Jeudi 12 avril 2012
Bivouac au bord de la carretera austral – Baraque de chantier sur le bord de la carretera austral
Kilométrage : 51,10 km
Vmoy : 9,8km/h, Vmax : 40,9 km/h
Heures sur le vélo : 5h11’35″
Température 8° à 20°, nuages et éclaircies, vent qui se lève en milieu de matinée pour devenir violent l’après-midi, plutôt favorable
Dénivelée positif : 507m, négatif : 615m
Hier j’ai eu du mal à gérer mes chauds et froid… Et si le ciel était bleu l’humidité est là, toujours et partout… La nuit fut glaciale et humide, tout est à nouveau intégralement mouillé dans la tente…
Qui plus est je fais en trois étapes ce que j’avais prévu en deux, alors, alors ? Je n’ai plus rien à manger…
Je quitte mon aire de bivouac tip-top…
Je n’attends pas le soleil qui non seulement se joue de moi mais joue tout court…
Je me dis que finalement mon aire de bivouac eût pu être pire…
J’ouvre à nouveau grands mes yeux…
Parce qu’honnêtement c’est super beau…
Oui, c’est beau mais moi aujourd’hui je n’ai pas de jambes, je suis très fatiguée… Parfois il y a des plaines avec des troncs d’arbre dont je ne sais si c’est l’oeuvre de l’homme ou de la nature…
La route est déserte, de hautes falaises m’impressionnent…
Moi qui pensais faire des chronos sur cette portion de route goudronnée c’est raté, entre mon manque de forme et la montagne à grimper je n’avance pas vite…
Je suis souvent à l’ombre, le soleil a déjà bien baissé, l’été s’éloigne à grande vitesse… Dés qu’il y a un replat des fermes et des pâturages…
La route est belle, quasi déserte, monte et descend avant de franchement monter…
Elle monte et descend avant de franchement monter…
Un joli petit kiosque (c’est là où on vend galettes et boissons) fermé à cette période de l’année m’offre son banc pour me permettre d’avaler mes dernières galettes…
Et c’est parti pour une grande montée avec de vrais virages et un coup le vent favorable et un coup contre…
Déjà loin en bas le rio…
Et l’eau omniprésente…
La montagne, toujours différente est très présente et mon manque de ressort dans les jambes aussi…
Les arbres déjà là-haut se sont mis en position hiver…
Bien que très fatiguée je ne suis pas dupe, non, ce n’est pas un volcan qui fume…
Je l’ai dit : ambiance très montagne…
J’arrive au minuscule village de Villa Amengual où sur un coup de sonnette l’épicerie sera ouverte, ouf, je peux manger et refaire des provisions…
Courageusement je repars, alors que l’on me propose un endroit où poser ma tente…
Le Chili est vraiment un pays très coloré, que ce soit à Valparaiso où dans un village perdu de Patagonie, et moi j’aime ça…
L’architecture aussi me plait…
Et le soleil souvent absent a quand même laissé son empreinte…
Quant à l’eau souvent présente elle sait aussi changer de couleur…
Et monte monte la route…
Et descendent descendent les cyclotouristes…
Et gambadent, gambadent les chevaux…
Et volent, volent les nuages
Comme pour mieux souligner l’immobilité des glaciers…
Là, je ne sais plus c’est de l’eau c’est sûr, mais lac, rio ou fjord ?
Et que font ces troncs là ? Forêt engloutie ? Souche plantée ? Ou hallucination d’une cyclo fatiguée ?
Et lui là ? Encore une hallucination de la cyclo fatiguée ?
Eclair de génie, j’ai compris, l’arbre mort va tomber et se planter dans le lac-rio… En fait j’apprendrais plus tard que c’est l’éruption volcanique d’il y a 20 ans qui a tué la forêt et modifié le paysage…
Quant aux nuages, ils ornent le ciel de dentelles…
Et pourquoi tous ces arbres sont-ils morts ensemble ?
Et pourquoi y-a-til tant de montagnes, ce qui m’oblige à m’arrêter mille fois pour les prendre en photos et me prend ensuite un temps fou pour les mettre en ligne ?
Et qui s’est amusé à la ronger la montagne ?
Et qui en a coupé un morceau ?
Et qui a déposé là cette bande de neige ?
Le soleil est depuis longtemps couché dans la vallée et la cyclo épuisée pédale encore…
Bientôt il fera nuit et pédale la cyclo…
Cyclo qui ne peut s’empêcher de photographier son petit vélo, lequel ne lui a pas encore offert la crevaison du jour…
Mon Dieu, que la montagne est belle…
Alors là je ne savais pas que cela pouvait exister, une route en pavés auto-bloquants…
Et là ce n’est pas un conducteur loco d’Amérique latine qui s’est encastré sur la barrière de sécurité, non c’est juste un arbre… Je vais peut-être planter ma tente un peu plus loin…
Plus loin c’eût été bien, mais des travailleurs de la route auprès de qui je me renseigne me conseillent une petite maison 6 km plus loin… Ce sera 7 km, moi j’imaginais une petite chaumière où je puisse faire du feu, me réchauffer, faire sécher mes affaires… Non ce sera une baraque de chantier désaffectée, froide mais sèche… J’arrive, la nuit tombe, il est 6h45… Dure et belle journée de montagne…
Bisous tout le monde