Mercredi 7 septembre 2011 : point info santé

Bonjour à tous

Résumé : petite fracture de la tête humérale, lente amélioration.
Nième infection intestinale avec une fièvre d’enfer.

Je crois que j’ai déjà raconté l’hôpital, l’absence d’examen, la radio de très mauvaise qualité, l’immobilisation de l’épaule par bandage du bras, l’absence d’intimité, quand un meurt, on tire quand même le rideau, la saleté, le tu paies avant qu’on te soigne…

Alors maintenant je vais raconter la médecine quetchuase :

Le décor : le magasin de vélo en face de celui où j’ai fait équipé mon vélo de pneus à crampons et où j’ai fait changer le cable de frein qui ne tenait plus que par un fil. Pourquoi en face ? Parce qu’on bouge avec le soleil, parce que nous ne sommes pas loin de 3000 en plein hiver, que le soleil chauffe bien, mais que l’air ne retient rien, pare que j’ai attendu longtemps, rendez-vous à 13 heures, je viens à 14, je commence à connaître ici, le quetchua qui sera une quetchuase arrive à 17 heures… La femme arrive avec son baluchon typique des vieilles indiennes d’ici et encore de quelques rares jeunes dans les coins perdus de la montagne.

Je suis assise sur un tabouret, toute la famille m’entoure. La quetchuase m’examine et fait même un examen contro-latéral, le diagnostic tombe : petite fracture de l’épaule. Le pronostic : je vais guérir mais il faut que je reste tranquille plusieurs jours. La quetchuase s’enduit les mains d’un onguent, me manipule, me masse, j’ai très mal, je crie, je pleure, la femme du réparateur de vélo me tient la main, les enfants compatissent, la séance va durer plus d’une demi-heure. Puis la quetchuase va m’immobiliser l’épaule, à sa manière aussi avec une bande que la femme du réparateur de vélo a été acheté à la pharmacie, je dois la garder une semaine, je négocie, quatre jours, aujourd’hui j’en suis à mon septième jour d’immobilisation… Et pour la douche je fais comment ?Je n’en prends pas, une douche, quelle idée saugrenue…Je dois combien ? Je donne ce que je veux.

Depuis j’ai appris qu’il y a deux cliniques privées à Ayacucho, que l’hôpital est très mauvais et réservé aux nécessiteux.

Aujourd’hui je suis sûre du diagnostic : petite fracture de la tête humérale. Aujourd’hui je note une amélioration mais je trouve que c’est très long. Hier j’ai voulu décoller mon vélo du mur sur lequel il est adossé, mais le résultat n’a été qu’un long cri de douleur…

Aujourd’hui une nième intoxication alimentaire m’a clouée au lit avec une fièvre qui m’ a fait déliré, du coup mon épaule est restée bien au chaud.

Je profite de ce repos forcé pour mettre à jour mon blog, faire tout ce que j’aurai du faire depuis longtemps…

Et puis j’ai vraiment réfléchi : cet accident est entièrement de ma faute, pourquoi n’ai-je pas pris le temps de changer de pneus ? Pourquoi alors que j’étais tombée une fois déjà ai-je persisté ? Pourquoi avec l’épaule cassée j’ai au début essayé de continuer à descendre sur mon vélo ?

Pourquoi n’ai-je pas fait comme dans la descente de Pallasca, mis pied à terre dés que je sentais que cela devenait trop dangereux ? C’est vrai que cette piste est traitre, tu crois que c’est roulable et tout d’un coup tu as une zone hyperdérapante ou un gros tas de sable qui te stoppe net. Vu le danger et mes pneus inadaptés j’aurais du tout descendre à pied… J’aurais mis deux, trois ou quatre heures de plus et alors ?

Je pense que le discours de Christophe « on peut encore arriver à Ushuaia en mars avant l’hiver » a fait son chemin, surtout quand je l’ai vu derrière moi alors que je le croyais à un jour devant moi. Je crois aussi que d’avoir traversé cet altiplano à toute vitesse a endormi ma vigilance.

Je me suis bien renseignée, j’avais des renseignements faux sur Ushuaïa, le vent contre lequel on ne peut lutter, et bien il souffle plus fort en été qu’en hiver… La neige, il y en a aussi en été, le froid, il fait froid toute l’année. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut absolument que je trouve un surpantalon genre salopette de ski, que n’ai-je pris la mienne ? J’espère peut-être en trouver au Chili ou en Argentine qui sont des pays plus « civilisés ». Ou je vais peut-être essayer de m’en faire envoyer un, en poste restante c’est possible, le problème c’est que c’est long, donc il faut calculer…

Des nouvelles de nos amis cyclos :

MandolPierre en a eu marre de l’odeur d’eucalyptus et a pris l’avion jusque Darwin.

La famille cyclo a emprunté la piste magnifique au bord du rio, puis bus, la grossesse avancée d’Alice ne lui permettant plus d’aller plus loin, le bébé sera bolivien, Maïa a été un peu traumatisée  par les bombes lacrymogènes et les tirs à balle réelle lors des manifestations qui ont eu lieu à Ayacucho, la ville où je suis, ne vous inquiétez-pas, en ce moment c’est calme, je me demandais ce que c’était que ces grands tas de pierres qui barraient la route, maintenant je sais… Papa cyclo, lui quand il n’a pas son précieux chargement se transforme en avion.

Janodou se remet lentement de son accident, et se débat dans les formalités administratives pour faire réparer son vélo… Nul ne sait quand il repartira, c’est compliqué, continuons à lui souhaiter un prompt rétablissement.

Christophe je sais pas, juste je sais qu’il a fait demi-tour avant de se casser.

Anne est rentrée, prépare son départ à Buenos Aïres. Pour André je ne sais pas exactement, je crois que le retour est dur.

Pol et Verocyclette dégustent tout de la vie…

Et tous ceux que j’ai perdu de vue, si vous avez des nouvelles amis cyclos, donnez-moi en, il y a Diego, Oscar, José, Swidge, les brésiliens cyclocarbone, les argentins, les suisses, les français, Jean G., Jannick, et d’autres encore… J’ai une idée, on devrait faire un blog où chacun donnerait des nouvelles brèves car en roulant, on n’a plus le temps de consulter tous les sites…

En attendant je ne prends plus de risques incensés et je vais à ma vitesse (là c’est la vitesse zéro, même j’ai reculé…), j’arriverais quand j’arriverais et je ne laisse plus personne m’insuffler du poison dans les veines, ni personne m’accompagner. Là-dessus je serai à l’avenir très ferme, quitte à passer pour un gougeat ou une emmerdeuse ou tout ce que vous voulez…

Christophe n’a pas voulu me laisser seule parce qu’il avait peur pour moi, le résultat obtenu est l’inverse de ce qu’il cherchait…

Je suis dans un hôtel un peu bizarre mais je n’ai pas le courage de changer… Ca tape, ça crie, moi je me suis enfermée, je crois que c’est un hôtel pour couples illégitimes ou un hôtel de passe, 20 soles les deux heures… 30 la nuit… Mais j’ai une fenêtre, de l’eau tiède, un internet haut débit… Cet après-midi on est venu voir si j’étais morte, on est allé m’acheter de l’eau à bulles, on est venu me délivrer des asticots qui avaient envahis mon lit. Maintenant quand je paie je leur fais écrire mon nom, la date, parce que leur compte à la noix je ne sais pas comment ils s’y retrouvent…

Le moral a des hauts et des bas, là c’est bas…

Bisous tout le monde

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14 réponses à Mercredi 7 septembre 2011 : point info santé

  1. JANODOU dit :

    Allez Françoise, plus tu attends et mieux tu pourras repartir ! J’en fais l’expérience, même si tu n’es pas dans les mêmes conditions d’attente que moi.
    Bises à toi.

  2. Vers Ushuiahe, LE VENT SOUFFLE DE ..L’….ARRIERE

    1er pilier de la médecine Kallawaya: Bagnarse

    2ème… Trepar et Bajar..cerros (tu as tout bon)

    3ème… BAILAR et oui; DANSER..

    Quant à sa philosophie elle est très proche du bouddhisme.

    Un travail extraordinaire a été réalisé ( plus de 10 ans…) par une ethnologue suédoise
    dans la province attribuée à cette nation bolivienne ( au nord-est du lac Titicaca, voir
    notre blog jeuvoyageurs)

    Dans 12 heures décolle notre avion pour nous « rapprocher » de toi: entrerone dans le Chaco Bolivien après la pédalée au milieu
    des Jacarés, anacondas, etc du Pantanal brésilien

    A la espera de lo mejor de tus noticias

    Véro(cyclette) y Pol(ycycle)

    • Francoise dit :

      Trop génial, on va donc se voir, à moins que vous me fassiez encore le coup de l’Equateur, toujours je croyais vous rattraper, toujours vous me devanciez… Sauf que vous y etiez 4 ans plus tôt… J’ai mis longtemps à comprendre… Mais ça m’a bien amusé… Je Peux PAS me baigner, j’ai des plaies non encore cicatrisées, je ne veux pas risquer d’infections… Déjà que je m’en suis repayée une aux intestins avec fièvre carabinée, je crois que je vais quand même éviter certaines choses, la salade, les limonades faites maison avec je sais pas quelle eau… Dommage mais là j’en ai marre de tomber malade… Ou de tomber tout court… Vous savez que le bébé de la famille cyclo va naître en Bolivie ?
      Et danser, j’adore, je le fais dés que j’en ai l’occasion, besos y a pedalear de nuevo el mas temprano posible y feliz viaje y hasta pront

    • Francoise dit :

      Oué, trop génial, dans le désert d’Atacama aussi. Des que mes plaies sont cicatrisée je vais aux bains, ici aussi on me l’a conseillé, mais là ce n’est vraiment pas prudent… Alors vous êtes dans l’avion ? Besos

  3. Jean dit :

    Pour tes achats (surpantalon), réserve-les à l’Argentine : Les prix chiliens sont au niveau européen, à El Calafate, il y a beaucoup de magasins de sport.
    Ushuaia, c’est du tempéré froid humide et venteux.
    El Calafate, il faut y passer pour les glaciers (Perito Moreno) pas très loin.

    • Francoise dit :

      Des que je trouve un anorak et un sur pantalon qui me convient j’achète, avec toute l’essence que j’économise, je peux… Aujourd’hui il souffle comme un air de printemps… Sauf que qui dit printemps dit pluie… A tous les coups je me reprends la saison des pluies en Bolivie et en plus là_bas il y a les orages et les éclairs et paraît-il que dans la tente c’est pas triste… Allez on verra bien, depuis que j’ai compris que UshuaÏa, été comme hiver ça caille pareil et ça neige et ça pleut pareil et que ce que je redoutais le plus après mon aventure avec la tente dans le canyon c’était le vent et qu’il est plus fort en été, je me sens plus cool… Bisous

  4. Monica dit :

    La médecine quetchuase possède peut être des vertus dont nous ignorons les bienfaits ?… Elle semble déjà bien plus humaine que dans cet hopital pourri ou tu as atterri. L’hôtel ou tu dors semble très agité, prudence, si on vient frapper la nuit a ta porte ! J’espère, que tu vas avoir l’occasion de découvrir mille choses nouvelles autour de toi, et que finalement le temps va passer très vite. Courage, ma belle, nous pensons tous a toi.
    Besos

    • Françoise dit :

      Coucou Monica, je ne m’ennuie pas. Je trouve le temps court même, je fais plein de petites choses que je devais faire et remettais à je sais pas quand… Je rattrape mon retard d’écriture… J’ai trouvé un gymase, hier j’ai gravi un pic, aujourd’hui j’ai fait 2 pics… Résultat j’ai mal aux fesses (selle pas adaptée) et au genou (la première chute), oui la deuxième ayant effacé la première j’en parle pas trop… et puis je découvre Ayacucho, je parle avec les gens. je sais pourquoi dés 5 heures du matin ils vont la queue sous la fenêtre de ma chambre, c’est pour avoir un crédit pour acheter une poignée de semaine de millet…
      Mais je ne suis pas patiente, alors je m’impatiente… Le printemps se fait de plus en plus présent… Aujourd’hui chaleur… Nuages aussi… Pas encore de pluie… Bisous

  5. ARDUIN-BOREL Mylaine dit :

    Tout le monde et toi médecin tu sais qu’une épaule c’est long et douloureux, mais
    tu n’es pas à un jour près, alors, ta guérison passe avant toute chose, et le prochain
    départ sera pas tout à fait comme le premier.
    Et tes muscles tu les fait travailler autrement qu’avec un vélo il y a d’autres moyens,
    allez courage, et bisous.

    • Françoise dit :

      Sauf que dans 3 semaines la saison des pluies sera à nouveau là et que je vais en baver un max, je savais que j’allais me la reprenfre mais pas au Pérou, seulement en Bolivie et qui n’a connu une saison des pluies sous ces contrée ne peut savoir ce que c’est… Et piur les muscles l’expérience m’a montré que le mouvement précis qui doit être fait doit être travaillé. exemple je me prépare comme c’st pas possible (aérobics, gym, piscine,etc) avant d’aller faire une rando à ski avec une copine. Pas tout à fait mon rythme, un coup de froid, paralysie… Ma force de conviction est telle que je la laisse partir pour atteindre le sommet. Trois heures dans un trou de neige sans même puvoir renfiler mes gants jusqu’à ce quelqu’un passe et me porte secours… Je ne veux pas risquer ça ici…
      Bisous

      • Enzo dit :

        Mais non Françoise,

        Le début de la saison des pluies au Pérou c’est mi-novembre.
        Au contraire, le fait de faire une pause va te permettre de mieux rentrer l’été et de profiter de températures plus clémentes.

        Je me souviens même qu’en 2008 elle n’avait commencé que fin décembre.

        No panique !!!

        Enzo

        • Enzo dit :

          Ah oui et j’oubliais, comme le disent Pol et Véro, en Patagonie, le vent souffle toujours d’ouest.
          Donc le plus souvent 3/4 dos (sauf les deux cents derniers kilomètres où il est de face).

          Concernant les températures, il y fait très chaud au soleil (minimum 25 °C) et assez froid dès qu’un nuage passe (minimum 12-13 °C).

          Il ne doit en principe pas geler la nuit avant fin mars.

          Kisssss !!!

        • Françoise dit :

          Super, ici ils ont commencé à me faire peur, des fois ça commence en septembre et ça dure jusqu’en mars… Ils ont quand même modéré en disant que ce n’était pas si fort qu’en Colombie… Heureusement qu’à l’émigration ils m’ont donné 120 jours et là j’ai rien demandé, je dois vraiment faire pitié… C’était à mon deuxième passage, en pleine nuit, l’homme m’avait reconnue…… Je pense arriver à partir cette semaine, j’ai réussis à décoller mon vélo du mur, à lui faire descendre le trotoir mais pas à remonter, et vélo non chargé, donc je n’ai pas le choix je patiente et vous abreuve de mas blas blas blas, bisous Enzo et merci de ton aide en toutes circonstances…

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