J119 : nouvelle réconciliation

Samedi 21 mai 2011

Macas – Mendez

Distance parcourue : 75,22 km
Vmoy : 13,5 km/h Vmax : 57,1 km/h
Température : minima : 24°, maxima : 43°
Dénivelée positif : 602 m
Dénivelée négatif : 1152 m
Heures sur le vélo : 5H31’52 »
Départ :11 heures 10
Arrivée : vers 18 heures 30

Résumé de l’article

  • Objectif : j’aimerais bien Mendez (pour des raisons de stratégie d’étape), sinon Logrono
  • Conditions météorologiques : couvert, puis soleil, puis couvert, chaleur ( j’adore), quelques gouttes de pluie pendant 10mn

Particularités de la journée : route quasi déserte, un vrai billard qui monte et descend, paysage magnifique, plus ça va plus je rentre dans la montagne, partie tard (les problèmes de carte bancaire) j’arrive à la nuit dans la magnifique petite ville de Mendez

Macas est franchement très moche… On peut difficilement faire plus moche…

L’hôtel : les proprios sympas, la trentaine, trois enfants, elle américaine, lui équatorien, avec leurs enfants ils parlent anglais, ils ne sont là que depuis deux ans, l’eau est chaude, il y a des bêtes dans la chambre (mouches bleues, cafards et autres trucs), ça ne me dérange pas. Le gardien de nuit met la télé à tue-tête, ça me dérange, je descends deux fois, il baisse et réaugmente, la troisième fois je l’éteins moi-même, à 2 heures et demi du matin je gueule. Je le dénonce aux proprios qui me disent que j’aurais du exiger leur numéro et les appeler (ici on appelle la propriétaire de l’hôtel la duegna).

Du coup je me lève un peu plus tard et ne suis prête qu’à 9 heures. J’essaie de régler le problème de ma carte bancaire, c’est très compliqué, on ne peut lever l’opposition et il faut une adresse pour m’envoyer la nouvelle. C’est au-dessus de mes forces d’attendre 15 jours quelque part. Je cherche les coordonnées du consulat français à Cuenca et essaie de les appeler. Là aussi c’est très compliqué, du cellular (téléphone portable) on ne peut appeler tous les numéros, j’ai toujours la même réponse, non disponible. Le propriétaire de l’hôtel m’aide, appelle de son fixe, finalement on comprend le problème, ils sont fermés le samedi, et bin oui les week-end tu peux crever. Le propriétaire de l’hôtel me dit que je peux laisser un message sur le fax, oué ici on peut parler dans les fax, maintenant plus rien ne m’étonne, j’expose donc mon problème, laisse mon numéro de cellular et pars tard… J’aimerais atteindre Mendez car après ce sont des étapes de montagne et c’est plus logique de m’approcher le plus possible, oui pour faire ce que je fais il n’y a pas que les jambes, il y a aussi la tête, pas que le mental, aussi réfléchir et adopter une stratégie. D’ailleurs si j’avais réfléchi 5 minutes je n’aurais pas demander à ma sœur de faire opposition ( je lui ai demandé car avec mon cellular je ne pouvais les joindre…) Pour le téléphone Jean-Luc je ne sais quoi te conseiller, venir ici avec un abonnement français c’est très cher (risqué aussi si on te le vole et que tu as des millions d’euros à payer) mais c’est sûrement beaucoup plus confortable. Alors ici moi j’ai Claro je capte partout juste que je ne peux appeler partout, je recharge 5 dollars par 5 dollars, j’ai pu appeler ma sœur pas longtemps pour 5 dollars…

Je pars donc à 11h10, ça va être très limite pour atteindre Mendez avant la nuit, cela dépend de la route.

La route sera un petit billard, circulation rare le matin (enfin ce qu’il en reste), quasi absente l’après-midi.

Les rond-points toujours monumentaux…

La route va monter, descendre, monter, descendre, plus descendre que monter, mais quand même 602 mètres de dénivelée positif, ce qui n’est pas rien.

Je suis partie en short, avec ma petite polaire orange que j’enlève très rapidement.

La température serait pour beaucoup chaude, pour moi elle est parfaite.

La pluie va juste m’embêter car je mets mon kwé que je suis obligée de quitter rapidement dans la montée car ça fait cocotte minute, du coup je la termine en poussant, elle va aussi m’embêter car j’ai rentré mon linge qui séchait ( la serviette vu ce qui lui est arrivée dans la nuit précédente et la petite culotte comme d’habitude) et je ressors tout car tout linge mouillé dans les sacoches va entraîner une odeur de moisi persistante et pas très agréable…

Le soleil ? Il n’était pas là au départ, il va vite être là, rester un grand moment puis se cacher.

Le paysage ? D’enfer, la route serpente, à droite je vais abandonner le volcan Sangay pour suivre la Cordillera de Alancugura, à gauche la vieille cordillère de je sais pas quoi ( c’est la carte d’Enzo envoyée par mail et imprimée à Quito, l’impression est de mauvaise qualité), je me repère grâce à deux cartes, celle achetée à Quito et celle d’Enzo, elles sont toutes les deux inexactes… Si on était sympas (et courageux, et avec des forces surhumaines vu tout ce que l’on fait déjà) on referait des cartes exactes pour les copains, on pourrait même faire des topos, avec le dénivelé, la difficulté, des topos quoi…

Je suis quand même toujours en Amazonie, je visite le temple de l’Amazonie, vide aussi de touristes…

Et je retrouve mon agresseur de l’autre nuit… Je lui fais rien, il est beaucoup plus grand que moi et plus fort aussi…

Sur mon chemin une zone d’attractions, un circuit de course tout terrain avec des vielles jeeps, là il y a du monde.

Et sinon du beau et que du beau, et en plus je me dirige vers du ciel bleu, je n’ai même pas peur de l’orage qui gronde je sais qu’il va rester sur les montagnes plus hautes et les maisons ressemblent à quelque chose, plus je m’éloigne de Macas moins c’est riche.

La montagne à ma droite est imposante.

Les rios continuent à me fasciner…

A 13 heures je vais rentrer dans la petite ville (qui ressemble à rien elle-aussi) de Sucua et très bien manger. Plus je pédale et plus je m’infiltre dans la montagne,

 là c’est le bonheur complet, un billard (les pistes je ne les prends que par défaut, pour éviter la circulation et aller dans des coins perdus, mais quand il y a du goudron dans des coins perdus c’est trop fort), circulation quasi absente, la montagne qui m’envahit de toute part, de jolies maisons, de la chaleur (trois gouttes de pluie chaude cela n’a rien à voir avec une journée de pluie à 13°), bref c’est le bonheur.

Des vergers de papaye me rapellent que je suis encore en Amazonie.

Je vais me faire siffler par une camionnette remplie de ce que je crois être une équipe de foot, une autre va rouler à ma hauteur et me baragouiner quelques mots d’anglais, quand je leur réponds (en espagnol) qu’est-ce que vous dites, qu’est-ce que vous dites ? Désolée je ne peux pas parler quand je pédale et quand ça monte, là ils sont déçus, je ne suis pas une gringa, et ils passent leur chemin.

Le soleil équatorien a la même effet sur moi que le tropical, boutons mais que sur les cuisses, ça gratte pas, ce n’est pas grave.

Et malgré la vitamine B, la crème solaire (vitaminée B aussi) et la crème repelente, j’ai la jambe transpercée, oui LA jambe parce que il n’y a que la gauche, sinon question état de santé, le doigt toujours oedématié, rouge et extensions P3 impossible, beaucoup moins douloureux quand même, hématome au-dessus du genou droit ( je crois que c’est quand j’ai enjambé une barrière pour faire une photo de tag pour Monica), hématome jambe droite, retour de pédale lors d’un freinage brutal suite à un déraillement, hématome bras gauche, l’énorme caillou qui a failli me tuer, la dent ça va mieux mais c’est pas ça, j’ai refait du gras, j’ai calculé qu’en l’espace de 2 minutes je pouvais avaler 1000 calories (oué avec des chamalows fabriqués en Colombie mais jamais vendus là-bas…)

Arrivée à Logrono j’hésite 1 minute, je m’arrête ou je continue ? M’arrêter serait plus sage pour aujourd’hui mais m’handicaperait pour demain. Reste 26 km, deux heures et demi de jour, si ça descend une heure suffit, si ça monte ça peut demander 5 heures… Voilà Corneille qui s’infiltre jusque dans ce coin perdu, allez je continue. Je sens que je suis très juste, à chaque descente je sais que derrière ça va remonter, plus j’avance et plus c’est somptueux et plus je m’enfonce dans la montagne qui ici n’est pas cultivée mais recouverte d’arbres, là aussi ça a un petit coté inquiétant que j’aime bien. J’arrive à la Union qui est indiquée partout sur la route mais pas sur mes deux cartes, mais ce soir en regardant ma carte des Andes, là c’est indiqué (oui j’ai regardé ma carte des Andes et j’ai vu que j’avais fait presque le quart de mon parcours, c’est encourageant, sauf que je ne suis pas dans les temps et que je vais me payer peut-être pas l’hiver mais l’automne à Ushuaïa, ce qui risque d’être terrible, mais on m’a aussi prédit du moins 20 sur les hauts plateaux boliviens…

A la Union pas d’hôtel, Mendez est à 4 km, je me renseigne, comment est la route ? Ca monte et ça descend, allez ça devrait passer… A l’entrée de Mendez une hosteria, j’hésite, je n’aime plus les hosterias, l’endroit semble désert, je sonne attends quelques secondes et m’en vais. J’arrive à Mendez il est 18h30 la nuit tombe. Mendez m’enchante, la première jolie ville de l’équateur, une très grande avenue avec des arbres de chaque coté et aussi sur le terre plein central, des arbres verts ou recouverts de fleurs rouges,

 les maisons coquettes entourés souvent de murets en gros galets, style celui qui a failli me tuer, les bordures de trottoir peintes en jaunes, les poteaux et leurs poubelles accrochées en vert et ça et là le même rouge que les arbres, les champs Élysée en plus gai, j’adore…

 Je cherche un hôtel, on me déconseille le premier, le deuxième est fermé, le troisième est parfait. Comme il y a chaleur et ventilateur j’en profite pour laver short chaussettes et maillot. Je fais aussi sécher mes dollars que je dis pas où je les cache.

Si je n’avais pas ce problème de carte bancaire tout irait bien. J’espère qu’un hôtel ou le consulat acceptera de me servir d’adresse, sinon il y a encore la solution de la poste restante, les cyclos suisses sympas que j’avais rencontrés m’ont dit qu’ils l’avaient utilisée pour se faire envoyer une carte qu’ils avaient commandé sur internet, mais c’était en Colombie, la Colombie est beaucoup plus civilisée (au sens où nous nous l’entendons, je ne porte pas de jugement) que l’Équateur. A Banos quand j’ai demandé à l’hôtelier si il pouvait se charger de porter ma lettre à la poste il a refusé, trop de responsabilité, alors là pour recevoir un avis de recommandé je crains le pire. C’est dur des fois d’être SDF. Je pense que j’ai 60 ou 70 km de montagne à passer avant de trouver une petite ville, probablement un bivouac, espérons celui-là sans problème, pas d’internet, cela ne m’angoisse pas, ce qui m’angoisse c’est comment faire pour ma carte. Le reste ça va. L’attaque de la nuit précédente, statistiquement parlant je ne devrais pas en avoir d’autre…

Au fait ici pas de moustique, cela ne doit pas être la saison, à Ambato (à 2500 mètres quand même) un moustique deux nuits de suite. Dans la communauté amazonienne où j’ai bivouaqué ils m’ont dit qu’il n’y avait pas de palu mais la dengue…

Moi je crois que j’ai peut-être attrapé le paludisme (mes accès de fièvre, pas le falciparum qui tue d’un coup, mais le vivax qui tue petit à petit) je verrai tout cela à mon retour, il va y avoir du boulot : le palu, la dent, le doigt… Et je n’en suis pas au quart de mon parcours… Au fait les transperçages de jambe sont plus grands que sous les tropiques, zone d’impact plus grand, première zone circulaire rouge plus grande, deuxième zone circulaire blanche plus grande aussi, mais ça je suis sûre que ce n’est pas grave…

Voilà une journée trop, trop géniale, je suis à nouveau réconciliée avec l’Equateur

Bisous tout le monde

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3 réponses à J119 : nouvelle réconciliation

  1. Je retiens la ville de Mendez. Je ne me souviens plus pourquoi tu n’as plus de CB.
    Tout finira par rentrer dans l’ordre mais c’est vrai qu’en attendant …
    Courage !

  2. Françoise dit :

    Bon j’ai été victime d’un vol dans une hosteria, ça plus la pierre sur la tente, plus le chien, ça fait beaucoup…
    Bisous

  3. Monica dit :

    Des Vergers de Papayes, un régal la papaye et certainement meilleure quand tu viens de la cueillir. Tu as goûté au  » fruit défendu  » ce n’est peut être pas autorisé car cultivés pour être vendus. Les rios qui serpentent au milieu de cette végétation dense, les arbres en fleurs, qui apportent une touche de couleur. Que cette nature est belle !
    Profite de toute cette beauté sauvage dont tu es entourée, mais méfie toi des humains. Tu viens d’avoir plusieurs avertissements.
    Mille Besos et bonne route

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