J168-J181 : la vuelta J5 : dur, dur, dur, dur, dur, plus que ça même…

Lundi 11 juillet 2011

Allgapampa, petit village perdu dans la montagne à près de 3300 mètres d’altitude – Paraiso (le Paradis), bivouac à 3542 mètres

Distance parcourue : 20,00 km

Vmoy : 5,1 km/h Vmax : 22,1 km/h

Température : minima : 9°, maxima :29°

Dénivelée positif : 439 m

Dénivelée négatif : 279 m

Heures sur le vélo : 3H53’58 »

Départ : 9h10

Arrivée : vers 16 heures

Résumé de la journée

  • Conditions météorologiques : soleil, des coups de vent glacial, puis orage menaçant, puis orage de grêle, puis pluie, puis soleil, puis repluie, puis resoleil, soirée glaciale, la nuit je sais pas dans mon double duvet je n’ai jamais froid, sauf qu’il repleut…
  • Objectif : avancer, trouver un endroit où dormir, peut-être
  • Etat de santé : bon
  • Particularités de la journée : je fais que des bêtises, je perds mon anorak avec 20 dollars et 50 soles dedans, j’oublie mon maillot bleu à l’hôtel, j’y retourne en stop. La route est très très très difficile, pente, pierres, graviers, sables, ça dérape un max, je me prends un orage de grêle sur la tête,ce qui a le mérite de faire tomber la poussière que tant qu’on a pas vu ce que c’est on peut pas imaginer..

Aujourd’hui je vais reprocéder par points forts :

 Je fais que des bêtises : en préparant mes bagages, et surtout me pour mettre sur le dos je ne trouve pas mon anorak, en plus dedans il y a dans la poche gauche 20 dollars, dans la poche gauche 50 soles, histoire de pas mettre tous les œufs dans le même panier… Je refais toutes mes sacoches, rien…

Je réfléchis, hier j’ai entendu un bruit bizarre, j’ai cru que c’était mes freins, j’ai d’abord pensé que le mauvais sort me poursuivait, c’est pas possible, là ce sont des freins neufs, et puis et puis j’ai quand même eu l’idée de regarder, il y avait un sac où je mets mes vêtements chauds disponibles, oué parce qu’ici c’est comme en Colombie, la température passe de 30 à 9 ° en deux minutes… Et moi je ne peux pas me permettre de me refroidir, il faut que je trouve un truc pour avoir mes vêtements à disposition et aussi trouver un bâton qui me serve de béquille car là je vais à la cata… Donc le sac de vêtements chauds avait glissé et touchait ma roue, juste j’ai été contente que pas de dégâts et j’ai pas pensé plus loin, erreur, erreur, erreur, car je pense que dans un plastique il y avait mon anorak, bin celui qui l’a trouvé il a eu un bon suerte comme moi avec mes zéros crevaisons, au fait mon webmaster change les kilomètres car selon mes calculs à moi j’ai dépassé les 6000… Donc j’ai perdu mon anorak et je n’ai plus beaucoup de soles (la monnaie du Pérou)… Je suis quand même un peu perturbée, je vais voir la police qui est en face de l’hôtel , je leur demande si on leur a pas rapporté mon anorak, là je crois encore au Pérou, je leur demande de me le rapporter si des fois ils le retrouvent, je crois toujours au Pérou… Tout cela prend du temps et moi qui voulais partir plus tôt je pars passé 9 heures… Me reste à manger mon bout de plastique (la carte bancaire) et à brûler mes dollars de réserve pour me réchauffer…

Bon les bêtises c’est pas fini, avec tout ça je suis perturbée… J’ai remarqué qu’ici il n’y a pas de rosée, que ma serviette a séché durant la nuit, donc pendant mes longs préparatifs je mets mon unique maillot bleu qui me protège du soleil sur l’étendage et je pars… Sans… Je ne m’en apercevrais que 5 km plus loin d’une route extrêmement difficile, impensable de rebrousser chemin en vélo, je laisse mon vélo sous la garde d’un vieux monsieur dans un tout petit village et je repars le chercher, je marche et fais du stop, oué sauf que les routes à moitié désertes c’est pas super pour le stop, un bus passe, me prend, je raconte mes aventures, je ne paie pas; l’homme qui seconde le chauffeur (parce que le chauffeur il est tout à sa route, la route est très très difficile) me dit que si je n’ai plus d’argent ici pas de problème, je demande et on me donnera, y a pas le Pérou, c’est le Pérou… Je passe au plan 2 bis de restriction budgétaire, je ne passerai plus jamais au plan 3, je mendierai mais plus question de me priver de nourriture, et là je sais que je peux non seulement faire appel au peuple mais aussi à la police. Je récupère mon maillot, je remarche, un camion passe et ne me prends pas, je remarche, plus longtemps qu’à l’aller, une camionnette passe et me prend, c’est assez l’horreur, je manque de valser par dessus bord, je me cramponne un max, je sais pas comment ils font les gens, je suis moins secouée sur mon vélo, je raconte mes aventures, une des dames me dit qu’un vélo comme moi vient de passer… Ce n’est pas mon vélo ? Non. Le temps de me cramponner pour me retourner, le dit vélo est nimbé du nuage de poussières… Je ne saurai jamais si c’est un autre fêlé comme moi… Une des vieilles qui étaient dans la camionnette habite là où j’ai laissé mon vélo, dans son sac, quatre bouteilles d’eau, deux de coca, elle me dit qu’elle vend aussi… Je ne peux rien lui acheter, le plan 2 bis de restriction budgétaire et le poids, j’ai honte, elle est dans la survie, moi aussi… Au passage c’était tellement acrobatique cette virée en camionnette sur cette route épouvantable que j’en ai failli oublier mon maillot dans la camionnette, je profite d’un moment sans personne pour le mettre ce fameux maillot bleu car là il fait chaud.

Le deuxième point fort de cette journée c’est la route, elle est terrible, le cyclo hollandais m’avait prévenu, même à la descente il faut pousser. Eric il a quarante ans, des jambes deux fois plus longues que les miennes, il est vachement plus fort. Quand même il faut que j’avance, alors je me lance dans le descente, c’est terrible, mes pneus ne sont pas adaptés et un vélo chargé ça change tout, et en plus je n’ai pas de casque, je réduis les secousses en étant debout sur les pédales le poids en arrière, mis le pire ce ne sont pas les pierres c’est le gravier et le sable, c’est terrible, je fais attention de ne pas déraper, c’est comme la conduite en voiture sur neige, comme sur des œufs, tout en douceur, je ne vois rien du paysage, suis concentrée un max. je dois quand même mettre pied à terre pour traverser une zone de sable d’environ 15 cm, même en poussant c’est dur.

La descente va se terminer et je suis presque contente de pousser pour remonter, je galère un max, je dérape, le vélo dérape, mes pieds dérapent, c’est vraiment dur.

Je vais passer le km 100, 100 de je sais pas quoi, d’ailleurs c’est l’unique borne…

Quand même quand il y a des obstacles ils préviennent…

A un moment donné la piste est à double voie, je ne peux passer sur l’autre voie, je dérape trop… Terrible la route, terrible…

Petite parenthèse, j’écris dans ma tente, j’ai laissé mon sac poubelle dehors, il n’y a rien d’intéressant que le papier de mes crackers, j’entends une bête qui farfouille dedans, je n’ai même pas peur, je crois que je vais finir pas n’avoir plus peur de rien… J’espère quand même ne pas devenir dure et garder un cœur tendre… En plus des dérapages il y a la pente, dans un virage je galère un max, la pente à la vénézuelienne, les dérapages à la péruvienne, ça donne… Et pour couronner le tout il y a la poussière, la poussière du vent, la poussière quand passe une voiture , un camion ou une camionnette… Je suis même obligée à plusieurs reprises d’essuyer les lunettes… A un moment donné je doute, qu’est-ce que je suis venue faire dans cette galère ? Le paysage est un peu monotone, des montagnes cultivées, c’est le moment de la récolte, quelques rares villages. Et puis quand je doute je passe un col à 3000 mètres et là je ne doute plus ça me plait cette nature dure et impitoyable, et puis je vais continuer à monter et atteindre un altiplano à plus de 3200 mètres d’altitude et je suis contente.

 Un autre point fort de la journée : le temps… des chauds, des coups de vents glacial et puis l’orage qui menace, j’ai même plus peur, je me dis que si je m’arrête à chaque orage qui menace je ne suis pas prête d’arriver, alors je continue, à 3000 mètres je me prends dix gouttes d’eau sur la tête, je continue de foncer dans l’orage, même pas peur…

A 3500 mètres je me prends une averse de grêle, là c’est moins drôle, ouf j’ai pu arrêter mon vélo et me couvrir, je continue, je croise trois maisons, des gens s s’abritent et me font signe de venir, je ne me fais pas prier. Au bout d’un quart d’heure ça se calme, je repars, m’arrête pour manger un peu, je n’ai rien mangé depuis plus de deux heures, puis ça passe à la pluie c’est supportable, la température est passée de 28 à 9°, mon anorak me manque… Puis ça va se réchauffer, l’avantage de cette pluie et grêle c’est que ça a fait tomber la poussière… Je me demandais pourquoi les camionnettes arboraient un fanion à près de 4 mètres de haut, j’ai compris, c’est pour qu’on les voie dans la poussière… Ce soit dans ma tente je me suis fait ma douche maison avec mes 4 cuillers à soupe d’eau, un jus marron est sorti de mon visage…

Je voulais aller plus loin, vu que j’ai vu qu’il était facile de planter sa tente, je voulais continuer jusque vers 5 heures, et puis le paradis m’a appelé…

Et puis je crois que le raisonnable c’est quand on le peut de s’arrêter à 4 heures, ici il fait nuit à 6 heures trente, le temps de planter la tente de faire mes petites affaires, de décharger les photos, je pense que 4 heures c’est bien…

Je profite d’un rayon de soleil pour faire sécher mes sacs…

Là où j’ai planté ma tente il y a un restaurant, ils proposent aussi des chambres (je crois que c’est comme ça dans beaucoup de restaurants sur cette route, je retrouve un peu les haltes pour camionneurs que j’ai tant appréciées en Colombie. Je réfute la chambre, arguant du manque d’argent.

La jeune fille est super belle…

Le jeune homme qui m’ a reçu viendra me trouver pour me proposer le gite gratuit, j’irai expliquer que je suis super bien dans ma tente, ce qui est vrai (19 contre 12 dans les chambres) et puis ce soir j’aurai mon premier coucher de soleil de l’altiplano péruvien…

Mon premier coup de soleil aussi sur le visage, je n’ai pu me recrémer, il faut vraiment que je me trouve un bâton pour soutenir mon vélo et que je puisse m’arrêter quand j’en ai besoin.

 Et le paysage ? Pas spectaculaire aujourd’hui , des montagnes, un peu monotones…

Mais la joie de déboucher sur l’altiplano, et là je gère un max mon acclimatation à l’altitude…

Là c’est mon premier pique-nique…

J’ai quand même vu un rio, je sais pas où, j’ai oublié, les efforts de cette route terrible ont captés toute mon attention, je comprends l’air dubitatif d’Eric quand je lui ai dit que j’allais prendre cette route… Et encore, j’ai fait pire que lui… Ai bifurqué mais ça là c’est du futur…

Allez bisous moi dans ma tente bien-aimée, bisous vous mes bien-aimés et fidèles lectrices et lecteurs…

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Une réponse à J168-J181 : la vuelta J5 : dur, dur, dur, dur, dur, plus que ça même…

  1. ARDUIN-BOREL Mylaine dit :

    Au vu de tes photos, je comprends le immensement dur, immensement beau,
    immensement grand…….
    J’ai vu aujourd’hui tes 2 petites filles, toujours aussi belles, et le restant de la
    famille qui est ici va bien.
    Bisous.

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