J168-J181 : la vuelta J9 : de plus en plus dur, portage…

Vendredi 15 juillet 2011

Bivouac à Cochapampa – Bivouac après Angasmarca à 3200m

Distance parcourue : 22,84 km
Vmoy : 4,9 km/h Vmax : 20,6 km/h
Température : minima : 13°, maxima : 29°
Dénivelée positif : 270 m
Dénivelée négatif : 512 m
Heures sur le vélo : 4H38’55 »
Départ : 9h 30
Arrivée : vers 17 heures

Résumé de la journée

  • Conditions météorologiques : soleil, nuages l’après-midi, petit vent de la Cordillère, quelques gouttes de pluie en soirée
  • Objectif : avancer
  • Etat de santé : bon
  • Particularités de la journée : la piste est extrêmement difficile et ça empire d’heure en heure, lesquelles heures ne me font pas avancer bien vite, je vais repasser à 3400 mètres, devoir décharger mon vélo pour passer une côte de sable, bref c’est dur, mais il n’y a pas de véhicule motorisé, le paysage est magnifique et je fais connaissance avec le Pérou de la Cordillère pour qui le Pérou ce n’est pas le Pérou. Je mate (pas dans le sens regarder mais remettre à sa place) un péruvien qui vient m’embêter à mon bivouac sauvage… L’abuelacyclofluo elle veut bien être gentille, mais il y a des limites…

Les points forts :

  • Je suis partie un peu tard, car se préparer sous six yeux c’est un peu dur…

Et j’ai un peu fait sécher la tente qui a condensé à l’intérieur du double toit car montée sans les piquets sur la terre battue aussi dure que du béton c’est pas top, en plus le soleil ne pénètre que tard dans la cour où je suis installée, donc j’ai mis la tente à sécher de l’autre coté de la route, si l’on peut appeler ça une route, c’est plutôt un chemin étroit, caillouteux, gravillonneux, sablonneux et troueux…

  • La route est difficile, elle monte et descend…

Pierres, gravier, sable, étroitesse de la route, ravin sont de retour…

Je pédale dans les descentes jusqu’à la limite de sécurité…

Allez le beau se mérite…

Après la petite ville de Angasmarca

Je crois que ça va s’arranger c’est pire, il me faut descendre et monter des dunes, à un moment je dois décharger…

Quand même j’ai essayé, la preuve, les traces…

Même les motos déchargent…

Je n’arrive pas à avancer, mes pneus sont inadaptés et qui plus est celui de devant est lisse…

Les pièges sont de toutes sortes…

Y a aussi le ravin…

Les ponts défoncés, ouf j’ai pris le neuf…

Je ne comprends pas que les pistes puissent être dans être dans un tel état alors qu’ici il y a de quoi les paver d’or…

Il n’y a pas que de l’or, il y a aussi du charbon…

Je croyais atteindre le village de Pallamarca, j’en suis encore à 2 heures et demi de bus, soit 2 jours et demi de vélo…

Y a pas je me suis engagée dans un truc hyper dur, si j’avais su je crois qu’avant de partir j’aurai équipé mon vélo de vrais pneus de VTT… Je commence à me demander combien de jours je vais mettre pour sortir de ce truc…

Je n’ai plus d’espoir de retrouver le goudron avant 250 km, c’est dur d’évaluer les distance même avec mes deux cartes et ma loupe…

Bon je garde le moral, maintenant que j’y suis, j’y vais… Et puis j’ai du beau, de l’absence de circulation…

Je fais connaissance avec le Pérou profond de la Cordillère, le Pérou oublié de tous, là où les gens ne sont bons qu’à trimer soit dans les champs, soit à la mine… La personne qui m’a accueillie la nuit dernière dans sa cour a travaillé dans la mine, il a eu un accident sans séquelle, mais maintenant préfère vivre dans un petit village à 3200m, il survit grâce à son commerce où les clous font bon ménage avec le coca, denrées et antibiotiques diverses… J’ai vérifié discrètement la date de péremption des tétracyclines (car les tétracycline sont un des rares médicament qui deviennent toxiques en vieillissant, tet les cycloabuelfluo aussi…), c’est bon la date de péremption n’était pas dépassée…

Des arrière-cours très pauvres…

Mais qui savent jouer avec les couleurs…

Des conseils de sagesse…

Des maisons qui s’écroulent…

Des femmes qui lavent le linge accroupies par terre…

La vie très dure à 3400 mètres…

Avec quand même une école qui accueille 48 enfants, des enfants qui font trois pas en avant, deux en arrière et qui finissent par avoir le courage de m’aborder tandis que je fais ma première pause nourriture, la petite fille porte le chapeau rouge qui vient de Santa Cruz, il faut que je redescende, tant pis, je m’en passerai et n’irai pas en acheter…

Il y a les ânes, les vaches et les moutons qui me regardent en se demandant ce que je suis bien venue faire ici…

Certains fabriquent des parpaings de terre pour construire leur maison…

D’autres vont…

Ou viennent, difficilement…

A 3400 vivent encore les girafes, même qu’il y en a de plusieurs sortes…

Les ultra-modernes…

Les rouges et blanches…

Les un peu vieillottes…

Les vertes…

Et bien sûr il y a les paysages…

De cultures diverses…

Avec une irrigation ancestrale…

Le paysage est parfois spectaculaire…

Ou surprenant…

Ou époustouflant…

Ou magique (amis lecteurs envoyez-moi une liste de synonymes, moi je suis pas comme Oscar, un autre colombien, je transporte pas une mallette de dicos avec moi… Enfin lui il a pas pris le même chemin…)

Ou s’irise de couleurs…

La montagne est bien présente…

Avec ses rios qu’il faut toujours descendre et remonter (mais là vu l’état de la piste je crois que je préfère encore monter, car retenir dans la descente c’est très râlant…

Les géraniums qui sont pas en pot, donc plus beaux…

Il y aura le repas du midi pour à peine plus d’un euro, soupe consistante et viande en sauce délicieuse, riz pommes de terre et limonade maison au jus de pomme…

Il y aura le chauffeur de bus qui me demande ce que je fais vu qu’il m’a déjà croisée il y a une semaine, j’essaie de lui expliquer qu’une heure de bus c’est un jour de vélo chargé, mais le message ne passe pas…

J’aurai pu rester à Angasmarca, il y avait même un hôtel, mais je veux avancer. J’ai dans l’idée de me trouver un endroit de bivouac tranquille en dehors de toute habitation car j’ai besoin d’un peu d’intimité, d’un peu de solitude, et je voudrais aussi écrire… je me prête de bonne grâce à toutes les questions mais arrive un moment où stop, le stop est arrivé…

Je trouve un super endroit, je peux installer mon vélo en équilibre instable au bord de la route pour le décharger, on ne me voit pas de la route. Un peu plus haut, devant et derrière deux maisons peuvent me voir et au bruit des enfants et des chiens je sais qu’un hameau n’est pas loin, mais je compte sur l’accueil et la discrétion des péruviens. Bientôt deux hommes surveillent mon installation, pas de réponse à mes deux « buenas tardes », je continue à vaquer à mes occupations, notamment nettoyer ma chaîne et mon dérailleur. Puis l’un des deux vient me voir, il me réclame de l’argent, j’apprends un nouveau mot « deliciosas », il veut 10 soles, il partira avec 5. Un deuxième vient, il a le visage un peu déformé, il a dans la main un espèce de truc en forme de poire avec un petit tuyau dans lequel il trempe comme un bâton et le suce, il a aussi un sachet de graines de je sais pas quoi qu’il veut me vendre, je suppose que tout ça c’est de la drogue. Les gens sous l’emprise de la drogue ou de l’alcool j’aime pas trop, on ne peut ni les raisonner ni désamorcer un conflit… Quand même je suis énervée, alors il prend pour l’autre, je lui demande si je vais voir tous les hommes du village défiler pour me demander de l’argent, que je viens du Vénézuela, que j’ai fait 6000km en vélo, que là la route a été très difficile, que j’ai 63 ans, que la seule chose dont j’ai besoin c’est du repos et de la tranquillité et que depuis 6 mois on m’a invitée, on m’a logée, on m’a nourrie gratuitement et que c’est bien la première fois qu’on me réclame de l’argent. Je crois que j’ai du l’impressionner, il a pas demandé son reste et il est parti… Tandis que je prenais ma douche maison, je vous dis pas la couleur du jus qui sort, j’ai entendu un homme passer à cheval… J’ai quand même bien verrouillé mon vélo, introduit la roue arrière sous l’auvent de la tente et l’ai attaché par deux extenseurs à la tente. J’ai aussi viré les grosses pierres qui trainaient, mais quand même à 2 mètres il y a un gros tas, je ne peux pas tout virer… Et même pas peur…

Bisous tout le monde

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8 réponses à J168-J181 : la vuelta J9 : de plus en plus dur, portage…

  1. christine dit :

    si t’es encore énervée, c’est que tu n’es pas dans ton rythme?
    Un copain nous a dit hier: je suis dans la tourmente, je suis tout ‘énervaté’
    C’est parlant, non?
    allez, courage, christine

  2. Vraiment dans le Pérou profond ; c’est extraordinaire voire extraterrestre ce que tu fais !
    Courage à toi Françoise et bises par kilos.
    Hasta pronto si tu peux

    • Francoise dit :

      Je crois que j’ai fait un truc extradur mais j’ai découvert un Pérou peu connu… J’ai eu des nouvelles de Lucho de la casa de ciclista, les nouvelles circulent entre cyclos, paraît-il que je l’ai impressionnée, ah bin si j’impressionne Lucho alors je suis très fière… Vous connaissez pas la suite, parce que la suite ça donne encore… Hasta pronto, faut quand même pas exagerer, je suis 6 mois devant toi… Besos

  3. Monica dit :

    Il n’y a pas de mots pour décrire la beauté sublime des paysages que tu traverses. Je comprends ton désir de solitude, afin de savourer dans le silence et t’imprégner de toutes ces merveilles qui s’offrent à tes yeux. La vraie de vraie beauté se mérite, tu souffres sur les pistes difficiles, éprouvantes, mais quel bonheur ensuite… Oui reste prudente malgré tout.
    Courage pour la suite du périple.
    Besos

  4. GODARD Michel et Nicole dit :

    Salut à toi Françoise et bon anniversaire comme on vient de me le rappeler! Nous débarquons juste de Turquie pays qui nous a surpris et ravi! Evidemment même les coins sauvages sont plus fréquentés que les pays que tu as traversés. Nous avons bien crapahuté en découvrant des trésors d’histoire très ancienne bien raconté par notre guide Turc francophile et cultivé……. En reprenant la lecture de tes commentaires , je suis d’abord attiré par tes photos (notamment les 2 Huascaran où un autre toubib s’était illustré en y restant 45 jours pour étudier ses réactions à l’altitude du col etre les 2 sommets: Nicolas Jaeger) ce pays que nous avons beaucoup sillonné en particulier de Huaraz à Llanganuco la zone historique de la Cordillère Blanche : 1977 !! Alors comme ça tu as besoin d’un peu de tranquillité? Jusqu’à ce que les contacts te manquent!! Nous ne t’oublions pas! Retour à Die dans les 3 jours et déjà escapade dans l’Ouvèze chez un très bon et vieil ami. Nous n’aurions pas aimé partir seuls comme toi; encore une fois nous avons fait de nouvelles connaissances et il devrait y avoir une suite: on aime celà, partager, revoir, discuter……… Je t’embrasse MiGO

    • Francoise dit :

      Coucou les amoureux, est-ce que Nicolas Jaeger a etudie les reactions d’une femme qui depuis plus de 6 mois monte, descend, monte, descend sans arret en depassant parfois les 5000 ? J’ai toujours eu besoin des deux, les contacts et la tranquilite, j’essaie de gerer au mieux… Bisous a vous deux et a tous les ours

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