J120 : échappée belle acte 1

Dimanche 22 mai 2011

Mendez – Bombonisa, maison isolée sur l’E40

Distance parcourue : 25,18 km
Vmoy : 5,3 km/h Vmax : 44,5 km/h
Température : minima : 20°, maxima : 37°
Dénivelée positif : 1090 m
Dénivelée négatif : 300 m
Heures sur le vélo : 4H41’48 »
Départ : 9 heures
Arrivée : vers 18 heures

Résumé de la journée

  • Objectif : avancer
  • Conditions météorologiques : plafond bas, puis pluie qui va m’obliger à m’arrêter plus d’une heure, puis alternance de pluie et nuages
  • Etat de santé bon (j’ai réglé mon problème de dos avec un demi bi-profenid le matin et le truc pour empêcher les trous dans l’estomac, dent et doigt stationnaires).
  • Particularités de la journée : route déserte, paysages somptueux, ça monte, bivouac dur à trouver mais d’enfer.

Petites courses avant de partir, pas assez, on est dimanche tout n’est pas ouvert, je sais que ce n’est pas assez mais je pense gérer et d’ailleurs je vais gérer.

A 9 heures je donne mon premier coup de pédale qui relie Mendez à Cuenca.

A 9 heures au km 57 de l’E40 qui relie Mendez à Cuenca la moitié de la montagne s’effondre… Nul ne le sait encore…

Surprise au lever le plafond nuageux est très, très bas, à peine 100 mètres au-dessus.

Heureusement ce matin je n’ai ni le problème de carte bancaire à régler, ni de fils à démêler…

Depuis deux jours je suis sur une route déserte et j’apprécie le silence, la beauté du paysage et les maisons qui même quand elles sont très pauvres ressemblent à quelque chose.

La route monte, ça c’était prévisible… Mais elle est superbe…

Et je suis loin d’être arrivée…

Et en plus les failles géologiques maintenant en plus d’exister elles sont actives…

Après un quart d’heure de pédalage la pluie est là, je supporte, jusqu’à ce qu’elle devienne tropicale, c’est-à-dire des trombes d’eau, j’ai repéré un abri, je redescends de 50 mètres, vais passer là presque une heure et demi… Je chasse deux chiens, deux autres vont dormir à mes pieds, la famille de la maison vaque à ses occupations, les enfants pataugent pieds nus dans la boue.

Y a pas, il pleut…

Quand ça se calme je reprends la route, ça monte, personne, la route est excellente,

vers 11h30 je vois un restaurant, je pense que c’est le dernier avant longtemps et je suis juste au niveau provisions, je m’arrête. L’endroit est mignon, c’est un resto pour touriste (absents d’ailleurs), donc plus cher et moins bon.

Le morceau de poulet se réduit à un os d’aile que je ronge mais il y a un demi-avocat du jardin, ça compense. Le repas coûte 3 dollars, je paie avec un billet de 10 dollars, elle n’a pas la monnaie, je vais attendre montre en mains 50 minutes ma monnaie, en temps normal je serai partie, là je suis en période de restriction budgétaire donc j’attends. Je lui propose de me rendre mon billet et de me courir après avec le vélo moteur vu que je vais très lentement et qu’il ne lui faudra que quelques minutes pour me rejoindre, elle refuse et refuse aussi de me rendre mon billet. Quand je dis que je vais devoir rouler la nuit, elle me répond que ce n’est pas grave que la route est sûre, je voudrais la voir pédaler sur une route qui monte avec deux mille mètres d’à pic à droite en pleine nuit. Un homme se mêle à la conversation et là on me raconte du vraiment n’importe quoi, que à 10km, puis 50 il y a une ville avec un hôtel, que la route monte et descend ( pour rejoindre cette ville de trois maisons sans hôtel il y a quand même 1500 mètres de dénivelée positif…).

Çà et la pluie n’atteignent pas mon moral, la route est trop superbe

les paysages à tomber par terre, je vais croiser trois voitures, deux me disent qu’on ne peut passer, que la route est coupée, un rajoute qu’il faut passer par Limon (lequel Limon n’est sur aucune de mes deux cartes), que la route est plus large, qu’ici ce n’est pas une route à bicyclettes, déjà que l’hôtelier m’avait dit de prendre le bus… je dis que je vais voir, que moi peut-être je vais passer. Le troisième véhicule met son doigt sur sa tempe et me fait signe que je suis folle… Au Vénézuela j’étais une star, en Colombie on me respectait, ici en Equateur on me prend pour une folle…

J’ai quand même droit à un coin de ciel bleu…

Mais mes copains, y a pas, y me lachent pas…

La route est bordée de cascades,

 je vais devoir traverser à gué mon premier rio équatorien, je me mouille les pieds, auparavant j’ai du faire une opération compliquée…(Explications par mail privé)

J’ai retrouvé le vert fluo… Même les ponts sont peints de cette couleur, mais il faut croire que j’aime ça…

 Je rencontre ma première derumbe

Puis la route monte dans une gorge avec en bas le rio pas mille mètres mais deux mille mètres plus bas…

 Impossible de planter la tente ici, quand au hamac et pitons, impossible la montagne part en morceaux… Je sens que je vais devoir pédaler de nuit ce dont j’ai horreur. Enfin je vois une maison, mais il n’y a pas de chemin pour y accéder et elle est en haut de la montagne. Plus loin je vois une autre maison, une jeune femme au visage triste allaite le dernier de ses six ou huit enfants, après avoir accepté que je plante ma tente, elle me dit qu’il faut que j’attende sept heures que la duegna soit là et donne son autorisation, ici comme en Colombie l’esclavage n’est pas tout à fait aboli. Elle m’envoie à une maison plus loin qui n’est pas tout à fait terminée et fermée et pas de terrain autour pour planter ma tente, je n’ai pas envie de m’installer dans les gravats. La jeune femme triste me dit que la duegne est au village voisin, c’est faux, il n’y a pas de village voisin…

La nuit tombe…

 Plus loin une maison isolée cachée dans des fleurs somptueuses. Un vieil homme (enfin mon âge) solitaire l’habite. Autorisation m’est donnée de planter ma tente. Il s’enquiert de savoir si j’ai à manger, là pour ce soir j’ai et me propose de mettre mon vélo à l’abri (des voleurs ? La route est déserte et la région aussi…) près de sa maison, moi je m’installe un peu plus loin

 et je vais avoir un bivouac fabuleux, décor grandiose, pas un bruit, pas une voiture, l’homme solitaire va respecter ma solitude, bref c’est géant, il va pleuvoir toute la nuit… Je suis bien dans ma tente et mon duvet..

Muchos besos

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5 réponses à J120 : échappée belle acte 1

  1. Que cela doit faire du bien de se retrouver seul avec soi-même après de telles aventures ! Je comprends cet apaisement.
    Bonne continuation et merci pour cette série d’aventures extraordinaires, c’est le moins qu’on puisse en dire. Je viens d’avoir ma dose de récits pour la journée et je pars de ce pas ausculter ma carte d’Ecuador.
    Hasta pronto y besos, muchos besos

  2. Françoise dit :

    Coucou Jean-Luc, c’est simple tu prends l’E40 de Mendez à Cuenca, la route que tout le monde te dira que c’est pas pour les bicyclettes et pourquoi tu prends pas le bus comme tout le monde…
    Bisous

  3. Monica dit :

    Paysage de nuit impressionnant. Tu dors dans des endroits drôlement isolés ! Tu n’as pas la visite d’animaux sauvages dans ces forêts touffues ? les chiens agressifs suffisent.
    Bon courage, Pédale bien, j’attends de connaitre ta prochaine étape pour tracer ton itinéraire sur Google car je ne trouve pas la route E40 ni le village Bombonisa entre Mendez et Cuenca
    Mille Besos

  4. Françoise dit :

    Coucou Monica, en fait sur cette route les villages indiqués sur ma carte se réduisent parfois à trois maisons, là ce n’est pas indiqué sur ma carte, je sais le nom parce que je l’ai demandé et je l’ai vu écrit sur une pancarte de travaux. La route E40 qui par moments est une piste est marquée sur ma carte comme carretera affirmada, c’est à dire roulable mais pas asphaltée, reste qu’elle l’est sur une grande partie. Il y a deux routes qui relient Mendez à Cuenca, c’est celle qui passe au Nord. Bon j’espère que tu vas trouver… Je vais mettre acte 3… Bisous et merci de me suivre avec tant d’assiduité.

  5. Françoise dit :

    Au fait c’est dans les endroits isolés que je suis le mieux, quand tu viendras chez moi tu comprendras… Maison très isolée dans la montagne… Ca m’est arrivé d’être coupée de tout plus de 24 heures : ni électricité, ni téléphone, même pas de réseau pour le portable (tempête de neige…) trop trop bien… Rebisous

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