Le 24 juin 2016
Bivouac vers Deggendos – Bivouac après Obenzell : 52 km
Terrible, terrible je vais essuyer le deuxième orage le plus terrible de ma vie… L’autre c’était en Argentine et les deux bergers sur le terrain desquels j’avais planté ma tente étaient venus à mon secours, en 5 mn ma tente était portée comme un sac de patates à l’intérieur de leur cabane, des planches étaient clouées aux fenêtres et moi j’avais dormi comme un bébé sur cinq matelas jusque 9 heures du matin…
Là je suis seule, j’ai un super bivouac non visible de la route où passe une voiture toutes les heures : un grand pré, des arbres, juste à côté d’un torrent que je ne peux atteindre tellement il est encaissé.
On m’a mis en garde contre les orages de cette nuit, je n’y ai pas trop cru, le ciel était si bleu… Je m’arrête à quatre heures, je fais cool mes petites affaires: douche avec savonnage, séance de manucure, relevé de mon tracé sur la carte, de mes km et impressions dans mon petit carnet, je chasse les fourmis qui s’attaquent à la nourriture, ça baigne…
Ça tonne autour mais je pense que l’orage n’est pas pour moi.
J’ai choisi la rive gauche du Danube pour son camping mais les cris des enfants dans la piscine m’ont fait fuir. Deuxième camping : que des caravanes les unes sur les autres, 10 euros pour 1 m2 de pelouse c’est de l’arnaque et ça m’énerve, donc je passe… 500 m plus loin un super pré fauché et à condition de pousser le vélo en montant sur 500 m, le bivouac de rêve : bucolique, forêt en face, torrent derrière, non visible de la route, génial…
Ça continue de tonner autour, je me dis encore que ce n’est pas pour moi et tandis que j’envoie un message à une de mes associations sportives, je sens que c’est pour moi, branle-bas de combat je rentre tout.
Le vent souffle avec une force incroyable, le double toit de la tente se détache, la tente se plie sur elle-même, je mets la serviette de toilette sur ma tête pour me protéger de la grêle, je pense que la tente ne va pas tenir, je ne trouve pas mon téléphone jeté à la hâte dans la tente (sinon j’appelais les secours) le vent est épouvantable, l’eau rentre dans la tente, je cherche mon téléphone, je sauve ce qui peut l’être de l’inondation, un coup je m’arqueboute à gauche, un coup à droite, c’est terrible. Lors d’une accalmie, toujours cherchant mon téléphone pour appeler au secours, je range les pinces à linge, c’est idiot… Le niveau d’eau monte dans la tente, ouf les choses importantes (papiers, IPad) sont dans des sacs étanches.
Quand le vent se calme j’enfile la cape de pluie, oui car il pleut dans la tente, je réfléchis à la stratégie à adopter, je me souviens avoir résister à un orage de grêle à 4000 m en Colombie, donc je dois résister.
Quand le vent se calme (parce que les éclairs et la foudre je n’en ai rien à faire, si je dois mourir foudroyée c’est que c’était mon destin), je sors, réattache le double toit et regarde le torrent, il n’est plus qu’à 80cm de ma tente et est furieux. Je ne peux rester là. Je retrouve mon téléphone, appèle un ami qui me conseille de me mettre en sécurité. Mais où ? Plus loin le pré est jonché de branches d’arbres arrachés par la tempête, je tire ma tente au milieu du pré, je ne suis pas à l’abri du débordement du torrent mais je suis visible de la route, au moins on retrouvera mon corps…
Je suis un peu au-dessus du Danube, de ce côté-là je suis tranquille.
Je joins un de mes enfants et sa compagne qui d’ailleurs sont chez moi bien au sec…
Régulièrement je vais voir l’état du torrent, on dirait que ça baisse.
Les sirènes se déclenchent, reangoisse.
J’écope, oui tout est intégralement mouillé dans la tente sauf le duvet non sorti de son sac étanche, j’installe mon drap de soie et la serviette sur le le matelas et me love dans mon duvet… Il continue de pleuvoir, à demain peut-être…
Sinon c’était la routine, quoique route pas très intéressante, je me suis perdue et retrouvée, comme d’habitude. Passau m’a déçue, je croyais que c’était la frontière, non elle est plus loin, demain, dans 5 km…
Ily eut quand même la jolie sirène que j’ai reconnue…
Des drapeaux qui ne m’aident pas à me situer : Allemagne, Autriche ?
Des péniches qui ont l’air de semi-remorques
Des dangers dont j’ignore la signification
Là je n’ai pas fait attention et ai failli me faire décapiter !
Une architecture sympa
De jolis chalets
Des maisons qui tentent de se cacher
Une vagabonde toujours heureuse
Les chiffres :
Kilométrage : 51,75 km
Dénivelée positive : 126 m
Temps sur le vélo : 4h 29′ 40’´
Conditions météorologiques : grand beau temps chaud puis tempête et orage.
Bisous mes suiveurs
En te lisant, j’ai cru y être aussi, tant ton récit m’a rappelé des moments terribles que j’ai traversé en 2010 en Allemagne du Nord. Ce n’était pas mon heure non plus!
Depuis, je suis assez fataliste! ‘Vas où tu veux, meurs où tu dois »
http://europeavelo.canalblog.com/archives/2010__7_______petit_tour_en_tchequie__puis_cap_sur_la_baltique__/index.html
J’ai été voir ton blog, je me régale…