Jeudi 7 juillet 2011
Casa de Ciclista de Trujillo – Shiran – Casa de Ciclista de Trujillo- Shiran
En vélo
Distance parcourue : 38,15 km
Vmoy : 12,6 km/h Vmax : 28,9 km/h
Température : minima : 20°, maxima : 34°
Dénivelée positif : 581 m
Dénivelée négatif : 5 m
Heures sur le vélo : 3HO1’01 »
Départ : 8h30
Arrivée : 13 heures
En bus : même distance
En voiture-taxi, même distance, arrivée 22 heures
Résumé de la journée
- Objectif : avancer sur la route que j’ai choisie, et en fonction de ma forme et d’où je peux dormir
- Conditions météorologiques : soleil, frais le matin puis vite chaud, c’est bon
- Etat de santé : bon
- Particularités de la journée : journée Lucho-Abuelita, on se fait plaisir, les brigands ne nous attaquent pas, on se fait vraiment plaisir, on arrive dans la montagne, je trouve un endroit où dormir, je repars avec Lucho sur un chemin de traverse du chemin de traverse, le vélo casse et je manque (que manque) de me tuer. Retour à la casa en bus, retour à ma chambre en voiture taxi
Pourquoi un dia especial ? Un jour pas comme les autres ? Parce que deux cylistes se sont échappés de la Casa…
A nous la liberté…
Lucho libre
L’abuelita (oui José l’équatorien m’ appelée comme ça et ça me plait) libre
Lucho m’a promis de m’accompagner pour traverser la zone dangereuse, oui, il faut savoir qu’ici au Perou il y a des zones sûres et des zones dangereuses, comme nos banlieues chez nous, sauf que ce ne sont pas des banlieues mais des no man’s land… Chacun son truc…
Mon cyclo Don quichote de la Mancha qui m’a empêchée de dormir très tôt hier, oué j’ai eu le droit à l’interrogation écrite sur Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, le mépris, Godard et j’en passe, et comme j’ai des trous abyssaux dans ma culture il a fini par me demander ce que j’avais appris à l’école, c’est simple je lui ai répondu RIEN… Ou ce qu’il reste est très flou…
Sa démonstration de mon ignorance me laisse dubitative…
Lui il est colombien, quand même j’ai un peu honte, mais il a un niveau vachetement supérieur au mien, il a au moins 100 kg de bagages avec pas les œuvres complètes de Balzac ou Victor Hugo, mais pas loin… Et un dictionnaire des synonymes, en espagnol… La Colombie me poursuit… Les cyclotouristes du monde entier sont à mon image, des êtres étranges, chacun dans leur genre, tous intéressants, certains très attachants… Oscar il est attachant oui mais faire sonner son réveil à 5h30 pour se lever à 6h30 ça te détache vite… Ah oui, j’avais oublié, en Colombie c’est l’heure du réveil normal…
A 8 heures je suis prête, les suisses aussi, ils vont rejoindre Lima par la cote, là je vais avoir du mal à les dépasser…
Et surprise Lucho est là… Parce que si il était pas là je serai partie sans lui… Je crois qu’il l’a compris… Les adieux, interviews et vidéos vont prendre une demi-heure…
Bin oui, il y a le dernier baiser…
Don Quichote qui fait l’idiot…
Ou l’équatorien qui arrive au moment où on part…
Départ 8h30, traversée de Trujillo sans problème, je conduis pas à la sud-américaine avec un vélo chargé…
Le ciel est couvert, la température fraiche…
Là je fais très sérieuse…
Nous allons bientôt traverser la zone dangereuse : une longue ligne droite au milieu de champs de canne à sucre tenue par deux villages sur les flans de la montagne. Lucho me pousse avec sa main, le mieux est de traverser le plus vite possible, j’appuie sur les pédales un max… Ouf la zone dangereuse est traversée…
Lucho me fait pousser sur les pédales, et je pousse, je crois bien que je l’impressionne un peu (enfin j’espère) je ne peux pas faire de photos, mais il me fait des vidéos, c’est la première fois que je me voie en vidéo, je fais très sérieuse… et on s’amuse…
Oué on s’amuse comme des petits fous…
Mon vélo recommence à faire un bruit bizarre de manière intermittente… Ca j’aime pas…
Nous filons droit sur les montagnes…
Nous pédalons dans un décor de rêve…
Les montagnes commencent à se montrer…
Lucho dit qu’il va m’accompagner jusqu’après l’usine de cane à sucre puis jusqu’à je sais plus quel village, nous avons fait 20 km on boit le coca (franchement le coca devrait sponsoriser tous les cyclos parce qu’est-ce qu’on se descend…) et mangeons des crakers.
Lucho s’attaque à la recherche de l’origine du bruit…
Et trouve : mes portes sacoches sont tous déserrés, il y a une vis qu’il n’arrive pas à resserrer, le lien en polaire qui servait pour ma sacoche guidon mais qui ne sert à rien fait l’affaire…
Au passage Lucho me conseilel de garder le jeu de clefs Allen dans ma sacoche guidon, je sens qu’il va bientôt me falloir deux sacoches guidon avec tout ce que je dois avoir à portée de main, le coca, la casquette, les gants, les outils, les sous, des trucs à manger, la boussole, ça a servi que deux fois, mais quand même, la crème solaire, la crème repellente, les médicaments d’urgence, le papier toilette, les, je dis bien les cartes, la loupe pour lire la carte d’Enzo, la bétadine pour les morsures de chien, les pierres contre les chiens, les mitaines, liste non exhaustive…
Nous pénétrons dans une montagne pelée, j’adore…
Les cactus montrent encore le bout de leur nez…
Allez on recharge le vélo et on repart ensemble, nos coups de pédales s’accordent bien et on se fait plaisir, de temps en temps Lucho me pousse un peu, nous arrivons à Sharan, nous avons roulé vite, le soleil a a fait son apparition, cela fait un moment que nous avons quitté les polaires et transpiré un max, mais moi ça me va, la chaleur m’est vraiment favorable, nous avons monté près de 600 mètres, nous déjeunons, je décide de ne pas aller plus loin, Lucho s’enquiert d’un hôtel pour moi, la propriétaire du petit restaurant dans ce petit village de 20 maisons propose une chambre, c’est la chambre de sa fille, moi elle me plait, vue d’enfer sur la montagne. La salle de bains est un peu spéciale, là la porte est fermée…
Nous serons arrêtés deux fois par la police, où allons-nous, attention à tel et tel village, surveillance discrète mais surveillance quand même…
On s’en fout…
Là y a deux heureux…
Au masculin…
Lucho décide de continuer à bazarder ses enfants, sa femme, le boulot, moi je bazarde mes bagages et on va se faire plaisir en vélo sur un chemin de traverse de mon chemin de traverse, oui ça commence à devenir compliqué de me suivre… On commence par descendre pour traverser le rio, mes freins font un bruit d’enfer, je crie « Lucho, lucho, Lucho » mais Lucho est devant, fonce et n’entend pas… Je lâche les freins car je sens bien que mon vélo souffre, je traverse le petit pont à fond les manettes, horreur il manque des planches, je crois que je vais ou m’exploser ou tomber dans le rio, en plus un moto-taxi me double alors qu’il n’ y a pas de place et les planches disjointes (ou absence de planches) font un bruit d’enfer… A la sortie du pont Lucho qui a fini par m’entendre m’attend, nous inspectons le vélo, la jante est rayée, il me dit que j’ai du prendre une pierre, non je n’ai pas pris de pierre. Il y a un morceau de féraille sur le patin du frein, on l’enlève, ça freine encore tout seul et là on découvre, horreur, un rayon est cassé… Il faut dire que les deux jantes ont été changées, les rayons de mes anciennes jantes ont été récupérées mais il en manque 4 (au passage en France jamais on aurait du me laisser partir avec de telles roues, pour ce que je fais il faut plus de rayons pour plus de solidité et pouvoir continuer si je casse de un à 4 rayons. Adieu notre petite escapade en amoureux, retour à la case départ, non casa de ciclista, on prend un minibus, une demi-heure de bus, quand je dis que une heure de bus c’est une journée… Encore ce soir quelqu’un pour calculer mes étapes me dit c’est pas loin, 2 heures et demi de bus, j’essaie de lui expliquer une heure de bus, une journée de bicyclette chargée, bon le message a du mal à passer…
A la Casa de Ciclista les arrivés de la veille qui ont fait leur journée cool Chan Chan plage sont étonnés de nous voir de retour, mais d’autres aussi ont fait un faux départ, les brésiliens carbone, partis faire du stop car ils avaient rendez-vous avec une nana et étaient en retard sur leur itinéraire (et un rendez-vous avec une nana ça se manque pas) sont revenus a la casa car personne ne les avaient pris (pourtant depuis le camion plein de charbons ils s’étaient lavés), ils ont pris un bus à six heures du soir. Quand on a un temps limité car TOUS on met plus de temps que prévu seule solution le stop ou le bus, moi j’ai pas de temps limité, juste je vais me reprendre une deuxième saison des pluies, un troisième voire quatrième hiver, mais le voyage c’est ça, je ne suis pas la seule, en général les cyclos rencontrés qui traversent toute l’Amérique du Sud se sont donnés deux ans, ou alors ils font certaines parties en bus, après c’est une affaire de choix personnel…
Lucho décide de changer tous les rayons qu’il m’a mis ne venant pas de l’ancienne bicyclette et d’en mettre de plus solides, l’opération va prendre longtemps car après il réajuste au millimètre près l’ensemble de la roue, au passage il me montre comment enlever la cassette de je sais plus comment ça s’appelle à l’arrière, et comment remonter, me donne (me vend) les outils nécessaires, je vidéote le tout, mais j’ai retenu, tout cela prend du temps et se termine le soir, il veut pas que je prenne le bus à cette heure là, pour moi c’est pas un problème, mais bon je prends le taxi ou plus exactement la voiture de quelqu’un que Lucho connait. Ici les affaires se font toutes comme ça, par réseau. Mon téléphone c’est le mec de l’internet imprimeur pour ma carte (routière, pas bancaire, je fais gaffe quand même), qui fait aussi agence de voyages qui m’a mis en contact avec quelqu’un et apparemment ça marche (pas que le commerce mais mon téléphone…)
Mon retour à la case départ m’a permis de mieux connaître l’équatorien arrivé le matin, son histoire est dramatique, trop dure à raconter là, il ne prend pas le même chemin que moi, (on m’a prévenue que le chemin que je prenais était hyper dur, mais au pire je fais demi-tour, c’est ce que je m’étais dit en prenant mon chemin de traverse à Pamplona, et même si c’était dur, jamais, jamais je n’ai été tentée de faire demi-tour) mais il va à Huaraz aussi, on va tous à Huaraz, devinez pourquoi ? je pense que l’on se rencontrera de nouveau… Diego est 8 jours derrière moi, on va peut-être tous se retrouver à Huaraz…
Les roues sont réparées…
Et comme je suis têtue de chez têtue, je retourne à Shiran, je veux pas redormir a la casa de ciclista… Re départ, encore faux départ, j’ai oublié de récupérer ma frontale bien utile dans ce continent où il n’y a que des lampes basses tension et où on n’y voit rien avec des nuits qui durent douze heures presque toute l’année.
J’arrive à 10 heures au resto-chambre chez l’habitant. Tout est fermé, ils dorment… On réveille la proprio qui va me donner à manger. Je me couche très tard et décide de rester là le lendemain si je passe une bonne nuit, la nuit est excellente, je reste…
Bisous tout le monde, la fleur du jour…