J222 : la route diabolique J10 … Ca casse…

Mardi 30 août 2011

Bivouac dans la Pampa à 4200 m – Orcos

Distance parcourue : 31,38 km
Vmoy : 7,7 km/h Vmax : 24,3 km/h
Température : minima : 9°, maxima : 34°
Dénivelée positif : 18 m
Dénivelée négatif : 743 m
Heures sur le vélo : 4H03’47 »
Départ : 8 heures 45
Arrivée : vers 14 heures 30

Résumé de la journée

  • Conditions météorologiques : beau, froid en altitude, bon quand je descends
  • Objectif : Ocros
  • Etat de santé : bon jusque…
  • Particularités de la journée : descente rude sur une très mauvaise piste, je n’arrête pas de déraper, je n’ai pas la sagesse de mettre pied à terre, je casse mais bien… je rejoins Ocros par mes propres moyens, un calvaire 

Tout a bien commencé, nuit tranquille

Réveil blanc

Très givré

Christophe part le premier, je ne peux continuer avec lui, nous n’avons pas le même
rythme, ni la même approche, je ne vais que m’épuiser.

Dix minutes plus tard je pars.

Je remonte à la route qui est toujours aussi affreuse…

Je me gamelle une première fois devant le seul habitant 60 km à la ronde de cette
pampa sauvage et dénudée qui monte et qui descend à 4200 mètres d’altitude. L’homme a un parc à vigognes, il m’en montre l’étendue, m’aide à relever mon vélo et à m’épousseter. Rien de grave, une éraflure au coude, je pense que demain je vais avoir mal partout.

Je regarde mon compteur, et vois qu’il restait 10 km de pampa qui aujourd’hui m’ont demandé presque 1 heure et qui hier m’auraient demandé bien plus. Qu’aurions-nous fait si nous nous étions engagés hier dans cette descente infernale ? Quand est-ce que je comprendrais qu’il ne faut écouter personne et toujours suivre mon instinct, mon instinct il me disait de stopper, que là j’allais faire de graves ennuis, que mes muscles allaient lâcher et se paralyser plusieurs jours, peut-être ai-je sauvé la vie à Christophe…

J’entame la descente, je rencontre ma première plante…

Je crève de soif, n’ayant rien bu depuis la veille, pourquoi je n’ai pas demandé à
Christophe de me filtrer de l’eau ?

La piste est épouvantable, gravier, sable, pierres, tôle ondulée se mêlent, rarement un peu de terre battue et encore pas sur toute la route, ce qui fait que si on veut attraper la plaque il faut traverser le terre-plein central où sûr tu vas déraper. Mes pneus ne sont
absolument pas adaptés, je pense maintenant que je paie les prix de cette erreur.

Un cours d’eau…

Je remplis mes gourdes et y mets une pastille, dans une demi-heure je pourrais
étancher ma soif. Un peu plus loin je vais pour prendre une photo, mes gants polaires, qu’en ai-je fait ? J’ai oublié de remettre mes gants polaires, et j’y tiens un max, ils viennent de feu mon beau-père, c’est sentimental et de plus sont introuvables partout même en France. Un des deux gants est resté sagement posé sur mes bagages arrière, l’autre n’est plus là. Je pose mon vélo dans un fossé peu profond dont je pourrai l’extraire facilement et je fais le chemin à pied en sens inverse, je vais retrouver mon gant, cela me prendra un quart d’heure et je trouve très agréable de marcher sur cette piste, aussi agréable
d’y marcher que désagréable à faire en vélo. Les rares véhicules ( bus, minibus et camions) qui sont sur cette piste vont à une vitesse impressionnante, tu es obligé de t’arrêter et après d’attendre à cause de la poussière. Si vous voyez dans quel état sont toutes mes affaires, cela fait deux jours que je bouffe de la poussière un max et comme si ça suffisait pas je vais la manger…

Une camionnette me croise, dedans Christophe et son vélo, il fait demi-tour, il a perdu
son machin électronique dans le chaos de cette piste infernale, il en a absolument besoin car lui prépare minutieusement son itinéraire et la quantité de nourriture à prendre, et la quantité d’eau, bref il n’improvise pas comme moi…Je ne comprends pas bien si il va à
Cusco en voiture ou si il me donne rendez-vous à Cusco. Je ne le reverrai plus, je pense qu’il a abandonné cette route infernale, parce que lui aussi il se gamelle, sauf que sur son vélo couché il y a un bouton siège éjectable et qu’il ne se fait pas mal….

Je descends vraiment prudemment, je regrette de n’avoir pas de casque, je regrette de n’avoir pas changé mes pneus, chaque seconde qui passe est une seconde de gagnée sur la chute, et puis ce qui devait arriver arrive, je chute très lourdement dans un mélange de sable et gravier. Douleur extrêmement violente à la cuisse gauche et à l’épaule gauche. Là je sais que c’est grave, en une fraction de seconde je me dis que mon voyage s’arrête là. J’arrive à me relever, j’essaie de marcher, à ce moment un bus passe, mon vélo est par terre, moi je boitille, sonnée, le bus ne ralentit même pas… Bon la jambe n’est pas cassée, mais l’épaule… Chaque essai de mobilisation m’arrache des cris. Je ne sais que faire.

Arrêter une des rares camionnettes ? Et dans quel sens ? Je prends la décision d’aller par mes propres moyens à Ocros plus bas et là d’aviser. Je vais vivre trois heures de calvaire…

Cinq magnifiques 4X4 décorés de l’Amérique du Sud Ushuaïa me croisent, deux me feront un signe d’encouragement, je ne les arrête pas pour demander de l’aide, je pense qu’ils auraient pu s’arrêter pour me saluer, nous ne devons pas être du même monde… Dans une autre camionette un mec m’a pris en photo, je dois être étrange, recouverte de poussière de la tête aux pieds, vélo compris… Et je souris pas… Dés que je trouve un replat je prends anti-inflammatoires et doliprane. Si je ne bouge pas l’épaule ça va, mais chaque tentative de mobilisation me fait pousser des cris tant la douleur est forte.

C’est beau et affreux en même temps…

Maintenant c’est si tu tombes tu te tues…

Et quand même je remonte sur mon vélo et même je tente de prendre des virages, j’évite de justesse de nouvelles chutes, mais qu’est-ce que j’ai dans la tête ?

J’arrive à Orcos, la route ne s’améliore pas…

Orcos m’accueille, on me conseille le centre de santé mais ils ‘ont pas de radio, que
vont-ils faire de plus ?

Je mange, fais le tour des quatre épiceries et de la pharmacie et rafle tout le diantalvic du village. La douleur sous l’effet des médicament s’atténue mais ne disparaît pas et il y a toujours un passage dans l’antépulsion et la rétropulsion qui m’arrache des cris de douleurs. J’essaie d’aller sur l’internett de la ville (enfin ville, village…) mais il est est
panne. Voilà je suis face à moi-même et à la décision lourde de conséquences à prendre. Ce qui est sûr c’est que pour l’instant je ne peux continuer. Même en poussant lentement mon vélo, quoiqu’il arrive je serai incapable d’y faire face. Et si je ‘arrive pas à monter ma tente quand je suis vers les 4500 mètres, je vais faire quoi ? Je décide d’attendre le lendemain pour prendre une décision.

Bisous tristes

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4 réponses à J222 : la route diabolique J10 … Ca casse…

  1. Monica dit :

    J’ai compris maintenant les raisons pour lesquelles tu as chuté. Il faut dire que cette piste semble redoutable. Le courage tu l’as déjà, alors réfléchis maintenant a la meilleure solution pour toi.
    Bisous

    • Francoise dit :

      Je temporise et je suis l’évolution de mon épaule, sachant que je n’ai plus que six jours devant moi… compliqué tout ça, bisous monica et tu vas être mon GPS, toi au moins je ne risque pas de te perdre, mais quand même grâce à celui de Christophe j’ai localisé la Croix du Sud… bisous

  2. Brigitte Jotte de la Touche dit :

    un bonjour de la region parisienne où je suis chez mes amis Colette et Gilbert (plantation de l’erable à la beoux en Mars 2010) Nous suivons tes exploits et sommes navrés de cet accident malheureux, mais pas étonnant vu l état des pistes. Bon courage et bon rétablissement. On t embrasse tous les trois.

    • Françoise dit :

      Merci Brigitte, aujourd’hui ça va mieux, il faut dire que 1km après mon bivouac j’ai eu de la route goudronnée, voilà pour les jours suivants finie la route goudronnée… Mais je suis beaucoup plus prudente, bisous

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