J61 : Le Déluge…

J61 : Le Déluge…

Mercredi 23 mars 2011

Guican – San Mateo

Distance parcourue :  43, 63 km (pile compteur changée, tout reréglé, genre championne des petits machins où il faut appuyer une fois quatre fois et les boutons dans un sens puis dans l’autre que pour y arriver soit il faut naître avec soit avoir bac plus 64)

Vmoy : 9,2  km/h Vmax : 41,1 km/h

Température : départ 15°, va monter à 31° puis très rapidement chuter à 19° pour atteindre 11° sous l’effet conjugué de l’altitude et de la pluie

Dénivelée positif : 785m

Dénivelée négatif : 1537m

Heures sur le vélo : 4H43’57 »

Départ : 9 heures 30

Arrivée : vers 16 heures

Résumé de l’article : (pour ceux qui roulent ou les flemmards ou les gens normaux que mon délire n’intéresse guère ou ceux qui bossent comme des malades pour payer la retraite des vieux croulants comme moi, merci d’enlever le c)

  • Objectif : avancer direction Tunja et quand essayer d’aligner quelques kilomètres
  • Conditions météorologiques : acceptables jusque midi, puis pluie et froid allant s’aggravant pour atteindre la puissance 6 sur une échelle de 1 à 6
  • Etat de santé : excellent (doigt toujours pendouillard), même je crois que je fais un peu du gras
  • Degré d’euphorie : ça va
  • Particularités de la journée : je connais la première partie de la route puisque Guican est un cul de sac, donc je redescends sur 15 km jusque Guacamaya, petit village, puis je remonte sur 20 km par une moitié route, moitié piste sur la montagne en face Del Espino. Le paysage est magnifique, le ciel plein de nuages. A midi ça commence à dégringoler, je monte, ça va je n’ai pas froid, puis ça descend, la pluie ira s’accentuant pour se transformer en déluge au moment où j’arrive à San Mateo. Mains très limites, mes freins aussi. Douche chaude, chambre transformée en séchoir.

Voilà je reprends la route, j’avais décidé de partir à 8 heures, évidemment les choses ne se passent pas comme prévu. Malgré mon réveil à 6 heures, je passe beaucoup de temps à ranger mes affaires vu que tout resèche encore entre la transpiration et la pluie, parce que laver, je lave de moins en moins, franchement toutes mes affaires puent, soit la transpiration, soit le moisi, et nouveauté depuis le bivouac à la cabane la fumée, pourtant on me parle encore… Avant de partir je vais récupérer mes affaires oubliées à la cabane qui ont été rapportées à l’hôtel-agence de montagne, je vous donne les coordonnées, parce que franchement à éviter :www.guicani.com, et aussi je montre à ma charmante proprio (qui au passage me fait payer une nuit de plus alors que j’avais tout réglé, pas grave pour le porte-monnaie, juste pour la forme), donc je lui montre comme promis les photos de la Sierra Nevada, j’achète aussi pain, coca, bref je prends une heure et demi de retard sur ce que j’avais prévu. Je vais vraiment essayer de partir très tôt demain car j’ai remarqué qu’entre 6 heures et 10 heures, en général, il n’y avait pas de pluie. Ici quand on demande comment est le temps, réponse : c’est compliqué. Oui, c’est compliqué. Après avoir interrogé beaucoup de personnes, dans la région où je suis, les mois secs sont décembre, janvier et février, avril est le mois où il pleut le plus, pour les autres mois c’est compliqué, variable, mais vu le vert fluo de l’herbe et les vaches aussi grasses que je suis maigre, les multiples éboulements et coulées de boue je pense qu’il pleut tout le temps, plus ou moins… Je pars donc trop tard, je profite un max de la descente, je me suis bien couverte, j’ai mis l’anorak colombien qui n’a qu’un défaut, celui de ne pas laisser s’échapper la transpiration, sinon il est chaud, léger et a plein de poches, là je teste son temps de séchage qui n’a pas l’air top. C’est affreux, je suis partie avec plus qu’une seule tenue sèche, celle que j’avais sur moi, et là je n’ai plus que ma tenue du soir (sans culotte), tout essaye de sécher, c’est à nouveau la cata… Quand même je profite de la descente, je sauve le pied droit de la noyade lors de la traversée du premier rio grâce à l’aide de l’un des ouvriesr qui essayent de réguler le dit-rio, le deuxième (de rio) aura raison du pied gauche, quant au déluge, je vous dis pas… J’ai observé aussi ce qui se passe ici, et bien ici pas d’abri-bus, nul endroit où m’abriter en cas de déluge, oh là là, je sens que ça va être compliqué… a force de descendre j’arrive dans une zone chaude qui me permet de me mettre en short, puis rapidement le soleil se cache, j’atteins le charmant petit village de Guacamaya, je me trompe un peu, demande mon chemin, demande comment est la route, arriba ( ça on m’avait prévenu que ça montait), allez un petit col un col à 3000 mètres désert comme d’habitude, je vais droit sur une zone de nuages noirs et je monte, je monte,  au début je pédale bien, puis je pousse moins bien. La route est aussi « pavimienta et dépavimienta »,longtemps la route est une piste, pas trop mauvaise, puis les zones goudronnées alternent avec la piste, les zones d’effondrements, et les éboulements. De toute la journée entre les croisements et les doublements je crois que je vais rencontrer une bonne dizaine de véhicules motorisés, l’un d’entre eux (une jeep rouge) fera marche arrière, viendra me proposer son aide pour m’emmener à San Mateo, là où je suis, il faut dire qu’une abuela trempée qui pousse une bicyclette dont « la maleta » est pour le moins impressionnante ça fait pitié… J’explique ma démarche, ils sont déçus et démarrent en trombe. A un moment alors que je m’arrête 2 mn pour reprendre des forces, je me dis en voyant les cailloux sur la route que je ferai mieux de ne pas traîner là, et les pierres commencent à tomber, je me sauve. Mais il pleuvait juste normal, il n’y avait que des vagues sur la route, parce que à l’arrivée à San Mateo, la rue s’est transformée en torrent. Quand l’armée en face de l’hôtel m’a fait signe de venir, je me suis dit « ce n’est pas possible, ils ne vont pas me contrôler là sous des trombes d’eau, alors que j’ai les mains entièrement paralysées de froid et la bouche aussi, donc je ne peux plus parler, non ils me proposaient juste leur abri pour décharger mon vélo. Voilà j’ai déchargé mon vélo, la personne de l’hôtel m’a aidé à porter mes affaires, douche chaude, internet moderne mais débit ultralent puis impossibilité d’ouvrir mon blog. En chemin quatre  rencontres importantes : une femme de 59 ans qui était avec son cheval et qui m’a demandé d’avoir une pensée pour son frère qui était entre la vie et la mort au Venezuela, qui bien sûr m’a recommandé à Dieu, deux hommes qui ont dit derrière mon dos, tandis que je poussais, et qui furent surpris de ma réponse, vu que maintenant je comprends ce qu’on dit, vous voulez savoir ce qu’ils ont dit ? Je le dis ? Je le dis pas ? « lento pero con seguridad », littéralement « lentement mais avec sécurité », ce qui se dit aussi « qui va piano va sano » ou « lentement mais sûrement », voilà je vais lentement mais sûrement… Je vais quand même essayer d’accélérer le rythme mais là où je suis ce n’est pas possible, vu la route, le dénivelé et le climat… Ah oui la troisième rencontre : un chien, les chiens colombiens sont totalement inoffensifs, les chiens vénézueliens  pas forcement, celui-là ce devait être un émigré vénézuelien mais  je lui ai tellement « gueulé » dessus quand il a commencé à m’attaquer et que moi je descendais une mauvaise piste inondée qu’il a vite abandonné. Et la quatrième rencontre ? La jeune femme qui tient un point internet à San Mateo, une jeune femme au teint très clair, au cheveux longs raides et blonds- roux. Son « point internet, fax et je ne sais plus quel opérateur de téléphonie mobile » est très moderne, le débit reste lent… Elle me dit qu’il y a un colombien qui parcourt l’Amérique Latine en vélo depuis 5 ans, me montre la grande affiche dans son magasin,  me donne son nom et va me montrer ses exploits sur le net, elle va me faire aussi un descriptif très précis de mon chemin à venir avec schéma à l’appui des montées et descentes, j’ai vraiment intérêt à partir très tôt demain. J’ai aussi appris qu’ici en plus des villes chaudes et des villes froides il y a les villes tempérées dont fait partie San Mateo. Je prendrais le temps de faire quelques photos demain car la place et son église  sont vraiment magnifiques. En attendant dodo, et demain je vais devoir enfiler des vêtements mouillés, ça c’est l’horreur… Tout d’un coup je viens de réaliser : l’hôtel est moderne, la peinture non écaillée, la propreté irréprochable, non ouvert à tous vents, le point internet très moderne aussi, peut-être ai-je changé de région, à mieux observer demain…

Bisous tout le monde

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6 réponses à J61 : Le Déluge…

  1. Quelle journée ! Mais quelle journée tu viens de vivre ! Elle s’est apparemment bien terminée ! Super Françoise encore ! C’est un véritable problème de conserver des vêtements secs. Il faut que je réfléchisse à ça. Est-ce qu’il y a une solution vraiment ?
    Françoise, j’ai certainement la mauvaise carte de Colombie car je n’arrive pas à te situer sur cette carte. Indique-moi les grandes villes autour de ton chemin.
    Besos

    • Francoise dit :

      Coucou Jean-Luc, pour le sechage la seule solution est de dormir dans son duvet avec les vetements qui ont besoin de secher, pas sur soi les vetements, juste dans le duvet. Pour la carte, toutes les cartes sont fausses, celle que j’utilise achetee a Cucuta indiquait Sucacon – Belen 42 km, quand tu en fais 60 a plus de 3500 metres d’altitude ce n’est pas la meme chose, bisous
      Je suis sur la route 53, modula 4
      Et pour les vetements secs de dormir avec dans mon duvet tout ce dont j’avais besoin lors de mon bivouac a 4700 m’a sauve de la cata car condensation extreme et meme dessus du duvet mouille
      rebesos

  2. Monica dit :

    Bravo pour ton courage, ta ténacité, ta rage de vaincre les difficultés !!!
    Je vois que le climat varie considérablement au fil des heures, ce qui doit être épuisant pour l’organisme, quand il n’est pas habitué. Apparemment le tient réagit bien. Plus tous les efforts fournis, avec ton pédalage, montées, descentes, etc,. Mais comment fais-tu ??? Et si je comprends bien tu n’as même pas un poil de graisse sur les os pour te protéger du froid. Alors là, je veux ton secret.
    Besos

    • Francoise dit :

      Ce n’est pas au fil des heures, c’est en quelques minutes, impressionnant, comment je reagis ? En essayant d’etre tres rapide dans les operations de rhabillage, mais ca marche pas a tous les coups, j’essaie de gerer au mieux, je n’ai pas de secret, tet la rage…
      Besos

  3. Christ dit :

    je m’associe aux encouragements précédents, dur l’humidité là-bas surtout pour toi (froid-chaud) mais dure ta volonté aussi !
    Besos

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