J362 à J374 : le plus beau de tous les pasos du monde : el Paso Agua Negra, un col à près de 4800 mètres qui permet de passer du Chili à l’Argentine

17 janvier 2012 au 28 janvier 2012 inclus, soit 12 jours pour rallier La Serena (Chili) à San Juan (Argentine)

Les préparatifs

On a beau en avoir passé non pas des milliers mais des dizaines de col
à plus de 4000 mètres, c’est toujours un événement, et puis celui-là a quatre particularités, la route part de 0 mètre pour s’élever à 4775 mètres, les derniers 90 km qui vont vous faire grimper de 2400 mètres sont de la piste, vous allez devoir affronter presque 300 km sans ravitaillement et sans point d’eau, donc il va falloir hisser quelques kilos supplémentaires, enfin vous allez passer une frontière, laquelle frontière se situe en haut du col mais les postes frontières sont bien plus bas, chacun d’un coté du
col, et vous aurez 4 jours entre le premier et le deuxième tampon, oué parce que sinon ce serait pas rigolo… Et aussi la route est fermée entre 17 heures et 7 heures, donc la nuit vous êtes seul…

Alors vous vous renseignez, il y a les esprits chagrins qui vous promettent
plein de cailloux et une difficulté extrême, ceux qui vous annoncent avalanches et chutes de neige, il y a Enzo qui vous promet du beau… (en plus ça rime, ah ce Enzo il sait plus quoi inventer, remarquez il progresse, avant il était dans le AAA maintenant il est dans le OOO…)

Il y a le chilien d’origine argentine qui vous fait un super plan

Il y a le SERNATUR ( que je vous recommande voyageurs en vélo ou pas,
les renseignements sont le plus souvent fiables et ils vous fournissent en cartes et documentation)

Un vrai plan

Et même les dénivelées…

Forte de tous ces renseignements, vous faîtes le tri, les esprits chagrins
vous essayez de zapper, mais quand même, comme vous êtes du genre
sensible, ça laisse des traces… Vous réfléchissez à ce que vous allez prendre en boisson et vivres et il fait chaud et vous buvez de plus en plus, bref c’est l’horreur… Vous réfléchissez aussi à où faire vos courses, bref vous réfléchissez et essayez de ne pas trop angoisser…

Allez c’est parti…

Le premier jour : rencontre d’un étrange cycliste jaune

La Serena – Bivouac dans le parc de la cave à vins Olivier

J’ai oublié de noter mes kilomètres…
Environ 50km
Grand beau temps chaud
Vent : favorable sous forme de petite brise allant forçant dans la journée pour s’éteindre en début de nuit sans jamais atteindre la fureur du vent du désert d’Atacama.
Dénivelée positif  non cumulé (mon compteur est muet) : 600 mètres
Départ : vers 9 heures
Arrivée : vers 16h30

Je sors de la Serena en suivant les indications que l’on me donne, je crois bien que l’on me fait faire un grand détour, cela me permet de me rendre compte que cette ville est bien plus grande que je ne l’imaginais. Puis je me retrouve sur une route à sens unique et à deux voies, le luxe, ça monte, ça il fallait s’y attendre…

Allez, la frontière n’est pas trop loin…

Je crois voir un drôle de parc avec des fleurs alignées, en fait c’est un cimetière…

Je me retrouve vite dans la vallée d’Elqui, vallée réputée pour sa fertilité et dont Pol et Veroyclette vantent les douceurs (au passage très chimiquées, très chimiquées les douceurs, j’ai vu et moi je crois que ce que je vois, mais je préfère manger des trucs chimiqués que d’attraper un parasite qui au mieux va te détruire les intestins pendant plusieurs années (ce qui m’est arrivé donc je sais de quoi je parle…, au pire va te faire mourir (ce qui ne m’est pas arrivé, donc je peux vous abreuver de mon verbiage…) Ce n’est pas la super super forme, mes intestins ne sont pas encore guéris de la dernière tourista… La route monte, descend, remonte, redescend, évidemment monte plus qu’elle ne descend.

La vallée est dit-on verte, moi je la trouve plutôt bleue…

Ou rouge…

Ou jaune…

Ou marron

Ou multicolore

Là vous allez voir la pire des bremas, vue du haut d’un camion on dirait une vraie brema, alors si vous n’y allez pas les camions vous y jettent (et la circulation est très intense ce jour-là) mais cette brema est inroulable car ils ont refait la route sans en refaire la dite-brema, c’est à dire qu’il y a au milieu une différence de niveau de 10cm, je défie tout cycliste d’y rouler…

Petit à petit je me rapproche de la frontière

Un cycliste revêtu de jaune me dépasse, puis un autre groupe de cyclistes, puis je vois mon cycliste jaune qui, sur le bord de la route, expose ses attributs masculins, l’ai-je surpris en train de satisfaire un besoin naturel ou avait-il d’autres idées en tête ? (Pas me violer, il faut pas rêver, plutôt vendre ses charmes…) Il va m’accompagner un bon bout de chemin, l’avantage, il me « tire » sans que je ne me laisse mettre dans le rouge, l’inconvénient, sa conversation va vite franchement m’ennuyer pour ne pas dire m’indisposer… Après les questions habituelles (d’où je viens, où je vais), les questions idiotes : est-ce qu’en France il y a des rhinocéros, des dragons, des dinosaures… Je le questionne aussi, il a 24 ans, voudrait devenir cycliste professionnel, il connaît Lance Amstrong, Richard Virencke, le Tourmalet, lui ne se dopera jamais, il préfère perdre et aussi il préfère la drogue des rues, la cocaïne…
Devant un chien écrasé ou une tombe il se signe… Il espère être embauché dans l’équipe argentine… Il me dit être pauvre, que son vélo lui a été donné par la mairie, c’est vrai que son équipement laisse plutôt à désirer, la première fois où il a freiné, j’ai cru qu’il y avait encore un truc coincé dans ma roue, non c’est juste que notre étrange cycliste jaune n’a plus de patin de freins.. Puis les questions indiscrètes, si je suis mariée, si je n’ai pas besoin d’homme… Je lui fais comprendre que je ne suis pas du genre femme faible, je lui raconte l’épisode de la tentative de vol d’appareil photo (en en rajoutant bien sûr), serai-je violente ? Non les violents ce sont les camions qui nous doublent klaxon bloqué en rasant le pauvre étrange cycliste jaune, moi je suis sur la brema toute cassée, lui sur 2cm de route… Je lui fais comprendre aussi que je n’ai pas besoin d’homme, je suis féministe ? Serait-il moins bête qu’il ne le laisse paraître ? C’est alors que le premier groupe de cyclistes revient en face et le rappelle à l’ordre, sans un au revoir il fait demi-tour et va rejoindre ses congénères… Etrange cycliste jaune…

Du coup je n’ai pas fait beaucoup de photos de cette vallée verte très touristique, mais bon, c’est juste une vallée verte émaillée de nombreux campings qui évidemment disparaîtront quand j’en chercherais un.

La montagne s’approche…

Je sors de la vallée

Je rejoins un grand barrage

Avec son lac…

Lequel barrage domine la vallée d’Elqui

J’ai l’impression là de donner un cours aux enfants de CP…

Et voici le la (oui j’ai bien dit le la, affreux……… ce bruit qui se surrajoute au vent………)

Quand même plusieurs ingénieurs du son et autres se sont penchés sur la question pour faire cette oeuvre d’art… Qui donne le la…

Le vent qui s’engouffre dans le goulet me chahute un peu, m’obligeant à mettre pied à terre.

Évidemment la fatigue me prend alors que je suis dans une zone encaissée et qu’il n’est pas question d’y planter ma tente.

Premier terrain favorable : le parc d’une cave à vins, je rentre, demande l’autorisation de passer la nuit là, après trois coups de téléphone : la chef, le chef de la chef, le super chef, j’ai l’autorisation, on se croirait dans une de nos belles institutions françaises…

J’ai la mauvaise idée d’aller me mettre au fond du parc, pas loin d’une haie et dans une fourmilière, donc j’aurais des fourmis ( les fourmis dont me parle un cyclotouriste spécialiste de l’Amérique Latine, presque un an pour les trouver ces fourmis quand même… On a pas dû passer aux mêmes endroits… Ou alors elles se sont donné le mot et ont fui, oui parce que les fourmis je les laisse rentrer dans la tente, puis je les écrase une à une systématiquement, puis je les préviens, la première qui rentre elle est morte et bien vous me croirez ou pas, elles ne rentrent plus malgré la fermeture éclair de ma tente à nouveau cassée), mon matelas va crever, enfin j’espère que c’est une crevaison et non une défaillance de la valve… Et le matin je serais à l’ombre de la haie, et ici il y a de la rosée…

Dans mon carnet de notes j’ai écrit qu’il ne me restait plus que 4176 mètres à monter, tout va bien, bisous tout le monde.

Le deuxième jour : courses à Vicuna

Kilométrage : 44, 30 km
Heures sur le vélo : 4 h 09’34 »
Vmoyen : 10,6 Vmax : interférences électromagnétiques
Température : minimum : 24°, maximum : 43°

Je ne suis pas en forme, j’ai encore de la diarrhée et des douleurs abdominales.
Le matin je peste contre le mauvais emplacement de ma tente, je déménage le tout au soleil pour faire sécher de l’humidité de la nuit.

Je rejoins facilement Vicuna, un grand super marché me permet de faire mes courses, mais là je vais faire une erreur, je n’écoute pas la dame de  SERNATUR et n’achète pas tout…

Je fais provision d’argent, espérant pouvoir en changer en Argentine et pour en avoir à mon retour au Chili, la troisième et dernière caisse automatique acceptera de me donner quelques pesos, elle est située à l’intérieur d’une pharmacie, d’ailleurs dans les pharmacies on vend de tout, pas des minutes comme en Equateur, mais des jouets par exemple, ce qui à mon avis est un excellent remède pour les enfants, le plus souvent sans effet secondaire indésirable (le plus souvent car moi je me souviens que mon webmaster il s’est fendu la lèvre sur un petit train…), finalement je passe beaucoup de temps dans cette toute petite ville. je pique-nique à la sortie du village et à l’ombre. Il fait un grand beau temps très chaud (43°).

Toute la journée je ne vais pas être en forme. A posteriori je pense qu’il y avait la turista et la chaleur…

Je rentre à fond dans la montagne, le paysage devient de plus en plus austère et j’aime ça.

Les vignes sont encore très présentes.

Voilà les raisins secs que vous mangerez l’hiver prochain…

La culture de la vigne est très industrialisée, filets protège-vent, filet protège-grêle, arrosage de produits chimiques, culture même sur des éboulis si raides que je n’oserais m’y aventurer, il n’y a pas, les chiliens sont des conquérants dans l’âme. Quand la pente est trop raide ils travaillent la vigne avec un cheval et j’en ai vu dans Vicuna très très fiers sur leurs chars. Il ne faut quand même pas rêver, les ouvriers sont très pauvres, habitent dans des maisons en tôle dans des endroits inhabitables…

L’art reste très présent…

A Vicuna

Ou bien ailleurs…

Ou encore là

La recherche d’emplacement de bivouac est très difficile, tout est cloturé, parfois il y a une double clôture, une normale, une en épines, et qu’y a-t-il de si précieux derrière ces clôtures ? Les vignes… Ou seulement des cailloux, vrai de vrai…

Enfin je trouve un endroit…

Troisième jour : le Chili, un peuple de conquérants…

Bivouac à la sortie de Varillar – Bivouac à Balala

Kilométrage : 39,45 km
Heures sur le vélo : 4h 37’15 »
Vmoyen : 8,5 km/hVmax : 37,6 km/h
Températures : minimum : 23°, maximum : 37°

Je quitte mon bivouac avant le lever du soleil, dure la vie de cyclo je vous dis…

La route monte…

Je suis en plein dans la montagne, laquelle est imposante.

A Chapilca il y a bien une épicerie, mais pas de pain… Je vois une femme sortir avec du pain, je rerentre dans l’épicerie, pourquoi pas moi ? Il fallait commander la veille, aïe, aïe, aïe… Devant mon air dépité l’épicier me fait cadeau de pain Jacquet, le paquet est entamé, le pain a un goût de rance ou de moisi très prononcé, malgré tous mes efforts, je ne peux le manger et
finirais par l’abandonner en route… En revanche je refais le plein d’eau. Il y a un restaurant à coté, mais il est midi et ici l’heure du repas est plutôt 14 heures, donc il est fermé, je ne sais pas encore que j’emporte avec moi du pain immangeable ..

Au village suivant (Huanta) où je sais (toujours par le SERNATUR) qu’il y a une épicerie, même chose des
boissons, pas de pain, mais ils font à manger, je mange et je bois (de l’eau), ça de moins à porter, je refais le plein d’eau.

Après je sais qu’il n’y a plus qu’un village de quatre maisons sans épicerie.

Une dernière église…

Quelques derniers signes de vie…

Ciel, un nuage…

Le temps est toujours aussi beau et chaud, un peu moins qu’hier (normal je monte), le vent est de modéré à fort, il m’est favorable, il deviendra violent tandis que je suis au milieu des vignes et les filets protecteurs font un bruit strident presque aussi désagréable que le la du barrage…

J’avance, lentement mais sûrement…

Les forêts ici sont étranges… Serais-je entrée dans un monde parallèle ?

En fait ce sont de futurs vignobles…

Dans le genre petits ennuis j’ai mon genou (blessé en même temps que mon orteil) qui s’est réouvert, je désinfecte soigneusement. Mes os saillants me réveillent chaque nuit quand le matelas s’est dégonflé… Mais je retrouve la forme…

Les chiliens eux n’en ont que faire de mes petits ennuis, conquérir, toujours conquérir…

Grâce à tous ces bons traitements les grains de raisin ont la taille d’un abricot…

Là, non, ce n’est pas ma route, c’est celle pour accéder à une parcelle de vigne, après le vélo extrème, la viticulture extrème…

L’irrigation est assurée par le rio, lequel rio est le plus souvent inaccessible, soit parce que trop encaissé, soit parce qu’entouré de fils barbelés. De toute façon les avis divergent sur la potabilité de l’eau en raison de la teneur en sels minéraux, moi j’ai décidé de ne pas tester…

Plus haut, toujours plus haut les vignobles…

Moi aussi je vais plus haut…

Mais que croyez vous qu’il arriva ? Ce fût la montagne qui gagna (sur les vignes, pas sur moi…)

Et le très beau commence…

Et toujours ça monte…

Je plante ma tente là où je trouve un endroit non clôturé et à peu près plat, je suis tellemnt occupée à vérifier la platitude de l’endroit et là où il y a le moins de pierres possibles que pour une fois je ne lève pas la tête, horreur, au-dessus de ma tête un éboulis surplombant, au loin un orage, si l’orage vient ici, je suis bonne pour prendre les pierres sur la tête, alors j’inspecte bien tout, mon emplacement est hyperdangereux. En face une maison avec double clôture, je passe la première, je ne vois pas de signe de vie, je décide de m’installer là près de l’arbre, entre les deux clôtures. Puis j’entends un chien, je me dis il y a de la vie, je n’ai encore eu aucun refus d’hospitalité. je commence à tranporter mes affaires, deux femmes sortent de la maison et la plus grande qui semble la plus agée me fait signe de partir. Cent mètres et un rio (clôturé le rio) nous séparent, j’essaie de plaider mon cas par gestes (la femme ne viendra pas jusqu’à moi), une folle, une grande folle… J’imagine alors mille histoires, peut-être que ces deux femmes, la mère et la fille séquestrent le mari et le père, peut-être que le pauvre bougre en me voyant a cru à sa délivrance, ou alors c’est le contraire, l’homme est à l’intérieur de la maison, menace les deux femmes de son fusil, il a déjà tué une de ses filles, alors les femmes obéissent… L’orage ne me tombera pas sur la tête, les pierres non plus, dure la vie de cyclo…

Et la nuit tombe…

Quatrième jour : j’atteins le poste frontière chilien

Vendredi 20 janvier 2012

Bivouac en face de la folle de Balala – Bivouac à Juntas del Toro, le poste frontière chilien

Kilométrage : 26, 12 km
Heures sur le vélo : 3h 49’21 »
Vmoyen : 6,8 km/hVmax : 25,7 km/h
Températures : minimum : 15°, maximum : 36°

Je quitte mon bivouac saine et sauve

Je sème un petit caillou vert fluo pour le sieur Janodou si des fois il passe par là, juste avant Balala, les quatre maison plus une il y a un endroit non clôturé non exposé aux pierres où on peut bivouaquer.

Mais je crains que tous les habitants de Balala ne soient devenus fous, là-aussi double clôture , rio clôturé des fois que quelqu’un ait l’idée de venir leur voler une pierre… Moi je ne volerai pas de pierre, je suis assez chargée comme cela…

Vous pouvez remarquer que je suis partie encore avant le lever du soleil, dure la vie de cyclo…

Je continue à monter lentement mais sûrement…

J’avance pas trop mal…

Le paysage devient d’enfer

Jamais pareil

Le ti vélo ne couine plus…

La végétation parfois adoucit la minéralité des lieux…

Le ciel est d’un bleu saisissant…

Le petit nuage il est là juste pour faire un pied de nez aux esprits chagrins…

Et le paysage les esprits chagrins ils doivent avoir des lunettes non pas déformantes, là ça pourrait être joli, des lunettes noires, oué c’est ça d’ailleurs c’est pour cela qu’ils broient du noir… Moi c’est clair, je suis subjuguée…

La route est goudronnée

Quelques arbres sont plus hardis que d’autres

Pierres, creux et bosses se partagent le terrain…

Les éboulis ont une taille impressionnante comme tout dans ce
continent, et moi je suis impressionnée…

Parfois de petits rios permettent à la végétation de s’exprimer…

Couleurs sombres et claires s’opposent…

Le rouge s’intensifie…

Les formes se pétrifient (tiens, pas mal celle-là)

Tiens une résidence secondaire, bouclée

Et son eau, à mon aviscette eau filtrée est potable, mais je l’ai dit je ne teste pas et en plus je n’ai pas de filtre…

Et si la maison est fermée c’est peut-être que les propriétaires sont morts, empoisonnés par l’arsenic ou autres de l’eau…

Mon fanion lui il est pas encore mort mais ça ne va pas tarder…

Même on dirait que l’état de mon fanion tourmente la nature…

Là on est dans le grandiose…

Vous dites quoi les artistes ? Rajouter une petite touche de blanc pour faire ressortir les couleurs ? Vos désirs sont des ordres…

Il manque un peu de sable ? D’accord, mais pas sur la route…

La température est agréable, que demander de plus ?

Une douche chaude à la police des frontières ? Je l’aurai sans la demander…

Des draps doux (propres pas sûr), si je n’avais pas déjà planté ma tente je pouvais les avoir.

De la nourriture? On m’en offrira : un avocat, quatre tranches de pain Jacquet cette fois-ci mangeables.

De l’eau potable? J’en demanderai pour compléter ma réserve. Amis cyclos si vous passez par là, vous pouvez demander de l’eau, mais pas 15 litres, ne buvez pas l’eau des toilettes, elle n’est pas potable, il faut demander de l’eau potable mais ne pas abuser, ils n’ont pas des milliers de litres, enfin c’est mon avis, je peux me tromper.

Que demander encore ? Un délai de grâce pour les quatre jours réglementaires entre les deux postes frontières, non seulement ils me seront accordés mais la police chilienne passera une fois par jour voir si je suis toujours vivante et la police argentine m’accueillera en héros, je vais mettre cinq jours pour relier les deux postes frontière.

Je suis arrivée en tout début d’après-midi à l’aduana chilienne, pour des raisons de stratégie d’étape je n’en partirai que le lendemain matin.

Bref tout baigne, mais les difficultés sont à venir : il me reste 2375 mètres à grimper sur une piste, une piste, pas de la terre battue, je vais essayer de franchir ce paso en quatre jours mais je sens que ça va être limite, ce n’est pas tellement pour une histoire de papiers, je sais bien que je n’aurai aucun problème, c’est pour ma réserve d’eau et de nourriture, cinq jours je vais être limite, limite… Et je le serais mais on va m’aider…

Cinquième jour : je pédale sur une piste montante, on aura tout vu…

Mercredi 21 janvier 2012

Bivouac à la frontière chilienne – Bivouac à l’abri d’une cabane de chantier-bergerie non habitée
Kilométrage : 27, 25 km
Heures sur le vélo : 5h33’12 »
Vmoyen : 4,9km/h Vmax : 13, 9 km/h
Températures : minimum 16°, maximum : 42°

Nous sommes le 21 janvier, c’est mon compleano, oui mes 1 an de voyage, je n’ai peut-être pas vite avancé mais j’ai avancé quand même et le temps lui il a passé vite… Je fais un petit point dans ma tête, j’ai eu trois moments difficiles, quand je suis allé au vrai faux centre du monde en Equateur et qu’après je cherchais la casa de ciclista à Quito, mais elle était dans la banlieue (parait-il qu’elle est très bien d’ailleurs), quand je me suis retrouvée sans moyen de paiement, quand je me suis fait la fracture de l’humérus. Le reste on peut dire que ce sont des incidents de parcours normaux… Et les émotions, et bien j’ai pleuré beaucoup et là au Paso, je vais encore pleurer… Des rencontres extraordinaires… Des paysages… Des couleurs… Des odeurs ou l’absence d’odeur… Le bruit, ça c’est un peu pénible… La découverte, des autres bien sûr et de moi-même peut-être surtout… Bref le bilan est archi positif, en attendant il faut grimper chargée comme un mulet sur une piste où à chaque minute les molécules d’oxygène se raréfient…

La piste est très tole ondulée, j’arrive à peu près à zigzaguer pour trouver une trajectoire moins cahotante, mais dans l’ensemble la piste est roulable Je vais super bien pédaler les 20 premiers kilomètres, après je vais avoir du mal. je me fixe des objectifs à court et moyen terme, je voudrais passer en quatre jours, cinq je vais mourir de faim et de soif… Je voudrais atteindre les 30 km, à 27 je vois que je vais encore m’engager dans des gorges, je suis épuisée, je décide de m’arrêter. En plus je trouve une cabane de chantier-bergerie non occupée, je suis à l’abri du vent c’est merveilleux. Ce qu’il y a de bien dans un voyage comme cela c’est que tu apprécies les choses : un coin sans vent, un délice, un verre d’eau tu montes au ciel, un vrai repas, trop chouette…

La température agréable m’a permis de pédaler les jambes à l’air et pour moi c’est un vrai bonheur…

Le vent modéré m’a été favorable, juste je suis hyperfatiguée…

Et voilà c’est mon jour anniversaire de voyages, j’ai déjà eu deux super cadeau : la mise en ligne de ma trajectoire (on peut dire ça comme ça vu les chutes) et je remercie tous ceux qui y ont participé, et puis ce paso, le plus beau de tous les pasos du monde…

Mais je veux un troisième cadeau : je mets en ligne les photos de cette journée où j’ai cotoyé le sublime, je les numérote et c’est vous, famille, amis et fidèles lecteurs qui allez les commenter, je mettrai ensuite vos commentaires en ligne, vous avez le droit de dire cette photo est inutile, elle n’apporte rien, à partir de 3 avis d’inutilité je la supprimerai, moi je ne sais pas choisir… Et si vous vous trompez dans le numéros, ce n’est pas grave, cela risque même d’être drôle…

Allez au boulot

Photo 1

Enzo :

Comme à chaque fois, hier soir j’ai oublié de planter ma tente plein Est.
Du coup, je me les suis encore bien gelées avant de partir (les mains) !

Photo 2

Enzo : Mais bon, c’est une belle journée qui s’annonce et vu que je suis une fille bien élevée, je commence par tous vous saluer.

Photo 3

Enzo : Cela-là, c’est pour les lèves tard!

Photo 4

Enzo : Je décide de prendre ma première photo stupide de la journée. Vous-vous imaginez en Europe, vous arrêter pour faire une photo chaque fois que vous voyez un panneau indicateur de distances ?

Photo 5
Enzo :
Ne me demandez pas pourquoi, mais j’avais envie de photographier ce tas de pierres

Photo 6
Enzo :
… et puis, que voulez-vous que je photographie d’autre, y a que des pierres ici.

Photo 7

Enzo : Après seulement 7 ou 8 kilomètres, je décide de prendre ma deuxième photo stupide de la journée. Mais pourquoi tous les cyclos veulent-ils toujours photographier leur vélo
Françoise (droit de réponse) : 7 ou 8kg des fois c’est presque la moitié des kilomètres parcourus dans la journée…

Photo 8

Enzo : P***** de b***** de m**** de bus !!!! Encore un qui a failli me faire voler dans le décor !!!
Françoise (droit de réponse) ; en fait ce sont un couple de touristes argentins qui ont quatre enfants à eux deux et qui ont comme moi passé la nuit au poste (frontière). Ils étaient super sympas. Ils ont aménagé un vieux bus tout pourri en camping car, ils retourent à Buenos Aires et ont choisi ce paso car c’est celui où il y a le moins de virage et pour les pourcentages de pente élevés ils ont une vitesse spéciale, et elle, elle avait des yeux d’un bleu…

Photo 9

Enzo : Avec tout cela où en étais-je ? Ah oui, mes tas de pierres.

Photo 10
Enzo :
1 km plus loin…

Photo 11

Enzo : Et c’est reparti pour la taule ondulée… Heureusement, en zigzagant, il y a moyen d’éviter le machin-masseur (faut pas abuser des bonnes choses).
Françoise (droit de réponse) : censuré

Photo 12

Enzo : Hé Monica, c’est quoi le nom de cette rivière ?
Françoise (droit de réponse) : Monica, arrête de compter les grains de sable de ta dune et aide-nous

Photo 13

Enzo : C’est bizarre, depuis quelques kilomètres, je me sens épiée par…

Photo 14

Enzo : … par ce vilain hiboux couvert de poux !
Françoise (droit de réponse) : on a dit pas de propos à caractère raciste

Photo 15

Enzo : Tout à coup je repère un superbe endroit où…

Photo 16

Enzo : … où je vais faire ma troisième photo stupide de la journée !

Photo 17

Enzo : Et on est reparti pour du « beau » !

Photo 18

Enzo : Alors Monica, j’attends toujours !
Françoise (droit de réponse) : je pense qu’elle s’est trompée dans le décompte des grains de sable de sa dune, elle recommence

Photo 19

Enzo : Désolée, celle-ci j’ai été obligée de la censurer !

Photo 20

Enzo :

Tiens, pour cette photo-là, je ne sais pas quoi écrire… ce qui me fait penser que je vais peut-être
demander à mes lecteurs d’écrire les commentaires à ma place…
Françoise (droit de réponse) : intellient ce petit Enzo, intelligent, il m’a déjà donné son coeur et ses jambes (enfin juste une partie, sinon je ne serais pas dans cet état-là), il devrait aussi me donner un peu de sa cervelle…

Photo 21

Enzo : … ce sera mon cadeau pour célébrer le premier anniversaire de mon départ !
Françoise (droit de réponse) : là Enzo tu triches, t’as copié sur moi, attention tu vas aller faire un petit tour à Llanta, ils vont te remettre sur le droit chemin

Photo 22

Enzo : Si vous êtes attentif, j’en suis déjà à ma 22ieme photo en seulement 12 km ! Soit près de 2 photos par kilomètres.
Françoise (droit de réponse) : ce que tu ne sais pas Enzo, c’est que je ne mets pas toutes les photos prises sur mon site…

Photo 23

Enzo : Comment faire du remplissage…

Photo 24

Enzo : … en mettant trois photos…

Photo 25

Enzo : … prises au même endroit !

Photo 26

Enzo : Bon Monica, je suis vraiment déçue, j’avais vraiment espéré compter sur toi !
Françoise (droit de réponse) : je crois que le vent a modifié la structure de sa dune, elle recommence le comptage

Photo 27

Enzo : Un pont…

Photo 28

Enzo : …deux ponts…
Françoise (droit de réponse) : cours vite chez l’ophtalmo, je crois que tu souffres de diplopie

Photo 29

Enzo :

… et trois ponts. Heu, oui là… j’avais un peu forcé sur le pisco…Hips !
Françoise (droit de réponse) : Tu me rassures, t’es dans ton état normaln d’aller chez l’ophtalmo

Photo 30

Enzo : Donc, pour bien vous expliquer pourquoi j’avance comme une tortue…
Françoise (droit de réponse) : le lièvre et la tortue, tu connais ?

Photo 31

Enzo : … la même photo… 50 mètres plus loin.
Françoise (droit de réponse) : si c’est 50 m Plus loin c’est pas la même

Photo 32

Enzo :

Enzo : Photo 32 à 37 BEAU ! Je vous laisse le soin d’ajouter tout les superlatifs que vous désirez.
Françoise (droit de réponse) : il t’a quand même fallu 31 photos pour commencer à synthétiser

Photo 33

Enzo :  Extrêmement beau !
Françoise (droit de réponse) : et bin non tu synthétise pas

Photo 34

Enzo : Terriblement beau !

Photo 35

Enzo : Vachement beau !

Photo 36

Enzo : Impressionament beau ! Zut, voilà que j’invente des mots.
Françoise ) : y a pas les voyages ça forme la jeunesse

Photo 37

Enzo : Alors ne nous privons pas : Fascinament beau !
Françoise (droit de réponse) : j’eusse préféré fasciAMANT

Photo 38

Enzo : Ca y est, voilà que je me sens à nouveau épiée
Françoise (droit de réponse) : c’était pas une raison pour le faire disparaître 

Photo 39

Enzo : En France, on y aurait construit un
pont !
Françoise (droit de réponse) : et au Pérou ?

Photo 40

Enzo : Je vais m’arrêter là pour la nuit.
Françoise (droit de réponse) : ouf, merci Enzo

Photo 41

Enzo : Je passerai la nuit ici, avec deux beaux jeunes chiliens montés comme des cerfs. Qui me feront chavirer toute la nuit…
Françoise (droit de réponse) : oui, oui, oui…

Photo 42

Enzo :  Zut, ce n’était qu’un rêve !Voici ce qui reste de mes deux étalons…
Françoise (droit de réponse) : et de mes deux bergers argentins avec qui j’ai vraimeent passé la moitié de la nuit tu vas faire quoi ?

Photo 43

Enzo : Zut, ce n’était qu’un rêve !
Françoise (droit de réponse) : et les bergers argentins t’en as fait quoi ?

Allez, vite à vos claviers (euh, terminer d’abord la lecture de l’article ou le visionage des images), tous les styles sont permis, du plus poétique  au plus rigolo, comme d’habitude tout propos à caractère raciste est prohibé… ne vous inquiétez pas des fotes d’ortograf pour ceux qui en font (non vous n’aurez pas droit à un cours de rattrapage intensif, rigolez pas, ça existe, par nos savantes méthodes d’apprentissage rapide de la lecture nous avons fabriqué toute une génération sans orthographe…), alors pour les fotes le sieur Janodou m’aidera à les corriger (tu m’aideras hin Jean-Luc ?) vous avez le droit à autant de commentaires de photos que vous voulez, à la langue qui vous plait, para los que no hablan francese, pueden escribir en los « commentaires » el numero de la fotografia y escribir lo que piensen cuando miren este fotografia y espero muchos « commentaires » et pour les allergiques à l’orthographe, apprenez donc l’espagnol, il n’y a pas d’orthographe, quelques règles simples et aucune exception, génial non ?

Sixième jour : à sec la laguna ?

Kilométrage : 27,08 km
Heures sur le vélo : 5h17’24 »
Vmoyen : 5,1 km/h Vmax : 26,2 km/h
Températures : minimum : 16°, Maximum : 34°

Et on repart…

Comme d’habitude je me suis arrêtée là où c’était bien pour moi, car après j’avais un verrou glaciaire à passer, soit du poussage de 1 heure…

Et aujourd’hui je vais encore en prendre plein la vue, plus qu’hier, moins que demain, des fois c’est si beau que tu as du mal à imaginer que ça puisse exister…

Là j’hallucine, nous sommes sur une piste, pas trop mauvaise la piste, mais quand même, à des milliers de mètres d’altitude et voici un sens unique…

J’arrive à la laguna, à sec la laguna, j’avais tenté de l’atteindre pour y bivouaquer mais n’ai pu…

Une famille de bergers (des chèvres) vit là.

Des bergeries j’en verrais quatre ou cinq. Pour les cyclos il y a possibilité de bivouac à cette lagune.

Je suis partie tôt ce matin, les chèvres elles encore se repose…

Puis la piste monte régulièrement et à nouveau il y a un verrou glaciaire à passer, je pousse.

Ca se radoucit de nouveau, je pédale. Les voitures sont rares et à chaque fois on me demande si tout va bien.

Alors là mes amis, Dali l’est battu à plates coutures…

Et moi je vois du beau, du beau, encore du beau…

Et ????????????? La laguna à sec c’était pas la laguna, là voilà, la vraie, un immense lac multicolore, bleu en con centre, noir à une de ses extrémités, rouge à l’autre et d’une multitude de couleurs dans un de ses bras…

Moi qui avais prévu de bivouaquer là, je me dis que c’eût été difficile vu que la piste surplombe le lac…

Mais au fond d’une petite crique une plage (pour toi sieur Janodou, j’y ai mis un petit caillou vert fluo…)

Et au loin du beau…

Allez, on ne se laisse pas distraire, on avance…

Quand même c’est super, super beau…

Parfois la piste se fait étroite et sableuse, mais les touristes chiliens ou argentins (pas d’européens ici), non seulement me respectent mais en plus s’inquiètent de mon sort (todo va bien ?), quant aux camions, ils ne s’aventurent pas ici…

L’embouchure du lac offre un camaïeu d’ocre, rouge, bronze…

Une entreprise de je ne sais quoi (à l’aide Monica) est installée là…

 Nous voilà repartis dans l’ultra beau…

Si beau que 3 heures de mise en ligne de photos viennent de sauter…

J’ai l’impression que ce phénomène arrive quand je n’intercale pas de texte entre mes photos…

Intercalons donc…

Voici du pointu…

De l’aplati…

De l’hallucinant…

Du sensuel… On dirait les montagnes en face de chez moi…

Y en a un il a pas mis de clôture, juste il a enlevé sa planche pour que l’on n’aille pas lui voler un peu de sa beauté…

Et vous voyez quoi là-bas au fond ?

Monica, le nom de ce rio ?

Petit coup d’oeil en arrière, j’ai bien monté…

Et j’avance, oh pas aussi vite que je le voudrais, mais j’avance…

Comment voulez-vous que j’avance vite ? Je suis littéralement scotchée à ce que je vois…

Et puis je scrute le ciel à la recherche des nuages porteurs de neige prédits par les esprits chagrins, rien, rien, rien, c’est désespérant…

Ti vélo il couine plus, il plane…

Allez, c’est dur mais on ne faiblit pas…

Et on arrête de dire béatement « ah, ah, ah, mais c’est pas possible… »

Et vous, vous diriez quoi devant ça ?

On se rapproche de la neige (un peu aidée du zoom, mais chut, c’est un secret…)

Je suis vraiment désolée mais moi je ne peux rester insensible…

Quand même j’avance…Je bénéficie d’un super grand beau temps, mais ce n’est toujours pas la super forme, j’ai eu beaucoup de sueurs nocturnes ces dernières nuits, je me suis dit que mon corps il avait perdu l’habitude de dormir dans des températures positives, peut-être ai-je aussi attraper un truc…

La police qui s’est enquéri de mon sort s’arrête à une des quatre bergeries, pour faire ? Mystère, peut-être acheter du fromage…

Je persiste et signe, je ne bois pas l’eau des rios…

Je ne la bois parce que je ne suis pas un cheval né ici…

Ni une fleur… Des problèmes d’eau je vais en avoir, mais plus tard, suspens, suspens, là ça va…

Certes je risque de mourir de soif, de faim, de froid (plus haut), du mal des montagnes, une chose que je ne risque pas, c’est de me perdre… Une seule piste, sauf deux fois un sens de montée, un sens de descente, flêché, et des écritaux partout, les km, l’altitude, les lieux-dits où il n’y a rien, mais rien de rien…

Là, je suis perplexe, mes bavardages incessants avec les gens que je rencontre m’ont appris qu’il y a beaucoup de superstition ici, alors je ne sais si humour, oratoire, un mort, je ne sais…

Ce que je sais c’est que j’ai monté ça, mais que je dois encore monter…

Tout en m’extasiant, ce dont je ne me prive pas…

Monica, Monica, le nom du rio ?

Reste 1225 mètres à monter, je vais manquer d’eau et de nourriture…

Enfin le voilà… Le nuage de la journée…

Je rencontre aussi un cyclotouriste suisse, je le prends pour un argentin, puis devant l’incompréhension manifeste de ce que je raconte en espagnol, je comprends qu’il n’est pas argentin, il est suisse, il vient d’escalader l’Aconcagua et là il se paie une petite virée en vélo, juste un sac à dos de 8kg sur son porte-bagages, la survie… Il comptait rejoindre Vicuna aujourd’hui, j’ai oublié de lui dire que la frontière fermait à 17 heures, mais bon il suffit qu’il repasse dans l’autre sens à la nuit et ni vu ni connu, moi je ne prends pas ce risque-là, c’est risquer d’avoir des em….. pour rien.

Ces trucs trop beaux, ça ne vous lasse pas ?

L’autre jour j’ai croisé des cyclotouristes, une douzaine, peu chargés, là je rencontre leurs accompagnateurs, ici les cyclos ne font que descendre le col, et mo je monte… L’un des accompagnateurs s’est cassé le poignet en vélo, je le plains, je sais ce que c’est… Ils vont me donner un verre de fanta, oh qu’il était bon, des galettes d’avoine, je n’aime pas, mais je vais manger et compléter ma ration d’eau, je vais quand même avoir un problème d’eau et de nourriture…

Et voici la cycloabuelafluogringaletta la plus heureuse de la terre, rayonnante avec son casque titanesque…

Casque titanesque ou pas, il faut monter…Et ce n’est toujours pas la super forme, je m’arrête…

Et ce n’est toujours pas la super forme, je m’arrête… Le vent est modéré mais va être tournant au moment où je plante (enfin planter, amarrer est plus juste) la tente, ce qui complique les choses.

Fin du spectacle, on ferme les yeux ? NONNNNNNNNNNNN

Je suis vraiment gâtée…

Et ce fût le septième jour… Et non la cyclo n’atteindra pas encore le col… Le vent la stoppera dans son élan…

Lundi 23 janvier 2012
Bivouac à 30 km du col – Bivouac à 17km du col
Kilométrage : 16, 93 km
Temps sur ou à coté du vélo : 4h00’06 »
Vmoyen : 4,2 km/h (là c’est du poussage…) Vmax : 18,1 km/h, là j’ai du pouvoir monter sur mon vélo…
Températures : Minimum : 0° (glagla) , maximum : 23°, pour moi c’est encore froid..
Beau temps froid
Vent en rafales dés 10 heures du matin

Je pars à 9 heures, tout a encore congelé dans le tente…

Dés le lever du jour il faut calculer, me reste 1085 mètres à monter, et ce au-dessus de 4000, ce qui change les données…

Mais c’est tellement, tellement beau…

Tous les gens rencontrés vont s’inquiéter de mon sort, les choses deviennent difficiles, l’altitude, le froid, la pente du terrain, le vent, bin oui, nous sommes au-dessus de 4000 mètres, tout cela est normal…

Je calcule, j’espère encore passer le col aujourd’hui…

Des argentins vont me donner les sandwichs à la viande, un bonheur indicible…

Et c’est toujours aussi beau…

Je monte, la neige se rapproche…

Allez, on ouvre grand ses yeux et on appuie sur les pédales, ou les bras, ça dépend…

Et quand le relief se mêle aux couleurs on ne craque pas, on garde ses larmes por la « limite » comme ils disent ici, la frontière, le col…

On monte, le vent te chahute, monte quand même…

Des canyons rappellent que l’eau peut être très méchante ici…

Ti vélo l’est content, chaque heure qui passe le soulage d’un peu d’eau, la cyclo l’angoisse, elle va manquer d’eau si elle n’arrive pas à passer le col aujourd’hui…

Les couleurs n’ont pas d’état d’âme, juste elles sont…

On vire dans l’incroyable, l’incroyable que cela existe…

Mais absolument aucun, elles sont, c’est tout…

Dingue…

Dingue de chez dingue…

Ouf je suis à 4000, ne reste plus que 775m…

Le glacier est somptueux…

Et ça monte, et un coup je te prends le vent de face, un coup de travers, travers gauche, travers droit, des fois de dos, bref le vent manque aussi d’oxygène, il perd un peu la tête…

Et lui il fait quoi là ? Je lui ai demandé, il ne m’a pas répondu…

Et inutile de zoomer car ce pic tu vas monter plus haut que lui…

Et le glacier à la même hauteur tu vas aller…

Le nuage du jour, petit, petit, mais comme la cyclo il fait ce qu’il peut…

Je rencontre des cyclistes et leurs deux voitures assistance, ils ne font que descendre mais luttent aussi contre le vent…
Le lendemain je verrai la camionnette assistance qui rapatrie tout le monde, vélos et cyclistes… C ‘est de la triche…

 Ce vent qui manquera de me jeter par terre me fera stopper vers 15 heures… Adieu mon objectif…

Amarrage de tente maison, je vais devoir quand même aller chercher des pierres loin et le vent fera tomber du gravier sur la tente…

Et ce fût le huitième jour : Pleurs au col…

Bivouac à 17km du col – Bivouac dans la Quebrada de San Lorenzo
Kilométrage : 35,98 km
Heures à coté ou sur le vélo : 5h24’37 »
Vmoyen : 6,4 km/h Vmax : 77,5 km/h, alors là c’est un grand mystère, d’habitude quand il y a des interférences électromagnétiques j’ai 86,5…
Températures : Minimum : 0°, maximum : 23°
Départ 9 heures, arrivée vers 18 heures

Lever avec le jour, départ avant le soleil…

Tout a encore gelé, je fais comment pour boire ?

Bientôt le problème ne se posera plus, je n’en aurai plus d’eau…

On y va…

C’est encore à l’ombre, râle pas, tu auras moins besoin d’eau…

Y a pas de nuage ? Râle pas, avance…

C’est le col là-bas ? Peut-être, peut-être pas, avance

C’est loin ? Oui, avance…

Le col ? Je ne sais pas…C’est dur, je suis fatiguée…

Oh la la, c’est loin mais le vent n’est pas trop méchant , en revanche je pousse beaucoup…

Ce n’est pas encore dégelé ! Oué mais 49° en plein soleil en bas, à 4800 reste plus que 1°

De la neige…

Mes premiers pénitents…

C’est drôle quand même, pour les néophytes, les pénitents ce sont l’aspect que prend la neige sous l’action du vent et des grands écarts de température…

Ti vélo l’est tout émotionné…

Moi aussi d’ailleurs…

Ca c’est pour si on a perdu le nord (ou le sud) après tant d’émotion, parce qu’il n’y a qu’une piste, en plus on ne peut faire demi-tour… (en voiture, en vélo on peut…)

Les kilomètres qu’il me reste à faire avant de trouver de l’eau…

El paso de Agua Negra, 4775 mètres, j’y suis, j’y cours…

J’y suis, je pleure, un col de 0 à 4775 mètres… Je passe en Argentine, mon septième pays, une seule crevaison…

La valse des pénitents va continuer…

En procession bien sûr…

Que de péchés à se faire pardonner…

Petite la Françoise, petite…

Il n’y a pas que les pénitents, coté Argentine c’est beau…

Très beau…

La descente sera difficile les premiers 10 km, mais pas pire que ce que j’ai fait et mes pneus accrochent bien(devant péruvien, Ayacucho, derrière chilien, Calama)

On a le droit de zieuter…

Une fois…

Deux fois…

Pas trois, car la piste est vertigineuse et même si je ne crains pas le vide, ce n’est pas une raison pour piquer du nez dans le ravin… 

On fait attention…

On reste concentré…

Oui, c’est beau, je sais…

Puis la piste sera très tôle ondulée, je remarque qu’en allant plus vite je suis moins secouée, alors je bombe pas mal… Quand même 71 km/h ça me paraît beaucoup, j’ai déjà fait 60 mais sur route, laissons le doute planer, c’est tellement mieux que toutes nos certitudes…

Une voiture s’arrête pour me demander si tout va bien, je lui dis que je veux descendre encore pour planter ma tente, il m’indiquera un endroit où je me mettrai.

Mes amis, c’est encore plus beau coté argentin que coté chilien…

Des restes de conquête humaine…

Admirer en restant concentrée, je vais perdre une bouteille d’eau, c’est dramatique, je vais me concentrer encore plus…

Si je pique une tête dans la procession de pénitents, ça va amortir le choc ? Là aussi je laisse le doute planer…

Je ne veux plus tomber, je vais quand même encore tomber, mais pas là, pas en vélo et sans casse, suspens, suspens, c’est bien je connais l’avenir…

Et on ne s’approche pas trop du précipice, surtout avec le vélo entre les jambes, le regard lointain, les mains occupées par l’appareil photo et la tête encore embuée, même si maintenant je suis capable de tenir mon vélo avec un orteil (de préférence un pas cassé…)

La route devient plus facile…

Je perds de l’altitude, ça fait du bien, j’ai quand même eu mal à la tête, je ne sais si c’est mon hypertension mal traitée (je manque de médicaments, impossible de les trouver dans aucun pays…)

Je perds de l’altitude, mais pas de la beauté…

Parce que quand même, reconnaissez que c’est beau, et en plus c’est beau sur 200km…

Toujours différent, un peu comme les improvisations de solo de jazz, je ne connais pas le jazz mais j’en ai entendu un peu, bin oui quand j’étais viennoise, le festival de jazz au théatre antique…

Soyons sérieuse, on garde un oeil sur la route…

A l’eau, non oh la la, et encore je ne sais pas que j’ai perdu la dernière bouteille, pas pleine mais avec de quoi me faire ma semoule… De toute façon je ne veux plus de semoule, je veux du vrai manger…

Et à Arrequin c’est simple il n’y a rien…
La nourriture je n’ai plus rien…
Lentement, on peut pas faire plus lent
Oui, je fais très attention…
Demander de l’aide ? Mais à qui, il n’y a personne et à 17 heures la route est fermée…
Combustible à 78km, et l’eau ? L’eau ?

L’eau, j’en demanderais au poste frontière, soit à 78km de piste…

Alors commence une ronde infernale…

On se pâme…

On avance…

On fait de l’avancitude-pamitude…

L’heure tourne, les ombres s’allongent…

La prudence est toujours d’actualité…

Et ce n’est pas parce que depuis des jours et des jours on est dans les couleurs chaudes et le sensuel que l’on va se laisser impressionner par une montagne noire et rugueuse…

Enfin la quebrada San Lorenzo, c’est plat, je vais y dormir, et bien mes amis il ne faut pas dormir dans les quebradas, car l’orage que j’ai essuyé l’autre jour, ouf, je n’étais pas dans une quebrada, une heure avant je voyais la voie lactée, la Croix du Sud, une petite nébuleuse que j’aimerais bien que l’on me donne son nom, il n’y avait pas un souffle de vent, et d’un coup d’un seul ça a été l’horreur, enfin l’horreur le temps que mon matos et moi soyons doucettement accueillis par deux jeunes et sympatiques bergers… Là je ne vais pas dormir dans la quebrada car le vent y souffle très fort.

Je vois une maison pas finie et abandonnée, j’inspecte les lieux, un endroit de sable fin a été aménagé, je ne suis pas la première à m’installer là, ce sable fin, avec mon matelas percé, un vrai bonheur… A propos de matelas percé, je suis dans un petit coin de paradis (propreté limite mais petit coin de paradis quand même), il y a une piscine, j’ai recherché le trou, il est petit, je ne l’ai pas trouvé…

Je m’installe pour la nuit, j’amarre solidement la tente…

Un échantillon de mon matériel qui tombe en ruines, là c’est suite à l’accident…

Neuvième jour : la soif et ses conséquences néfastes

Mercredi 25 janvier 2012

Bivouac à coté de la quebrada de San Lorenzo à 4100 msnm – Hotel Termas à Pismenta
Kilométrage : 75,30 km dont 34 sur piste
Heures sur le vélo : 5h17’34 »
Vmoyen : 14km/h, Vmaximum : 39,8 km/h
Températures : 14° à 33°

Je me dépêche moins car là je vais perdre de l’altitude et les conditions climatiques vont être moins difficiles,et puis je pensais que la piste allait être facile, mais rien n’est jamais facile sur ce continent… Oh, douce France, le pays de notre enfance… Donc j’attends le dégivre…

Dans la nuit j’ai été surprise par des nuages qui étaient proches de moi sans atteindre les sommets, le matin je reçois de l’eau sur ma tête, je pense qu’il a plu dans la nuit, non, le ciel est bleu, c’est le givre et la tente intérieure est percée, je vous dis, tout tombe en ruines…

Là c’est une bouteille vide mais givrée…

Vous pouvez remarquez que je ne pollue pas la montagne, je redescends mes bouteille vides.

Je suis installée près d’un grand panneau où ils annoncent le projet de tunel, mais nul n’y travaille et à mon avis ce projet ne verra pas le jour avant beaucoup d’années, peu de passage par le col (des touristes locaux), les cultures sont beaucoup plus au sud, à moins, à moins qu’ils explorent et exploitent le sous-sol qui doit regorger de trésors…

Au début la piste est facile

D’un coté c’est noir

De l’autre coté c’est ocre

Dans la vallée du coté Argentine je vois des nuages, a y est, je pense que la saison des pluies m’a rattrapée, non quand j’y arriverais ce sera grand ciel bleu…

De l’eau, de l’eau, non je ne la bois pas

Je passe mon premier rio argentin à gué…

Quand même ça descend…

La piste est étroite, très tôle ondulée mais cyclable…

Les nuages ont atteint les sommets

Noir et ocre continuent de s’opposer…

La piste devient par endroits très difficile avec des passages raides et pierreux notamment là où ils essaient de l’aménager.

Quelques lacets raides m’attendent…

Pour quoi le nom d’Agua Negra ? je n’ai jamais vu l’eau noire, peut-être en cas de pluie…

La végétation réapparait…

La piste va se faire hard, passages délicats non photographiés…

Le beau reste de rigueur…

En tous cas c’est mon avis…

Les gorges m’enchantent…

Puis la piste redevient plus facile

Je vais dépasser un espèce de refuge… je ne sais ce qu’il y a exactement, n’ayant pas été voir…

Une voiture va me demander si tout va bien, je dis que j’ai besoin d’eau, ils n’en ont pas, me donnent une espèce d’orangeade faite maison, sûrement avec de la poudre, ils me donne toute la grosse bouteille, je ne me méfie pas, je bois…

Puis j’arrive, non à la douane mais à un contrôle de police, je demande de l’eau, je leur fais bien préciser qu’elle est potable, oui pas de problème, et bien le reste de la journée diarrhée et douleurs abdominales vont m’assaillir…

Je rentre dans leur local, je retrouve comme en Colombie la vierge, le Christ…

La piste devient très large, le paysage encore beau…

Puis c’est le goudron et ? Ca remonte, et à nouveau la piste…

Arrivée en haut je décide de manger, je termine l’intégralité de mes provisions, puisque que j’ai de l’eau je me fais de la semoule et un chocolat… Le ventre ne me torture pas encore… la sécurité de la routequi s’enquiert de mon sort me dit que j’aurais pu aller au campamiento plus loin, trop tard… Et puis il était bien mon petit coin de pique-nique, à peu près à l’abri du vent… me permettant d’admirer les jolis virages, on dirait une godille dans la poudreuse…

Et de jolies fleurs jaunes…

Je repars, la route goudronnée est assez cassée, mais c’est quand même meilleur que la piste… je vais traverser un long altiplano dans le sens descendant, le vent m’oblige quand même à pédaler…

Vous pouvez remarquer que à mon arrivée les nuages ont fui…

La vie animale aussi réapparaît…

Il n’y a personne, la route est pour moi…

Enfin j’arrive au poste frontière argentin, il est 17h30, pour un peu je devais passer la nuit là, je fais attraction, dans mon passeport il y a un trou de 5 jours, j’étais… Ailleurs… Dans un monde parallèle et enchanté…

Je me renseigne, où je peux changer de l’argent, la police me conseille un hôtel à 5km de là, j’y vais…

En fait c’est l’hôtel des thermes, ils acceptent ma carte bancaire mais ne veulent me changer ni dollars ni pesos argentins. le lendemain la réceptionniste acceptera elle de me changer des dollars. L’hôtel est magnifique, au milieu de rien, dans un grand parc, je teste les termes, j’ai du mal à rentrer dans l’eau à 39°, n’irai pas dans celle à 44°. la nourriture est excellente, seul détail, pas de wifi, malgré mon envie je ne reste pas pas, de peur que vous ne vous inquiétez outre mesure…

Amis cyclos si vous allez par là et que vous soyez munis de pesos argentins, il y a aussi un terrain de camping juste après la bifurcation pour Pismenta et des posadas à las Flores, mais si vous avez les moyens, allez à l’hôtel las termas, il y a même une piscine que je n’ai pris le temps d’aller voir, mais pas de net… Camping sauvage toujours possible… Tous ici le disent, pas de problèmes de sécurité dans le « campo », faire attention dans les villes… Pour les Pesos argentins on m’a dit aussi qu’il y avait une caisse automatique 16km plus au nord…

Je me renseigne sur la route à suivre jusque San Juan et surtout sur les points de ravitaillement, rien après Iglesia, allez je vais repartir avec mes airs-bags citernes et des tonnes de nourriture…

Neuvième jour : direction San Juan, la civilisation…

Hotel Las Termas Pismenta – Bivouac sur la route 140

Kilométrage : 39,81 km
Heures sur le vélo : 5h10’45 »
Vmoyen : 7,6 km/h Vmax : 39,81 km/h
Températures : minimum : 27°, maximum : 47°
Départ : 10 heures
Arrivée : 17 heures

Environ 175 km séparent Pismenta de San Juan, San Juan est à 300 mètres d’altitude, je viens de 4775 mètres, moi dans ma petite tête je me dis 4135 mètres de descente, et bien non, ce n’est pas ça du tout… Je vais traverser 3 cordillères (donc monter), je ne vais pas mettre deux jours comme prévu mais trois ou quatre et ? Sans rien comme d’habitude, ni village, ni habitants, rien quoi, que des beaux paysages… Ma carte est au 1/4 000 000 ème, soit peu précise, mais c’est mieux que rien, merci au couple de français en tandem qui me l’ont échangée à Trujillo contre d’autres cartes et guides… La route que je vais emprunter est la route 140, qui n’existe pas sur cette carte, elle est magnifique, en excellent état, déserte et dessert une mine d’or, le gros hic, convoi de plusieurs énormes de camions en début de nuit, donc durant vos les bivouac et bien vous vous réveillez en sursaut…

La route conseillée par André doit être pas mal, mais attention, il faut des pesos chiliens et se renseigner sur les possibilités de ravitaillement et de points d’eau, les distances en voiture et en vélo sont très différentes… Elle ne passe pas par San Juan, de toute façon je n’en aurais connaissance que 70km après la bifurcation…

Me voilà dons partie pour San Juan, je quitte mon hôtel de charme…

Son salon lumineux…

Une de ses peintures qui m’a beaucoup plue, voire qui m’a réconcilée avec les natures mortes…

Ti vélo est content de rouler sur du goudron même si jusque Iglesia la route est très cassée…

Un dernier adieu aux montagnes que je viens de franchir…

Le temps est superbe, la route est goudronnée et déserte, je peux pédaler bras et jambes à l’air, le paysage n’est pas désagréable, je suis aux anges…

Je refais en  sens inverse les cinq kilomètres qui m’ont conduite à Pismenta, voilà d’où je viens…

Et voilà où je vais

La nature ne manque pas d’imagination…

Et me voici encore subjuguée…

Vraiment je suis heureuse sur cette petite route…

Franchement c’est encore beau…

Et les nuages sont ailleurs

Et la route elle est pour moi toute seule…

Et continue de m’enchanter…

Voire de m’impressionner

On m’a bien prévenu qu’après Iglesia il n’y avait plus rien, Iglesia n’est pas le lieu idéal pour faire ses courses, deux épiceries, une minuscule et une autre plus conséquente, je me retrouve confrontée au problème de pain, seulement du pain Jacquet, j’ai un tel mauvais souvenir de celui que l’on m’a donné que je réfute. On me dit qu’il y a un endroit où ils vendent des sandwichs, je ne cherche pas vraiment, erreur… Je mange dans la rue yaourt, banane et bois du coca, oui, tout ce qui est dans le ventre n’est pas à porter…

Lui il est rigolo…

Ici aussi beaucoup d’oratoires…

Je rejoins la route 140 ( je ne le saurai que bien plus tard que c’est la route 140), excellente, déserte…

De la steppe, des nuages rigolos, les montagnes au loin, moi ça me va…

Même des fleurs égaient le paysage…

Quant aux cairns ils sont quelque peu différents de chez nous…

Le paysage est chouette…

Voire vire au spectaculaire…

Et puis, et puis, ça va monter, allez je suis en forme, je monte bien. En étudiant ma carte je me rends compte que je traverse la Precordillera a la Sierra de la Punilla et que des cordillères il y en a partout… Je n’avais pas prévu ça au programme, je  vais à nouveau être confrontée au manque d’eau et de nourriture… Je vais monter 20km…

Voici les engins qui roulent peu le jour, beaucoup la nuit…

Encore du spectaculaire, c’est pénible ça m’oblige à mettre pied à terre…

Le vent souffle maintenant fort, trois ou quatre fois il me chahutera, évidemment il est contre, ça et la montée m’obligent à mettre pied à terre, derrière le faux col il y a toujours un faux col, je stoppe.

Je procède au nettoyage de mon vélo, un camion va s’arrêter, me proposer de m’emmener, ici c’est dangereux, la tormienta, il peut m’emmener, San Juan, Mendoza, pourquoi pas Ushuaïa… On fait une peu causette, et puis il ne m’intéresse pas, je retourne à l’entretien de mon vélo…

La nuit tombe, il n’y aura pas de tormienta, quand même je suis installée dans une zone de délestage de l’eau pour la route… En revanche je vais sursauter un certain nombre de fois au passage des convois de monstres…

Onzième jour : de bivouac en bivouac sur la ruta 140 ou l’insouciance de la plus gringaletta de l’Amérique latine qui bivouaque dans les quebradas en pleine saison des pluies …

Je vous rassure le ciel me protège…

Vendredi 27 janvier 2012

Bivouac sur la ruta 140 – Bivouac sur la ruta 140
Kilométrage : 79,82 km
Heures sur le vélo : 6h00’58 »
Vmoyen : 13,2 km/h; Vmax : 36,8 km/h
Températures : minimum : 21°, maximaum : 43°

Grand beau temps un peu chaud sauf dans la descente dans les gorges où j’ai froid
Vent faible, quelques rafales
Route déserte
11 km de montée
D
escente dans les gorges
Une plaine, repérage d’une future bergerie pour Anne
R
emontée raide de 6km, encouragement d’un mini car de cyclos
Invitation chez des propriétaires viticoles qui surtout me donnent un verre d’orangeade qui ne me rendra pas malade
Route déserte
Paysages grandioses
Bivouac chaud dans une quebrada
Moucherons qui m’ennuient
Premier pique-nique du soir dehors depuis des siècles, après je n’ai plus rien à manger, mais vraiment plus rien et je suis plus que juste en eau

Voilà, vous savez tout, on y va en détails avec les images ?

On y va

Un repère pour les googleearthiens…

Le camionneur avait raison, c’est 11 km de montée, mais sans vent contre, ça change tout…

C’est vrai que des fois il pleut ici, mais après enquête auprès de la population locale (quand j’en trouverai), pas souvent…

Je rencontre des touristes argentins, lui est propriétaire de vignoble ou de caves, leur fille prof de danse, ils m’invitent chez eux à san Juan, et surtout m’offrent un verre d’orangeade qui ne me rendra pas malade.

Nous sommes à un oratoire très connu, il me raconte la légende, je n’ai pas tout compris, une femme qui rencontre la vierge, qui se perd, qui a un enfant, lequel enfant sera sauvé..

Petite leçon de géographie pour ceux que cela intéresse…

Ils me renseignent sur la route, ça va descendre puis être plat puis remonter, et ce sera vrai…

Dans la descente dans des gorges j’ai froid et me recouvre, je suis hyper prudente, ici ce n’est pas comme au Chili, non seulement ils connaissent les virages, mais en plus ils sont à angle aigu…

La montagne n’est jamais bien loin…

Le paysage sympa…

Les chevaux ici sont cool de chez cool, heureusement qu’ils sont sur la route 140 et non la 40, j’y ai vu outre les chiens écrasés, une vache et un cheval écrasé…

Et voici un cadeau supour Julien, oui, je me venge…

Mon fanion lui, il est mort…

J’ai trouvé un endroit pour mon amie Anne où elle pourrait faire un élevage de chèvres ou monter une écurie

Oui, je sais, c’est un peu isolé (un voisin quand même) et il y a beaucoup de boulot…

Le paysage continue d’être beau

Et ici ils connaissent les virages…

Voici la plaine que j’ai traversée avant de me faire les six kilomètres de grimpette

Allez, on se hisse…

On ne faiblit pas…

Et puis c’est beau…

Moi en tous cas ça me plait…

C’est chouette

Très chouette…

Super chouette, oui je sais mon vocabulaire faiblit, quatrième fois que je mets en ligne et que je perds tout, pour le net les chiliens sont meilleurs…

C’est beau tout simplement…

On entame la descente, un oeil sur la route, un sur le paysage…

Parce que c’est encore beau…

Je suis attentive à tous les dangers…

Suis heureuse comme un poisson dans l’eau…

Une bifurcation j’avais oublié ce que c’était…

Si le camion ne s’était arrêté lis exploré un peu plus loin pour poser ma tente…

Parce que maintenant je m’enfonce dans des gorges qui sont en fait une quebrada et dont il faudra que je sorte pour bivouaquer…

Evidemment ça monte et ça descend…

La signification de ça, je ne sais pas…

Bivouaquer là ? Impossible

Donc ce sera là, dans une quebrada (très dangereux), un peu à l’écart de la route…

Et ce ne fut que le 12éme jour que la cyclo atteignit San Juan

Samedi 28 janvier 2012

Bivouac sue la ruta 140 – San Juan
Kilométrage : 74,91 km
Heures sur le vélo : 6h10’35 »
Vmoyen : 12,1 km/h, maximum : interférences électromagnétiques
Températures : minimum : 26°, maximum : 47°

A nouveau une cote, puis arrivée à l’embranchement avec la ruta 40.

Miracle il y a un « parador », de l’eau, à manger, je ne vais pas encore mourir aujourd’hui, et même je trouve une carte d’Argentine et une du Chili (au Chili pas moyen d’en trouver une), peut-être y-a-t-il mieux, mais dans le doute je prends.

Voilà j’y suis sur la ruta 40, surprise, elle est peu fréquentée…

Un repère pour les googleearthiens

Pas si intéressante que cela cette route :

De l’art moderne…

Un arbre (bin oui Enzo toi tu m’as fait pousser des jours et des jours sur des pistes impossibles où il ne passe qu’une voiture par jour, tout ça pour aller voir un arbre, alors ne me dis pas que cette route est inintéressante, il y a un arbre…

Des morts…

Des maisons abandonnées auxquelles des artistes ont redonné vie…

Une route droite… et un ciel bleu quand même, d’ailleurs je vais bientôt cuire (47°), le lendemain ce sera pire…

Encore un arbre

Un peu de montagne

Des paysages sympas

Des cactus ressuscités pour Julien

Une mine

De l’érosion

Des usines que j’ai d’abord cru que c’était un aéroport, puis un centre militaire avec missiles pointés sur je ne sais quel pays, non c’est une usine, les entrées sont spéciales

Du désert

Un pont multicolore

Une arrivée à San Juan

Un kidnapping, deux tentatives de d’enlèvement, oué, dangereux les villes d’Argentine…

Alors inintéressante, moche la ruta 40 ? Juste un peu trop ensoleillée…

Epilogue : el paso del Agua Negra, le plus beau de tous les pasos du monde…

 

Bisous tout le monde

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14 réponses à J362 à J374 : le plus beau de tous les pasos du monde : el Paso Agua Negra, un col à près de 4800 mètres qui permet de passer du Chili à l’Argentine

  1. Enzo dit :

    Hola Gamina,

    Plus d’une heure pour lire ton article… alors les commentaires sur tes photos ce sera pour plus tard (il est 01h30 en Europe).

    Que dire, que dire !

    C’est certain, je passerai par là un jour !

    Tu as certainement vu ce qu’il y avait de plus beau à voir durant tout ton voyage. (Et encore, pour ceux qui ne sont jamais allé dans cette région, il faut préciser que tes photos ne reflètent qu’un centième de ce que l’on peut ressentir lorsqu’on est là-haut).

    Les paysages sont très similaires à ceux du Paso Sico, mais je crois que tu as raison, c’est certainement le plus beau paso de la cordillère des Andes de toute l’Amérique latine.

    D’ailleurs, je ne regrette plus de ne pas avoir traversé le Sud Lipez.

    L’histoire de la femme retrouvée morte dans le désert dont l’enfant a été retrouvé vivant, toujours en train de téter le sein de sa mère est celle de la Difunta Correa (je te laisse le soin de faire quelques recherches sur le web).

    Concernant la 40 elle m’a beaucoup plue également, mais après Tunuyan (100 km au sud de Mendoza) il faut se farcir environ 800 km de « rien » jusqu’à Neuquen… donc je te conseille de passer au Chili via La Puente del Inca… Enfin, tu es une grande, tu fais ce que tu veux 😮

    Concernant l’eau des rivières et ruisseaux, vu qu’elles provenaient de la fonte des glaciers, tu aurais certainement pu en boire sans problème. Même si une eau est très chargée en minéraux, il faut déjà en boire une fameuse quantité pour tomber malade (sauf si il s’agit de sources volcanique, mais cela tu les repères à l’odeur).

    Zou… dodo !

    • Francoise dit :

      Une question : pour la suite de mon périple, tu me conseilles de faire l’acquisition d’un filtre à eau ou pas ? je vais passer au Chili et après ? Pierre m’ a dit (lui il sait synthétiser), tu as le choix entre passer par les Andes et il y a du vent, le Pacifique et les côtes sont raides, la pampa, c’est l’autoroute et c’est chiant… Alors, une fois au Chili je fais quoi ? moi je ne veux pas de voitures et je ne veux plus de pistes montantes où je pouse des jours et des jours… je veux bien du ripio, du vrai en terre battue, hein tu dis quoi ? Les petites routes de France… Griiiiiii

  2. JANODOU dit :

    Merci Françoise pour ce merveilleux « voyage documentaire » de plus d’1h30.
    J’ai pris note de « Balala », de ce sublime lac avec sa crique et sa plage où tu m’as laissé une bouteille d’eau sans doute, de ce « Paso del Agua Negra » de carte postale. Je viens de faire mes repères sur les 2 cartes du Chili au 1/2 000 000 et de l’Argentine à la même échelle. Comme tu l’écris souvent, tu viens d’y côtoyer le beau, le très beau.
    C’est finalement une très belle façon pour toi d’y être passée pour ton anniversaire de voyage, ce sera pour toi un beau marqueur de temps.
    Encore merci Françoise et mon total respect pour ta façon de gérer ton merveilleux périple.
    Nous sommes le 4 février et je pars le … 4 mars. Alors il me reste juste le temps de refaire l’inventaire de mon « HomeBike ».
    Muchos besos y hasta muy pronto.

  3. Mylaine dit :

    Vu l’heure qu’il est , je n’ai que sur-voler tes articles, je le ferai lorsque
    que j’aurai plus de temps; tes photos, certaines en doublon voir triplon, mais
    toujours sublimes. Bisous.

    • Francoise dit :

      J’ai du mérite de ne pas avoir fait des quintuplés parce qu’avec internet qui saute toutes les 5 minutes c’est dur, en plus mon ordinateur était saturé, j’ai profité de mon inactivité pour faire le ménage… J’ai des copains dans ma cabana, je suis sûre que tu adorerais ; un criquet, une cigale, une migale, et des bêtes que je ne connais pas… moi y a juste les moustiques qui m’embêtent à cause du palu et de la dingue

      • Enzo dit :

        Ni palu ni dengue là ou tu te trouves.

        Par contre, des dingues, ça je ne sais pas!

        Kissss !

        • Francoise dit :

          Mes bergers y m’ont dit qu’il y en avait et en général les gens de la campagne ils ont du bon sens;
          Pol et Vero ont dit qu’ils n’avaient détecté qu’un seul cas, mais si ils en ont détecté qu’un c’est qu’il y en a.
          Ma myopathie, à part dans la famille je n’ai encore réussi à trouver personne d’atteint.
          Je me suis chopé un truc (de dingue) aux intestins, 700 cas en Europe… Alors je veux pas être le deuxième cas de dingue à Mendoza, et quand je vois toutes les bêtes accrochées aux moustiquaires ici, je veux pas de ça dans la tente. la fermeture est je crois définitivement nase, je vais réessayer le traitement de choc, cette fois-ci avec une pierre.
          En tous cas j’ai vraiment ri avec tes commentaires de photos, ça m’a remit la tête à l’endroit, merci, besossssssssss
          et demain barbecue avec de la viande argentine, non je ne ferai pas plouf plouf dans la piscine….

  4. Monica dit :

    Oh la !… Magnifique documentaire d’1h.30 sur le  » Paso del Agua Negra  » Beaucoup d’émotions face à ces montagnes qui ne cessent de nous surprendre. Itinéraire de rêve pour fêter une année d’aventures.
    Depuis le sud Lipez, j’ai compris comment tu fonctionnais pour appréhender les difficultés inhérentes a un parcours jalonné de pièges en tous genres.
    Voila : Il faut un cerveau qui réagit au quart de tour !… pour analyser la situation présente, ses dangers,… et simultanément écouter ce que ton Instinct affuté te dicte.
    Instinct que tu as encore développé car tu vis, jour et nuit, depuis un an en symbiose avec cette nature sauvage, aussi tes sens se sont aiguisés et développés. Tes rencontres avec les habitants, vivant dans des conditions extremes, ou la nature impose sa loi. C’est un immense changement et une belle leçon d’humilité.
    Je n’ai plus d’inquiétudes pour toi, ( mis a part les camions tueurs ) tu sais gérer parfaitement. En l’absence de nouvelles maintenant je dis : Profite bien courageuse Abuela, réjouis-toi.
    Pas de nouvelle = pas de connexion dans la région traversée. C’est simple.
    Ton voyage est aussi une magnifique rencontre avec la LIBERTE. Cette Liberté si précieuse, C’est bon de se défaire des chaines qui nous entravent dans nos mégapoles. A ce propos je t’envoie par mail un poème que j’aime particulièrement et qui colle bien a ton personnage
    Besos

    • Francoise dit :

      Merci Monica, pour tout, oui tu as vu clair en moi, ça me donne une idée, je vais faire un article spécial sur la liberté et demander à tous ceux qui participent à ce site, car je trouve qu’il y a une véritable participation de tous de m’envoyer ce qu’ils veulent sur ce thème (poèmes mais aussi peintures, histoires vécues, tout quoi et à mon avis ce sera intéressant.
      bisous à toi

  5. pierre dit :

    bonjour
    bel effort pour un superbe paysage, ce paso est un des plus beau du coin.
    apres jai pas tres bien compris par ou tes passe, mais bon… pas vraiment le temps de tout lire.

    cote argentin leau des rivieres etaient violettes quand je suis passe. et jai du pedale avec force dans la descente, le vent de face.
    et un ami il a eu une tempete de neige au sommet et une vache au milieu de la descente.
    donc ta eu de la chance.

    bonne route Pierre

  6. brigitte jotté de la touche dit :

    oh !!!! ben dis donc !!?
    il ya bcp de cailloux sur tes chemins baladeurs !!!
    ah !!oui le ciel est bleu c’est vrai !
    plus bleu que le notre en bretagne ,,,ou l’hiver se fait doucement froid
    hier les mares deau salée des rochers cotiers étaient glaçées !!! et le ciel d’un bleu vif nous a donné des ailes de bien etre !!! comment résister à toute cette lumiére sur la mer et vers les iles !!!
    en tout cas !!quelle énergie tjrs !!!!
    tu nous épates !!!depuis lorient ou d’ailleurs !
    oui on peind ! et oui va te montrer ce que l’on fait pendant que tu te proménes !!!
    kénavo bizzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzabiento
    kénavo bizzzzzzzzzzzzzzzzzzzzabiento

  7. Béa Caza dit :

    Tu as vraiment fait des trucs de dingue! je suis scotchée à la lecture de chacun de tes articles.
    Bisous

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