J393 : une journée d’enfer…

Vendredi 17 février 2012

Valparaiso-Algorabbo

Kilométrage : 77,94 km
Heures sur le vélo ou à coté : 9h06’23 » ( mon record…)
Vmoy : 8,6km:h Vmax 38,5 km/h
Dénivelée positif : 1038m Dénivelée négatif : 1317m ( bord de mer à bord de mer, entre les deux la Cordillera de la Costa)
Températures : de 64°F à 98°F, beau temps chaud

Et bien voilà je quitte Valparaiso, toujours un peu trop tard…

Adieu à son port…

Son Pacifique

Et ses vagues tonitruantes

Je suis à l’envers de là où je vais aller, au début c’est un peu compliqué, je remonte une grande avenue, environ 1 km, puis je réussis à passer de l’autre coté. Mon idée c’est de longer la mer pour rejoindre la route de Placilla en évitant la traversée de Valparaiso, ses autoroutes et ses camions tueurs, au pire ça ne passe pas (il y a des falaises) et je fais
demi-tour, au mieux ça passe, et bien ça va passer… Amis cyclos je vous recommande ce chemin pour sortir de Valparaiso, vous vous tenez au plus près de la mer.

Si vous voyez le phare, c’est que vous êtes sur le bon chemin

Si vous rencontrez la police, ne vous inquiétez pas, ils sont sympas, vous font les conseils de prudence élémentaire, vous renseignent sur la route, il va y avoir beaucoup de camions et un grand tunnel.

Quand même il ne faut pas rêver, la route va monter dur pour vous élever au-dessus de la falaise, mais miracle elle est déserte, après renseignements auprès de la police il n’y a personne parce que c’est un peu compliqué de passer par là…

Puis cette jolie route va rejoindre une grande autoroute qui va mener à la ruta 68. Sur cette autoroute il y a des milliers de camions, pour rentrer dans Valparaiso ils sont à
la queue-leu-leu, moins nombreux dans mon sens, mais il y a une large brema où je peux rouler en toute sécurité. Arrive un grand tunnel avec un trottoir où si vous avez la force d’enjamber l’énorme rebord vous pouvez pousser votre vélo sans le tirer par les cornes… Je joue la sécurité au maximum, je m’équipe, lumières et bracelets réfléchissants, j’ôte mes lunettes de soleil et je pousse, le vélo dans le caniveau et moi sur le trottoir. Tout se passe bien.

Je rejoins une route à grande circulation qui rejoint la ruta 68, je suis en sécurité sur la
brema mais le bruit des camions me fracasse la tête…

Le paysage n’est pas désagréable

Voir sympa

Fracassée par le bruit des camions je sors à Placilla, j’ai vu sur la carte une route parallèle qui, hélas, n’existe plus, je visite les faubourgs puis je suis obligée de reprendre à nouveau la grande route et enfin je sors, j’ai décidé de changer d’itinéraire, je ne supporte pas cette circulation… Je vais rejoindre la cote, je sais que je vais souffrir sur cette route compte-tenu des dénivelées, mais tout est mieux que le vrombissement des camions (peut-être si
j’avais su que j’allais souffrir autant je n’aurai pas pris cette route et c’eût été une grande erreur…)

Le vélo est content de cette décision

Le ciel est bleu

Une menace d’animaux bizarres surgit (peut-être l’invasion de pumas prédit par certains… Certains dont je tais le nom parce que je suis trop sympa…)

La route monte et descend au milieu d’une forêt de pins et d’eucalyptus, il n’y a plus un camion et les voitures sont rares, le bonheur quoi…

Arrive la bifurcation pour Quintay, je la laisse, je sais que Jean le cyclo (désolé Jean de t’appeler comme ça mais c’est pour te différencier de mon frère Jean qui lui est andiste) y a trouvé un bon hôtel mais c’est un détour de 15km.
Mon idée est de dormir à  Tunquen à l’hôtel, oui sur la carte il y a un point, une étoile…

La route est étroite et sinueuse, déserte, un vrai bonheur…

J’arrive à une immense baie

Zoomée, je pense que les piliers supportent la piscine (la piscine de 1km de long…, ces chiliens…)

Je dépasse 4 maisons sans réaliser que c’est Tunquen et là, là mes amis, je vous dis pas, une pente à la vénézuelienne bien comme il faut, du style tu pousses, tu comptes jusqu’à 12 et encore 12, là t’es explosé de partout, donc tu t’arrêtes, frein bloqués, et quand tu veux repartir tu crois que jamais, jamais tu vas décoller le vélo… Une voiture passe, te
propose de t’aider, tu es pas maso, tu acceptes, sauf que l’aide qu’ils te proposent ce n’est pas de t’aider à pousser ton vélo mais de t’accrocher à la voiture, ça non. Alors tu souffres, ton bras cassé te fait hurler (oué je n’en parle plus de celui-là, il va mieux mais n’est pas guéri, il va y avoir du boulot en rentrant…)
Tu souffres, mais tu crois que c’est juste une côte comme ça, et bien non…

Poussage, arrêt, poussage vont durer une heure et demi, tu vas transpirer comme une malade, oui parce qu’avant il y avait eu de la descente et tu avais eu froid, donc tu
t’étais couverte. Un écriteau annonce un hôtel 5 km plus loin, ouf, sauf que ce n’est que du poussage-torture, et l’hôtel un hôtel de luxe, pas dans tes prix, et le bivouac ? Des barbelés… De toute façon tu planes littéralement depuis que tu es sur cette petite
route, c’est ton truc ça, les autoroutes c’est pas ton truc…

Tu vas quand même essayer de plaider ta cause à l’hôtel, et bien le franco-chilien il te laisserait bien crever sur place… Comme tu n’es pas trop nase, tu réfléchis à pourquoi tu es dans un état second, t’as pas fumé, t’as pas mâchonné des feuilles de coca, non mais la veille au soir tu t’es fait des pâtes, double portion, une pour le soir, une pour le pique-nique du midi. Amis cyclos, des pâtes, oué il n’y a que ça, des pâtes, plus d’un an quand même pour arriver à cette conclusion…

Après la montée la descente, l’hôtelier t’a dit ça descend, bon ça remonte il y a une quebrada à passer, en fait il y en a deux, la première sans problème, la deuxième poussage d’enfer… Et quand même tu arrives à Algarobba, et… D’abord tu t’es pris le soleil couchant en plein dans l’œil…

Ensuite tu as eu refroid à la descente, et dans la deuxième quebrada tu as pris la nuit, et à
Algorroba, ce n’est pas le choc du futur, c’est le choc du décalé, tu viens de la nature où tu as lutté, là les petites nanas en short ultracourt, les embouteillages,  oui, oui, la musique, les lumières et toi tu cherches désespérément un endroit où dormir, les « residential » (pas chers) sont pleins. Une femme te proposera de dormir chez elle, mais il faut remonter 4 km, non, pas à cette heure là… Tu ne vas pas voir la piscine de 1km, où c’eût été plus digne de te flinguer les muscles que dans lapiscine de 6m50… Tu aboutis à un soit-disant hôtel de luxe, cher et où la moquette n’a pas du être changée ni lavée depuis sa construction, en plus le personnel est hyper pas sympa, te faisant attendre des heures alors que toi t’es là titubante, te faisant payer d’avance, sûr que tu commences vraiment à ressembler à une va-nu-pieds, mais tu es tellement cassée et planante que même les odeurs de graillons et la musique à tue-tête ne vont t’empêcher de dormir… Enfin la première partie, parce que la deuxième c’est toujours compliqué..

Une journée d’enfer, mes amis, les pâtes, les pâtes, il n’y a que ça de vrai… Ce fut une journée d’enfer, demain ce sera un enfer…

Bisous tout le monde

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2 réponses à J393 : une journée d’enfer…

  1. Monica dit :

    Ta petite route est ravissante, c’est vrai, mais que de difficultés rencontrées qui te font en plus hurler de douleur. Mais tu as une idée de ce qui te fais planer. Là ce n’est pas l’altitude.
    Bon courage à toi

    • Francoise dit :

      Honnêtement la route entre Quente (nom approximatif) et Algorroba, c’est la pire pente que j’ai rencontrée depuis le début de mon voyage et en plus très longue, mais après quel bonheur d’y être arrivé, ça, ça ne s’explique pas…
      Aujourd’hui je vais peut-être prendre mon courage à deux mains pour aller chez le coiffeur, j’ai une tête de surfeur… Bisous à toi

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