Bienheureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière

Article spécial à l’intention de Sieur Janodou

Bienheureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière
François Coponet

A force de suivre les itinéraires indiqués qui ne conduisent qu’à des impasses, il va finir par s’engager sans demander conseil à personne sur son propre chemin
Yvan Audouard

Alors Jean-Luc, quel itinéraire ? Le tien bien sûr et nul autre… Je vais te dire juste mon ressenti sur celui que j’ai suivi.

La première partie, trop géniale, même si un moment je me suis demandé si j’allais mourir d’épuisement et comment ça faisait quand on mourrait d’épuisement et si on pouvait lutter ou si juste ça arrivait comme cela, je pense que c’est à ce moment que j’ai pris la décision d’abandonner mon vélo et de poursuivre à pied pour aller chercher nourriture et eau, et puis je me suis ravisée quand j’ai vu que la pente se radoucissait, et puis je t’ai appelé quand j’ai vu que ça devenait de plus en plus difficile. Je pense qu’avec de la nourriture et en refaisant le plein d’eau dans le rio (avec pastilles), cela doit être un truc d’enfer. Il y a juste le passage délicat, là où le chemin est cassé, que la pente est raide, gravillonneuse et glissante, que 2 ou 300 mètres plus bas il y a la mer (avec quand même quelques cactus pour freiner ta chute), et que dans la pente gravillonneuse il y a une pierre t’obligeant à un effort surhumain pour passer la dite pierre sans être déséquilibré et chuter. Mais je suppose que tu as plus de force dans les bras que moi, et si tu peux porter ton vélo (déchargé quand même, moi j’ai même enlevé les gourdes vides, c’est dire…) et que tu as le pied montagnard (mais je crois savoir que oui), tu devrais franchir cet obstacle sans problème, le reste est dur mais sans danger.

Voilà donc l’itinéraire que j’ai emprunté (et emprunté est le terme exact, je le rends tel quel, somptueux, magnifique, d’une beauté sauvage impressionnante, la mer qui écume avec force, le ciel d’un bleu, bleu à en être criard, de multiples langues montagneuses qui plongent dans cette mer, une végétation tropicale exceptionnelle, des nuages qui parfois te font peur quand tu montes et que pour un peu tu les toucherais, personne, et la nuit, la nuit ça ne se décrit pas, ça se vit, le chant des oiseaux, les oiseaux qui lancent des éclairs, une voute céleste impressionnante, bref tous les ingrédients d’une nature belle grande et sauvage (oué je me répète et manque de vocabulaire…).

Donc départ de Maïquetia, suivre la route qui borde la côte (mais qui monte, vu qu’elle dessert le village à flanc de colline, après petits kiosques pour touristes (vénézueliens parce qu’ici y a que le fêlés) le long de la mer, permettant de manger, et de se baigner si le cœur t’en dit ( tu demandes alors que l’on garde ton vélo). Juste à l’entrée de Chichiriviche il y a une posada qui mériterait que l’on y passe plusieurs jours, charme, accueil, propreté, piscine, calme, beauté, nourriture excellente, 350 bolivares la demi-pension.

Puis prendre l’unique route qui arrive à Chichiriviche (très petit village), laisser la route qui monte à gauche et traverser le rio (alors là ça dépend de l’état du rio, si pas beaucoup d’eau traverser à gué, c’est ce que font les voitures, sinon il y a une passerelle assez haute, si t’es femme t’as plus de chances d’avoir de l’aide que si t’es homme, sinon tu décharges et recharge, (ça t’entrainera pour la suite…) puis suivre une petite route bétonnée qui souvent monte très fort (poussage obligatoire), le soleil tape très fort, et les nuages qui envahissent la montagne dés 11 heures sont plus impressionnants que dangereux. Beaucoup d’insectes dans la jungle, rappelle-toi la vitamine B, la crème repelente, et se couvrir avant la tombée de la nuit. Après plusieurs heures d’effort il y aune petite chapelle, puis un terrain de boule, et un peu plus loin la route bifurque, elle est bétonnée à gauche et grimpe très fort, en face c’est une piste plane ( c’est le chemin que j’ai pris, à mon avis le plus beau, même si un âne aurait été plus indiqué qu’une bicyclette), bientôt le chemin est bétonné et descend par une pente très raide ( là il faut retenir) vers la crique. Dans la crique il y a la mer bien sû,r mais aussi un rio tiède, on peut s’y baigner vu que de toutes façons il va falloir y mettre les pieds, donc le risque d’attraper des parasites est pris, alors autant en profiter. Je pense aussi qu’on peut faire le plein d’eau avec des pastilles, filtrer serait aussi mieux. Cette crique est un lieu idyllique de bivouac, utiliser la tente serait se priver d’une voute céleste magique, mais l’humidité est impressionnante, moi j’ai dormi dans mon duvet, donc n’en ai pas souffert, juste mon duvet était trempé. Après il faut suivre le chemin, passer les deux effondrements, pour moi le plus souvent porter, parfois pousser, rarement, rouler. On finit par arriver à quelques fermes, sur la droite une route cimentée qui descend raide aussi, mais descendable sur le petit port de Puerto del Cruz del Limon. Avant d’arriver un petit rio à traverser sans difficultés, en profiter pour laver le vélo boueux, un croisement, à droite vers les baraques resto du port, encore un rio à traverser, toujours sans difficultés, sur la gauche le village, la posada où je me suis arrêtée (la première sur la droite) était sans charme et surtout il n’ y avait pas un endroit bien où se mettre, il y en a une autre, je ne sais ce qu’elle vaut. Puis la route en bon état monte vers Colonia Tovar, elle est magnifique, sauvage, impressionnante, il n’y a personne. J’ai beaucoup poussé, mais pas porté. C’est sur cette route que j’ai été accueillie par une famille exceptionnelle. Puis ne pas redescendre sur Chichiriviche, à moins de vouloir se repayer un petit tour de sensations fortes, continuer à monter sur Colonia Tovar (étape, des milliers d’hôtels et posada), redescendre sur La Victoria, d’enfer. Plusieurs hôtels à la Victoria. A mon avis endroit peu propice au bivouac et au camping. Jolie route après la Victoria, puis cela devient vite habité, industriel, pollué et avec un trafic impressionnant. Difficile de dire comment faire à Maracay, vu que je me suis perdue mille fois. C’est vrai qu’après il y a une autre route qui passe de l’autre coté du lac par rapport à l’autopista, mais à mon avis elle doit être aussi encombrée. Ce qui est dur sur l’autopista c’est le bruit infernal des véhicules, il y a un tunel à traverser, prévoir éclairage ( moi j’ai trouvé des trucs minuscules à Decathlon c’est génial et ça marche); Puis ce qui est difficile, ce sont les embouteillages à l’arrivée à Valencia. Après il n’ya qu’une seule route, très dangereuse, trafic très intense, pas de voie d’arrêt d’urgence, qui plus est ça monte, donc on titube déjà tout seul, alors quand un camion te rase c’est l’enfer, et si obstacle sur la route, l’accident et si le vent s’en mêle, dur, dur, dur. Je ne sais plus, cela a du durer deux ou trois jours. Après il y toujours l’autopista mais avec voie d’arrêt d’urgence, donc sécurité, le trafic ne commencera à baisser qu’après Barquisimeto, après c’est d’enfer, passe par Biscucuy, la route de montagne est géniale.

Si tu veux éviter toute cette portion de route surfréquentée et dangereuse, prends un bus, surtout ne passe pas par San Felipe, parait-il que le trafic est encore plus intense. En revanche peut-être en passant par Caro c’est mieux, je ne sais pas, il faut te renseigner ( au Nord du pays il y a aussi de grandes villes, donc du trafic), mais rater la montagne qui traverse pour rejoindre La Victoria serait aussi dommage. En tous cas je ne regrette rien, et si c’était à refaire je le referai. En surfant sur le net pour avoir des renseignements sur la route que je vais emprunter demain (Bocono-Trujillo qui est une route de montagne, 1200 m de dénivelée, 70km, du vent, des pierres, du froid, aux dires des gens d’ici, je vais mettre je pense deux ou trois jours) je viens de trouver un cyclo qui est passé par là, je n’arrive pas à trouver son contact, il s’appelle Fred Ferchaux en plus il écrit très bien, si tu trouves son contact, fais-le moi parvenir. Voilà ce que je peux dire sur l’itinéraire. Je te rappelle que j’ai un grand avantage sur toi, un je suis la bête curieuse, deux je suis femme, trois j’ai mis « cuidado abuela » sur mon drapeau et toutes les portes s’ouvrent devant moi, j’ai un gros désavantage : un je suis femme, deux je ne suis pas une force de la nature.

En dehors de l’itinéraire il faut savoir que physiquement c’est très très très dur, que homme (et femme) et machines sont soumis à très rude épreuve, tant pis pour le poids mais privilégie la robustesse. Ne fais comme moi, ne prends pas une sacoche guidon légère de gosport, non pratique (s’ouvre devant), difficile à mettre (attaches trop courtes), non étanches, et surtout à mon avis elle ne va pas atteindre la Colombie.

Question santé c’est dur aussi, prends deux traitements d’antibiotiques, si j’en avais deux je piocherai dedans, d’ailleurs c’est ce que je vais faire si j’ai encore de la fièvre demain.

Pour la tente, autoportante indispensable (ou au moins à moitié comme la mienne, regarde où je l’ai plantée, sur du béton).

Pour le réchaud, tu sais ce que j’en pense, moi je m’en passe, là ai un truc léger à gaz, quand je trouverai du gaz je l’utiliserai, de toute façon le matin je bois du coca.

Pour la déshydratation, le catogate d’ici est vraiment super efficace.

Et aussi pour le Venezuela les dollars, et renseigne-toi avant sur le cours parallèle.

Physiquement c’est très très dur, je crois qu’il faut se ménager des pauses.

Question sécurité, aucun problème.

Question duvet, que je l’aime, que je l’aime, mon duvet moins 35° en pur duvet.

Rendez-vous dans moins d’un an, à USHUAIA et arrête de ronger ton frein

Deux liens intéressants :

http://fred.ferchaux.free.fr/pays/voyaj.htm

http://fred.ferchaux.free.fr/venez/indxvenz.htm

Et aussi pour les chiens :

http://fred.ferchaux.free.fr/pays/visites.htm (lire chienne de vie, moi après avoir essayé la fuite (impossible si la route monte), le mépris, les cris, le bâton, mais ça c’est quand on est à pied, j’en suis aux cailloux, 3 à portée de main, sauf hier où il faisait un temps de chien…

J’ai oublié le téléphone: moi quand je suis arrivée mon téléphone bibande premier prix sans engagement marchait, après il ne marchait plus car j’avais arrêté mon abonnement. je n’ai pas réussi à le faire débloquer pour l’utiliser avec une carte locale et comme je trouvais que les cartes étaient chères « 300 bolivares dans la rue, 400 en boutique », soit au cours officiel 100 euros, au cours parallèle 2,5 fois moins, mais comme je n’ai pas pris assez d’euros et de dollars et que l’on m’a dit qu’un téléphone valait 3 millions de bolivares, mais je crois qu’il doit y avoir une histoire d’anciens et de nouveaux bolivares et que je n’ai pas tout saisi, et que je ne sais pas non plus le cours officiel du changement parallèle (oui, ça existe ça) et que c’est toi qui annonce la couleur, sûrement que je me suis fait avoir… Sinon l’opérateur qui couvre le mieux la montagne ici c’est Digitel. Voilà je me passe de téléphone, me reste le net pas toujours, il n’y en a pas dans les petits villages et comme je suis incapable de relier une ville à une autre en une seule journée (à propos ça me paraît difficile de faire une moyenne de 50km par jour, mais je suis peut-être la cyclotoursite la plus lente du monde, mais quand même j’avance) le reste du temps je me dis que de toute façon, je ne pourrai si il arrivait malheur à ma famille être là à temps et bien autant apprendre les mauvaises nouvelles le plus tard possible, mais mes enfants sont plus grands que les tiens et personne ne m’attend chez moi, alors c’est diférent. bon est-ce que j’ai répondu à votre question ?
En clair si tu veux être sur d’avoir un truc qui marche : deux options : où tu achètes avant de partir un quadribande et tu utilises ton abonnement français, quand même en laissant toujours ton téléphone arrêté pour si vol, parce que si on te le vole tu fais comment pour téléphoner pour le bloquer ?
Soit tu achètes un quadribande débloqué ( c’est illégal mais ça existe en France et facile à trouver, quand même cher, moi j’en avais trouvé un à 85 euros) soit t’achètes un téléphone ici et carte digitel ici. Voilà.

Suite quand j’aurai glané d’autres renseignements, aussi précieux qu’inutiles, voir notes en début de page…

Bisous Sieur Janodou fêlé et tous ceussses qui me lisaient meme ceussesssss qui sont pas fêlés

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10 réponses à Bienheureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière

  1. pierre dit :

    70 km de cote et 1200m de denivele, faudra t’habituer, ca va etre ton quotidien, assez souvent, bientot tu feras cela en 1 jour, 1 et demi si la piste est vraiment pourrie

    • Francoise dit :

      Alors la Pierre tu triches, tu m avais it 20km par jour, tu crois pas que je vais faire 70km par jour avec ta cuiller a cafe de lait et ta cuiller a cafe de miel ! Pour faire 70km par jour il me faut tous les 10km, alors en entree une salade d’avocats assaisonnee d’huile d’olive et de vinaigre et du pain pour saucer ( pa sucre le pain), emsuite un bon steak frites salade, attention le steak d la bavette et bien saignante et avec une sauce au poivre, une vraie, pas une industrielle, et les frites pas n’importe quoi, je te rapelle que je suis originaire du nord, va chercher mom beau-frere Christian ( l’est du nord aussi et c’est lui qui fait les meilleurs frites du monde), et apres une mousse au chocolat faite maison aussi, renseigne toi j’ ai plein d’amies qui la font tres bien, je veux bien a la place de la mousse un fondant au chocolat, bien fondant et surtout sans la creme anglaise, et le tout avec une bonne petite cerveza, enfin petite, au moins 500ml, et apres il me faut une sieste de 1 heure, donc, calcule, imagine que tu fasses du pouaage, a raison de 4’2km/ heure plus les arrets pour respirer. Donc je recapitule : Un cycle de 10 km = 2h30+1h+1h=5h3. Sachant que je jour se leve a 6h45 pour se coucher a 6h15, soit moins de 12 heures de jour, et qu’aussi il te faut chercher un endroit ou dormir, ca fait 2 cycles, soit 20km, CQFD, bisous Pierre et profite de ta periode de repos

  2. Un grand merci Françoise pour toutes ces infos d’itinéraire. Vraiment merci !
    Pour ce qui concerne Fred Ferchaux, j’ai cherché partout ses coordonnées, je n’ai rien trouvé. Rien du tout !
    Par contre j’ai trouvé des infos intéressantes sur le Vénézuéla.
    Ce que je te conseille, c’est peut-être d’aller sur ce lien http://voyageforum.com/voyage/F28/ que tu dois connaître et là, tu as des chances de tomber sur lui ou sur quelqu’un qui te dirigera vers lui. Il me semble même que tu peux passer par le CCI qui doit le connaître et je me demande même s’il n’en fait pas partie. A creuser ! Je creuse de mon côté.
    Quel accueil tu reçois ! C’est formidable !

    Hasta pronto et bises à toi.

    • Francoise dit :

      Merci Jean- Luc, j’ ai presque trouve ses coordonnes en passant par google mais ensuite internet a refuse de marcher, c dans 123quijesuis ou quelque chose comme ca.
      L’ accueil est toujours aussi extra, je crois que la ou je suis passe ils voient leur premiere touriste et qui plus est une felee a bicyclette, et avec un equipaje que nadie sabe lo que hay en ese…
      Besossssssssss

  3. GODARD Michel et Nicole dit :

    3ème tentative de réponse

    • GODARD Michel et Nicole dit :

      Il semblerait que ça a fonctionné! Donc bonjour Françoise. Nous découvrons depuis peu ton histoire dèjà longue et…….. douloureuse encore que le résultat est à la hauteur de ta personne ou plutôt de ton verbe!! Au contraire de certains nous croyons en ton projet car l’aventure on a connu et on sait qu’il faut avoir un brin de folie pour partir mais aussi ,il faut s’y préparer et c’est ce que l’on constate. Bravo ! Je profite de ce courrier pour te rappelere qu’ici la vie continue avec sinon l’aventure mais toujours de l’activité. Nous sommes rentrés du séjour annuel des Ours à la neige avec son succès habituel : ler nombre et les activités dans cette haute Ubaye sauvage que nous avons retrouvée avec un grand plaisir! Comme le temps fut cette année clément, inutile de te dire que nous sommes sortis tous les jours et pour nous en raquettes ce qui était la solution la meilleur avec la glace assez présente.

      • Francoise dit :

        Merci de vos messages, j’ai toujours grand plaisir a lire tous ces messages, meme plus ils me sont indispensables, j’ai ete faire un petit tour sur le site des ours et j’ai vu que vous avez eu beaucoup de glace, mais la montagne c’est ca, elle regnera toujours en maitre et ici dans la Cordillere des Andes on sent vraiment que nous ne sommes pas grand chose face a la nature…
        Bisous tous les deux

    • Francoise dit :

      Toutes les tentatives ont ete suivies de succes ¡¡¡¡¡¡¡¡¡¡¡¡¡¡¡¡¡¿

  4. josely dit :

    HOLA AMIGA TIEMPO SIN SABER DE TI…….

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