Samedi 7 décembre 2013
Bo Lu – Ban Tham
46 km de vélo, plus de 5h30 sur le vélo, 2 heures de bateau (nécessité de 2 bateaux), 1323 m de dénivelée positif, des cotes à 12%, des gués à traverser, de la piste, un endroit où dormir difficile à trouver, je termine épuisée à la nuit, un accueil sympa de la population, du beau en veux-tu en voilà, des angoisses pas possibles d’où je suis, où je vais, … Bref tous les ingrédients du bonheur et je ne plaisante pas…
Hier soir j’ai récupéré sans problème mon vagabonde-séchoir…
J’ai retraversé le parc…
Puis j’ai cherché un endroit où dormir, l’hôtel impersonnel et presque désaffecté et cher à l’entrée du parc ne m’inspire pas… Je demande, une charmante jeune fille enfourche son scooter et me propose de la suivre, j’aboutis das la première auberge sympa de mon voyage, si j’avais eu plus de temps je serai restée plusieurs jours, un vrai petit coin de paradis…
L’auberge est indiquée dans je crois le guide du routard mais moi je n’ai ni guide du routad ni lonely planet ni aucun genre de ces guides, juste un truc de géo, je vais là où il y a de belles images… Et puis ici au Vietnam j’ai Quynh…
Dans cette auberge je rencontre un groupe de quatre jeunes, deux français, une française, un brésilien, les deux français sont frais débarqués de Hanoï ils ont loué des motos pour explorer le parc et sur les pistes la française et le brésilien se sont explosés, rien de grave, mais ils abandonnent la moto… L’auberge propose un repas délicieux que nous prenons tous ensemble. Les cloisons des chambres sont en papier et finalement on se paie une bonne partie de rigolade avant de dormir, je ne sais plus de quoi on a parlé, de choses sans importance sans doute mais qu’est-ce que ça fait du bien…….
En revanche je découvre avec horreur que je ne suis pas là où je croyais être, carrément à l’opposé, l’interrogation de la population réduite à l’auberge, une épicerie et trois personnes qui travaillent sur un chantier et surtout Quynh me remettent l’itinéraire en place, le plus simple est que je retourne au lac Ba Be et que je le traverse en bateau puis que je descende la rivière, puis que je change de bateau (il y a les chutes d’eau), l’aubergiste m’aide en me recommandant quelqu’un et en m’indiquant le prix raisonnable à payer…
Retour au lac Ba Be, les « passeurs » ne manquent pas, c’est l’avantage d’aller dans un pays hors saison…
Forte de mon expérience précédente où ma sacoche guidon était tombée dans la mer, je vous remets la photo, ça vaut son pesant d’or… Je décharge avant embarquement…
Et voilà les deux vagabondes embarquées…
J’espère avoir choisi un bateau non percé…
Vagabonde dans les brumes du Vietnam…
Vagabonde qui descend sa première rivière…
Premier débarquement, le batelier veut que je le paie, pas question, il m’abandonne là et je fais quoi moi ? Non, je paierai quand je serai arrivé à bon port…
Devant tant de détermination, il enfourche une moto et moi je pédale sur un petit chemin caillouteux parfois encombré…
Au début par respect je ne prenais pas les gens en photo, mais en fait les vietnamiens adorent, mais toujours je demande la permission… Comme souvent les bébés sont emmitouflés, sauf les pieds…
Allez, deuxième bateau, le batelier ne veut pas que je décharge mon vélo…
Ca va, la rivière est calme…
Nous ne sommes pas les seuls à accoster…
Toute la différence entre le rêve…
Mon batelier est sympa quand même, il pousse mon vélo jusque sur la route…
Mais il m’enduit en erreur, je lui ai expliqué où je voulais aller, il me dit qu’après avoir traversé le village je dois prendre à gauche.
Je ne sais pas pourquoi, je suis intimement persuadée que je dois aller à droite, allez, je fais confiance, j’y vais…
Non, je suis sûre de me tromper, je demande plusieurs fois, je fais demi-tour, suis mon instinct, retourne dans le village…
Non, ce n’est pas vrai, je ne veux pas retourner à Cho Ra, c’est justement pour éviter le détour que j’ai pris le bateau… Si il n’ y avait pas la cote que je viens de grimper (une parmi des milliers), je pense que j’aurais fait demi-tour pour essayer de recueillir d’autres avis…
Je suis très dubitative…
Enfin un vrai panneau…
Sauf que le village indiqué est sur ma carte un peu en dehors de la route que je veux emprunter… Je me dis qu’une si jolie petite route ne peut être un cul de sac et ne desservir qu’un village, me voici en train de gratter les bornes pour essayer de recueillir quelques renseignements… En vain…
La route est déserte, magnifique mais cette rivière (ou lac ?), sur ma carte est à ma droite et en vrai il est à ma gauche…
Un village, je suppose en fête à cause des drapeaux…
Je hais les bifurcations…
Une borne lisible…
La route continue à s’enfoncer dans la montagne…
Là on passe aux choses sérieuses…
J’arrive dans un village où ils viennent de tuer deux cochons, la permission de photographier m’est refusée… Puis un homme s’y risque…
Toutes les femmes sont habillées en vêtement traditionnel…
Et rapidement je suis adoptée…
Il faut dire que nous avons les mêmes yeux… Quelqu’un je ne sais plus où m’a demandé si j’étais de Singapour… Je quitte à regret ce village mais je n’ai pas le droit de photographier les cochons…
Sur cette route déserte un obstacle inattendu, j’ai failli faire un vol plané…
Oui, parce je regardais le camion et ai vu un peu tard la chaîne…
C’est magnifique, mais réfléchissez deux minutes, le soleil se couche… Je ne sais vraiment pas où je vais dormir ce soir…
D’autant plus que ça se corse…
Ou traverser la rivière à gué…
Et le jour baisse… Enfin un village je demande une « gnani », il n’y a pas, j’explique je suis épuisée, et je suis vraiment super épuisée… Oui il y a là plus loin, rien d’indiqué, je demande, je demande, on finit par m’envoyer dans une grande maison et je vais dormir à l’étage là où est installé la télévision et où les filles de la maison dorment…
Je demande un peu d’eau dans ma gourde, expliquant que je veux me laver un peu, la femme de la maison m’installe au bord de la route, de l’eau chauffe sur un feu de bois, pas d’eau courante mais un grand bassin d’eau et je me lave dehors à poil avec de l’eau tiède, visiblement ça ne gène personne, ouf la nuit est déjà presque tombée….
Et me voilà propre, j’ai même rincé slip et maillot…
Je suis installée comme une reine…
Quoi les toilettes ne sont pas top ? Vous êtes vraiment très difficiles, j’ai tant reçu…
Je demande à la maîtresse de maison si je peux partager leur repas, elle accepte volontiers, je le prendrai avec elle et deux des filles de la maison accroupies sur une natte devant le grand écran, en guise de bienvenue un verre d’alcool de riz, la femme le boit d’un trait et me dit d’en faire de même, je ne peux pas, le boirai (et même un deuxième comme elle) mais à petites gorgées tout au long du repas. Comme je suis quand même très maladroite avec mes baguettes, la femme me sert, trempe certaines choses dans une sauce piquante, nous allons manger du riz, du toffu, des légumes et un peu de viande, le tout délicieux, et elle me sert, me sert jusqu’à ce que je n’en peuve plus…
Même mon vélo a droit à une place d’honneur…
Quand je me réveillerai je verrai qu’une tenture a été installée pour séparer ma couche de celle d’une des deux jeunes filles…
Le lendemain les enfants jouent avec ma corne de brume…
Ou sont intrigués par mon compteur…
Quelle belle, quelle belle journée, merci à cette famille de m’avoir accueillie, merci au Vietnam…
Les chiffres :
Départ 7h30, arrivée 17h30
Temps sur le vélo : 5h35’50 »
Temps sur le bateau : 2 heures
Kilométrage : 45, 72 km
Dénivelée positif : 1323 m avec des cotes à 12%
Vmoy : 8, 16 km:h
Vmax : 32,16 km/h
Les condition météo ? J’ai oublié, donc elles devaient être bonnes…
Bisous tout le monde