J110 : le choc…

Jeudi 12 mai 2011

Quito – hosteleria Cotopaxi dans la petite ville de Lasso

Distance parcourue : 70 km
Vmoy : 10,9 km/h Vmax : 56,6 km/h
Température : minima : 11°, maxima : 30°
Dénivelée positif : 892 m
Dénivelée négatif : 887 m
Heures sur le vélo : 6H23’41 »
Départ : entre 9 h 30 et 10 heures (trop tard, mais une rencontre, un espagnol qui a traversé la Colombie pour sa plus grande partie à pied, un peu en bus, je lui donne le tuyau pour ma carte et on blablabalte un peu…)
Arrivée : 18 heures 20 (trop tard)

Résumé de l’article

  • Objectif : sortir de Quito
  • Conditions météorologiques : douce chaleur au départ, puis couvert, froid, vent, deux fois troi gouttes de pluie…
  • Etat de santé : une pêche d’enfer

Particularités de la journée : sortie de Quito (15km),  petites montées, grande descente puis un col à plus de 3500 mètres, du froid, du vent, un choc : devant moi le Cotopaxi enneigé de la tête au pied… Arrivée à la nuit après une longue descente à un bon hôtel où je suis la seule… Eau chaude pas électrique…

En pédalant je me demandais comment j’allais intituler cette journée :

  • D’abord j’ai pensé la route des volcans, ça s’est le nom normal…
  • Et puis la réalité s’est imposée à moi : « quand l’abuela cyclo guapa fluo fait peur aux volcans… », oui les volcans entrelacés les uns aux autres se sont parlés, ils se sont dit : « attention, la voilà, la voilà », ils sont si proches, si entremêlés qu’ils n’avaient pas besoin de crier, juste ils murmuraient, quand même j’ai entendu des bribes de leur conversation, certains disaient « on fait comme d’hab », d’autres disaient « non, moi je veux resplendir », le plus petit chuchotait « moi je voudrais fumer » et le plus gros « attention, moi je vais exploser ». Quand même tous grands et petits étaient très très timides, c’est pour cela que souvent ils se voilaient de blanc, et puis un message était arrivé jusqu’à eux : « l’abuela cyclo guapa fluo est la protégée de Tatia Imbabura », alors ils furent encore plus intimidés que d’habitude. Le plus grand d’entre eux qui se cachait là-bas tout là-bas et qui du haut de ses presque 6000 mètres voyait tout susurra : « vous avez vu ce que l’abuela cyclo guapa fluo traîne derrière elle ? »

 « oui » murmura le petit Corazon « ce sont ses copains les nuages » « on s’en prend chacun un ? », les volcans ne prirent même pas la peine de répondre, tous se précipitèrent et en instant se voilèrent, certains s’emmêlaient un peu les pinceaux et ne se couvraient pas totalement, le plus souvent quand même ils ne laissaient voir que leur pieds solidement ancrés dans la Cordillère,

 et l’abuela pédalait, pédalait, pédalait, parfois même on aurait dit que quelques uns de ses copains s’étaient glissés sous elle et alors elle flottait comme… sur un nuage… Elle ne se rendait plus compte qu’elle montait et descendait, elle n’entendait plus le vacarme des voitures et camions… Elle avait oublié qu’il lui avait fallu plus de 15km pour sortir de Quito, elle avait oublié les queues de poisson des bus, elle avait oublié les gros trous à éviter, elle avait oublié la police toujours un peu curieuse mais bienveillante,

 elle avait oublié ses tourments des jours précédents, elle n’avait pas su répondre à la question »décrivez-moi les différentes couches géologiques »

elle avait même oublié qu’elle avait superbement mangé dans le seul endroit où il y avait deux restaurants sur sa route, tout juste si elle regardait les couleurs des marchands de fruits…

elle était tellement sur un nuage qu’elle a dépassé sans la voir la ville de Machachi où elle voulait s’arrêter, oui elle était bien sur un nuage, elle ne ressentait nulle fatigue, enfin juste un peu l’après-midi après la pause déjeuner, quand même elle sentait les chauds et froids, juste elle sentait ça et quand il avait fait très très froid et que le vent avait soufflé fort, là oui elle avait senti, elle avait enfilé sur son collant son pantalon polaire et même son pantalon kwé, et aussi les gants de soie, les mitaines, et les gants polaires, bref le barda habituel, elle avait oublié aussi la longue et superbe descente, elle flottait, tous ses amis l’entouraient : les nuages et les volcans, même si elle ne les voyait pas elle savait qu’ils étaient là…

  • J’aurai pu intituler cet article : quand je pense qu’il y en a un qui m’a dit : « à partir de l’Equateur ça descend jusqu’à la mer », je vais quand même me payer mon quatrième col à plus de 3000 , sauf que celui-là il est à plus de 3500 mètres, à 3521 mètres très exactement, et je monte ça comme une fleur, je suis super acclimatée à l’altitude, ni essoufflement, ni battement cardiaque, ni mal de tête, ni fatigue, rien de rien de rien, que du bonheur de sentir que ça roule…. Je me dis quand même que les cyclos fraîchement débarqués de l’aéroport de Quito ils doivent douffrir un peu, enfin j’espère, sinon ce n’est pas juste. Des fois je me dis que cette pêche d’enfer c’est peut-être que mon vélo il roule à merveille et qu’il n’a plus ces frottements disgracieux. Peu importe ça roule…
  • Et puis j’ai un choc, honnêtement j’ai failli tomber par terre, tout d’un coup là, devant moi, alors que rien ne le laissait présager le Cotopaxi, blanc, blanc, blanc du sommet à ses pieds, il me regarde, je veux le photographier, j’accélère, appuie à fond sur les pédales pour arriver plus vite au col, puis m’arrête, cafouille avec mon appareil photos, il n’y a plus de mémoire, la mémoire de rechange est aussi pleine, vite le géant se recouvre, quand même j’en attrape un petit morceau, et puis demain nous avons rendez-vous tous les deux, nous avons rendez-vous à six heures…

  • La nuit, trop d’émotion, les kilomètres, mais je les ai pas senti, l’ivresse des montagnes,

 ce grand plateau à plus de 3500 mètres froid et venté, on pourrait je pense y bivouaquer, les kilomètres, le rayon de soleil sur la ville,et même, même l’arc-en-ciel, trop, je vais encore pleurer, l’hôtel que je réfute et puis je reviens, le suivant est à 12km et il fait nuit et je deviens bête (parce que si je calcule bien ce n’est pas cher, enfin ça rentre largement dans mon budget, et je suis vraiment bête car si je ne m’offre pas un peu de confort je vais craquer…), j’ai eu mon repas préféré : l’avocat les frites le pain la bière…

  • Demain réveil 5h55, j’ai rendez-vous avec le Cotopaxi, il ne daigne se montrer qu’à 6 heures précises…
  • Le lendemain 6 heures, il pleut… Je me recouche, dors dans des draps doux, sans bruit au-dehors, même pas les coqs, jusque 9 heures, des siècles que cela ne m’est pas arrivé…

Bisous tout le monde

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14 réponses à J110 : le choc…

  1. J’ai l’impression que tu es en direct. Je me trompe ????

  2. Francoise dit :

    Oué je suis dans une hosteria devant le Cotopaxi, là je cherche à comment aller à la laguna de Quilatoa

  3. Francoise dit :

    Je suis l’appareil photo à la main mais je crois qu’il faut retenter à 6 heures du mat

  4. Francoise dit :

    La météo est mauvaise jusque Dimanche je ne sais pas trop quoi faire, parce que aller à la lagune se cailler et ne rien voir, ce n’est pas la peine. Le cotopaxi c’est comme l’hivernale du Mont Blanc 1000 mètres plus haut avec une météo mauvaise, je réfute, je crois que je vais me rabattre sur le volcan en éruption, au passage j’ai vu que j’ai fait en une étape ce que les autres faisaient en deux mais hier je planais littéralement r

  5. Quel choc en effet tu as du avoir ! Je crois que c’est le plus haut volcan en activité de la planète.
    Il y a quelques temps déjà que je me suis aperçu que tu avais une grande forme physique. Ca se confirme aujourd’hui dans ces routes difficiles de la Cordillère.
    Bravo Françoise, bravo notre championne de la Drôme !
    Besos

  6. Francoise dit :

    Hier je planais littralement et aujourd’hui aussi j’ai la pêche sauf que je fais rien… Que blablater

  7. Qu’est-ce qu’il a de particulier ce lac ?

  8. Francoise dit :

    Il est super beau, il est dans un cratère de volcan, je n’ai pas encore été voirde lac dans un cratère de volcan…
    En y regradant de plus près ma photo du Cotapaxi, on remarque les voitures qui donne l’échelle, et les voitures à contre-sens, il y en a quand même sur les deux voies, je sens que tu vas devoir doubler la dose de calmants…

  9. Monica dit :

    Ta provision de globules rouges + ton séjour chez les quetchuas, avec toutes ces herbes mystérieuses, t’ont donné une peche d’enfer. Oui le volcan Cotopaxi est majestueux, il y a de quoi verser une larme. J’ai regardé la Laguna de Quilatoa c’est magnifique ! Tu vas te régaler. Bonne ascension, j’espère que tes copains vont te lacher un peu pour que tu puisses pleurer a chaudes ? larmes et voir le Cotopaxi dans toute sa splendeur. On dirait qu’il y fait très, très froid ! Courage belle Abuela,
    Besos

  10. Pol et Véro jeuvoyageurs... dit :

    LA BOUCLE DE QUILLOTOA. Prends ici droite, vers TOASCASO, les 2 Iliniza vont t’époustouffler. Compte 3 étapes. Côtes pavées. Après Isinlivi, à gauche école où nos avons animé une journée sportive. MARCHE DE SAQUISILI LE JEUDI: prends un bus depuis LATACUNGA, residential Amazonas, avec chambre sur la place où spectateurs-PARIEURS animant les joueurs d’ ECUAVOLLEY

  11. jeuvoyageurs dit :

    TOUR DU CHIMBORAZO est super ( route la plus éloignée de centre de la…PACHAMAMA). Stock de GRUYeRE et CHOCOLAT à SALINAS: au col-carrefour ouest,4200, du Chimborazo, prendre piste en terre, monte 2 kms, et descente de 20 vers les gourmandises. Si option TUNGUROAH, tuyau de piste-sentier depuis PELLEO sur rive GAUCHE du Rio Chambo.
    A RIOBAMBA, ancienne route ( et pista) vers MARCHE DE GUAMOTE

    • Françoise dit :

      Merci de ces renseignements, je ne suis pas allé à la laguna de Quilotoa, plafond nuageux en-dessous de 3500m et laguna à 3800 m, ce n’était pas la peine, j’ai filé comme une flêche jusque Ambato et si je n’attendais pas le spectacle de ce soir, j’aurais encore filé plus loin, je ne sais pas si c’est moi, mon vélo ou la route plus facile mais j’ai une pêche d’enfer. Tout le monde me dit d’aller à Banos, mais il y a moins de 8 jours ils ont reçus des bombes volaniques sur la tête et il faut se promener avec un masque… On me dit aussi d’aller en Amazonie, et on me dit aussi d’aller à Guayaquil (dont l’aéroport a été fermé pour cause de cendres volcaniques), je ne sais trop…Muchos besos et aqui dicen suerte

  12. pierre dit :

    bonjour
    je vois que tu es toujours europeenne : l’univers n’existe que pour mettre l’humain en valeur. ben non les volcans ils n’en ont rien a foutre de l’abuela, eux ils etaient la il y a 60 millions dannees, et ils seront la dans 100 millions dannees, ils ont fabrique la cordillere et tout ce qui est autour et selectionnent la faune et la flore locale, alors la moustique efemere et qui na aucun effet sur rien que quelques congeneres eux aussi sans importance ….
    la nature n’est pas a note service, ne depend pas de nous, ne pense pas comme nous, par contre nous on depend delle, sans elle on creve. Alors oublions ces chretiens, ou cretins et ouvrons nous a l’immensité, soyons a lecoute et attentif a elle plutot qua soi.

    If some have open heart, world will bring him a very lot.
    bon voyage pierre

    • Françoise dit :

      Et bin non, tu te trompes, moi je les ai entendus parler entre eux les volcans… Et même des fois les pierres (pas que Le Pierre) elles me parlent. Non l’univers n’est pas là pour metre l’homme en valeur, mais l’homme fait partie de l’Univers… Et puis il n’y a pas que les volcans ou les pierres qui me parlent, les étoiles aussi elles me parlent, et plein plein de choses encore… Voilà, c’est mon monde, c’est le tien aussi, juste on se parle différemment… Et puis qu’est-ce que tu as contre les européens ? Je te rapelle que quoique tu fasses tu en es un…
      Et attends de voir les kangourous, tu verras eux-aussi ils parlent, suffit juste de les écouter…

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