La nuit du crime

Nuit du jeudi 19 au vendredi 20 mai 2011

Les lieux du crime :

A mi-chemin entre Puyo et Macas sur une superbe route, un vrai billard, pas une voiture, pas un camion, rares bus.

La route relie deux villes en Amazonie enchantée, avant la deuxième ville il y a un rio, sur le rio un pont, le pont ne peut supporter les véhicules lourds… La route est donc très peu empruntée…

Les deux villes sont distantes de 120km, la route serpente entre des collines, monte et descend, impossible pour une abuela cyclo fluo de rallier les deux villes en un jour.

Les communautés (ici en Equateur il y a les villes, puis les villages, puis les communautés) sont rares.

L’abuelacyclofluo décide de bivouaquer dans une communauté un peu moins petite que les autres où il y a un minuscule restaurant. Elle demande l’autorisation, l’a, s’inquiète de savoir si il va pleuvoir cette nuit, réponse oui, demande si il y a un endroit abrité où mettre sa tente, on lui propose le hangar de la communauté qui sert à tout. Ici (et pas seulement en Amazonie les villages n’ont pas de place mais une église que jouxte un hangar)

L’abuela est confiante, elle a encore en mémoire la communauté de San Clemente dont les règles ( dures quand même les règles) assurent une sécurité totale à tous.

Elle pose donc sa tente, l’attache avec ses tendeurs et de gros galets pensant que si quelqu’un vient roder la nuit il se prendra les pieds dans les fils et tombera. Là est sa grande erreur…

Le hangar comporte un terrain de jeu de ballon (foot et volley), une scène légèrement surélevée et derrière la scène un couloir qui fait le tour, deux portes fermées à clef et quelque part un interrupteur pour éclairer le hangar.

Comme d’habitude les enfants sont curieux.

Ils sont curieux, envahissants mais gentils

Le décor est somptueux

Les fleurs resplendissantes

Les maisons sont pauvres mais ont beaucoup d’allure

Les bêtes sont grosses, mais l’abuelalala a pas peur (je sais, les pieds sont moches mais c’était pour avoir une échelle de grandeur)

Les circonstances du crime :

L’abuelacyclofluo doit se couvrir quand la température est inférieure à 25°, ce qui ne l’empêche pas de transpirer un max, et elle aime pas être archi poisseuse, même que ça l’empêche de dormir. Armée de ses gourdes elle va demander de l’eau à une famille voisine, elle s’enferme dans sa tente (oué à double tour), elle a le truc, elle repousse matelas et duvet, installe sa serviette de manière à n’en mouiller qu’une partie et se douche, un quart de gourde suffit. Une des deux gourdes fuit par le bouchon, l’autre elle l’avait mal fermée et donc a coulé un peu, du coup elle met ses deux gourdes dans l’auvent de la tente et sa serviette sur la tente, retenue par le crochet.

Elle a accroché son vélo au but.

Le soir une des familles voisines lui dit qu’il est plus prudent de mettre son vélo chez eux, elle s’exécute.

Les faits :

L’abuelacyclofluo dort depuis déjà un moment quand elle entend à deux reprises « buenas noches senora », elle répond buenas noches, que pasa ? cherche sa lampe et son pantalon pour sortir voir ce qui se passe quand elle ressent une violente douleur au bras gauche et la tente qui s’écroule sur elle. Elle hurle, les chiens hurlent. Le temps qu’elle se dépêtre de la tente emmêlée sur elle, qu’elle trouve lampe et pantalon l’agresseur s’est enfui.

Voilà l’agresseur :

L’abuela fait le tour du hangar pour vérifier qu’il n’y a plus personne, dans le feu de l’action elle ne sait plus comment on dit au secours en espagnol, alors elle crie senora, senora, les chiens continuent de hurler, ah oui aussi elle cherche et finit par trouver l’interrupteur du hangar et allume tout. Et puis ça lui revient, elle crie « ayuda mi, ayuda mi », les chiens continuent à hurler. le quartier (enfin trois maisons » se réveille. La femme qui héberge son vélo arrive, suivie de son mari. Il est 1heure 30 du matin. Rapatriement de la tente, du bazar et de l’abuelacyclo dans la salle à manger cuisine de la maison voisine. manque les deux gourdes et la serviette. Le lendemain la serviette est retrouvée à 20 mètres des lieux du crime.

La suite :

L’abuelacyclotouriste se rendort. A 5H30 ça commence à bouger dans la maison, à 6heures tout le monde est debout, à 6h30 l’abuelamachinchose se lève et retrouve la famille qui est installée dehors sous un préau autour du feu fait de trois gros troncs et surlequel chauffe l’eau pour la tisane d’herbes magiques. Il fait frais en ce matin du 20 mai 2011, tombe une petite bruine. Quelques femmes s’agitent (lentement) et douchent à l’eau froide les petits enfants. Sous ce toit vit trois générations. Je pense que matériellement ils ont moins que ce que je transbahute tous les jours sur mon vélo. La famille me dit qu’hier ils ont hésité à me faire rentrer chez eux. Ils sont très ennuyés. Ils me disent que c’est peut-être quelqu’un d’extérieur à la communauté, non je n’ai pas entendu de bruit de vélomoteur, et le fait que l’on ai dit buenas noches senora signifie qu’on m’avait repéré, donc quelqu’un d’ici. Le problème sera évoqué à la réunion hebdomadaire de la communauté. le chef de famille, outre ce que j’ai subi est bien conscient que ce n’est pas bon pour le tourisme. La famille m’offre à manger, les racines dont j’ai oublié le nom, un oeuf frit, rien pour manger, je demande une cuiller, on me lave la cuiller dont vient de se servir un enfant, je pense qu’il n’y a qu’une cuiller dans la maison. Au fait ici en Equateur pour seul couvert une cuiller, le poulet c’est avec les doigts. La tisane qu’ils me servent a été élaborée spécialement pour moi, elle a pour vertu de faire disparaître les douleurs musculaires…

Bilan :

Deux gourdes volées.

Un trou dans la tente

 Une abuelacyclofluo même pas traumatisée, juste elle contemple sa jambe transpercée

Et aussi elle se dit qu’elle a bien fait d’avoir eu la flemme de mettre sa nourriture dehors car elle aurait disparue en même temps que les gourdes, ce n’est pas tant pour la nourriture que pour le sac étanche où elle est enfermée.

Et maintenant elle mettra plus des pierres à disposition des agresseurs, et aussi elle a expérimenté sa tente sous des tonnes d’eau, pas de problème, donc les hangars c’est fini.

Pour se remettre de ses émotions l’abuelacyclofluo a du manger de la peau de cochon

L’abuela n’ayant pu récupérer sa carte bancaire  n’a pu acheter de billet d’avion pour son retour, maintenant elle est devenue très très vielle abuela…

Et puis lors d’un autre bivouac elle a réentendule  » buenas noches senora, buenas noches », elle a ouvert

Une rencontre magique, Catarina a 16 ans, elle écrit, envisage d’aller à l’université, d’apprendre les langues étrangères, mais ne voudrait quitter sa communauté. Pourtant la vie est rude ici, un col à près de 3000 mètres d’altitude, du vent, de la pluie, une montagne, une famille et une communauté qu’elle aime. En signe d’amitié et pour que je ne l’oublie pas, Catarina m’a donné le bracelet jaune qu’elle porte au poignet il restera à mon poignet jusqu’à ce qu’il rende l’âme.

Bisous tout le monde

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6 réponses à La nuit du crime

  1. Ben dis donc, ça c’est de l’aventure à la Indiana Johana !
    Je raconte ton scénario à Steven Spielberg et lui laisse ton n° de Tél.
    Besos

  2. Françoise dit :

    Non, je n’ai pas besoin de nègre, le nègre c’est moi… Bisous

  3. Marie-Do dit :

    Il faut avouer que tu tends le bâton pour te faire battre… quelle drôle d’idée de mettre 2 pierres bien en évidence au pied de ta tente! Telle que je te connais, vu le bazar qu’il doit y avoir dedans,même sans sardine elle s’envolera pas…
    Pour ta CB c’est parti par contre je sais pas quand ça arrivera….
    Bisous

    • Francoise dit :

      oué c’est ce que j’ai pensé à retardement… Mais je m’étais dit qu’en mettant les tendeurs un roduer se prendrait les pieds dedans… Maintenant j’enlève toutes les pierres du terrain où je me mets…
      La Cb je vais téléphoner demain
      Bisous

  4. Marie-Do dit :

    c’est le cochon de Momo que t’as mangé?

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