J168-J181 : J178 : la vuelta J11: piste meilleure, là je vais toucher le sublime…

Dimanche 17 juillet 2011

Bivouac après Angasmarca à 3200m – Mollepampa 3200m

Distance parcourue : 31,76 km
Vmoy : 6,4 km/h Vmax : 22,1 km/h
Température : minima : 16°, maxima : 31°
Dénivelée positif : 252 m
Dénivelée négatif : 1172 m
Heures sur le vélo : 4H56’30 »
Départ : 8h 35
Arrivée : vers 16h30

Résumé de la journée

  • Conditions météorologiques : soleil, nuages l’après-midi, petit vent de la Cordillère, et vent du canyon
  • Objectif : avancer, si possible atteindre Pallasca
  • Etat de santé : bon
  • Particularités de la journée :

Malgré mon coucher tardif (2heures du matin), bin oui c’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de faire la fête et c’est aussi un des moyens de connaître un pays, je me réveille comme d’hab vers les 6 heures, le soleil se lève comme d’hab à 6h15, je paresse comme d’hab un quart d’heure bien au chaud dans mon duvet, et je pars à 8h35.

Un homme m’aide à descendre le vélo de ma chambre (il y a un genre d’échelle de meunier). A la sortie du village une grande côte, je pousse, un homme veut m’aider, j’accepte, il se dit prof d’anglais, mais What’s your name il comprend pas… Soit il ment, soit j’ai l’explication de la nullité des enfants ici en anglais alors qu’ils sont censés l’apprendre à l’école… Il me demandera mon mail, il me laisse sa carte de visite, dessus est marqué qu’il est comptable, je ne sais trop ce qu’il fait, il est vêtu d’un costume, tient à la main un grand cahier et apparemment fait du porte à porte. Je vais lui demander mon chemin pour Pallasca et lui demander de m’indiquer celui qui est le plus facile en vélo. Erreur, erreur, erreur, je fais me payer 10 km de piste montante pour rien… Il m’envoie faire un détour de plus de 100km et deux montagnes à franchir… Lui aussi me parle du rio, lui aussi me dit que je devrais y aller en voiture et que je ne pourrai franchir le rio, je me dis que je verrai bien. Quand même au bout de 8 km et deux heures plus tard, je suis sûre que je ne suis pas sur la bonne route. Je rencontre deux jeunes filles, les interroge, oui il faut que je fasse demi-tour. Je suis tellement en rage que je descends tout sur mon vélo. Je retrouve l’homme, je lui montre mon mécontentement, il me dit que je lui ai demandé la route la plus facile, oué c’est vrai, mais de là à me rejouter plusieurs jours il y a un monde… Bon écouter plus personne… Demander plusieurs fois, recouper les renseignements… Ce qui est sûr c’est que tout le monde me parle du rio à franchir, moi dans ma petite tête je pense qu’il faut traverser à gué et que je ne vais pouvoir le faire en vélo, je verrai bien…

C’était pas le bon chemin mais c’était beau…

Et j’ai traversé des villages perdus de chez perdus…

Et rencontré des maisons qui tombent en ruine…

Et bien sûr toujours les ânes…

Et des cimetières souvent étranges…

Toujours le beau me poursuit…

Les girafes aussi…

Je commence ma descente, la piste est bien meilleure, je peux tenir sur le vélo, sauf dans les virages qui ne sont que sable, et dans les endroits très exposés où je vais passer, je mettrai quand même pied à terre.

Cela fait 3 heures que je pédale (ou pousse), je décide de manger, arrive une bifurcation, à droite ça monte, à gauche ça descend. Je serai tentée de descendre mais l’expérience m’a montrée que prendre le chemin qui paraît plus facile n’est pas toujours la meilleure solution…

L’endroit est bien, je m’installe pour pique-niquer, personne ne passe… Si vraiment je ne vois personne je monterai trouver les paysans plus haut dans leur champ pour demander… Quand passe une vieille dame toute de rose vêtue (nous sommes dimanche, elle est endimanchée), je lui demande mon chemin, c’est la route qui descend. La route est bonne ? Pareil (c’est-à-dire piste étroite roulable avec quand même cailloux, gravier et épaisse couche de sable fin dans les virages) Elle me demande d’où je viens, où je vais, je fais de même, elle revient de l’office où elle a prié pour que tout aille bien, c’est beau la foi… Et elle rentre chez elle, la petite maison là-bas.

Ma descente se passe bien. A chaque fois que je me découvre je prends de face un vent glacial et à chaque fois que je me recouvre le soleil tape, je finis par rester couverte…

La route (euh la piste) est spectaculaire…

Et j’aime pas les virages de sable…

Et si tombes tu te tues…

Bon bin ça c’est la route (euh la piste) de demain, idem, si tu tombes tu te tues, sauf qu’en montant tu risques moins de tomber, sauf hier, tout dans le sable, même à la montée tu peux tomber…

A l’heure où j’écris comme tous les soirs depuis quelques jours il pleut mais ce n’est pas le déluge… Là je suis bien descendue, il fait à peine frais, pas froid.

Je descends, et je vais côtoyer le plus que sublime

Le que tu crois que ça existe qu’en rêve…

Le que tu as devant les yeux…

La route est fabuleuse, très aérienne…

Et le paysage, presque le grand canyon, et en plus une cascade…

Je vais assez vite, il faut quand même que j’avance un peu…

Je reste très prudente, je sais que mes pneus ne sont pas adaptés, dans les virages ensablés je mets pied à terre.

En face je vois une route épouvantable qui monte, monte, monte, j’espère que ce n’est pas ma route, et bien si c’est ma route…

 

Arrivée au rio

je me dis que ce serait super de bivouaquer là, je repère, mais je n’ai pas de coca pour demain . D’en haut j’ai vu une maison, je décide d’aller voir si ils vendent du coca, et puis je vais demander ma route. Horreur, ma route est celle qui grimpe dans la montagne en plein dans le trajet de l’éboulis. Et puis je vois le rio, le pont, je n’aime pas ce pont, il est à moitié cassé et en plus dessus il y a un vent fou.

Depuis que je voyage ici, j’ai remarqué que tous les canyons étaient ventés et que le vent remonte le canyon. Je passe le pont, ouf sans qu’il s’écroule et sans que je sois emportée par le vent.

Je passe le km0, c’est pas beau ça le km 0 ?

Je longe le rio

Je dépasse la maison qui n’est qu’une pauvre maison, je vois que la route monte, monte, monte… Je rebrousse chemin. Sur le pas de la porte une femme tricote, dans une bassine un bébé. La route qui va à Pallasca c’est bien celle qui monte ? Oui. Elle ne vendrait pas du coca par hasard ? Si, que des grandes bouteilles, allez pour la grande bouteille, et de la bière (c’est mon péché mignon, oui aussi. Elle me propose des biscuits salés, mais j’en ai plein. Je lui dis que je vais remonter de l’autre coté du rio, que j’ai repéré un endroit où planter ma tente, elle me propse de la planter pas loin de sa maison (l’endroit est plus que restreint), je la remercie t dis que je préfère être dans la nature, ce qui est vrai. Donc chargée de mes deux bouteilles je repasse le pont, je retourne à mon endroit de rêve ( je ne risque pas grand chose au bord de la route car aujourd’hui j’ai rencontré en tout et pour tout deux petits bus, dont un en panne qui bloquait l’autre et c’était sur la route qui était pas ma route, une voiture et un petit camion..) Je choisis avec soin mon endroit car il y a beaucoup de vent. Avant de monter les arceaux je plante un piquet pour le tenir. La tente est plantée, je rassemble mes sacoches quand arrive des moutons (oh pas beaucoup, sept ou huit, peut-être moins), suivi du chien, du berger et de la bergère.

Le berger a une tête de dégénéré, la joue gonflée par les feuilles de coca et… en bandoulière un fusil. J’aime pas…

Je lui demande si il habite la maison plus loin, oui, là où j’ai vu la dame avec le joli bébé, et que lui ai acheté des choses ?

C’est sa sœur. Je suis faux-jeton comme pas possible, mais un homme dégénéré pas net, vaut mieux le mettre de son coté; est-ce que chez moi il y a des moutons aussi, oui (c’est vrai il y a mon berger à 4km à vol d’oiseau qui vient mettre ses brebis chez moi parce que ça lui rend service et moi je pense que la nature il faut l’entretenir et que c’est bien que les moutons viennent pâturer chez moi, et en plus j’adore, et puis mon berger et sa femme Françoise sont des gens avec qui j’accroche beaucoup, et les deux fois où je ne pouvais conduire (le pied puis le bras, ils m’ont monté du bois et fait mes coures, et quand j’avais pas le moral je sais plus pourquoi, ils me l’ont redonné, m’ont fait manger, bref ce sont des gens extras), ce berger-là avec son fusil il me fait un peu peur, il voit ma bouteille de bière qui essaie de se rafraîchir dans le mince filet d’eau, il va pas me la piquer, sinon je dois retraverser le pont deux fois, je lui dis que je l’ai acheté à sa sœur, et curieusement, le fait que je boive de la bière, je suis moins une étrangère pour lui. Je continue à faire ma faux-jeton en disant que si j’ai le moindre souci j’irai le chercher, puis je dis que la route a été dure(ce qui est vrai) et que je dois me reposer, avant je nettoie soigneusement avec un chiffon doux et mon pinceau fin ma chaine, tous les pignons et le dérailleur et je regraisse, puis douche maison, écriture, manger. Aujourd’hui zéro repas normal, j’en ferai un demain.

Voilà, superbe journée, rien que pour ce spectacle ça valait le détour…

Il pleut fort, tant mieux ça éloigne les importuns, enfin que le berger, la région est déserte…

Bisous tout le monde

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4 réponses à J168-J181 : J178 : la vuelta J11: piste meilleure, là je vais toucher le sublime…

  1. Monica dit :

    Dans un chemin , montant , sablonneux, malaisé,
    et de tous les côtés au soleil exposé
    Françoise, la valeureuse, tirait un lourd vélo.
    L’Abuela suait, soufflait, était rendue
    Un homme armé survient, … Normalement c’est une mouche !
    C’était un clin d’œil a La Fontaine
    Bises

  2. C’est superbe !

    J’ai trouvé à me loger à Caracas avec Warmshower. C’est super, un poids en moins !
    A bientôt, peut-être sur le sol sud américain dès mercredi. La distance qui nous séparera alors sera beaucoup moins grande et je commencerai à chercher tes cailloux.
    Bises à toi

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