Autrement dit les françaises sont folles…
Vendredi 1er février 2013
Rio Grande – Quelque part sur la ruta 3 en Tierra de Fuego
72,79 km
Non, je n’ai pas de rage coupé mon vélo en deux… Hier, il est 10 heures du soir, je prépare mes affaires en vue de partir tôt quand l’aubergiste fait irruption dans le dortoir des filles (oui, ici on sépare) , il me confie une française, elle s’appelle Anne-Sophie, elle est hagarde, une histoire de rendez-vous manqué, une balise de je ne sais quoi autour du cou, et surtout, surtout elle voyage en monocycle… Elle ne sait plus dans quel sens aller, elle ne s’attendait pas à un tel vent, elle vient d’Ushuaïa, a 31 ans, travaille dans la motorisation électrique des vélos, a passé 2 nuits à lutter avec sa tente contre le vent, aujourd’hui elle n’a fait que 3km, et 20km en stop (et ça elle l’a en travers et je la comprends), elle n’a pas mangé depuis hier… Ma cocotte, tu ne vas pas te laisser abattre comme cela, retour dans la cuisine, je demande à l’aubergiste si il peut la nourrir gratis, pas de problème, allez Anne-Sophie, demain est un autre jour, tu verras bien…
L’aubergiste, sa femme et un jeune couple d’allemands baroudeurs en concluent que les femmes françaises sont folles… Tet, tet, mais qu’elle est bonne cette folie… Dans tout ça je rebois un petit coup de bière, on tchache et je me couche à des pas d’heures et je dors comme un bébé… Réveil à 6h45, je n’entends pas le vent, je bondis, oui, c’est juste qu’on ne l’entendait pas dans le dortoir… Il fait très froid… Vite je me prépare, pars en faisant le moins de bruit possible, ici en Argentine on se couche tard et on se lève tard, il y a juste le vent qui lui ni ne se couche ni ne se lève, vu qu’il souffle en continu… A 4h30 du matin le jour lui se lève, oui je commence à être très au sud…
Les 10 premiers kilomètres sont hard, je le savais, je le savais, j’ai un fort vent contre, je pédale 8km puis je pousse, puis la route tourne, vent de travers, puis retourne, vent favorable…
Et j’avance, j’avance…
Toujours pampa à droite, pampa à gauche, je prends peu de photos, à chaque fois c’est le risque de chute, Anne-Sophie m’a dit n’avoir pu en prendre une seule… J’apprécie mon deux roues…
Je continue à ne pas aimer les ponts…
Et à faire fi du nom des rios…
Et à 30 Km comme je l’avais calculé les premiers arbres, un peu tristounets les arbres, mais là quand même et comme prévu le vent diminue.
Puis plus touffus les arbres…
La route le long de l’Atlantique est un vrai régal, surtout avec un petit vent favorable…
On se croirait presque chez nous…
Ti vélo l’est toujours le plus beau, même si il n’a plus le droit de se reposer à cause de la béquille cassée…
Quant à moi il est temps que j’arrive à Ushuaïa car je suis de plus en plus décrépie…
Deux ou trois cotes me feront souffrir…
Allez, une petite plongée dans l’Atlantique…
Tiens, une ex-laguna rouillée…
La forêt abrite sûrement des sorcières…
Puis je vais à nouveau traverser un no man’s land où seul le vent a droit de cité… Mais je suis en super forme et j’avance bien…
Après le no man’s land venteux je suis fatiguée et je plante ma tente dans la première zone peu ventée. Quelle erreur, quelle erreur, mais suspens, suspens… La suite demain…
Les chiffres :
Départ 7h55, arrivée vers 15h30
72,79 km
Vmoyen : 11,6
Vmaximum : 42,7 km/h
Dénivelée positif : 549m
Temps sur le vélo : 6h16’04 ‘’
Température à l’arrivée : 16°, je rappelle le vent glacial, 3 gouttes de pluie sous la tente
Bisous tout le monde