Le départ

Partie de Jonchères vers 12h 30, suis arrivée sans encombre à Marseille. Première difficulté : le vent souffle en rafale, la neige annoncée n’est pas là, Gérard mon chauffeur a conduit vite mais très très bien, après se déplacer seule dans un aéroport avec un vélo encartonné et deux sacs ce n’est pas évident, surtout quand vous êtes interviewée par téléphone au moment où vous posez votre vélo sur le tapis roulant, la dame rouspète, l’a raison vous fait les gros yeux, l’a raison aussi, pendant ce temps on vous pique votre chariot, là c’est pas top. Au fait l’émission c’est sur France inter ce lundi qui vient, à 21h (ou 21h30), je sais plus, le titre « tour du monde » ou quelque chose comme ça. Après les difficultés recommencent, plus de chariot, un jeune homme me passe le sien, je n’ai ni jeton ni le moindre euro à lui donner, ça y est je commence à faire la manche… J’arrive dans la zone des bagages hors gabarit, la dame qui s’en occupe doit faire la moitié de mon poids, elle me demande où est mon accompagnateur, bon lui explique que n’en ai pas… Quelques sourires et à deux nous hissons l’engin sur le tapis roulant… Vélo parti, et moi je pars à la recherche du jeune homme pour lui rendre son euro, ne le trouve pas, me renseigne, est sur le même vol que moi, j’ai même son numéro de rangée, va pas en revenir de voir qu’on lui rende son euro… Après c’est la sécurité, séance vidage de sac et déshabillage, je les ai bien fait rire quand je leur ai dit que dans mon club de rando ils m’appelaient « vide-grenier », et puis j’ai discuté avec un français d’origine tunisienne, je lui en ai appris sur son pays où j’ai laissé la moitié de mon cœur. Ah oui le jeune homme il m’a dit qu’il connaissait quelqu’un qui avait été à Caracas pour son travail et que ça craignait, qu’une voiture blindée l’attendait avec garde du corps et interdiction de se déplacer comme il voulait, mais de toute façon moi je ne vais pas à Caracas mais à Maiquetia, nuance, et puis là-bas je prendrai bien un taxi noir à plaque jaune et après j’aviserai, si insécurité je sortirai de la zone par bus ou taxi, on verra. Pour l’instant n’ai aucune appréhension mais une joie profonde, liée je pense à l’aboutissement d’un projet longtemps pensé, longtemps muri et encore plus rêvé…

Atterrissage sans problème, une lune qui fait son clin d’œil aux lumières de Francfort…

Repas d’hier : saucisses de Francfort frites, pain (à ma demande et bière). La nuit s’est ma fois bien passée, il y a des espèces de relax (très inconfortables) ai dormi recroquevillée, réveillée souvent par la douleur des points de contact…  Puis réveillée en sursaut lisant  8h 30 à mon réveil ( c’était comme la fonction de l’engin l’indique l’heure de réveil et non l’heure exacte, ai essayé de me rendormir mais mon cerveau ayant définitivement enregistré que je devais ma réveiller me suis réveillé… Petit déjeuner : coca, croissant sans beurre, le rêve quoi…Tite toilette, puis crémage parfumage gratos au Duty free, ai expliqué à la vendeuse que just I try because I was with my bicycle, et elle a bien compris (là I speaké l’english, c’était plus facile… Y a bien un poste internet mais payant et à priori pas d’entrée chef USB, on verra la tenue du blog à Maiquetia. Pour la petite histoire n’ai pas retrouvé mon jeune à 1 euro… En revanche ai encore bien discuté avec une dame qui presque venait avec moi, bientôt vais pédaler avec une armée virtuelle de cyclotouristes… Sécurité très forte ici, fouille au corps, messages de précaution toutes les cinq minutes. Me sens toujours bien, heureuse, sans crainte, on verra… Me voilà à nouveau dans la zone d’attente sécurisée, là où les gens pour Caracas attendent, ça y est je lies connaissance : une mère et ses cinq enfants, l’ainée jeune fille bien comme il faut, la seconde petite demoiselle fort délurée (au moins question vestimentaire), car pour le reste elle est très attentive à ses petits frères et sœurs qui comme tous les enfants du monde savent utiliser la zone de confinement pour courir dans tous les sens. Cette très jeune fille, doit avoir dans les treize ans est « muy bonita », visage typé (c’est quoi au fait un visage typé, moi aussi on m’a souvent dit que j’avais un visage typé), elle est vêtue d’un collant noir,d’un sous pull rouge, d’une robe très courte aux motifs rouge et noire et de somptueuses botte rouge avec un rebord lui-aussi rouge et noir, du plus bel effet, j’aimerais trop avoir les mêmes, ne peux y résister, demande si les bottes viennent du Venezuela (n’ai pas l’intention d’acheter les mêmes, vu que je suis intimement persuadée que vais devoir me délester d’une partie de mon chargement faute d’avoir les muscles suffisants pour le charrier, mais quand même sont trop chouettes ces bottes), j’apprends qu’il s’agit d’une famille d’émigrés libanais qui vit à Maracaibo, je sors ma carte, ils n’arrivent pas à situer la ville puis quand ils me disent qu’ils vont prendre un autre avion nous cherchons plus loin, il s’agit d’une ville située tout au nord ouest du Venezuela. Je me rend compte que mon espagnol est très approximatif, soit leur accent libanais me gène, soit le vénézuelien est un peu différent du catalan, soit suis vraiment très mauvaise, j’opte pour la dernière solution et me replonge dans mon dictionnaire, les tournures de phrases ça va, c’est le vocabulaire qui fait défaut, et quand je cherche un mot (dans ma tête, pas dans le dico franco-espagnol et réciproque) il me vient en anglais… J’ai quand même réussi à expliqué mon projet, m’ont dit qu’il n’était pas dangereux de rouler en vélo, m’ont dit que la sécurité c’était moyen, qu’il ne fallait pas que je porte des bijoux en or ( ça risque pas, j’ai deux colliers, j’y tiens quand même, l’un m’a été offert par mon fils aîné quand j’étais raplapla l’est fait de pierres énergisantes, coûte pas une fortune, l’est rouge grenat, l’autre me le suis offert moi, l’est fait de pierres apaisantes, l’est vert sombre, aussi j’ai mon bracelet balance en plastique transparent, le voulais vert fluo, zavez pas, n’empêche depuis que je l’ai mis n’ai plus mal au genou, mais n’ai pas repédalé depuis, on va voir, si vraiment ça m’a guéri le genou essaierai d’en avoir un deuxième vert fluo celui-là, et mon dernier bijou est une espèce de tresse en tissu dans les cheveux faites sur le marché de Vallouise cet été, les quatre filles (entendez belle-mère, moi, belle-fille et mes deux petites filles) y sont passées, seule la mienne a résisté au temps, l’est coriace la Babouchka la Babouchka c’est moi, pour ceux qui ne le savent pas l’aîné de mon petit-fils est à moitié biela-russe et à moi ça me plait Babouchka, sauf que c’est chasse réservée (à mes petits-enfants, éventuellement à mes belle-filles, mais c’est tout, et moi bien sûr, moi j’ai tous les droits sur moi, sauf de me faire mal. La famille libano-vénézuelienne m’offre un bonbon, je n’ai rien à offrir en échange, ça y est, voilà que je vis de la charité des autres (je n’ai pas retrouvé le jeune-homme au chariot pour lui rendre son euro), en attendant j’ai été reprendre des euros au distributeur, vu que j’ai vu dans le guide qu’il était plus facile de changer des dollars ou des euros que de servir de sa carte bancaire, quant aux travellers-chèques vaut mieux pas y compter (ça tombe bien j’ai perdu les miens…). Après 3 longues heures d’attente nous rentrons dans l’avion, aaynt réservé ma place sur l’ordinateur à Marseille, suis bien placée coté hublot et pas au-dessus d’une aile (carv le ceche la vue, et moi j’adore l’avion et j’adore regarder par la fenêtre, euh le hublot). Mon voisin est un allemend né en Autriche, je comprends pas non plus son espagnol, me dit qu’il est « jubilado », entendez retraité, au fait la dame libabo-vénézuelienne m’a dit que ce mot ne s’employait pas au Vénezuela, que mayor (entendez agée suffisait), j’en déduis que la retraite ils ne connaissent pas au Venezuela et nous on se plaint. Mon voisin m’explique qu’il va dans un île au Venezuela, mon voisin ne me plait pas, c’est comme cela la vie y a des gens avec qui vous vous sentez en résonance et puis les autres, donc lui fait partie des autres, il baratine une jeune femme au teint un peu bazané et ouf trouve une place à coté d’elle et voilà que j’ai deux sièges pour moi toute seule, j’ai fait une sieste allongée d’enfer, ayant non seulement la tête percée mais également petite, ai pu glisser celle-ci sous l’accoudoir, top de chez top, quand me suis réveillée tout l’avion était plongé dans le noir, non y avait pas un pépin mécanique, juste tout le monde a du faire comme moi (l’apéritif a du aider, pour moi ce fut un petit whisky avec plein de glaçons comme je l’aime) et piquer son p’tit roupillon, les hôtesses ont fermé les volets, même pas vu, même pas entendu, faut dire que j’avais deux nuits un peu écourtées à rattraper… Ce midi ai mangé comme un ogre, j’ai rien laissé, j’ai même redemandé un morceau de pain, et en plus ce n’était pas loin d’être bon: salade, boeuf en sauce ptits pois carottes riz, espèce de camembert sans goût comme je l’aime, gâteau au chocolat, le tout arrosé de una cerveza. Toujours pour parfaire mon espagnol, je parle en espagnol à l’hôtesse, tiens, on se comprend, sauf quand je lui demande si je peux utiliser « me ordinator », là elle préfère « «computer », va pour computer, je vais computer…, J’essaie aussi de regarder un film en espagnol, j’accroche pas trop, essaie un deuxième, idem. Maintenant que j’ai compris le maniement du retardateur de mon appareil photo et que après bien des hésitations j’ai pris son pied agrippe tout, m’amuse… Quel va être le premier délestage ? Allez je lance un concours… Premier prix  : le droit de venir pédaler avec moi dans la Cordillère des Andes pour une durée qui reste à préciser…

Bisous toutes et tous et merci pour tous les encouragements que vous m’avez apportés…

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2 réponses à Le départ

  1. Roger(s) dit :

    Bien envoyé,tu t’es bien « raconté », avec tous les détails en plus…
    Servis à la minute..Je veux trouver la suite…
    Dans les concours, je suis toujours perdant, donc je joue pas et donc faudra pédaler seule, ou avec un autre gagnant s’il se déclare

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