J63 : J’y comprends rien à la Cordillère, perte de 24° en quelques minutes…

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Vendredi 25 mars 2011

La Uvita – Sucacon

Distance parcourue :  48,06 km

Vmoy : 7,8 km/h Vmax : 42,7 km/h

Température : départ 15°, va monter à 44° puis en quelques minutes chuter à 17° en tournant sur un autre versant de la montagne et sous des nuages et de la pluie

Dénivelée positif : 968m

Dénivelée négatif : 1080m

Heures sur le vélo : 6H06’31 »

Départ : 6 heures

Arrivée : vers 12 heures 30

Résumé de l’article : (pour ceux qui roulent ou les flemmards ou les gens normaux que mon délire n’intéresse guère ou ceux qui bossent comme des malades pour payer la retraite des vieux croulants comme moi, merci d’enlever le c)

  • Objectif : Soata et si possible selon le temps et la forme  Sucacon, dernier village avant le Paramo (col aux alentours de 4000 mètres)
  • Conditions météorologiques : lever du jour couvert, c’est bien la peine de partir si tôt, puis descente dans une vallée chaude, 29°, alternance de soleil et passages nuageux, puis je remonte et plus  je monte plus la température grimpe, elle va atteindre 44°, j’adore et en l’espace de 5minutes dégringole à 17°, je déteste, la pluie se met aussi à dégringoler, pendant 2 heures puis s’arrête.
  • Etat de santé : excellent, des nausées le matin, vite j’avale mes médicaments avant de me retrouver dans l’état dans lequel j’étais à El Presidente, ça passe, pourtant j’ai jeté ma bouteille réservir de microbes (doigt toujours pendouillard)
  • Degré d’euphorie : strictement parallèle à la température
  • Particularités de la journée : je me régale avec la chaleur retrouvée qui disparaîtra d’un coup. La route descend puis monte, grosse, grosse journée mais ça va, la chaleur est vraiment mon élément, puis chute des températures brutales et… Pluie, mais la route n’est pas dangereuse, et l’état de la route s’améliore, plus de goudron que de piste.

Lever 5 heures, oué ça devient de plus en plus dur, demain le lever est prévu à 4H30, départ à 7 heures pour pouvoir un peu rouler avant la pluie. Le ciel est couvert, la mama de l’hôtel m’annonce la pluie pour midi. Je parle avec elle, je comprends que la route est « dépavimienta » jusque Tunja, là je crois que je vais craquer, puis en me faisant préciser les choses, non la route est « pavimienta » tout le long, c’est-à dire goudronnée, en fait ce sera une alternance de super route, de route cassée et de piste. Je commence par me tromper de chemin, c’est une piste, mais maintenant je suis prudente et demande et redemande, juste je resalis mon vélo, mais là ce n’est rien, il sera vite resali dans les portions de piste et avec la nouvelle pluie que je vais me prendre. Je commence par une longue descente sur une route en bon état, seuls mes freins ne sont pas en bon état, c’est la cata, le frein arrière est limite et celui avant se mettra à freiner dans la montée en émettant un bruit strident au cas où tu n’aies pas remarqué que ça freinait…  J’arrive à un village où c’est jour de marché, donc très animé, je ne flâne pas, juste une photo, j’ai décidé d’avancer, évidemment le village monte, j’attrape une suée, histoire d’être mouillée dedans, je ne me déshabille pas sachant qu’une descente m’attend. Cette descente est super belle, les coulées de boue et chutes de pierres de moins en moins fréquentes, j’atteins une vallée chaude, je suis partie avec deux polaires, bandeau polaire, collant, pantalon polaire, anorak colombien, je traverse le rio (par un pont non coupé, juste ça a débordé il y a deux jours), je me déshabille et entame une longue montée sur une super route, je pousse et pédale comme je peux selon la pente, la chaleur est là, plus je monte, plus il fait chaud, j’adore, il y a pas mes muscles fonctionnent bien mieux quand il fait chaud, pourquoi Dieu (ou la nature) m’a-t-il (ou m’a-t-elle) dotée à la fois d’une maladie où je souffre atrocement du froid et d’un amour pour la montagne où par principe il fait froid, bon je ne sais pas, juste je sais que quand j’ai chaud je vais mieux, alors là je me régale, le matin ce sera des températures aux alentours de 30 degrés et ça va monter, monter, 32, 38, 40, jusqu’à’ à 44°. Dans mon ignorance et mon désir d’avoir chaud, je me dis que je me suis éloignée de la Sierra Nevada del Cocuy et que j’ai changé de climat, oué bin ce soir je suis encore dans ma veste duvet, je l’ai amortie celle-là… Lors de la montée l’ambulance du coin va me doubler ou me croiser plusieurs fois, depuis quelques jours ils m’ont repérée, alors c’est un petit klaxon gentil et un petit coucou, les chauffeurs de bus aussi m’ont repérée, au moins ils ne me rasent pas, c’est sympa tout cela, et je retrouve la civilisation, au moins cinquante véhicules vont me croiser ou me doubler. Ca va, demain dans le Paramo je ne serai pas complètement seule, et la route sera « pavimienta ». Ce soir j’ai fait mes provisions pour demain, je ne suis pas sûre d’arriver à gravir ce Paramo en un seul jour, on m’a conseillé de partir à 6 heures, ça devient le bagne mon truc, j’ai le choix entre préparer mes sacoches ce soir, mais ça veut dire que je ne fais pas profiter mon linge d’une nuit de séchage et franchement ça pue de chez puer et gagner une heure de sommeil, ou laisser sécher et me lever à 4 heures. Je n’ai pas encore pris de décision. Les colombiens connaissent mieux leur pays que les vénézueliens et j’ai des renseignements fiables sur la route, je sais que pour atteindre Tunja j’ai deux paramos à passer, à Tunja je vais rejoindre une plus grande route, ce sera plus facile, je sais aussi que pour demain du village où je suis jusqu’au paramo il n’y a rien, ni épicerie, ni restaurant, qu’il y a environ 16 km et deux heures de carosse, alors là je crains le pire car une demi-heure de carosse, pour moi c’est 4 heures, calculez, ça fait 16 heures, pas possible dans la journée, d’où mes provisions. Un paramo c’est aux alentours de 4000 mètres, là je suis vers 2600 mètres. Tous ici, et à juste titre craignent le paramo, la montagne ici est très très dure, beaucoup plus dure que ce que l’on peut imaginer, des écarts de températures impressionnants et subits, un temps imprévisible, du brouillard, du froid, des trombes d’eau qui vous tombent d’un coup sur la tête et la montagne qui part avec, et des fois ça gronde et des fois ça vente aussi. Allez je suis prête. Donc je monte, une jeep rouge (encore) me propose de monter dans son « platone », évidemment je refuse, on rigole un peu, je retrouverai le mec à Soata, tandis que je me prépare à manger au resto, on rigole encore un peu, vu que je lui dis que même sans son platone où je sais pas quoi j’y suis arrivée, je me suis régalée tout le long de la montée quand soudain la faim m’a pris, je cherche un endroit pour pique niquer, j’ai du mal à trouver un endroit plat, je vois une vierge au loin, je me dis allez un petit effort, là-bas tu seras bien, en fait la vierge c’était Soata. Soata n’est pas une jolie ville, j’ai bien fait de profiter de la Uveta. Soata a la particularité d’avoir une église à deux visages, le corps du bâtiment est en granit que l’on dirait directement importé d’Ecosse, le clocher est du plus pur style colonial. J ‘ai trouvé un resto, j’ai super bien mangé, là c’était du poulet et la boisson un mélange de panela et de jus d’orange, le tout pour moins de deux euros, les pique-nique me reviennent plus chers… Ce soir idem pour moins de 1 euros, la boisson c’était un mélange de melon et de je sais pas quoi et le troisième légume c’était des pâtes, ça va j’ai ma ration de sucres lents, et la soupe trop bonne de chez trop bonne et je complète par du chocolat, je fais du gras je vous dis, je fais du gras, juste j’ai mal au mollets et aux cuisses, je n’ose dire l’absence d’activité pendant six jours, vu que quand même je suis montée à 5300 mètres, non juste l’absence de poussage et de pédalage. Je finis de manger il est 12h30, je me renseigne sur le temps il ne devrait pas pleuvoir, euh, une heure et demi après il pleut, mais l’endroit est beaucoup moins dangereux que les jours précédents. La route monte, je suis fatiguée, je me dis que continuer va être une galère, mais que ce serait mieux, à la fois pour aligner des kilomètres, pour rendre le paramo plus accessible et pour profiter du beau temps, je continue donc, et ??? Ce n’est pas une galère, je pédale même très bien, route et piste alternent, la piste est bonne, juste les camions qui passent font beaucoup de poussière, mais ça va ils sont rares… Je vois un village en face, je me dis ce n’est pas possible, ils ne vont pas tout nous refaire redescendre pour remonter, et en plus là-bas il pleut. Il ne faudra pas tout redescendre, juste un peu et faire le tour de la montagne et remonter, et là boum chute brutale de la température, 44, 40, 28, 25, 19, 16, vite je remets une polaire et un kwé et boum d’un coup pluie, pluie qui mouille, je n’ai pas le temps d’enfiler un pantalon, je mets comme cela à même la peau mon pantalon kwé, à ne pas faire, c’est très, très désagréable, ça colle à la peau, c’est froid, la pluie va durer deux heures, juste pour me dire que je n’ai pas à regretter de n’avoir pas étendu mon linge sur mon porte-bagage, évidemment pendant qu’il pleut je suis sur de la piste, évidemment mon vélo est dans un état, et ce frein arrière qui ne freine pas et ce frein avant qui couine à chaque tour de pédale dans la montée, et puis ça va se calmer, et puis j’arrive à  Susacon, contrôle de police inopiné, pas pour moi. Dans le village je cherche un hôtel, il y en a au moins deux mais fermés, finalement j’aboutis dans un hôtel de charme, douche collective, mais une fois qu’on a compris le système, douche chaude, il y a deux fils qui arrivent dans la douche, oh là là rien que s’y penser ça me fait froid dans le dos, il faut ouvrir à fond pour déclencher le système, puis diminuer tout doucement pour ne pas arrêter le système mais pour que le débit soit moins important et laisse à l’eau le temps de chauffer, et ainsi on a un mince filet d’eau chaude. Voilà le patio est dans les verts, c’est ma couleur, j’ai passé une excellent journée, demain le Paramo, bisous tout le monde, et je le dis plus mais c’était super beau, différent des autres jours, mais trop beau. J’ai perdu ma petite tresse dans les cheveux, elle a duré 9 mois, il va falloir que j’attende de retourner à Pelvoux pour en refaire une, avec mes petites-filles bien sûr qu’au passage j’embrasse. J’ai oublié, trois attaques de chiens, c’est pénible, des condors, c’est pas pénibles, des oiseaux, des fleurs, de jolies maisons, des truc chouettes quoi

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6 réponses à J63 : J’y comprends rien à la Cordillère, perte de 24° en quelques minutes…

  1. Tu finis souvent par être récompensée de tes efforts de la route : paysages, animaux, gens sympas et repas pas chers. Tu es dans une grande forme physique me semble-t-il !
    A bientôt Françoise et bon courage.
    Corinne et Enzo en finissent avec leur traversée, ils sont de retour en Belgique la semaine prochaine.
    Ah, regrets quand tu nous tiens !

    • Francoise dit :

      Même quand c’est dur, même quand c’est très dur je suis heureuse, je dois être archi fêlée ou archi folle dingue. Je suis toujours Corinne et Enzo, Corinne est vraiment très très forte et Enzo le devient… Ca doit être contagieux la force… Mais Enzo me fait toujours rire et je lui en suis reconnaissante, oui leur périple va nous manquer… Bisous à toi

  2. Monica dit :

    Soigne tes freins, c’est vital. Je vais aller sur Google earth, pour continuer de tracer ton parcours.
    Besos

    • Francoise dit :

      Ca y est c’est fait, tout remis à neuf, normalement ça devrait tenir 2 mois, mais ceux qui ne passent pas par où je passe ne peuvent savoir, j’ai du matériel de rechange, et j’ai aussi du changer mes chaussures… La bonne femme c’est plus dur à changer…
      Bisous

  3. Jean dit :

    Pour la température, pas étonnant : Quand j’avais fait le Cotopaxi, il y avait des volutes qui tourbillonnaient autour du volcan et l’on passait du soleil à la brume ou à la neige avec des variations de températures très rapides. C’est comme cela entre les tropiques et l’équateur, le soleil et l’humidité créent de fortes turbulences.
    Aux Illinizas, par contre, c’était la neige tous les jours à la même heures (11 h), donc départ avant le lever du soleil et retour vers midi.
    Cela va t’endurcir pour les Andes patagoniennes (3 jours de soleil par an, vent frois permanent, glaciers se jetant dans la mer et les »fjords »

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