Jeudi 8 mars 2012
Nacimiento-Los Sauces
Kilométrage : 70,32 km
Vmoy : 12 km/h, Vmax : 59,9 km/h, là il va falloir que je me calme, sinon je vais refinir à l’hôpital…
Heures sur le vélo : 5h50’06 », je vous ferai remarquer que c’est plus qu’une étape du tour de France…
Température 19° à 46°, grand beau temps chaud, vent faible
Dénivelée : positif : 256m, négatif : 383m, à force de descendre plus que je ne monte ce n’est pas à Ushuaïa que je vais me retrouver mais au centre de la terre…
Je ne pars pas trop tard ni trop tôt, soit à 9h30, surprise il ne fait pas froid… Surprise aussi la route est très encombrée et cela devient vite l’horreur pour moi,
je pense que le trafic va s’en aller vers la ruta 5 à la bifurcation pour los Angeles, nenni, ou alors il en part autant qu’il en revient… Je me dis que le prochain accès pour la ruta 5 va me soulager, nenni. Je rappelle que la ruta 5 est la route qui s’appelle aussi Panam qui va du Nord au Sud du Chili (son équivalent en Argentine étant la ruta 40), notez car je ne le répéterai plus.
Donc il y a beaucoup de circulation et je n’aime pas. Je suis en relative sécurité quand il y a une brema étroite mais quand celle-ci disparaît, que ce soit par l’outrage des ans, parce que la végétation l’a recouverte ou parce qu’il y a un pont, là je suis
en totale insécurité, ce d’autant plus que vient de réapparaître les camions tueurs, vous savez ces camions qui déplacent un grand volume d’air, comme celui qui m’a mise par terre, et qui (comme les bus d’ailleurs) ne dévient pas d’1mm leur trajectoire pour une pauvre cyclotouriste… Ces camions tueurs en plus sont vides, donc ils vont à fond les manettes… Je me demande bien d’ailleurs ce que Nacimiento peut bien avaler comme ça. Dans la banlieue de Nacimiento deux immenses usines de cellulose, de fabrication de papier quoi.
Qui ronflent
Le stock de bois est immense
Le bois arrive par camion
Non, non, pas par cheval
Par train, lequel à mon avis fait plus d’1km de long
Au bout du train des citernes entières de soude caustique
Des conseils de prudence sont donnés, mais comme je l’ai déjà dit ce ne sont pas ces camions là qui sont les plus dangereux
Les dangereux sont les camions tueurs qui d’ailleurs m’intriguent, ils sont fermés à l’arrière par une grille, mais qu’est-ce que Nacimiento ingurgite comme cela ? Et puis j’ai l’explication, car un de ces engins s’est trompé de sens : il est plein de copeaux de bois… Des copeaux il y en a d’ailleurs partout, je fais très attention de ne pas rouler sur une écharde…
Devant les usines de cellulose, d’immenses pelouses arrosées, tondues, faire du papier ça rapporte… Il n’y a pas beaucoup de photos car comme dit Jean le cyclo
quand c’est trop dangereux on ne s’arrête pas…
Et pour répondre à la question de Jean « pourquoi y-a-t-il des camions pleins dans les deux sens ? », je pense que les tables et chaises IKEA sont fabriquées dans le nord et que le PQ (appelé ici pudiquement « confort », j’adore) est fabriqué dans le sud, oui c’est toujours comme cela les taches dites nobles dans le nord, les autres dans le sud… Au fait Jean, ne cherche pas, tu sais la folie des hommes n’a pas de
limite… Ni de sens…
Ma zone de travaux sera du style je te laisse la voie, ça colle un peu mais je n’ai pas le choix
Les maisons restent sympas
Et parfois sont jaunes
L’immense plaine que j’ai entraperçue du haut de Nacimiento, et bien je suis dedans, le paysage est peu intéressant, des vergers, des prairies, faux plats descendants et faux plats montants s’enchainent, l’avantage : c’est roulant, donc
comme je n’ai rien d’autre faire je roule… La température elle, monte… Je me déshabille complètement (enfin dans les limites de la pudeur), m’offre un coca et je trace…
Au km 42 de ma journée, à la bifurcation pour Angol et au troisième accès à la ruta 5, enfin la circulation va se calmer, je pense qu’un tiers va sur la ruta 5, laquelle ne va pas en recracher d’autre, un tiers va sur Angol, et je garde le reste, donc là ça devient supportable… La route reprend alors son cours normal, repartant dans les collines, montant et descendant.
Je cherche un endroit à l’ombre pour manger, oui parce que 46° en pédalant ça va, mais manger en plein soleil à 46°, dur. Pas d’ombre dans ces immenses forêts, oui,
c’est un comble, mais la trouée de la route est très large, les arbres derrière les barbelés, enfin je trouve un abri-bus.
Me voici de nouveau dans les collines, j’aime…
Je crois voir au loin un volcan au sommet enneigé, au loin aussi mais pas au même endroit de la fumée noire (la forêt qui brule ?)
Mes muscles sont toujours ravis de pédaler sous de fortes chaleurs, je reconnais que quand la pente est raide je souffre et dégouline de tous les cotés, je bois un max
et après une dernière petite montée j’arrive à los Sauces, petit village sur la route du bois.
Avec sa maison verte.
Ouf il y a un hôtel. Il faut que je trouve une solution pour mon matelas, Enzo, quand tu avais tenté en vain de transformer ton matelas et d’en faire un matelas avec
oreiller intégré, il me semble que tu avais trouvé un endroit où en racheter un, parce que dormir avec des douleurs osseuse qui te réveillent toutes les heures c’est pas top… Là je suis dans une immense chambre avec un immense lit qui serait tip top si la propriétaire de ces lieux ne l’avait pas utilisée comme fumoir…
La wifi ne passe pas non plus, je vais au centre de « llamados » centre d’appels, la tenancière ne sait pas se servir d’internet, la connexion est lente, le clavier pourri… J’arrive quand même à lire mes messages, mettre un mot sur mon blog, avoir des nouvelles de Jean-Luc, tout va bien, je n’en sais pas plus et consulter le blog de
Jean le cyclo pour choisir mon itinéraire. Mon indécision, majorée par l’hôtelière qui m’a mis l’eau à la bouche avec encore un autre parc, un autre lac, un autre volcan, va s’envoler quand je vais lire le récit de Jean galérant sur sa piste pourrie enneigée, enlavée, avec des pentes de 30°, même si je pense qu’à cette saison je
risque peu de trouver de la neige, même si je pense que depuis le passage de Jean ils ont remis un peu la piste en état, je pense que la pente a 30° est toujours à 30°, alors je réfute… Je prends ma décision, choisis mon itinéraire et tout de suite je vais
mieux…
Donc ce sera Traigen, Galvarino, Cholcol, Temuco, Freire, Villarica, Pucon, Currarehue, paso Malmull Mala, je repasse en Argentine, Junin de los Andes, Parque nacional Nahuel Huapi et son lac, Villa La Angostura, San Carlos de Bariloche, là ça fera un moment que je serai repassé au Chili, puis Futaleufu, là je serai repassée en Argentine puis retournée au Chili, ce n’est pas de ma faute si la route zigzague entre ces deux pays… Soit par la piste, soit par la ruta 40, on verra, et enfin, enfin la Carretera Austral, Enzo des remarques ? Après, Enzo je compte sur toi pour l’improvisation car il n’y aura plus de bateau… Mais PAS LE PONT…
C’est dingue comme l’indécision peut rendre fou et comme la décision satisfait, quel qu’elle soit, y a pas, les voyages ça fait travailler le mental…
Bisous tout le monde