J420 : Bienvenidos en Argentina, je suis en Patagonie…

Jeudi 15 mars 2012

Bivouac devant le volcan Lanin- Bivouac au milieu des vaches

Kilométrage : 51,10 km dont 27 de piste
Vmoy : 9,2 km/h, Vmax : 49,3 km/h
Heures sur le vélo : 5h25’58 »
Température 10° à 41°, grand beau temps chaud, pas de vent
Dénivelée : positif : 192m, négatif : 67m, enfin je gagne de l’altitude

Le jour se lève à 7h45, le soleil plus tard à 9h15, et moi je pars encore un peu plus tard…

Hier soir le vent s’est levé, il a soufflé toute la nuit, pas fort, juste pour empêcher l’humidité de se déposer sur la tente… Évidemment j’ai dormi en pointillé, réveillée par les douleurs osseuses… Tandis que j’écris je teste une mousse au chocolat nappée de « dulce de leche », pas mal, pas mal, au fait j’ai repris un poids normal pour moi…

Me voilà partie, la piste est piste, entendez, nécessité de choisir entre la tole ondulée qui vous secoue à mort, les tas de sable-gravier qui vous tuent ou les nids de poule qui tentent désespéremment de vous propulser vers la mort, bref c’est tuant…

Mais, mais tout est prétexte à s’arrêter pour prendre une photo…

Un arbre

Une lagune

Un lac

Le tout dans un air cristallin et un ciel que plus bleu tu meurs…

Et voilà que devant moi surgit le plus beau, le plus chouette des cyclotouristes…

Il s’appelle Mario, il a 51 ans, ni tout à fait argentin, ni tout à fait chilien, il est MAPUCHE et je vais recevoir une très grande leçon de vie… Il a laissé femmes
et enfants, je dis bien laissé et non abandonné, il retourne les voir régulièrement, mais sa vie est ailleurs et différente… Les vacances, il ne sait pas ce que c’est car il aime son travail, il est artisan et travaille le bois, il a déjà vu Cusco, le Machupichu…

Les problèmes de changement de vitesse ? Il ne connait pas vu qu’il n’en a pas… La chaine qui ne veut pas passer sur le grand pignon ? Pas de grand pignon non plus… Les freins qui se coincent ? Il vient de faire plus de 400 km sans frein… Il me demande de regarder si je peux faire quelque chose, je suis prête à lui donner un câble voire mon dernier jeu de patins colombiens, mais vraiment là c’est au-dessus de toute ressource thérapeutique, alors je vais lui donner de l’argent pour qu’il
s’achète un frein, en échange il me donnera une très vieille bague avec une émeraude, peu importe qu’il utilise l’argent à autre chose que l’achat d’un frein, peu importe que la bague soit du toc, l’important est tellement ailleurs…

Le poids de son vélo n’est pas pour lui un handicap… Son duvet ne risque pas de perdre ses plumes, il n’a qu’une couverture, son matelas ne risque pas de crever vu que c’est de la récupération de matériel isolant pour maison, pas de problème non plus avec la fermeture éclair de sa tente vu qu’il n’en a pas… Sa casserole : une boite de conserve… Il a quand même un drôle de réchaud à gaz… Cette nuit il a dormi au bord du lac dans une maison abandonnée par la police…

Comme les quetchuas, les deux choses les plus importantes dans la vie sont l’éducation et la nourriture… L’esprit et le corps… Il ira me cueillir deux fraises
des bois, moi qui me retiens depuis des mois à cause des parasites… Je ne sais combien de temps nous allons passer ensemble, une ou deux heures, à ce rythme-là Enzo va encore me dire que je fais du sur place, oui mais quel surplace…

Passe une voiture (c’est rare), un couple d’argentins qui habite à 400 km de là et qu’il connait, ils lui donnent galettes et 3 litres de soda, Mario partage, d’abord il ne
va pas se charger de 3 litres de soda et moi qui ai décidé d’arrêter de prendre 10 litres d’eau et des tonnes de nourriture, je suis un peu juste… Pour l’eau j’ai décidé de boire celle des petits rios ( pas toujours accessibles) et la nourriture je suis très
juste…

Et voilà, à regrets nous nous quittons, le volcan lui est toujours là

Les arbres restent majestueux

Et respectés…

Enfin arrive la frontière, au revoir Chili

Rebonjour l’Argentine…

Et une fois le col passé, tout change, mais vraiment ça change, c’est incroyable, pendant deux kilomètres la piste est de cendres volcaniques, toute douce, à part un petit dérapage dans un virage…

La coulée de lave est impressionnante

Un hameau de quatre maisons me fait espérer une petite restauration mais tout est fermé, ouf j’ai fait le plein d’eau à la frontière, je pense qu’en insistant un peu ils
m’auraient donné à manger, premier village à plus de 60km…

Je traverse une grande pampa, les arbres ont tous brulés lors de la dernière éruption volcanique…

Le volcan continue de s’imposer…

Quand à la piste je peste contre mes pneus, je ne cesse de déraper, jusqu’à ce qu’un dérapage un peu plus fort me fasse mettre pied à terre et là je me rends compte que je suis dans plus de 20cm de gravier-sable, comme un petit air du Sud Lipez…

L’endroit est indescriptible, quelques arbres ont échappé au massacre…

Le volcan s’éloigne, la piste est déserte

La végétation reprend ses droits

Et continue, continue la piste

Puis s’arrête, le bonheur, je m’accorde quelques galettes en forme d’allumettes, ça change…

Les derniers arbres vont disparaître

Pour laisser place à d’étranges animaux…

Franchement c’est magnifique

Les bombes volcaniques ont atterri un peu partout…

L’hiver le paso est déneigé

Et je ne sais si le rio gèle…

C’est alors que je vais savourer pendant quelques heures quelque chose de très rare : le silence absolu, ni voiture, ni activité humaine, pas un oiseau, rien, même pas le bruissement du vent dans les arbres, le silence absolu…

Là c’est un gros caillou que j’ai semé pour Jean-Luc…

Un abri bus argentin…

Je me suis fixée un objectif de 50km pour essayer d’atteindre St Martin de los Andes demain, je le tiens et pose ma tente près des vaches qui vont faire « meu » toute la nuit…

Voilà c’est ma deuxième entrée en Argentine, mon troisième paso, trop chouette…

Bisous tout le monde

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16 réponses à J420 : Bienvenidos en Argentina, je suis en Patagonie…

  1. FTS dit :

    Bonjour Françoise,
    Que de paysages magnifiques ! et toi seule au milieu de nulle part et heureuse, cela se sent !
    je te suis toujours sur google earth et je ne peux, à chaque fois, m’empêcher repartir de Caracas pour mesurer le chemin que tu as parcouru=incroyable, BRAVO !!!!!!!!!!!!
    Bises.

  2. Monica dit :

    Quelle belle rencontre. Il a un bon regard cet homme. C’est émouvant.
    Les paysages grandioses, le volcan on le mangerait tellement il est beau. On se casserait peut être les dents dessus ! Ton bivouac en compagnie des vaches, Tout est beau et me fait envie …
    Besos à toi
    Bon courage

  3. Jean Garcia dit :

    Coucou Françoise,
    Ce n’est pas moi qui ai indiqué la Péninsule Valdes, car je ne la connais pas. Par contre, c’est dommage que tu ne sois pas allé au Bike Hostel car Maxi t’aurait conseillé pour ton parcours et aurait pu régler enfin correctement ton vélo. Tu vas maintenant parcourir la route des sept lacs et tu pourras camper tranquillement dans des décors superbes, en étant discrète , si tu es hors des zones autorisées qui ne sont pas les plus jolies. Va voir les photos sur mon blog si tu as un peu de temps. Le ripio après le goudron était correct en 2009.
    Bonne route, bisous.
    Jean le cyclo.

  4. François hennebert dit :

    Bonjour Françoise

    Tu as passé le paso maluil malal ou Tromen que j’étais gravir il y a un mois.
    J’espère qu’à St Martin de Los Andes, tu n’auras pas la fumée du volcan chilien et je suis sur que tu vas apprécier  » la ruta de los siete lagos « , malgré les traces de la dernière éruption du volcan Puyehue.
    A St Martin, il y a des magasins de vélos donc si tu as besoin de quelque chose, je pense qu’il n’y a pas de problèmes.

    Amicalement

    François

    • Francoise dit :

      Merci, Francois, mon probleme de sautage de vitesse est au-dessus de toutes ressources therapeuthique… Les pneus ici sont de tres mauvaises quslite, je m’engage sur la carretera australe avec 2 pneus de rechange… Et repare les crevaisons en 2 temps 3 mouvements…Ou en est tu ? Besossss

  5. Mylaine dit :

    RAS BISOUS

  6. Julie y Alex dit :

    Hola Francoise

    Merci pour cette rencontre rapide. Dommage que la nuit tombe tellement tôt ici. Une autre fois, une autre occasion, nous aimerons écouter tes histoires intéressantes.
    Nous te gardons dans notre mémoire, tu nous as impressionnés!!
    Espérant que tu n’as plus eu de autres pannes et que tu vas bien. SUERTE.

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