J150 : 1er détour péruvien J2 : ça tourne au sublime…

Lundi 20 juin 2011

Quelque part sur la Carretera Antigua – Quelque part sur la Carratera Antigua

Distance parcourue : 70,79 km
Vmoy : 13,1 km/h Vmax : 39,4 km/h
Température : minima : 21°, maxima : 36°
Dénivelée positif : 188 m
Dénivelée négatif : 252 m
Heures sur le vélo : 5H’24’10 »
Départ : 8 heures 30
Arrivée : vers 17 heures

Résumé de la journée

  • Objectif : avancer, trouver un endroit où dormir
  • Conditions météorologiques : frais et couvert le matin, soleil et 30 à 35° l’après-midi
  • Etat de santé : bon
  • Particularités de la journée :

Mon bivouac fut tranquille dans la cour d’une maison, le soir j’ai mangé deux fois, mes provisions à moi (les crackers…) et le riz et la viande offerts par mon hôtesse, la viande en sauce en très petite quantité était délicieuse. Je refuse le café, la dame me prépare du thé, ne peux refuser, mais malgré tous mes efforts je ne peux l’avaler, mon corps sait que ce sera une nuit sans sommeil. Je me confonds en excuses…

Et ce n’est pas parce qu’on vit sans eau et sans électricité qu’on ne fait pas de l’art moderne…

Ou qu’on a pas de vélo…

En bon état…

Ou en mauvais état…

Un dernier adieu aux ânes porteurs d’eau…

Je reprends la route,Chiclayo est encore loin…

Et des fois on peut mourir en route… (âmes sensibles fermez les yeux), c’est pas un chien dommage… J’ai rencontré un cyclotouriste qui dit comme moi à chaque fois qu’il voit un chien écrasé sur la route « un de moins »…

Là ça tourne au sublime, je traverse une petite montagne avec pour seuls compagnons de voyage les chèvres et les ânes…

La neblina du matin accroche encore les montagnes…

L’homme se joint à la nature pour côtoyer le sublime…

J’ouvre grand mes yeux…

Les chèvres aussi…

La route ondule…

Ou serpente…

Et la route elle est que pour moi…

La seule cote à la vénézuelienne à 1000 km alentour je me la trouve et je la grimpe sans mettre pied à terre.

Je vais quand même la descendre à pied et la remonter pour prendre des photos…

Dans une épingle à cheveux j’entends le bruit d’un camion, c’est bien ma chance, personne et là je vais être dérangée, j’appuie très fort sur les pédales car je sais que si je me laisse enfermer dans le trou du virage ne pourrais en sortir, mais c’est oublier que les camions ici peinent autant que les vélos chargés à mort… Le camion ne me rattrapera qu’au sommet de la côte, je le retrouverai à l’unique restaurant de la route, bien sûr j’aurai droit à tout son respect et son admiration… Le paysage d’enfer, le temps superbe, la route déserte, je suis heureuse et ne pense plus à mes problèmes de carte bancaire, de toute façon ici il n’y a… RIEN… RIEN que du beau…

De là haut la vue est grandiose…

La descente bien sûr vient compenser les efforts de la montée (quand je pense qu’il y a une Panam toute plate…), la route est excellente, ça plonge, j’adore…

Et je continue à côtoyer du trop beau…

La montagne ne cesse de me rattraper…

Et les chèvres de me couper la route… Les chèvres ça mord pas…

Les chèvres deviennent un peu envahissantes…

A 10 heures j’ai dévoré, à midi j’ai dévoré, la nourriture redevient une obsession…

J’écris cet article à la Casa de Ciclista et de rencontrer d’autres cyclotouristes tu peux parler, et bien tous on n’arrête pas de manger, cinq repas par jour et toutes les heures quand on pédale et on est maigre comme des coucous… Andres le colombien qui voyage sans argent et quémande sa nourriture, on le ressert 3 fois, il avale tout, il a quand même réussi à reprendre du poids, je crois bien que j’ai du en reprendre aussi depuis la perte spectaculaire du Vénézuela… Andres a 23 ans, il est professeur de géographie, il s’est pris deux ans pour se « préparer à la vie », nous avons eu une grande conversation sur la différence de culture entre les latino-américains et les occidentaux, et comme je reste fascinée par la Colombie, j’ai appris… Beaucoup… Un point de vue… Mais n’est-ce pas cela que je cherche, des points de vue… A tous points de vue… Ce midi grande discussion philosophique sur les désirs et rêves de chacun…

Au resto j’ai rencontré un jeune américain, il est envoyé par son gouvernement pour s’occuper du milieu ambiant. De l’eau ? Non pas de l’eau. Car ici ni eau ni électricité. Au resto je bois la limonade en me disant que je bois la même eau croupie que celle dans laquelle j’ai puisé pour me laver les mains. Et puis quand je demande à la dame du resto si je peux me laver les dents avec cette eau elle me dit que non, il y a deux eaux, celle du puits (très loin là-bas, cherchée à dos d’ânes) et l’autre je n’ai pas bien compris d’où elle venait, elle ne vient ni du puits ni d’un rio… cela me rassure sur la teneur microbienne de ce que j’ai bu. De toute façon j’apprendrai que l’américain il a été aussi souvent malade au début de son séjour, alors ce n’est pas de pédaler qui rend malade, ce sont les conditions d’hygiène… Et vous savez pourquoi le cancer de l’œsophage a disparu en France ? Non, pas les radios, non pas le scanner, non l’Irm non plus, non pas tous ces médicaments qui vous guérissent d’un coté et vous tuent de l’autre et qui engraissent l’industrie pharmaceutique, non ce qui a fait disparaître le cancer de l’œsophage c’est l’usage du frigidaire qui a entrainé une disparition des gastro-entérites, lesquelles entrainent des inflammations et lesquelles à répétition font que statistiquement un jour une cellule se dérègle et devient cancéreuse… Alors dépenser plein d’argent pour les images et les médicaments n’est pas forcement le meilleur moyen d’élever le niveau de bonne santé d’une population… Revenons à nos moutons, euh à nos chèvres…

Les arbres jouent aussi leur petite symphonie…

Parfois une église jaillit au milieu de nulle part…

Je traverse une zone qui doit se faire inonder pendant la saison des pluies…

Là c’est une quebrada, avant en Colombie je croyais que c’était que des petits cours d’eau vu que je ne les ai vu que plein d’eau, en fait ce sont des lits qui recueillent l’eau de pluie seulement quand il pleut, c’est mon guide quetchua qui m’a expliqué cela et tant d’autres choses…

Le paysage change un peu et les vaches apparaissent…

La montagne a quand même du mal à me lâcher…

L’arbre me salue…

La clôture annonce la civilisation (peut-être…)

Je cherche un peu tard (comme d’hab) un endroit où dormir, je repère une maison plus jolie que les autres, la dépasse, reviens,demande, je peux planter ma tente à coté de chez vous ? Pas de problème, et chez vous, pas de problème. Je m’installe, en fait c’est un café, du coup je craque pour une bière tiédasse, bin oui, pas d’électricité, pas de réfrigérateur, la bière elle me fait plaisir et ce sera mon obole pour l’hospitalité.

En chemin j’ai trouvé deux tiendas et un resto, ai réussi à faire le plein d’eau et de vivres de survie, je me restrictionne, surtout sur les aliments sucrés, ce n’est pas une bonne chose, plus tard je commencerai à avoir des vertiges et vais repaniquer et paniquer ma famille. Ici à la casa de ciclista j’ai rencontré un colombien qui voyage sans argent, que de ce que les gens veulent bien lui donner, moi je reconnais que j’ai du mal et les vrais repas je dois les compléter par des sucres rapides et des sucres lents…

J’ai comme d’hab droit à mon petit coucher de soleil des mers du sud…

C’est le pied…

Bon le bivouac s’annonce tranquille, sauf que c’est un bistrot, non les gens ne vont pas faire la fiesta toute la nuit, seulement le groupe électrogène… A une heure du mat je crois que je vais craquer quand… il s’arrête…

De cette belle journée quelques vers (qui riment, pas des verts de terre, mon obsession de la nourriture s’arrête aux fourmis…), je les note avant qu’ils ne s’envolent dans un endroit où dorment ou s’agitent tous les trésors du monde…

Bisous tout le monde….

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