J236 : il se passe toujours quelque chose sur www.direction-ushuaia.com…

Mardi 13 septembre 2011

Arrêt de bus en pleine montagne – Orcos, petit village à 3500mètres d’altitude

Distance parcourue : 2 km
Vmoy : 4 km/h Vmax : 13,5 km/h
Température : minima : 11°, maxima : 34°
Dénivelée positif : 0 m bon le compteur a un problème..
Dénivelée négatif : 0 m même remarque que plus haut
Heures sur le vélo : 0H31’55 »
Départ : je sais pas
Arrivée : je sais pas

Résumé de la journée

  • Objectif :  je sais pas
  • Conditions météorologiques : couvert, pluie, orage, froid
  • Etat de santé : l’épaule c’est pas ça
  • Particularités de la journée : bus jusque Ocroz, le bus ne s’arrête pas, je réagis 2 km plus loin et me fait déposer en pleine montagne, mon porte-bagages est cassé, je rejoins Ocroz, c’est dur, l’épaule et j’ai peur… Je retrouve mes lunettes, diagnostic porte-bagages, vis cassée, elle est retirée mais il n’y a pas de vis de rechange, je rebricole un truc, je vais tenter de repartir demain

Mon réveil sonne, pas de problème pour me réveiller, intestins un peu en vadrouille, bizarre l’eau est chaude, j’en profite.

Pour le taxi, ici demander qu’on vous réserve un taxi, c’est aller dans la rue et en héler un, moi il me faut un taxi qui puisse prendre mon vélo, effectivement en 5 minutes le tour est joué. La gare de bus est assez loin, sur le chemin je vois deux cyclos qui peinent à pousser leur vélo, je leur fais de grands coucous et je me dis que ça ce sont des courageux de partir à 6H15 du matin. On m’a recommandé d’être au terminal de bus une heure avant le départ, parfois celui-ci est avancé… Ici c’est comme pour l’avion, il faut enregister ses bagages, prendre une carte d’embarquement, payante, pas cher et pas pour tout le monde…

J’avais bien prévenu hier en prenant mon billet que j’avais un vélo, eux ce qu’ils n’ont pas prévu, c’est qu’il y aurait trois vélos… Les gens ici voyagent rarement et quand ils voyagent ils sont hyperchargés… Dur dur pour rentrer tout dans les soutes, tout rentrera…

Durant tout le voyage je discute avec Sébastien, Lætitia dort, elle n’est vraiment pas bien. Ils ont un an devant eux et veulent aussi faire un tour en Asie, alors ils font des portions en bus. Là ils ont décidé de shunter la route du diable et ses horribles pics. Eux aussi ont beaucoup de problèmes de maladie, n’ont aucun problème avec l’altitude, comme moi, probablement parce que l’on monte lentement, qu’on passe notre temps à dormir vers les 4000, donc on est super acclimaté… Ils n’ont pas le même accueil que moi, je pense que mon état de femme maigre âgée y est pour quelque chose et puis aussi je suis la plus grande habladore de l’Amérique Latine…Il ne fait pas beau, même il pleut. Le temps passe vite, avec Sebastien on « accroche », on parle montagne, voyages, vélo aussi, on se passe des petits trucs, lui il a bricolé des attaches de sacoches avec du câble permettant de mettre un petit cadenas, c’est symbolique mais ça évite les mains fureteuses, on parle tour des Ananapurnas, c’est pas ici ? Pas grave.. Pourquoi j’accroche bien avec des gens et je suis mal à l’aise avec d’autres ? Pourtant Sébastien a le même âge que Christophe…Ils voyagent très léger, n’ayant pas plus de 20kg chacun, il me donne le truc du filtre café pour filtrer l’eau, tiens je n’avais pas pensé à ça… Nous parlons tant et si bien et étant la seule à descendre à Ocroz, oué il faut de bonnes raisons pour descendre Ocroz, que je laisse passer la ville, euh le village, je vais donc arrêter le bus dés que je m’en aperçois, on me dit de descendre au village, plus loin, et pourquoi je vais pas plus loin, la route est très dangereuse, je sais, je me suis cassée l’épaule… J’explique mon truc (ça sert de parler la langue, les français sont gênés par ça ils savent le minimum, mais pas l’indispensable, style arrêter un bus en pleine montagne loin de tout…) Le car s’arrête, je descends sous des tonnerres d’applaudissements…

Et me voici à nouveau seule avec moi-même sur cette piste difficile…

J’ai un moment de doute quand je vois mon vélo, les deux Winnie l’Ourson et un troisième sac, plus mon sac a dos, oui je ne sais pas comment je fais, je déleste, je déleste et le poids et le volume de mes bagages augmentent, j’ai encore laissé plein de choses à l’hôtel… J’ai un temps d’hésitation, je remonte à Ocroz ou je continue, ça descend. Comme d’habitude je suis mon instinct, je me dis que je vais aller à Ocroz, manger et aviser.

Je vais pour charger mon vélo, stupeur ils ont tellement bourré pour faire tout rentrer que mon porte-bagages est cassé… Allez savoir pourquoi la ficelle que j’ai acheté à Ayacucho pour faire des paquets je ne l’ai pas donnée… Elle va me servir, je bricole une attelle pour mon porte-bagages. Et… Je pousse… Et c’est hyper dur, j’ai mal à l’épaule. La route qui va à Ocroz descend. J’y vais, sur mon vélo, et… J’ai peur… Pourtant j’ai bien vu en poussant que mes pneus accrochent bien… Je suis obligée de descendre et de retenir, et j’ai mal… Bon c’est pas gagné, en plus il pleut et le tonnerre gronde et la température a chuté, on est encore aux alentours de 3500. J’ai la bouche engourdie de froid et j’ai du mal à parler… Arrivée à Ocroz je me dirige vers l’hôtel, l’hôtelier m’embrasse presque. J’explique mon problème de porte-bagages, aussitôt j’ai un attroupement autour de moi, peut-on faire une soudure ? Inspection des dégâts, non c’est de l’alu. Même le porte-bagages ? Non, moi je suis sûre que le porte-bagages n’est pas en alu.

Reinpection, en fait c’est la vis qui a cassé. Je vais manger, je reviens pour m’occuper du vélo avec l’homme qui a bien vu, il arrive à dévisser la vis, va en chercher une dans le village, n’en trouve pas, me propose de bricoler ça avec un clou, moi je ne préfère pas, ça va abîmer le pas de vis, et comment on dit « pas de vis » en espagnol hein ? Oh la la c’est compliqué la vie de cyclotouriste…  Je me déleste de mes super pneus de route, je ne pourrai monter avec un tel chargement, un est usé, mais l’autre super… Mais pas pour le Pérou… Et en Bolivie c’est pire… Pour mon porte-bagages, je m’en sors, je vais rebricoler une attelle avec la ficelle et un scratch double face que j’avais fabriqué avant de partir pour le « on ne sait jamais »…

Ca y est mon velo il est comme les vaches et moutons d’ici, avec des rubans…

Normalement dans une petite ville après le prochain pic je devrais trouver une vis, je range bien précieusement la petite vis cassée, je suis tentée de démonter une partie de mon porte-bannière, mais mon épaule me fait trop mal, j’abandonne, je suis tentée de laisser les Winny l’ourson ici, un a un grand trou, oui il a pas aimé le bus… Et ici on trouve des sacs genre sacs de pomme de terre, mais en plastique dont tout le monde se sert pour porter ses affaires… Je me dis que vu l’état de mon épaule, vu la souffrance avouée de mon vélo, ce n’est peut-être pas le bon moment de me délester de ces sacs bien pratiques…

Mais les aventures ne sont pas finies, je vais au restaurant et au moment de payer la dame plonge ses mains, bien justement dans un de ces grands sacs et en sort ? Mon étui à lunettes et mes lunettes dedans, je m’étais installée, moi, mon ordi et mon épaule cassée dans son restaurant en attendant le bus de Lima pour lequel je n’ai d’ailleurs pas eu de place… Quand je pense que j’ai fait retourner tout l’hôtel d’Ayacucho, allant jusqu’à explorer la case sous le lit avec ma lampe frontale, jurant sur toutes les têtes du monde que justement j’avais vérifié que je ne les avais pas perdues dans le car et que je les avais lavées là, tout juste si je les ai pas accusés de me les avoir volées… Les cyclos français aussi ils perdent plein de choses, je vous dis, dure la vie de cyclo, oui surtout que le joli vernis aux ongles que j’ai fait mettre hier avec de jolies petites fleurs est déjà écaillé…

Je profite d’Ocroz ou modernite et tradition se melent, comme dans tout le Perou…

Voilà demain je pars, ça va descendre, j’espère que je vais pouvoir monter sur mon vélo… Je suis en train de livrer un de mes plus rudes combats…

Ce soir ça caille, normal on est encore à 3500 mètres…

Bisous tout le monde…

Ce contenu a été publié dans Pérou, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

4 réponses à J236 : il se passe toujours quelque chose sur www.direction-ushuaia.com…

  1. JANODOU dit :

    Quel récit je viens de lire ! Incroyable !
    Tu arrives donc à tenir ton guidon ? Quelle est ta prochaine grande ville que je me situe à nouveau sur la carte ?
    Milles bises à ma « Soeur Courage »

  2. françoise TS dit :

    rien ne t’ arrête, tu es incroyable !!!
    belle leçon de courage !
    bises
    françoise

  3. Jean dit :

    hilo de tornillo : filetage, pas de vis

  4. Monica dit :

    Invincible Abuela !
    Là, Chapeau ! Quel exploit !
    J’ai bien compris que la patience n’est absolument pas ton truc !
    Quelle est ta destination, que je te file sur Google-earth ?
    Besos

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *