J6 ou 6ème PCVF ou première attaque de brigands

J6 ou 6ème PCVF ou première attaque de brigands

Mercredi 26 janvier 2011

Porto Cruz del Limon-Museo Archeologica quelques kilomètres et un certain nombre de mètres en dénivelée au-dessus de Hacienda Limon, soit au total 33,35 km

Tout a bien commencé, lever 6 heures, la turista va mieux mais ne peux avaler que du coca.

Départ 7 heures, j’ai des provisions : l’espèce de brioche chimique, du chocolat, plus d’un litre et demi de coca et quelques 4 litres d’eau.

Il fait 19°, pour moi c’est frais j’ai donc enfilé mon collant gris, un sous-pull doux et ma petite polaire orange.

Personne n’est encore dehors, tout est fermé, le lever se fait un peu plus tard ici, je pédale, rencontre quelqu’un et m’arrête pour vérifier que suis sur le bon chemin, cette fois-ci ne me suis pas trompée. J’ai du mal à redémarrer ( la pente), je pousse, c’est un régal de pouvoir pousser après avoir porté si longtemps. Comme tous les matins le ciel est d’un bleu d’enfer, bientôt je quitte la polaire orange mais il me faudra longtemps avant de quitter le collant, la route est ombragée et quasi déserte. Je me sens toujours autant en sécurité. Régulièrement je bois du coca, je sens vraiment que c’est mon EPO à moi, et puis ça passe bien, très très rarement j’arrive à monter sur mon vélo, je pense que la pente avoisine les 20 %. Ainsi passent les heures dans un paysage digne d’un conte de fées avec les petits oiseaux et tout et tout. Je traverse un minuscule village de dix maisons, parfois des boutiques en terre battue sont abandonnées le long de la route. Une camionnette me dépasse et s’arrête, ça y est je me dis c’est le raquettage ou l’enlèvement, non c’est juste qu’ils me proposent de m’emmener plus loin, je leur explique mon choix, ils comprennent,( zut les bêtes rentrent dans la tente, me demande vraiment par où), je leur demande si ils n’ont pas de coca à me vendre vu qu’ils transportent des bouteilles, en fait elles sont vides, ils me disent que je trouverai des boissons fraiches 1 km plus loin, je n’ai pas trouvé, soit le système métrique vénézuelien est différent du français, soit je suis pas douée… Bientôt commence une longue descente, entrecoupée de montées et surtout d’énormes éboulements et de non moins énormes nids de poule, je suis très très prudente, plus la route est bonne, plus le danger surgit inopinément . Je passe dans une zone d’élagage, tout est fait pour remettre en état la route depuis les dernières inondations .J’arrive à Hacienda Limon, la première boutique ne vend pas de boissons, sauf de la bière, aujourd’hui non, la deuxième boutique vend coca et eau, j’achète une bouteille de chaque, je trouve que l’eau du robinet de Puerto Cruz que j’ai pastillé a une couleur marron peu engageante. Je me renseigne aussi sur la route, combien de kilomètres jusqu’au prochain village, et si ça monte et si ça descend et si on peut y dormir, il reste 18 km et ça monte. Ca monte, cela fait cinq heures et demi d’effort sans interruption, je décide de m’arrêter. Je demande si il y a un endroit où on peut dormir, réponse : non. Je dis que j’ai ma tente, ne puis-je la planter quelque part ? Réponse : pas ici, au musée archéologique pas loin sur la gauche. Une très jeune fille (17 ans) me propose de m’accompagner, pourquoi pas, j’accepte sauf que ce sont cinq brigands qui m’accompagnent, on rit, on chante on essaie de parler quand je vois ma pompe dans les mains d’un brigand, vite je la récupère et la remets en place et l’engueule comme du poisson pourri, bizarre, là je trouve les mots. Bientôt c’est ma sacoche à outils que j’ai eu tant de mal à rafistoler qui est détachée, je la remets en place. Et puis quoi ? Ma frontale dans les mains d’un des petits brigands, je la récupère, lui dit que j’ai des yeux derrière la tête et que je vois tout (c’est faux je bluffe). Les brigands commencent à me dire qu’il faudra que leur donne de l’argent pour m’avoir accompagnée, c’est contre mes principes, alors je leur explique que la jeune fille oui, mais que les petits non, que les enfants ne travaillent pas, qu’ils doivent étudier à l’école pour avoir une vie meilleure. On repart (faut dire qu’il y a plusieurs kilomètres à parcourir et que ça monte et se défendre contre dix petites mains fureteuses c’est difficile. Soudain je vois ma sacoche ouverte et mon porte-monnaie grenouille a disparu. Évidemment ils me montrent leur mains vides et leurs poches vides, je leur dis qu’il y en a un qui me l’a pris et l’a jeté dans le fossé. Je m’arrête et dis que ne repartirai que quand j’aurai récupéré mon porte-monnaie. Nous redescendons, ils l’avaient caché sous un rocher et avaient aussi enlevé les bolivares et les avaient cachés aussi, je récupère le tout (enfin le tout je sais pas mais je crois que oui). Une petite main fureteuse s’empare de la pochette de mon appareil photo, je lui dis de laisser ça, je fais un noeud avec les ficelles de la fermeture éclair, piètre protection ! Une camionnette s’arrête, j’explique mes malheurs au chauffeur, il me propose de m’emmener, mon dieu, le remède sera pire que le mal. Mon vélo est embarqué sans ménagement, et les enfants aussi.. Et nous voilà tous assis sur le rebord arrière, je me cramponne tant bien que mal pour ne pas gicler en dehors, pendant ce temps-là les petites mains fureteuses ont du se déchaîner. Mon sauveur nous laisse à l’entrée du chemin qui est fait d’énormes cailloux presque infranchissables. Je fais le bilan de ma sacoche, me manque l’appareil photo. Auparavant j’avais quand même donné 5 bolivares à la jeune fille, évidemment elle m’avait dit que ce n’était pas assez. Les gamins se sauvent, je les poursuis, ouf ça descend, car même dans ce sens ils courent vite, je les rattrapent. Ils me rendent l’appareil photo, puis la carte mémoire, je range le tout ils me reprennent le porte-monnaie, me le rendent et au passage me prennent 100 bolivares, me les rendent aussi, peut-être ils essaient, peut-être ils jouent, mais moi ça ne me fait pas rire du tout, me manque aussi la bouteille d’eau (qu’au passage ils avaient ouverts, histoire d’en perdre la moitié), donc ça ne me fait pas rire du tout d’autant plus qu’il faut que je regrimpe tout ce que j’ai descendu. J’arrive à nouveau sur le chemin de grosses pierres, sur la route passe un jeune homme en mobylette qui me demande si je n’ai pas vu les enfants, lui explique tout, lui dit que les enfants ont fait du stop et sont partis plus loin. Les voilà justement qui reviennent, ils se font engueuler par le jeune homme, la jeune fille devient très insolente, quand même je dis au jeune homme qu’ils m’ont tout rendu, j’apprends un nouveau mot « ladrones » Suant, soufflant, j’arrive à passer les grosses pierres, n’ayant pas envie de décharger pour voir à nouveau tout disparaître… J’arrive au musée, une petite maison, puis le musée et personne. J’appelle, allais repartir attendre parce que quoi qu’il advienne je ne vais pas plus loin, une vieille dame arrive et me dit que la personne arrivera vers 5 heures, vais m’asseoir dans le pré, fais le bilan de mes affaires et de l’état du vélo : une sacoche est cassée, l’attache du haut est sortie de sa loge, laquelle est en plastique très rigide, impossible de le remettre à la main, je regrette de ne pas avoir pris un tournevis plat comme me l’avait conseillé mon prof de mécanique vélo, essaie avec une clef Allen, ça va pas, essaie avec le tournevis cruciforme, ça va pas, me dis qu’avec les démonte-pneus ils vont casser, qu’avec l’Opinel vais y laisser au minimum un doigt, pense à l’ouvre-boite ouvre bouteille, galère, galère, galère mais y arrive. Au passage je règle l’attache d’une sacoche avant qui avait tendance à se détacher. Arrive enfin une dame qui me dit que c’est son frère qui s’occupe du camping (enfin moi j’avais pas vu que c’était un camping, d’ailleurs je n’ai vu les sanitaires qu’après avoir pris une douchette à la gourde), mais je peux planter ma tente. Je galère un peu, vu que dans le magasin ça paraît facile, mais après faut réfléchir, les explications sont en anglais et je me tue à oublier mon anglais… J’y arrive, mais c’est qu’elle est magnifique cette tente, un vrai petit nid douillet, juste j’aurais du prévoir de la monter dans l’autre sens pour avoir la tête en haut du coté de la fenêtre, ferais mieux la prochaine fois… Le temps a passé, il est 17h30, faut que je mange avant la nuit, because pas de nourriture dans la tente ( les bêtes, les expériences des autres cyclos me servent, style la tite souris qui fait un trou pour venir manger le pain, ou les fourmis qui se faufilent pour picorer les miettes, alors je mange dehors( et fais bien comme me l’a conseillé Pierre : toute la nourriture dans une sacoche étanche et suspendue au vélo pour éviter toute intrusion inopportune…) Mon repas sera, brioche chimique, chocolat, eau, je n’ai rien d’autre et de toute façon je sens que rien d’autre ne passera, me force un peu pour manger ( la turista ou le rétrécissement de l’estomac suite aux deux jours de jeune ?). Vais faire mes petits besoins naturels avnt de me coucher, me rends compte que c’est la première fois de la journée, je ne bois pas assez, il faut dire que j’ai une excuse, la couleur de l’eau…Voilà, suis bien en sécurité dans ma tente, la récompense de tous les efforts de portage est là, je pense à vous tous ma famille, mes amis qui s’inquiètent sûrement de ne pas avoir de mes nouvelles, mais depuis trois jours, pas de net et pas de réseau.

Sinon mes jambes sont dans un état épouvantable, les hématomes vont mieux mais suis pleine de griffures et de piqures de bêtes, mais au Mexique une dame m’avait dit que ce genre de piqûres ce n’était rien, et enfin mon dos a cessé de me faire souffrir (les coups de soleil, vu que mes rhumatismes m’empêchent de le crémer, que le torchon qui aurait pu me protéger a été élagué avant le départ et que dans le deuxième délestage y avait le tee-shirt censé me protéger des regards indiscrets mais qui m’aurait protégé du soleil. Alors les amis, vous avez plein d’indices pour les jeux du délestage, attends vos réponses… Je crois qu’il n’y aura pas d’autre délestage, tout me sert.

Besos a todas y todos et pas d’inquiétude tout va bien.

Aujourd’hui 3h33 en vélo, mon compteur ne comptabilise pas les arrêts qui sont nombreux sans jamais m’arrêter, oui c’est paradoxal mais c’est comme cela, je pousse, je respire, je pousse, je respire ou écris un poème dans ma tête style :

Le Venezuela C’est comme notre Diois Souvent ça s’écroule Ca nous tourneboule Au Venezuela On danse la ola Dans notre beau diois Gambadent les chamois Bien-entendu lucois Tourne tourne boule La pierre qui déboule

Allez c’est que l’idée ça à retravailler…

Rebisous

Mon compteur y me dit 6,3 de moyenne, possible, Vmax 87,6 les extraterrestres de l’autre nuit, 33,35 km, ça c’est sûr. La température a été moins forte aujourd’hui, max 31°.

En ce moment je serai 716 mètres d’altitude et il fait 28°.

J’aurais monté 652 mètres, c’est pas possible vu que je suis patie du niveau de la mer et que j’ai fait des montées et des descentes.

Je crois qu’il pleut comme tous les soirs dans la montagne, depuis que je suis là grand beau le matin et dans l’après-midi les montagnes se couvrent de nuages.

Je sais plus régler mon altimètre, Da au secours c’est toi qui me l’a offert, rebisous.

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