J49 : touchée mais pas coulée

J49 : touchée mais pas coulée

Vendredi 11 mars 2011

Casa Vieja lieu-dit de quatre maisons à 3000 mètres d’altitude – El Presidente

Distance parcourue : 6,67 km

Vmoy : 4,9 km/h  Vmax : 8,5 km/h

Température : 13° départ°, en cours : 21°, arrivée : limite inconsciente, je sais pas

Dénivelée positif : 249m dénivelée négatif : 0m selon compteur

Heures sur le vélo : 1H20’18 »

Départ : 7h00

Arrivée : je sais pas, limite inconsciente

Résumé de l’article : (pour ceux qui roulent ou les flemmards ou les gens normaux que mon délire n’intéresse guère ou ceux qui bossent comme des malades pour payer la retraite des vieux croulants comme moi, merci d’enlever le c)

  • Objectif : passage du col à 4000 mètres d’altitude puis Cerrato ou Malaga
  • Conditions météorologiques : ciel couvert  puis beau temps puis je sais pas, le soir le village est dans le brouillard
  • Etat de santé : excellent au départ puis foudroyée par vomissements et malaise très important puis diarrhée et fièvre
  • Degré d’euphorie : bon au départ, catastrophique ensuite, j’ai bien cru que j’allais mourir
  • Particularités de la journée : Ca se corse, ce n’est pas une route mais une piste, ça monte bien sûr, route coupée, descumbre (éboulement) infranchissable, dangereux, ça continue à tomber, un camion est pris au piège, sous l’œil averti d’un connaisseur (qui dit quand les pierres vont tomber et quand ça se calme) et avec l’aide de tous ceux qui sont coincés passage du vélo et du bazar. Puis peu de temps après avoir bu du coca qui avait trainé, vomissements, malaise très important, je m’arrête me couche sur le bas coté, demande de l’aide, impossible de me redescendre, la route est coupée, trop dangereux de me faire passer à 4000 mètres, on me trouve un lit, un sac plastique, ça se calmera en début de nuit.

Tout a bien commencé. L’ambiance sur le parking de l’hôtel isolé à 3000 mètres est celle d’un départ en course de montagne. Les gens savent ce qu’ils vont affronter, moi pas… Je me prête volontiers à la séance interview photos et rigolade et je pars sereine. Ca monte, je monte. La route se transforme en piste, cela va être plus dur que prévu, mais il ne pleut pas. Soudain embouteillage, un autobus est en travers, le conducteur trafique sa roue, je pense que là est l’origine de l’embouteillage, j’attends un peu puis me faufile. On me dit que je ne peux pas passer qu’il y a un éboulement, que c’est très dansgereux, je comprends qu’il faut un camion pour passer, je dis que si un camion passe je peux passer et je vais voir, au début je vois beaucoup de boue et une grosse pierre au milieu, je me dis ça passe, oué sauf que derrière le virage c’est toute la montagne qui est partie avec un camion au milieu et que ça continue à tomber. Je retourne à mon vélo pour prendre mon appareil photos afin d’immortaliser la chose. Un homme comprend que je veux passer, je ne veux pas, ça continue à tomber, il me dit qu’il a l’œil, je lui fais confiance et je le suis, je fais des photos, deuxième passage de la zone d’éboulement pour retour au vélo. Conférence au sommet pour savoir ce que l’on fait. Décision prise de passer la bicyclette déchargée, puis de ses sacoches. Un enfant s’amuse beaucoup de toute cette agitation et aimerait bien passer le vélo, je refuse. L’homme qui a l’œil va passer la bicyclette, il réclame un peu d’argent, les autres me disent que c’est une aide gratuite qu’il ne faut rien donner, je dis que si il demande c’est qu’il est pauvre, décision est prise que je donne un peu. Et voilà la caravane de passeurs partie, notez bien car tout a son importance : en tête l’homme qui a l’œil, puis une procession de cinq ou six personnes dont moi qui suis en avant-dernière position. L’homme qui a l’œil n’en a pas derrière, soudain sur moi et la personne qui me suit un éboulement, je vous dis pas à quelle vitesse j’ai fait un bond en arrière et me suis planquée derrière celui qui me suivait, dans ces cas-là (et je l’avais déjà remarqué dans une attaque d’essaim de guêpes alors que nous étions un groupe d’amis en VTT) c’est le sauve qui peut général et chacun pour soi, leurs histoires de Titanic je veux bien, mais je crois que l’être humain va protéger ceux qu’il aime, pour les autres son instinct de survie va être plus fort que tout. Mon instinct de survie a donc fonctionné. Un autre œil resurveille et nous donne le feu vert, on y va, ouf on sort de la zone dangereuse, je remercie tout le monde, réinstalle tout sur mon vélo, entretemps le soleil s’est levé, j’ai soif, je bois du coca qui a traîné deux jours avec des transvasements de gourde en gourde, déjà le matin il ne m’avait pas paru bon. J’avais jeté une bouteille de catogate entamée mais pensais que le coca c’était imputrescible. Peu de temps après je suis prise de malaise et de vomissements, je continue en poussant ma bicyclette, je passe devant une maison, les gens veulent me parler, je leur dis que je ne peux pas parler que je suis malade, je pousse et ça empire, j’arrive à El Presidente, je m’affale sur un talus, essaye de demander de l’aide, n’en reçois pas, soit les gens ne me comprennent pas, soit je leur fais peur, je suis là couchée sur le talus, le soleil me cogne sur la tête, je vais sur le trottoir en face à l’ombre, je me gèle, retourne sur le talus, me mets le kwé sur la tête, je vomis comme une malade, je ne peux même plus retenir  ma vessie, en clair je me pisse dessus, j’ai essayé de prendre des médicaments, j’ai une intolérance alimentaire complète, j’ai aussitôt tout revomi, je vomis aussi de la mousse, là je commence à m’inquiéter, me disant que je fais peut-être un mal aigu des montagnes et que je vais y rester si je ne redescends pas, ce qui me rassure c’est que je n’ai pas mal à la tête, je pense que je vais mourir comme un chien au bord de la route. Arrive une jeep rouge un peu rutilante, trois hommes bien habillés en sortent. Je leur explique la situation et demande de l’aide. Ils disent que le mal aigu des montagnes peut se manifester seulement par des vomissements, je leur demande de me faire passer le col et de me redescendre, la route est coupée en bas, pour plusieurs heures ou jours. Ils estiment que c’est trop dangereux de me faire passer le col, si c’est le mal des montagnes je vais y rester (maintenant que je connais la route, je comprends, les véhicules motorisés mettent à peu près autant de temps que moi). Ils me trouvent un lit et un toit, je ressors aussitôt pour vomir, ils me demandent de rester couchée et m’apportent des sacs en plastique puis me laissent. Je vais ainsi rester seule de nombreuses heures à vomir et être très mal. Au début quand je vomis je suis soulagée environ dix minutes, puis ça recommence, puis ça n’en finit plus. J’ai quand même eu la force de sortir mon duvet et de déshabiller le bas, pas le haut. Je pense maintenant que je vais mourir comme un rat dans son trou. Puis me prend une envie d’aller à la selle, je pense que je vais pas arriver à me lever et enfiler un pantalon pour aller aux toilettes qui sont dans la rue à coté du restaurant, et je pense qu’en plus de mourir dans ma pisse je vais mourir dans ma merde. En prenant un pantalon je vérifie mon téléphone, pas de réseau, le mec m’ a vraiment vendu une merde, sinon j’aurais appeler de l’aide. J’arrive à aller aux toilettes, je me vide de tous les cotés et là je suis soulagée une demi-heure, puis ça recommence puis la fièvre se met à grimper, moi qui n’en ai jamais eu j’en suis à ma troisième poussée. Je remarque que quand je suis soulagée si je bouge ça recommence, c’est un comble ça avoir le mal de mer en montagne. Vers 19 heures un léger mieux je vais acheter du seven up, j’arrive à en boire et en même temps des médicaments, je vais enfin réussir à dormir. Tout d’un coup je suis réveillée par des tambourinements à la porte, j’avais fermer la porte mais sans mettre le bâton en travers, je crie que c’est ouvert, les tambourinements reprennent, j’allume, on a fermé pendant mon sommeil, je vais ouvrir, en fait je suis dans l’hôtel du village composé de deux chambres l’une avec deux lits, l’autre trois. Je ne sais si l’hôtel sert uniquement de refuge aux personnes en perdition comme moi, en tous cas on ne m’a pas fait payer. Je me rendors.

Ce fut l’étape la plus courte de mon équipée, ce fut la plus dure, là j’ai été durement touchée, mais pas coulée…

Bisous tout le monde

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5 réponses à J49 : touchée mais pas coulée

  1. Cyril dit :

    Que d’aventures…. C’est impressionnant. J’espère que tu t’es bien remise de tout ça et que descendre t’as fait du bien.
    j’ai presque réussi à lire le J50 en avant première mais il a disparu aussi vite que j’ai cliqué…. En cours d’écriture.

  2. Monica dit :

    C’est un recit effrayant que tu nous decris. J’espere que tu vas trouver un endroit calme pour te reposer et reprendre des forces avant de continuer ta route. Plus toutes tes lessives a faire et etendage Quel travail. Allez bon courage. Ton ange gardien va reapparaitre
    Besos

    • Francoise dit :

      Ce n’est pas que la lessive, c’est aussi la pluie, la transpiration, descendre m’a fait du bien, la j’ai une peche d’enfer, je remonte, je compte me reposer trois jours tout la haut pour reacclimatation a l’altitude et ???? la je dis rien car il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tuee… besos

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