J9 ou la descente de la mort…

 Samedi 29 janvier 2011

Colonia Tovar- La Victoria

Dénivelée je sais pas, un altimètre, plus celui de mon compteur, pas un qui marche

L’altimètre me dit dénivelée positif : 1498m, dénivelée négatif : 5648 mètres, c’est possible, ce fut une descente infernale…Le compteur vélo me dit : positif : 299 m, négatif : 1853 m, l’ a tet raison ce compteur, l’autre ça doit être le cumulé en 2 ou 3 jours, je sais pas.

38km (un record)

Vmoy :11,2 (là record depuis le début de mon équipée!!!!!!!!) Vmax :40,3 (c’était pas dans la descente de la mort, suis pas suicidaire)

Température mini : 16°, max : 38°

3H22’33 » sur le vélo, le reste étant passé soit à respirer, soit à laisser refroidir les freins.

Donc ce matin, je peux avoir une connexion internet à la réception de l’hôtel, suis bien, tranquille, ça télécharge bien? Hier soir n’y étais pas arrivée car je n’avais pas bien compris les explications, croyais que je pouvais me connecter dehors, la réception étant fermée mais par wifi, en fait la réceptionniste laissait pendre le fil par la fenêtre…

Hier soir la personne qui servait à manger dans un mauvais fastfood allemand (et cher) m’avait dit qu’il y avait 27 km pour rejoindre La Victoria (ville où je voulais régler mes problèmes de téléphone) et là j’étais bien, hésitais à me reposer et remplir mon blog de mon baratin et mettre des photos et remercier tous ceux connus ou inconnus qui m’encouragent, donc j’hésitais… en parlant avec la réceptionniste (malgré mes problèmes de maîtrise du vénézuelien continue à parler) j’apprends que si je pars je dois le faire à 11 heures et qu’elle a trouvé quelqu’un pour changer mes euros. Je suis bien là, mais n’aime pas cet endroit un peu bizarre où je ne sais plus où je suis : en Allemagne ou au Venezuela. En tous cas ils perlent une drôle de langue, et visiblement il y a des descendants des anciens colons allemands. Au bout d’un moment j’en ai marre de taper sur l’ordinateur et me décide à partir pour une petite promenade de santé, vite je range mon bazar que je sais si bien mettre, je récupère le linge qui a séché au soleil sur le balcon, je change mes euros, la personne me propose de m’emmener, réexplique que ce n’est pas mon choix. décolle à 11H 15, quand je dis que je décolle, c’est un euphémisme, commence par pousser difficilement encore une pente qui avoisine les 30 ou 40%, je pousse sur 10 mètres, je respire, je pousse et cela pendant 2 km, même certaines voitures doivent s’y reprendre à 2 fois pour réussir à grimper. Je pense à la sortie du village à me ravitailler en boisson de réhydratation et chocolat. Les nuages évidemment ont obscurci le ciel et voilent les sommets. Puis c’est 5 km de montée poussable ou parfois roulable (jamais plus de 50 mètres à la fois). Il commence à faire froid, je m’habille, lors d’un habillage le vélo se déséquilibre (les endroits plats n’existent pas ici) et la pédale me rentre dans la cheville, j’ai franchement mal, suis un peu inquiète, mais ça saigne pas et finalement ça va. Je commence à être franchement dans le brouillard et puis le sommet et les cris de joie et de victoire pour tous, même ceux montés en voiture… Le paysage a changé, la forêt équatoriale, puis les cultures (beaucoup de fraises) ont laissé place à des montagnes dénudées et austères et toujours aussi emberlifoquées dans tous les sens. Je suis sur une route touristique, on est samedi, il y a des touristes (et oui les vénézueliens font aussi du tourisme, font pas que tuer les estrangers…),  je vois même deux parapentes, j’ai franchement froid, me couvre un peu plus et décide de manger plus bas quand il fera meilleur. Finalement je mange sur un coin d’herbe à coté du poste de contrôle, tranquilos, tranquilos car je ne sais pas ce qui m’attend… La descente était hard, là elle devient duraille de chez duraille, suis souvent en position debout, bien positionnée à l’arrière de mon vélo car la route est toujours à plus de 20% de pente, les virages sont hyper-serrés, et la route est cassée, ne peux répondre aux encouragements des voitures qui me doublent, suis beaucoup trop concentrée, régulièrement je m’arrête, histoire de reprendre mes esprits et de laisser refroidir mes tocos (mes freins), je regrette finalement de n’avoir pris qu’un jeu de rechange, car à ce petit jeu-là, mes patins vont vite être usés. Ne peux descendre comme je l’ai appris : freiner, lâcher pour laisser refroidir, là c’est freiner tout le temps, n’ai jamais fait une telle descente, c’est vraiment la descente de la mort… Enfin j’arrive dans la vallée, la température a changé: 38 au lieu de 16 et la route est roulable, c’est un vrai miracle, je ne savais plus ce que c’était…(enfin y a quand même des ponts dangereux) La route est bordée ça et là de boutiques ou fermes, l’endroit a l’air sympathique. A un moment donné je crois avoir dépassé Victoria sans l’avoir vue, non c’est juste que les kilomètres annoncés sont erronés. Me voici dans La Victoria, enfin ce que je crois être La Victoria, suis juste dans une banlieue, mais une banlieue sympa. Me renseigne pour trouver un hôtel ou une posada, au passage je vois que les vénézueliens peignent les arbres de couleur vives, ça me donne des idées… Après les cailloux, le peinture des arbres, heureusement que je ‘ai pas de voisins, sinon ils me tueraient… Mille fois je demande mon chemin, tombe sur magnifique hôtel, mais trop cher, la réceptionniste me donne deux noms, je cherche, traverse cette fois-ci le centre ville, à un feu rouge une femme vient carrément me féliciter et me serrer la main. Puis je traverse une banlieue pourave, suis à moitié rassurée, mais il n’y a aucune agressivité envers moi. Le premier hôtel est complet, le deuxième a des chambres de libre, c’est cher aussi et c’est sinistre. Je demande à changer de chambre, la première proposée puant le tabac. Finalement le réceptionniste me conseille de monter le vélo dans la chambre, ce qu’un sherpa vénézuelien me fait. Je prends rapidement une douche et essaie de trouver la boutique de téléphone, j’arrive, c’est fermé, il est trop tard, retraverse la ville en sens inverse, évite comme me l’a conseillé le réceptionniste la banlieue porave, de toute façon, avec mon sac plastique à la main me fond dans la population locale. J’achète quand même pour demain les boissons de réhydratation, des fois que le dimanche tout soit fermé, j’achète aussi du chocolat. Je mange à l’hôtel prends une « portion »: des frites, des tomates, des cœurs de palmiers (très très bons) et du concombre, sors de table en ayant faim, me venge sur le chocolat dans la chambre, la fin est revenue, c’est bon signe, la turista est partie, merci les remèdes indiens de ma bienfaitrice, en revanche je ne pisse toujours pas, il faut absolument que j’augmente mes rations de boissons. Voilà, encore une belle journée. Demain les difficultés d’orientation vont commencer car là j’étais sur la partie agrandie de ma carte…Vais me diriger vers la laguna de Valencia et ne sais si passerai par le nord et le sud de ce lac, cela dépendra des renseignements glanés (trafic, état de a route, beauté du paysage) forcement vais devoir remonter tout ce que j’ai descendu… Je ne jetterai ma nourriture avariée qu’après l’avoir remplacée, ne sais si demain dimanche tout est fermé ou pas.

Petit détail pratique et important pour moi qui me sers de tous ces objets électroniques lourds, inutiles mais que j’adore, je savais qu’au Venezuela il y avait différentes sortes de prises, mais savais pas que dans une même chambre ça pouvait exister, bin oui, pour remédier à ça ai déplacé le lit, faut dire qu’avec mon poussage commence à avoir des bras de déménageur…

Bisous toutes et tous, y hasta luego et continuez à m’encourager de vos commentaires, vous ne pouvez savoir quel bien ils me font… Et je ne vous en remercierai jamais assez…

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7 réponses à J9 ou la descente de la mort…

  1. Cyril dit :

    Évite quand même de peindre tes arbres fruitiers en rose fluo…
    Profite bien des températures estivales, ici demain -4. Donc dans ta montagne je ne te raconte pas…

    Bisous

  2. MERCIER dit :

    Comme dit Cyril, il fait froid ici (-3°) et je t’envie avec les températures que tu traverses.
    Je commence à voir, sur la mauvaise carte que j’ai, la route que tu prends (direction lago de Valencia !!!). Je ne me doutais pas un seul instant que tu trouverais des pentes à 20%. Faut que je m’habitue à ces routes que tu prends.
    Si c’était à refaire, prendrais-tu la même direction ?
    Bravo Françoise, je te devinais opiniâtre et tu dois l’être bien davantage encore ! C’est la qualité primordiale dans ce genre d’exercice avec un brun d’abnégation.
    Courage Françoise et bon vent à toi.
    Hasta pronto !

    • Françoise dit :

      Si c’était à recommencer, oui je le referai, trop bien. ici par contre moche…
      Et si tu prends de quoi manger, tu peux te faire un bivouac dans une crique déserte du tonnerre de Zeus… bisous

  3. Elodie dit :

    « la fin est revenue, c’est bon signe » ???? Non mais ça va pas d’écrire des choses pareilles 😉
    Je ne sais pas si tu parles bien le vénézuelien, mais attention à l’écrit tu en perds ton français ma petite maman.
    Tu nous fais battre le coeur avec tes récits ! Même pas partie depuis 15 jours et déjà mille aventures ! Nicolas dit que tu aurais du te trouver un sponsor. Et on se dit que c’est un roman sur plusieurs tomes qu’il te faudra écrire en rentrant.
    Sois prudente.
    Plein de gros bisous

  4. Françoise dit :

    Et encore j’ai oublié l’attaque de chiens, je raconterai demain, bisous ma fille que j’aime

  5. Monica dit :

    Voilà, maintenant j’ai une grande carte du Vénézuela accrochée au mur ce qui me permet de suivre ton périple chaque jour. Régale toi au maximum de la beauté de cette nature sauvage. Ce sont des images qui resteront ancrées dans ta mémoire et dans ta chaire pour toute ta vie. Merci pour les photos on n’a presque l’impression d’être un peu avec toi bien que tu sois si éloignée.
    Bonne route, sois prudente malgré tout.

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