Vendredi 11 novembre 2011
Encuelga – Colchane
Kilométrage : 21,49 km
Heures sur le (ou à coté du) vélo : 2h58’43 »
Vmoyen : 7,2 km/h Vmax : 30,5 km/h
Températures : min : 14, max : 30°
Dénivelée positif : 9 mètres
Dénivelée négatif : 209 mètres
Je me réveille dans la nuit avec un horrible mal de gorge, ce n’est pas la première fois, je pense que c’est du à l’irritation de nez et des sinus par la poussière et l’air hyper sec. L’air est si sec ici que quand je touche ma frontale, pas besoin de l’allumer, elle lance des éclairs… Tout d’ailleurs fait des étincelles…
La piste est meilleure et je peux pédaler, cela se voit sur ma vitesse moyenne… Je zizague entre les bancs de sable et la tôle ondulée, toujours à la recherche des meilleurs 3 cm où poser mes roues…
Je photographie une église, des hommes me demandent de payer, et bin dites-donc ils ont le sens des affaires les chiliens… Je ne paie ni ne râle, je les engueule, je vous dis, c’est horrible je suis devenue une tueuse, mais tout se termine dans la rigolade…
Je suis surprise le matin par un ciel moutonneux, on s’habitue au ciel bleu perpétuel… Puis le ciel va devenir laiteux. En fin de matinée le vent se lève. Ici, pas d’arc-en-ciel, des boules-en-ciel…
Et ça continue d’être beau…
Toujours un volcan traîne par ci, par là…
La tôle ondulée elle ne traine pas par ci par là, elle est toujours présente, enfin sauf quand elle fait place au sable…
L’instant géologie…
Un des nombreux instants beaux…
Mon instant j’aime les rios…
Une mine à ciel ouvert… Le Chili exploite à mort son sol et son sous-sol, j’en ai eu un aperçu au Salar de Surire, l’exploitation minière du désert d’Atacama va me stupéfier…
Comme annoncé, 5 km avant Colchane je retrouve le goudron que j’aime tant…
C’est horriblement dur de passer sur le moyen plateau, je sens que cela n’est pas normal, j’ai vraiment peur que le boiter du changement de vitesse soit cassé. je décide à la sortie du Sud Lipez de rejoindre une grande ville au Chili pour réparer cela. Et tout lache, tout lâche, le sable ronge tout. Toutes les fermetures éclair lâchent les unes après les autres, la tente ne ferme plus, la sacocoche guidon non plus, le duvet ça devient dur, les vêtements aussi… Mon pneu arrière est usé,les sacoches sont hyper dures à ouvrir et fermer, bref c’est la déroute, ah oui il y a aussi la béquille et mes doigts en sang, le givre qui me tombe sur la tête le matin, la faim, la soif, bref c’est dur…
Les japonais partis plus tard vont me redoubler et poursuivent plus loin, eux tout ne gèle pas dans leur tente, ce n’est pas juste…
J’arrive à Colchane, ville frontière avec la Bolivie, je croyais trouver une grande ville et m’y reposer un peu…
Non, Colchane est un village à moitié enseveli sous le sable et battu par les vents. Il y a deux hôtels, le bien (recommandé par André et Valérie) qui est aussi l’unique boutique du village est fermé, c’est lui aussi qui fait internet… L’autre est sympa…
Mais n’aura son eau qu’à 18 heures (la lessive est reportée…) et ses deux heures d’électricté qu’à 21h30… A Colchane il y a aussi un collège, un gymnase, la police, une salle de gym, une église et pas une seule épicerie, RIEN. Pire, encore dans le seul hôtel d’ouvert je dois presque me mettre à genou pour obtenir un repas, il faut commander d’avance, quand même j’aurai droit à de pâtes, un oeuf et une saucisse de strasbourg…
Je vais rencontrer deux ingénieurs en géothermie, ils me montrent leur truc sur leur ordi, moi je vais leur montrer ma maison sur google earth… Et puis ils ont pitié et me donnent un paquet de gâteaux.
Le soir l’hôtel-tienda-internet bien ouvrira, l’internet est en panne, je me doute que ma famille et mes amis vont se faire du souci, mais je ne peux rien faire…
Pas de repos donc, demain retour en Bolivie…
Au repas du soir je vais bavarder avec un guide et le chauffeur, le guideest chilien, il va commencer à me faire peur sur le Sud Lipez, le chauffeur est bolivine, j’essaie d’avoir des renseignements, à part que c’est plus dur que ce que je viens de faire et que les 4×4 sont bourrés d’eau et que je n’ai qu’à les arrêter pour en demander, je n’en saurais pas plus, si, on me dit qu’il n’y a pas beaucoup de sable mais beaucoup de tôle ondulée, ce sera tout le contraire, le guide va m’offrir un verre de vin chilien, on dirait un bon bordeaux…
Bisous tout le monde
Le matériel casse mais toi tu passes !
Je te disais dans le mail d’hier que plus tu collectionnes les incidents et plus cela te grandit. Plus ton futur livre que tu prendras le temps d’écrire à ton retour s’enrichit d’aventures hors du commun, plus il étonnera tes lecteurs et toi-même d’abord. Comment ai-je pu faire tout cela ? Comment je n’ai pas craqué ?
Même après ton dernier incident au pied, je reste persuadé que tu feras exactement ce que tu avais prévu de faire, tant les km sur ton vélo que les jours à gravir ta montagne qui te tient à coeur de fouler. Ton matériel a ses limites, toi pas !
Il te suffira de garder la volonté, et ça je te fais confiance, et de la diluer dans la sagesse et la prudence. Tu y ajouteras de l’abnégation, de l’obstination et toujours de la prudence. Sans elle, pas de liant et tout peut s’écrouler sans crier gare !!!
Il te reste quelques centaines de km pour parvenir à cet endroit et ça te donne le temps d’une bonne préparation psychologique. Tu suivras les conseils de Jean, ton frère je crois, et tu deviendras l’Abuela la plus émérique d’Europe, voire même plus.
Vas-y Françoise, je suis de tout coeur avec toi, c’est toi la plus grande.
Je t’embrasse Grande Petite Soeur !
Comment j’ai pu faire cela, pas de réponse, juste que cela a été très dur et que je croyais que le plus dur était derrière-moi, et bien non… Aujourd’hui mon pied va mieux et j’ai beaucoup de chance d’être ici pour me reposer… Bisous à toi, oublie pas, les vitamines, les calmants… Ceci étant dit ce qui est dur pour moi peut être facile pour d’autres… Je ne sais…