J41 : galère, galère, galère ou pluie, froid (les 2 ensemble)

Essorage de la cyclo a l’arrivee, il est sorti ca…

J41 : galère, galère, galère ou pluie, froid (les 2 ensemble)

Jeudi 2 mars 2011

 El Cobre – San Cristobal

63, 85 km

Vmoy : 11,3km/h  Vmax : interférence électromagnétiques

Température : départ 16°, en cours : 13°, arrivée :  22°

Dénivelée positif : 585m dénivelée négatif : 1790m selon compteur

Heures sur le vélo : 5H37’42 »

Départ : 9 heures

Arrivée : 18heures dans la chambre vélo déchargé

Résumé de l’article : (pour ceux qui roulent ou les flemmards ou les gens normaux que mon délire n’intéresse guère ou ceux qui bossent comme des malades pour payer la rtraite des vieux croulants comme moi)

  • Objectif, atteindre le Paramo et peut-être San Christobal
  • Conditions météorologiques : pluie, pluie, pluie en continu 16° puis 13°, 22° à San Cristobal
  • Etat de santé : les globules rouges font la grève, la canalopathie sodium fait ses ravages
  • Degré d’euphorie : absent
  • Particularités de la journée : pluie en continu d’intensité variable, froid, paralysie des mains, freins avant et arrière qui « déconnent », freinant dans la montée, très limites à la descente, si on m’avait essoré à l’arrivée il en serait sorti un jus rouge…

Réveil de bonne heure comme d’habitude (le bruit), je me rendors, je me réveille et finis par me lever. Je patauge moins dans l’eau qu’hier et la tente a fini par sécher, pas le reste, ayant voulu profiter des draps propres et doux de cette belle posada (oui si j’avais dormi dans mon duvet avec mes affaires mouillées dedans tout aurait séché), j’ai commencé par mettre les affaires sous le drap, mais c’était très désagréable, alors je les ai mises dans le lit, méthode inefficace, je m’habille donc avec des vêtements mouillés et froids, il fait 16 dans la chambre, c’est très désagréable. Je ne vois pas le temps qu’il fait, mais de toute façon j’ai décidé de partir la météo annonçant des pluies continues pendant cinq jours… Je ramasse tout mon bazar qui sèche, enferme tout dans les sacoches, j’ouvre la porte de la chambre, j’entends le bruit caractéristique de la pluie sur le toit, oui il pleut, pas trop fort, mais il pleut. Je traverse la place et m’attaque à la sortie montante de la ville, je pousse, ça réchauffe, sur les cinq derniers mètres quelqu’un m’aide en me poussant, trop génial. J’espère que les jeunes (enfin jeunes vers les 30, 35 ans) de la veille ont raison, et qu’il n’y a que (enfin que) 17km de montée puis descente vers San Cristobal. Il pleut, une vraie pluie de chez nous qui mouille mais qui n’oblige pas à s’arrêter. Premier obstacle : un rio d’un beau rouge coupe la route, je réussis à sauver de l’inondation le pied gauche, pas le droit, de toute façon le gauche va bientôt suivre. J’ai mis ma veste kwé et la cape, pas le pantalon kwé, c’est trop désagréable à la montée. J’ai eu la malencontreuse idée de vouloir resserrer mon frein avant, il fait comme celui arrière il ne revient pas et freine, le moyeu de la roue avant couine, l’eau dégorge de partout, par endroit la route se transforme en piste. Les maisons se font rares, en revanche soit elles sont neuves et très belles, soit ce sont des fermes anciennes, très belles aussi avec un toit de tuile entièrement recouvert de mousse. Je pédale, quand même je manque un peu de pêche, éprouve même par moment un peu d’essoufflement (c’est la première fois) je ne sais si c’est la pluie, le manque de repos de ces derniers jours, la tête ou tout simplement mon frein qui freine dans la montée, en tous cas ça m’énerve, je pédale tant que je peux, quand je ne peux plus je pousse, et quand je peux je repédale. Les voitures sont rares, pour tout dire quasi absentes. Je me rassure en me disant que si il y en a c’est que la route n’est pas coupée, à moins que ce ne soit toujours la même voiture qui fait les aller-retour entre moi et l’endroit où est coupé la route. Les endroits où je pourrai me réfugier en cas de passage à une pluie tropicale (là c’est à sceaux et alors à mon avis on ne peut résister longtemps) sont rares, non c’est une pluie forte mais pas tropicale, parfois (rarement) elle se transforme en bruine, le plus souvent ça pleut bien. Entre la pluie et la sueur je suis intégralement mouillée, mais montant, je n’ai pas froid. Au bout d’une dizaine de kilomètres une boutique de souvenirs, je suis sûre que c’est un faux col, je m’accorde cinq minutes de repos et repars. Oui 100 mètres de plat et ça remonte, c’était un faux col. Sans la pluie ce serait d’enfer, là c’est plutôt un enfer, quand même c’est supportable vu que je n’ai pas froid. Un écriteau le Paramo à 2, 5 km, je regarde mon compteur, en fait il faudra multiplier par deux. Il pleut, il y a du brouillard, il fait froid. Depuis longtemps j’ai quitté mes lunettes. Je pousse de plus en plus, en fait j’en ai marre. Dans une petite trouée de nuages je vois de magnifiques fleurs violettes, je m’arrête là où je peux m’arrêter, redescends à pied les photographier, trop tard elle sont perdues dans le brouillard. Une voiture de policiers que j’avais déjà remarquée (quand ils m’ont doublé j’ai bien senti qu’ils avaient envie d’en savoir plus) s’arrête au milieu de la route, manque de déclencher un accident avec l’unique voiture qui monte en sens inverse, là je suis à pied, à leur disposition, et c’est l’interrogatoire en règle, ils me demandent même de parler en français et en anglais pour savoir l’effet que ça fait, ils sont sympas, me quittent sur plusieurs poignées de mains et m’encouragent vivement, sauf que pendant ce temps ( je vous rappelle que je suis sous la pluie depuis trois heures, que je suis aussi mouillée par l’intérieur et qu’il fait 13°)  je me refroidis, je ne suis qu’à 50 mètres du col, je n’ai pas le temps de me réchauffer. Au col qui est aussi une intersection de routes dont une qui va à Cucutta, il y a un village avec plusieurs restaurants. Je m’arrête au premier, demande si il y a des toilettes, j’y cours me changer intégralement pour ne pas rester dans le mouillé, mais c’est trop tard, refroidie je suis, refroidie je resterai, en plus on me demande de bouger mon vélo, ce qui fait que je mouille mes vêtements secs. L’excellente soupe pas chère dans un restaurant ouvert à tous vents et sans chaufage ne me réchauffera pas. Je commence à être inquiète sur la suite des opérations. Une jeune fille colombienne n’arrête pas de me poser des questions, je n’ai pas envie de parler, je voudrai juste retrouver la mobilité de mes mains. J’ai changé mes mitaines trempées pour des gants de soie humides, j’enfile avec grandes difficultés mes gants polaires. Je compte beaucoup sur ma chaufferette réutilisable (les deux autres à usage unique sont je ne sais où), elle refuse de se déclencher. Je pars, j’ai enfilé tout ce que j’ai pouvais mais je ne ne suis pas assez couverte, j’ai quand même un collant, un pantalon polaire, un pantalon kwé (pas de culotte ni de short de vélo tout est mouillé) une polaire Odlo, une autre polaire, mon kwé, ma cape de pluie, bandeau polaire, cagoule. L’écharpe dans laquelle je me suis mouchée toute la matinée (c’est vous dire l’état de décrépitude et l’état de mouillitude dans lesquels je suis, en fait c’est que je gardais mon mouchoir pour les lunettes) a rejoint le tas de linge mouillé. J’entame la descente, mes freins trop mous me permettent de freiner, ça freine mal, mais ça freine, je n’ai qu’un objectif et un seul : perdre de l’altitude pour gagner en degrés et que mes mains se déparalysent. Du coup je ne vérifie même pas ma route, je pense être sur la bonne route mais en suis de moins en moins sûre, il n’y a pas une voiture, et la route qui au début était belle devient de plus en plus petite et cassée, les ponts sont étroits et ne laissent passer qu’un véhicule, mais comme il n’y en a pas… L’un des ponts s’est transformé en rio rouge… je me dis que si je me suis trompée de route tant pis, j’aviserai plus tard, pour l’instant il faut que je descende, il faut que je gagne des degrés, j’aurai besoin de remonter ma cagoule sur mon visage, je ne le fais pas, je ne dois faire aucun mouvement brusque si je veux garder le peu de mobilité qui me reste dans les mains. Sur le bord de la route une première boutique de fleurs, je m’arrête et me fais confirmer mon chemin, ça va je suis sur la route qui va à San Cristobal. Il pleut, il pleut toujours et fort, je crains à un moment que l’on ne passe en pluie tropicale. J’ai froid au corps. Mes mains sont bien protégées par ma cape, à défaut de se réchauffer elles ne se refroidissent plus. Les boutiques de fleurs jalonnent la route, sans la pluie, le brouillard et le froid cette étape serait magnifique, je suis sûre qu’il y a ici plein de champs de fleurs, j’ai vu un champ de lys en montant, j’ai plus senti que vu car… Pluie et brouillard ont fait que je n’ai pas vu grand chose… Là en plus dans la descente j’ai les lunettes toutes mouillées et ma visibilité est réduite, néanmoins je les garde car si une goutte froide me rentre dans l’œil là c’est la paralysie de la paupière, et entre n’y voir pas grand chose et ne plus y voir du tout, le choix est vite fait, je n’essuie pas non plus mes lunettes, je ménage mes mains, là je les garde pour freiner. Deux très petites montée de cinquante mètres chacune ne me réchauffent pas. J’ai toujours le même objectif, descendre, gagner des degrés, ménager au maximum mes mains pour freiner. Presque 40km de descente, dommage que je n’ai pu en profiter. J’arrive à une première ville dont je n’ai pas retenu le nom, je commence à avoir moins froid, je sens que les gens me regardent bizarrement vu mon accoutrement pour expédition polaire, certains sont en manche courte (pas tous ouf). J’arrive à Tamira, je commence à me réchauffer, et là d’absence de voitures je passe à deux fois trois voies et une circulation d’enfer, je pense vraiment que les gens passent leur temps à tourner en rond dans leur voiture dans la ville. Ca y est, je me découvre sauf le kwé, il pleut toujours. Mes mains refonctionnent à nouveau correctement, je rate la bifurcation pour San Cristobal (au fait j’ai fait le détour pensant que la ville valait la peine d’être vue, non elle ne vaut pas la peine. C’est une ville sud-américaine sans aucun cachet, c’est une mégalopole dans une vallée mais qui s’est étendue sur la montagne avec ses « arriba » et ses « baja »elle est sale et pas belle, à moins que j’ai raté le centre historique), cela fait dix minutes qu’il ne pleut plus, j’ai chaud, j’enlève ma veste kwé, et cinq minutes après ? Il repleut. La bretelle de sortie de l’autoroute pour le centre est à gauche, traverser en courant trois voies plus une rampe d’accès à une heure de pointe avec un vélo chargé relève de l’exploit, je l’ai fait, mais j’ai pas aimé. Dans la ville j’ai réfuté les hôtels en périphérie, voulant aller en centre ville, je me suis amusée à aller plus vite que les voitures coincées dans les embouteillages, on a comme ça ses petits plaisirs, même un jour de galère, après je me suis moins amusée quand le même bus m’a fait mille queues de poissons, je me suis aussi moins amusée quand j’ai cherché un hôtel, entre le policier qui ne voulait pas m’envoyer dans un hôtel peu recommandable, ceux qui ne savaient pas, ceux qui voulaient me renvoyer à dix kilomètres, celle qui m’a fait monter un mur en sens inverse de la circulation (je rappelle qu’ici les sens uniques et interdits sont de fait, jamais signalés, il faut développer son sens de l’observation…) pour aboutir à un hôtel très quelconque et cher, enfin j’ai trouvé quelqu’un qui m’a indiqué une rue avec plusieurs hôtels, le premier n’a pas voulu de moi. Le deuxième décrépi, mais propre et avec de l’eau chaude et à un prix abordable m’a accepté. Mon vélo est monté au salon. La mamie qui tient l’hôtel est très admirative de ce que je fais. Opération douche et surtout séchage des affaires. Une sacoche a pris l’eau, je ne sais si c’est parce que la poche du dessus était mal fermée ou si c’est quand je l’ai ouverte pour prendre des affaires de rechange sèches ou si elle n’est pas étanche. Ma carte de Colombie est un peu mouillée, quant à celle du Vénézuela qui était sur la sacoche guidon, ça y est, elle a rendu l’âme, ouf le coin de Cucuta est toujours visible. Cucuta est à deux heures de voiture, mais comment est la route ? Les réponses diffèrent d’une personne à l’autre : »ça monte mais pas fort » « Ca monte et ça descend ». J’estime la frontière à 70km, peut-être plus, je verrai si je le fais en une ou deux fois. Demain matin je dois rerégler mes freins, remettre un peu d’huile partout (non, pas sur les freins, je sais Pierre que tu penses que je suis la plus gringalette d’Amérique du Sud, mais quand même… ) Tandis que je vous écris mes intestins se sont vidés, c’est ce que j’ai mangé ce soir, dans un mauvais fastfood, mais je ne voulais pas aller loin, je suis allé au plus près, mais pas de fièvre ça va, juste petit dérangement. J’ai pris la peine aussi de demander le nom et l’adresse de l’hôtel, ils avaient une carte, car rechercher son hôtel dans une mégapole, non, pas ce soir. Donc demain le départ sera quand je serai prête, en plus j’ai vidé l’intégralité de mes sacoches. Ici il fait tiède, je pense que j’ai une chance que tout sèche, il va donc falloir que je range tout, et j’ai retrouvé (l’intérêt de vider ses sacoches) 300 bolivares qui me permettront si nécessaire de passer encore une nuit au Venezuela. J’espère sieur Janodou que tu feras cette super étape sous un soleil d’enfer et que j’aurai droit à de super photos de champs de lys, de roses, de tournesols, d’arômes et mille autres fleurs, sauf que je ne sais pas si ici pour les fleurs c’est comme pour les pommes de terre, je ne sais pas si il y a deux récoltes par an.

Voilà c’était pluie, pluie, pluie, pluie, froid, froid, froid, brouillard, brouillard, brouillard, mains paralysées, galère quoi, et la rage d’avoir raté un super truc puis ville très moche. Mais le voyage c’est aussi ça, il faut accepter…

Bisous tout le monde

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5 réponses à J41 : galère, galère, galère ou pluie, froid (les 2 ensemble)

  1. C’est d’accord, je commanderai du soleil pour ce jour-là !
    Mais quel temps pourri ma pauvre ! Tes 40 jours et tes 1500 km auront été arrosés.
    Bises à toi et à ton vélo.

    • Francoise dit :

      Tu sais Jean-Luc, prepare-toi a affronter du mauvais temps car en aout c’est pire… Aujourd’hui temps couvert mais j’ai retrouve la chaleur, et mon velo j’ai passe l’apres-midi a le ushayer, degraissage nettoyage graissage changements de patin de frein, l’avant avait commence a entamer la jante, le reglage de l’avant ce n’est pas cela, du coup demain je reste ici, retour pour mon frein et essayer de trouver une carte mieux que celle que j’ai et un guide. Bisous

      • Je m’y prépare effectivement et j’ai prévu un imper complet (haut et bas), 4 sacoches étanches, une sacoche guidon étanche et un gros sac étanche lui aussi sur le porte bagages arrière.
        Inch Allah !

        • Françoise dit :

          Le blème avec les sacoches étanches c’est qu’elles sont vraiment étanches, donc tout ce que tu rentres de mouillé non seulement restera mouillé mais va mouiller le reste et pire tu vas te trainer une odeur de moisi comme c’est pas possible et que vaya bien…

        • Francoise dit :

          Alors pour l’imper du bas moi je l’utilise que dans les marches en montagne pour me protéger du froid, en vélo c’est très désagréable… En revanche le poncho c’est top… j’ai quand même acheté un déodorant pour chambre d’enfant (pour limiter la toxicité) que je promène de sacoche en sacoche… Au fait je crois que c’est pour cela que les farqs ont pas voulu de moi, à cause de l’odeur (parce qu’en plus du moisi il y a l’odeur d’essence que forcemment tu introduis dans les sacoches avec le pinceau, etc), de toute façon je t’ai dit de ne pas t’inquiéter, tout ira bien, tu te feras mouillé, tu pueras, tu seras malade, épuisé, cramé, tu te feras écraser par les multiples engins à moteur, tu dormiras dans les marécages, les moustiques te rendront dingues, t’auras faim, soif, l’orage te rendra vert de peur, tu chuteras, te casseras un truc, ton vélo te fera mille misères, et le pire c’est que tu seras heureux…

          Y que vaya bien

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