Dimanche 25 septembre 2011
Je suis tombée le 30 août dans la descente d’Ocros, outre les plaies et bosses, petite fracture de la tête humérale, après avoir dans un premier temps raflé tous les antalgiques du village dans l’intention de continuer, je me suis le lendemain rendue à l’évidence, je ne pouvais… Je savais que c’était cassé, j’avis reconnu la douleur de la fracture et j’en avais tous les signes, alors j’ai décidé de rentrer et de revenir là où je m’étais arrêté, en mars 2012… Et puis il n’y avait pas de place dans le bus de Lima, et puis le premier bus qui est passé allait à Ayacucho et dans le bus sans bouger j’ai commencé à reprendre mes esprits et me dire que peut-être… A Ayacucho j’ai constaté que l’hôpital n’était pas mieux que celui de Die, sauf que eux ils m’ont pas écrabouillé la main… A Ayacucho une vieille quetchuase m’a manipulée sans anesthésie, tout pareil que la tentative de réduction de la fracture sans anesthésie à l’hôpital de Die, sauf que à Ayacucho toute la famille du magasin de vélo m’assistait et me réconfortait…
Et puis ça ne s’améliorait pas, je rentre, je ne rentre pas, j’ai longtemps hésité et puis j’ai décidé de rester, et puis j’ai été pédalé à la salle de gym et l’appareil n’était pas adapté à ma morphologie, quand j’ai compris que j’étais en train de fusiller mes genoux, je suis repartie sur la route, poussant le premier jour, remplaçant la rapidité par la durée, et petit à petit j’ai repédalé, j’ai crié, hurlé, gémi mais jamais pleuré… Et voilà, je suis arrivée à Cusco et là j’ai pleuré…
Cette victoire je l’offre à mon fils aîné, il ne m’a dit ni de rentrer ni de continuer, juste je sais qu’il est super content que je n’ai pas abandonné…
Cette victoire je l’offre aussi à ma petite fille Salomé, elle fait un sport à risque en compétition (le ski), a déjà connu les blessures, en connaîtra d’autres, elle sait que ça rend plus fort, c’est Luc Alphand qui lui a dit et Luc Alphand c’est un grand champion et des blessures il en a connues.
Et puis je remercie tous ceux qui m’ont soutenus durant ces jours difficiles.
Dans ma tête trotte encore la petite phrase d’Enzo « Je vois que tu avances bien », une petite phrase d’un grand cyclo d’Amérique Latine, je ne suis pas prête de l’oublier cette phrase…
Ma blessure est loin d’être guérie, mais je sais que je peux y arriver…
La Bolivie sera dure, tous me l’ont dit, les mauvaises pistes, les cols à 5000, le froid, la saison des pluies qui déjà est là, on verra…
Donc Dimanche 25 septembre 2011
Izcuchaca – Cusco
Je n’ai pas fait le relevé de mon compteur et là tout s’est effacé…
Je me souviens m’être dit que c’était bien présomptueux d’avoir voulu atteindre Cusco la veille car, surprise, la route monte…
Je me souviens des premières larmes aux signes annonciateurs de Cusco…
Je suis arrivée à Cusco par la petite porte, la porte du vrai… Pérou… Les vrais touristes arrivent en avion…
Mais j’ai droit à ma vue plongeante sur Cusco…
Et je peux admirer des ruines sans descendre de mon vélo…
Et comme souvent le beau et le laid se cotoient…
Les péruviens n’ont pas encore compris qu’ils sont assis sur une mine d’or… Si, certains ont compris…
Pour me diriger je demande la Plaza de Armas, j’y arrive…
Cusco est encore plus belle que dans mon souvenir, elle a fait peau neuve, et ma fois c’est plutôt réussi..
Un rabateur m’emmène sur un hôtel, l’hôtel me convient, je négocie quand même, j’y reste, et ti vélo il a droit à ses deux ponchos, oui parce que la pluie redégringole très fort…
Quand même aux couleurs du pays les ponchos, et c’est encore une très heureuse abuelamamitacyclofluo qui vous envoie ses bisous…