Jeudi 11 avril 2013
Wanaka – Cardrona via le Crown Saddle
57 km
Beaucoup, beaucoup de dénivelée…
Temps couvert, vent modéré puis violent au sommet et dans la descente
Voilà, j’avais peur, je sais qu’ici sous cette latitude et dans cet hémisphère un col à plus de 1000 mètres n’est pas une mince affaire, les conditions météorologiques peuvent être épouvantables, pire changer d’une minute à l’autre…
L’autre nuit il a fait très froid et puis hier soir ça s’est radouci. Le vent a soufflé une partie de la nuit, pas bon, pas bon tout cela et si ici il tombe des trombes d’eau, là-haut ça va être la tempête de neige. Toute la nuit j’attends la pluie et elle ne vient pas. Le matin nuages roses à l’horizon, toujours pas bon ça.
J’ai étudié un peu la physionomie des lieux et j’en ai déduit que normalement je devrais trouver des endroits où planter ma tente si ça tourne mal. Je pars avec suffisamment de nourriture, pas trop d’eau. D’ailleurs dans la montée voyant que la rivière est accessible je jetterai le contenu d’une de mes gourdes. Et puis si il tombe des trombes d’eau je n’aurai qu’à tirer la langue…
Allez, c’est parti…
Il ne fait pas froid, le ciel est couvert, le vent modéré, je me le prends de travers pis même un peu favorable.
Les montagnes sont de plus en plus pelées et c’est magnifique.
Un humour zélandais que j’aime bien…
Les 25 premiers kilomètres se passent très bien, la pente est douce, j’avance bien, je suis confiante, je surveille quand même le ciel espérant qu’il ne me tombe pas sur la tête.
Au moment où j’écris cet article il me tombe sur la tête, trop confiante dans les capacités de ma tente je ne monte pas le troisième toit (en plus je rigole car mon voisin, un français randonneur m’a dit ne pas aimer la pluie sous la tente et moi j’aime…), bon je ne rigole plus quand il se met à pleuvoir sur mon ordinateur… Branle-bas de combat, je mets mon ordi à l’abri, m’équipe de ma cape de pluie et sors mettre mon troisième toit sous la pluie et dans la nuit, on ne m’y reprendra plus…
Voilà qui est fait, juste il a été difficile à tendre, le sol est dur comme du béton et les piquets de tente ne rentrent pas. Bon il ne pleut plus dans la tente.
Revenons à notre montée, tout se passe bien, j’arrive à Cardrona
C’est un ancien village minier (de l’argent)
Je calcule qu’il me reste 15 kilomètres à monter et que les choses sérieuses vont maintenant commencer, elles commencent et tout se passe encore bien.
Et c’est plus que magnifique.
La route serpente entre les montagnes et monte, monte, monte… Je reste très prudente
Et monte, monte la route…
A 4 kilomètres du col arrive qui ? Le cyclo déjà rencontré et dont j’avais tout oublié de lui. Il arrive même à me faire parler dans la pente rude, et en english… Il s’appelle René, a 25 ans, est hollandais, vit en Suède à deux pas de la frontière norvégienne. De temps en temps je le renvoie devant moi car le vent est plutôt favorable et je lui dis qu’il me coupe mon vent.
Les aires de chaînage jalonnent la route, pas très rassurant tout ça, ici pas de camions, ils sont interdits, trop raide, seuls quelques voitures de touristes courageux qui bien sûr nous respectent.
Un kilomètre et demi avant le col, dans les dernières steeps je faiblis et pousse et tenez-vous bien René va m’aider à pousser mon vélo. Vous en connaissez beaucoup vous des cyclos qui feraient ça ? Moins chargé que moi, plus jeune, plus costaud, homme aussi il aurait aussi bien pu piquer un sprint vers le sommet… Mieux, les 300 derniers mètres il me dit qu’il pédale jusqu’au sommet et qu’il revient chercher mon vélo. Je continue à pousser laborieusement et il arrive en courant, prend mon vélo et moi je termine au pas de course et je crois que c’est encore la plus heureuse des femmes qui arrive au sommet…
Là-haut il fait froid et le vent souffle si fort que mon casque s’envole… Vite je m’isole un peu et me change. René m’offre du chocolat à la menthe, moi je suis trop gelée pour chercher quoique ce soit à manger dans mes sacoches. Je me goretexise des pieds à la tête. Nous restons longtemps là-haut quand arrive un troisième larron, un allemand folklo qui est monté de l’autre coté (beaucoup plus dur l’autre coté). Mais je crois que nous sommes tous aussi heureux…
Les séances photos se multiplient, même les touristes en voiture sont très fiers d’être arrivés là…
La montagne est vraiment pelée
Là c’est le vélo de l’allemand, désolé Janick, tu es battu à plates coutures…
Ici au camping quand j’ai dit là où je suis passé en vélo ils m’ont dit que même en voiture ils n’osaient pas y aller…
Et la descente ?
Au début ça va, puis ça plonge…
Presque le caracol du Cristo Redendor au Chili, les camions en moins… Très raide, vertigineuse, le vent est devenu furieux, je suis extrêmement concentrée, pas de photo, je pense encore que sans mes freins hydrauliques j’aurais été en grande difficulté… J’ai quand même un peu mal aux deux métacarpiens là où le plâtre était si serré, si serré, merci l’hôpital de Die, je le redis haut et fort et je rajoute que faire des erreurs c’est humain mais ne pas les reconnaître c’est pire que tout, c’est inhumain.
En attendant moi je suis réconciliée avec la Nouvelle Zélande, ici c’est magnifique…
Petite pause avant la deuxième descente vertigineuse.
Enfin pour moi la pause c’est juste le temps d’une photo…
Pour à nouveau plonger…
A la bifurcation Queenston – Arrowton je suis réchauffée et ait d’ailleurs réussi à mouiller ma deuxième tenue, vu qu’il y avait une montée. Je stoppe au bord de la route et pique-nique, il doit être 5 heures, je ne sais plus, et puis ce matin je me suis aperçu que l’on avait changé d’heure, et quand je croyais partir à 9h30 je partais à 8h30, ce que d’ailleurs j’ai fait ce matin.
Mon intention était d’aller à Queenstown par la grande route, mais la circulation me rebute, je décide prendre la petite route et de m’arrêter dès que je peux, bon au golf on a déjà fait…
J’arrive à Arrotown où un vélo a trouvé la bonne planque…
Ici l’automne explose…
Je trouve un camping (Monica, je te rassure, les campings ici à cette période de l’année sont bien différents des campings français, peu de tentes, des camping-cars et des vans, du silence, pas d’enfants qui courent partout (ils sont à l’école), pas de buveurs de pastis, pas de musique, pas de jeux, non, du calme et du silence en général.
Je discute avec mes voisins de gauche, new-zélandais en vacances dans leurs vans, ici il y a bien que les français qui campent dans une tente… Mon voisin de gauche est français, il a travaillé dans des fermes et maintenant randonne.
Au sortir de la douche il pleut…
Voilà superbe, superbe journée et si heureuse…
Les chiffres :
57 km
Vmoy : 10,3 km/h
Vmax : 46,3 km/h
Temps sur le vélo : 5h30’36’’
Départ : 8h30, arrivée vers 18 heures
Bisous tout le monde
Bravooooooooo Merci Joan of Arc hollandais pour ce jour.
Smack
Merci au ciel aussi qui ne m’est tombé sur la tête que le soir venu.
Kisses
Bravo ! tu l’as franchi ce col un peu aidé mais quand même il faut le faire.
J’adore l’étendage de sous-tifs. C’est plein d’humour !
oui j’ai bien compris que les campings étaient bien différents des campings de France. Certainement des étapes pour sportifs respectueux de la nature.
Ou en es-tu avec le nom de ton Blog ? Tu as fait ton choix ?
Besos à l’abuela cyclo.
En cette période de l’année les campings sont fréquentés par des retraité en camping car ou vans, pas forcemment des sportifs, en d’autres périodes je ne sais…
Kisses
Bravo à toi soeurette ! Même à 1000 m, on peut souffrir das un col. C’est vrai que j’avais moi aussi souffert dans les Vosges, au col du Bonhomme, à un peu plus de 900 m.
Encore bravo mi Hermana.
Merci Raymond Devos : « Être raisonnable en toutes circonstances ? Il faudrait être fou.. »
Jean-Luc, je voudrais te rafraîchir la mémoire, tu as goûté aux cotes vénézuéliennes, tu te rappelles, le 22% ? Les cotes à la chilienne sont pires et ici ce sont des cotes à la chilienne à répétition tu en montes une, tu la redescends et en remonte et en remonte, à la fin c’est usant, d’ailleurs je suis usée et puis ne compare pas un col vosgien à un col de NZ, ici à 1000 mètres plus rien ne pousse… D’accord, d’accord i y a l’oxygène, mais je t’assure que c’est extrêmement épuisant ce truc. Prochain périple : 45ème parallèle dans l’hémisphère nord et en plein été…
Besos mi hermano
Je hais les montagnes russes. C’est en effet cassant et épuisant !
Courage mi Hermana
Moi j’aime les montagnes russes quand on peut prendre son élan, mais là ce n’est pas le cas… La grande difficulté pour moi étant de gérer les chauds-froids, je suis obligée de me couvrir, vu la myopathie, je transpire un max, n’arrive pas à bien compenser les pertes hydro-électrolytiques, d’où un état de fatigue qui s’installe… Mais bon là j’ai récupéré la forme.
Besossssssssssssssssss
Je vous laisse entre vous pour des commentaires, plus perso.
Bisous.
Entre nous qui ?
bisousssssssssssssssssss