un qui traîne, c’est le cas ce soir, et la route elle fait que ça monter à 4000 ou pas loin, redescendre à 1000, alors amis cyclozandistes prenez quand même vos précautions : couvrez vous, crème solaire avec vitamine B, avaler de la vitamine B, répulsif efficace  et la petite prière du soir, voilà je viens peut-être de sauver la vie d’une personne). J’en étais où ? L’hôtel, la femme me propose une chambre au deuxième étage, je lui demande si elle n’en a pas une au premier car j’en ai marre de monter tout mon bazar, elle me propose une chambre au rez-de chaussée à la propreté douteuse mais luxe suprême je peux pendre mon linge dans le patio (oui j’ai deux obsessions, manger et faire sécher mon linge et dans une chambre humide à 13°, ce qui n’est pas le cas ci, il fait 28°, ça ne sèche pas (oh la ça attaque dur, je me reprotège). Autre aparté, et là je m’adresse plus particulièrement à mon amie Françoise, qui d’ailleurs a gagné un article spécial pour être le 4000ème visiteur, cet après-midi il a fait chaud, je me suis donc découverte (sauf le dos, là ce n’est plus possible), je me suis crémée et mon doigt qui traine m’a gênée, ce qui veut dire qu’il ne trainait pas avant, je n’ai pas de douleur si je ne bouge pas, l’articulation est toujours gonflée, la flexion P2-P3 douloureuse, l’extension impossible, ton verdict ? Ton frère peut me réparer ça dans un an ? Je ne vais pas revenir pour un bout de doigt qui traîne. Puisque l’on est dans la santé Paramo = ? égal nez cramé lèvres gercées. Ce soir resto dégueulasse mais mangeable poulet rôti sec pommes de terre vapeur pas bonnes, oui c’est possible, mais il me restait quelques douceurs. Cette ville ne me plait pas, peut-être est-ce que c’est parce que c’est dimanche soir, les hommes trainent, boivent, la ville est sale, des laissés pour compte ont un regard inquiétant.

Sinon ce fut une vraie journée de cyclotourisme. Demain je me dirige vers Guican, qui est la sœur jumelle de Cocuy, qui est plus adaptée pour aller titiller les 5000 (vous comprenez que j’ai quelques projets derrière la tête mais motus et bouche cousue et puis je ne fais que du faisable, je ne mets pas ma vie en danger et ne la confie pas non plus à n’importe qui, donc je vais voir et j’aviserai), j’y vais en une ou deux étapes selon la route, le dénivelée à faire, c’est bien gentil de descendre 3000 mètres, sauf qu’il faut les remonter, il faudrait peut-être leur dire aux colombiens qu’il y a un truc génial qui s’appelle les tunnels…

Ce sera trois vu qu’aujourd’hui je me suis trompee de montagne… J’entends deja Pierre me traiter de gringaletta, sauf qu je viens de rereparer mes freins, la il va falloir deja que je rechange les patins, et puis si je ne m’etais pas trompee je n’aurai pas eu la superbe journee d’aujourd’hui, je n’aurai pas apris un nouveau mot, trucharse, je ….etc, etc

Allez ce fut une vraie journée de cyclotourisme…

Besos à todos

Ce contenu a été publié dans Colombie, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

11 réponses à J51 : une vraie journée de cyclotourisme

  1. Cyril dit :

    j’ai fait la grasse matinée jusque 6h45
    Je crois que c’est le meilleur passage lol… Ici 6h45 c’est l’heure ou je me reveille tout decement. Mais bon, quand il fait nuit à 6h00 tout est décallé…

  2. maribambel dit :

    et ben, quelle aventure !
    c’est cool de faire des petites vidéos, les colombiens ont vraiment l’air sympas !

    Et comme on dit, le cycliste est lent, mais le bitume est patient !

    • Francoise dit :

      Coucou Marie, alors vous etes partis ? Ou c’est quand le depart ? Je pense souvent a vous, et depuis quelques jours je n’ai plus de betume, mais je vais le retrouver… Muchos besos a toda la familia et merci de ton commentaire

    • Francoise dit :

      J’ai oublie, la Colombie c’est top de chez top, a tous points de vie vous pouvez la programmer les yeux fermes, paysages de reve, securite absolue (sauf les elements naturels), population extra

  3. Journée sympa effectivement.
    Les moustiques, je crains énormément. S’il n’y en a qu’un seul dans les Andes, ce sera pour moi.
    Françoise, pourquoi de la vitamine en même temps ?
    Besos

    • Francoise dit :

      La vitamine B ca pue et donc tu pues et les moustiques t’evitent…
      C’est aussi simple que ca, j’en prends en fonction d’ou je suis, en altitude pas de moustique… Besos
      la je me suis achete un anorak, suis vraiment couleur locale, tout le monde a le meme ou un poncho de laine tres chaud mais tres lourd, donc ici pas de moustique,je crois qu’une boite suffit pour tout le voyage besos

  4. Monica dit :

    Journée agréable ou tu peux prendre le temps d’admirer, de te régaler, et de faire des photos que nous sommes toujours impatients de découvrir. Pourrais-tu nous éclairer sur l’efficacité de la vitamine B à avaler pour chasser les moustiques agressifs ? Suis intéressée.
    Je crois que tu as du partir titiller un sommet ! A bientôt
    Besos

  5. Altenbach Gilles dit :

    Eh bien ce récit me coupe le souffle !
    Je fait plus que t’admirer je te vénère Françoise.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *