10 février 2011
Bocono-Lastravsias de Burbuvusai (pronovez Lastrabesias de burbusaï), petit village d’environ 2000 habitants dont on ne voit qu’une dizaine de maisons, les autres étant cachées dans la montagne, ces renseignements n’ont pas été vérifiés, ils sont issus des dire de la population locale)
32, 98 km
Vmoy : 8, 3 Vmax : 43,2
Température : 21)avec des pointes à 34°
Dénivelée positif : 868m dénivelée négatif : 28(m selon compteur
Dénivelée positif selon altimètre : 3466 pieds
Heures sur le vélo : 4H58’17 »
Départ : 9H45
Arrivée : vers 16 heures
Altitude : 1899 m
Le réveil est tardif, j’ai bien entendu la ville se réveiller, mais quand je daigne jeter un œil sur mon réveil, horreur, je croyais qu’il était 5h45, en fait il était 7H45, me console vite, en me disant que si j’ai dormi c’est que j’en avais besoin et que de toute façon les départs dans le froid c’est pas mon truc. Je profite du bonheur de bénéficier d’une douche chaude pour achever de me réveiller. Je fais comme je l’avais décidé la veille vidage et reremplissage de mes sacoches, pas tellement pour y mettre de l(ordre, c’est impossible, juste pour vérifier que j’ai bien oublié ma crème magique à la cortisone et que j’ai bien perdu ma vaseline, bon c’est vérifié, les deux ne sont pas là. J’hésite un moment à me délester de ma genouillère, mon genou me laissant tranquille depuis le port de ce bracelet magique, je me ravise, me disant que peut-être je pourrai faire du troc genouillère contre crème à la cortisone. Le vélo est chargé, je pars, il est 9h45, je commence par descendre la moitié de la ville de Bocono, debout sur les pédales, mon poids bien en arrière, suis hyperconcentrée, la pente est raide, la circulation intense et les queues de poisson habituelles, vérifie mon chemin, sors de la ville, comme par enchantement le trafic devient rare et les camions absents. La route est bonne et surtout je pédale, ce qui parait une évidence quand on voyage à vélo, ce qui ici est souvent un luxe… Il fait beau, il fait chaud, rapidement je me découvre (erreur fatale), Me voilà partie pour une montée sans interruption de 27km, mais même si parfois le pente est rude je ne pousserai que sur 50 mètres. Arrive l’heure du déjeuner, je cherche un endroit, où je puisse m’arrêter sans risque de ne pouvoir repartir, où la route soi suffisamment large pour que j’y pose mon vélo, de préférence pas trop loin d’habitations, sans chiens, et avec un coin à l’ombre, croyez-moi, des fois il faut chercher plusieurs kilomètres. Le voilà mon coin, c’est pas top de chez top, j’ai les pieds dans le caniveau, mais on s’en contentera. Une voiture pourav avec dans son coffre une drôle de machine s’arrête, ce mec je l’avais déjà repéré, il avait déjà tenté d’engagé la conversation, j’avais abrégé. Je ne suis qu’à moitié rassurée et suis sur mes gardes. Il vient s’asseoir à coté de moi, les mêmes questions fusent d’où je viens, où je vais, etc. Je le sens pas trop ce mec, et tout d’un coup ses intentions fusent, il veut me convertir à son église, veut que j’aille chercher un crayon pour bien noter les références, je refuse, ne veux surtout pas ouvrir ma sacoche devant lui, il vérifiera quand même que j’ai bien retenu le nom. Quand il veut m’engager sur un terrain glissant, où je reconnais là la même technique que les témoins de Jéhovah, j’esquive, et quand il n’arrête pas de me répéter qu’il n’y a qu’une seule vérité, alors là je lui dit qu’à l’instant t, pour moi la seule vérité c’est de manger. Avant de me laisser il me propose une glace, c’est ça qu’il y a dans sa drôle de machine, et c’est aussi pour cela qu’il s’arrêtait si souvent, je refuse,arguant le fait que mes intestins ne le supportent pas. J’ai décidé de manger de tout dans ce pays, mais quand même pas les glaces (il faut savoir que les glaces c’est une machine à fabriquer des microbes). Il me laisse, je termine tranquillement mes ships, mes crackers, mon pain et mon chocolat, et vaillamment je repars. Tout d’un coup le soleil se cache, la température chute presque instantanément à 21° et les bestioles attaquent, je me couvre bras et jambes. Ce qu’il y a de bien dans ce pays c’est que ses habitants ont comme moi, en dessous de 25° ils ont froid et se couvrent, donc au moins sur ce point je ne parais pas folledingue. Au bou de 27 km j’atteins un col, je sais qu’éventuellement on peut camper, selon les dires du seul cyclotouriste qui s’est aventuré par ici, mais les maisons sont un peu en dehors de la route et je ne vois personne, la route descend, je décide de m’avancer, et puis je me dis que si je perds de l’altitude j’aurais moins froid, comme à tous les cols du monde il y a du vent. Je poursuis donc mon chemin, après quelques kilomètres de descente la route remonte, je sens vraiment la fatigue et m’enquiers d’un endroit où dormir, ma technique est toujours la même : je demande si il y a une posada ou un hôtel dans ce village, et sinon où je peux poser ma tente ( au passage pour les futurs cyclos du Vénezuela ils appellent ça une « carpa » ici), je précise que je suis très fatiguée et que je ne peux aller plus loin (ce qui est exact) les renseignements sont au mieux inexacts et au pire faux. On m’indique une posada, mais elle est à un autre village qui n’est pas sur ma route, il faut descendre 5 km (enfin 5 d’ici c’est peut-être 10), et demain il faudra que je les remonte, donc c’est non, après on me dit qu’il y en a une au village suivant à 5km, et finalement une dame me dit qu’il n’y en a pas. On m’indique un endroit où poser ma tente, confirmation m’est donnée que je peux la poser là. L’endroit est des plus bucoliques, je commence par déblayer des détritus mon 2m2 d’espace vital. Quand j’ai fini on me dit, qu’il vaut mieux que je mette juste à coté de la maison à cause du vents, ce qui moi m’arrange, ainsi je ne sera pas trop visible de la route. Redéblayage de mes 2 m2, tout cela sous les yeux de la moitié du village et de la totalité des enfants. Évidemment les sardines ne rentrent pas, mais j’ai la technique tendeurs pierres. La population regarde ébahie, ils s’inquiètent de savoir si je ne vais pas avoir froid, je leur explique mon duvet qui tient très chaud, mais je sens que je ne les ai pas complètement convaincus. J’empêche les enfants de toucher à ma bicyclette et à ma tente, leur expliquant que pour moi c’est super important, ils comprennent ou tout du moins obéissent. Quand je dis à la population que je viens de Caracas en vélo, mon prestige est immense, eux qui n’y iront probablement jamais dans leur vie. S’inquiétant de ce que je vais manger ce soir un enfant m’accompagne à l’épicerie, je renouvelle ma provision de Catogate, coca et du Zup pour ce soir, sentant ma provision d’eau limite, j’achète aussi un minuscule paquet de ships, il faut dire qu’il n’y avait pas grand chose dans cette épicerie. Je voudrai me reposer, être au calme, mais ce n’est pas possible, un enfant me tousse dessus, j’espère que c’est le même microbe que celui que je viens d’affronter. J’arrive quand même à écrire dans mon cahier (il est hors de question que je sorte mon ordinateur devant quiconque, je préfère passer pour une pouilleuse), horreur, un enfant s’assied sur mon minuscule paquet de ships, demain je vais manger de la poussière de ships, j’ai froid, je suis poisseuse de transpiration. Le défilé des visites continuent. On me demande où va dormir mon vélo, je réponds qu’il va dormir dehors, vu qu’il n’y a pas assez de place dans la tente. Une délégation revient et me dit que mon vélo serait mieux dans la maison chez la personne chez qui j’ai fait mes achats, je suis d’accord et j’ y vais, nul n’a le droit de toucher mon vélo, et même maintenant aucune de mes affaires. Bon je reviens à ma tente. Une autre délégation revient et me dit que ce n’est pas possible que je dorme là, qu’il va pleuvoir cette nuit, il faut que j’aille mettre ma carpa, vu ce qu’il est tombé l’autre nuit (l’équivalent d’une année de pluie chez nous) j’accepte (en fait il ne pleuvra pas), redémontage de la tente, transportage de mes affaires, on m’installe dans ce qui est comme une entrée, qui est aussi le passage entre la maison et les toilettes. Je réinstalle mon matelas, mon duvet. Je suis tellement mal dans ma transpiration, même quand je bivouaque je m’arrange toujours pour pouvoir me rincer un minimum (je dois me couvrir plus que les autres, ce qui fait que pendant l’effort je transpire plus que les autres, et après avec le froid c’est assez l’horreur), donc je suis tellement mal que je demande si il n’y a pas un endroit où me doucher un peu. Mon hôtesse m’emmène dans la douche, il y a même de l’eau chaude, le chauffe-eau électrique est isolé de la douche par du plastique( là aussi c’est certifié conforme à la norme iso 9001), mon hôtesse me montre comment mélanger les deux eaux, avec deux vannes et attention l’eau chaude doit avoisiner les 100°. Le jet étant trop fort et n’arrivant pas à régler la température je remplis le bidon qui est là et ça va très bien, quel bonheur pour moi cette douche, puis on m’invite à manger, mais toujours seule sur le coin d’une table, manger ensemble n’est pas ici la coutume, je mange du riz avec une sauce aux pommes de terre et un minuscule morceau de poulet, c’est très très bon et bien sûr deux arepas fraîches du jour, la sauce piquante qui paraît-il ne l’est pas trop l’est trop pour moi. J’apprends que mon hôtesse a 28 ans, qu’elle vit là avec son père, un homme très maigre, au teint très halé et qui semble effrayé par ma présence, elle vit là avec son fils de trois ans, ses deux frères et sa sœur, elle n’est pas mariée et sa mère est morte. La maison est très pauvre, le canapé et le fauteuil ont au moins cent mille ans et la mousse ressort de partout. Plus tard j’apprendrais que la jeune fille de 18 ans va à l’université à Valera, elle fait le trajet tous les jours, je suis sûre que le bus met au moins deux heures. Tous les enfants du Venezuela vont à l’école, beaucoup vont ensuite à l’université, que va faire le Vénézuela de tous ces jeunes diplômés ? A la télévision, sur les affiches, beaucoup de messages pour inviter à la propreté, à une alimentation saine, à respecter son environnement et aussi chose nouvelle pour moi sur la sécurité. La population se sent en insécurité, chacun craint le village qui n’est pas le sien, et tout le monde me met en garde. Pourtant moi je n’ai vraiment pas cette impression, mais peut-être suis-je respectée, parce que je suis une touriste qui leur fait l’honneur de venir les voir, peut-être parce qu’ils se rendent compte que ce que je fais est hors du commun, ou alors parce que moi je les respecte et leur fais confiance, ou peut-être suis-je naïve, je ne sais pas. Si quelqu’un, hors ceux qui se déplacent en voiture blindée et avec garde du corps, peut m’éclairer, merci. Quoiqu’il en soit, ce soir je suis nase et j’ai besoin de repos, alors je vais me coucher et fais semblant de dormir. Là où je suis, c’est un courant d’air, mais dans mon duvet je suis bien. J’ai entendu mon hôtesse téléphoner à ses amis( parce que la famille est pauvre, mais comme partout le téléphone portable est de rigueur) et puis maintenant je commence à comprendre ce que l’on raconte sur moi, là c’est génial, alors je deviens la bête curieuse, on vient me voir, à chaque moto ou voiture qui s’arrête je respire un grand coup de fumée noire, le grand père va fumer (en cachette ?) aux toilettes, et vas-y pour un grand coup pour moi. Quand même je suis allongée et je me repose un peu. Au bout de deux heures, mon hôtesse vient me dire que ce n’est pas possible que je dorme là, il fait trop froid, il faut que je m’installe dans le salon, je m’exécute, et là pendant deux heures ça va être horrible, d’abord j’ai trop chaud, en plus le soleil tropical combiné à l’altitude m’a brulé de partout,et la télé débite les mêmes idioties que dans tous les pays du monde, mais surtout il y a le gamin, qui est du style à tyranniser son entourage, ne sachant s’exprimer qu’en geignant, et en plus voilà la faim qui me retorpille, je vais me le faire ce gamin, je vais me le faire et le bouffer tout cru. Un moment je crois qu’il s’est endormi, non il était juste dans la salle de bain, et il recommence ses geignements et moi je crève de faim, moi aussi je disparais dans les toilettes et je me jette sur mon pain au miel et je bouffe et je bouffe, à toute vitesse, et je rigole toute seule, en me disant si on me voit on va dire que les françaises s’empiffrent de pain au miel à toute vitesse dans les WC. Au moins ma faim est calmée, le gamin finira par s’endormir très tard. Dans la pièce à coté des matelas ont été sortis et sont à même le sol pour que toute la famille puisse dormir, je pense que pour moi ils se sont serrés un peu plus, je pense de plus en plus que nous les français sommes très égoïstes, nous avons tout et ne donnons rien, ils n’ont pas grand chose et donnent tout. Je serai réveillée tôt par les hommes qui partent au travail. Le matin je me rejette sur mon pain au miel, dans la cuisine cette fois et bois mon coca. J’ai expliqué à mon hôtesse que je ne peux boire du café, même si c’est la coutume ici (mes compatriotes les gens du nord ça vous irait bien, toujours le café sur le coin du feu), avant de partir c’est le moment des arepas que je vois confectionner, j’accepte d’en manger et j’en emmène deux pour ma journée, aussi avant de partir je laisse à un des jeunes mon nom, mon adresse email, l’adresse de mon site, je ne crois pas qu’ils aient internet à l’école mais en tous cas ils apprennent à se servir de l’ordinateur, j’apprends beaucoup avec les enfants de ce pays, sauf mes petits brigands ils sont en général polis et bien élevés. Merci à vous de m’avoir accueillie, même si ce fut une nuit de cauchemars, merci à vous, l’intention était là et vous vous êtes serrés pour moi.
Besossssssssssssss
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Palpitante cette narration. Je me retrouve dans cette pauvreté que j’ai vue dans la traversée des Balkans. C’est avec eux que je me sens bien !
Besos !
La pauvrete ca va, les gens sont des fois bien plus heureux, la misere non, la misere ce n’est pas supportable,je viens de la cotoyer par deux fois…
Bisous
hola me alegro que consigas personas buenas…..