J209 : allo, allo, allo, ici la tente de l’abuelacyclofluo, m’entendez-vous ?

Mercredi 17 août 2011

Carhamayo – bivouac au péage de Casaracra

Distance parcourue : 72,95 km
Vmoy : 113,9 km/h Vmax : 50,4 km/h
Température : minima : 7°, maxima : 25°
Dénivelée positif : 105 m
Dénivelée négatif : 503 m
Heures sur le vélo : 5H13’14 »
Départ : vers 10 heures
Arrivée : vers 17 heures 15

Résumé de la journée

  • Conditions météorologiques : soleil, couvert, froid, puis vent glacial et resoleil
  • Objectif : avancer, trouver un endroit où dormir
  • Etat de santé : ça va
  • Particularités de la journée : altiplano, altiplano, altiplano, puis début de la redescente, un peu juste pour trouver un endroit où dormir

-Allo, allo, allo ici la tente de l’abuelacyclotouriste la plus gringaletta de l’Amérique latine, m’entendez-vous ?

-Ici la terre, je vous entends, à vous, dites-nous tout, température intérieure, extérieure, longitude, latitude, altitude, tout quoi.

-Bon, bin, euh la température intérieure est de 8°, extérieure, je sais pas mais ça va, aujourd’hui il a fait froid comme d’hab, sans plus.

-Et le vent ?

-Comme d’hab, il s’est levé en début d’après-midi, glacial, comme d’habitude.

-Fort ?

-Bin oui, comme d’hab, de plus en plus fort au fur et à mesure que l’après-midi avance, mais ce matin ça allait, des fois il se lève à 10 heures, quand même je n’ai pas été déséquilibrée par les camions qui arrivaient en face, juste ceux qui me doublaient, et puis les camions le matin pendant une heure je n’ai rien vu, ni camion, ni bus, ni voiture.

-Rien de rien ?

-Non, rien de rien, même que je me suis dit que peut-être il y avait une catastrophe mondiale, que tout le monde était mort et qu’il n’y avait plus rien autour de moi…

-Comment ça rien ? Mais où êtes-vous

-Bin je suis sur l’altiplano

-L’altiplano

-Bin oui ça fait des jours et des jours que je suis tout là-haut et sur l’altiplano entre 4500 et 4800 il y a rien…

-Rien ?

-0ué, aujourd’hui pendant 50km, rien, ah si j’ai du éviter mille dangers…

La voie ferrée

Les vaches, mais y avait pas de vaches

Les lamas

Et il y avait des lamas

-Et au fait la catastrophe, et bin il y en a vraiment eu une, un énorme éboulement entre où je suis et Lima, route coupée, la route pour moi… Comme d’hab…

-Comme d’hab quoi ?

-Oui, comme d’habitude je me commande quelques petits éboulements pour avoir la route que pour moi…

-Alors comme ça sur l’altiplano il n’y a rien

-Rien de rien, que de l’herbe rase et des fois de l’herbe très drue qui pousse qu’au-dessus de 4000 et quand on veut mettre la tente dessus ça fait des creux et des bosses…

-Et là votre tente elle est où ?

-C’est compliqué, d’abord je pensais pas que y avait rien de rien sur l’altiplano, ni village, ni maison, je me disais que le moment venu je trouverai facilement… A un moment j’ai trouvé, oh oui j’aurai aimé bivouaquer là dans ce paysage de collines (enfin à plus de 5000 mètres les collines quand même)

Donc dans ce paysage de collines dénudées sans arbre sans rien, j’aurais aimé bivouaquer

Et puis je me suis rappelée les nuits debout dehors une pierre à la main, le bivouac détruit au bord de la Panam, alors j’ai continué…

Et puis ça s’est mis à descendre, et puis j’ai appuyé fort sur les pédales et puis j’ai calculé, La Oroya, 25km, me reste une heure de jour, je fais plus de 25km/h, c’est jouable… Et puis j’ai pensé, encore chercher un hôtel, et il sera minable, chambre glaciale sans fenêtre, eau coupée, électricité aléatoire, alors je me suis dit première maison je m’arrête… Et je suis rentrée dans les gorges et le soleil s’est couché, et je me suis dit tu es encore partie pour une galère…

-Si c’est là « kondorin »? Je pouvais pas la louper celle-là, non c’est pas là qu’on dort vu que c’est encore un village sans maison, je vous l’ai dit sur l’altiplano il n’y a rien, rien qu’une fêlée qui passe…

Et j’ai vu trois replats avec restau, trop, trop sinistres, après la beauté que j’ai traversée, je ne peux pas, alors j’ai continué et puis j’ai vu un replat, le péage, la police. J’ai été les voir, ils ne sont là que jusque 22 heures, ils me conseillent de m’adresser aux gens du péage, lesquels me disent de me mettre derrière, moi j’avais repéré un endroit plus loin de l’autre coté de la route. Bon on me dit de me mettre derrière je m’y mets. Comme d’hab je galère pour enfoncer l’arceau longitudinal, j’y arrive. Arrive alors un mec du péage, non je ne peux pas me mettre là, plus loin. De plus loin en plus loin je finis par arriver à l’endroit que j’avais repéré, en plus il est en contrebas de la route, donc protégé du vent. Comme je ne voulais pas démonter l’arceau le mec il m’a portée la tente à moitié montée, moi j’ai poussé mon vélo, et après tout le temps de mon installation il est resté là et moi comme d’hab je réponds à toutes ses questions. Le MandolPierre il a raison, on devrait être payé pour ce qu’on fait, car nous donnons du rêve, et en fait tout ce que nous achetons, consommons, qu’est-ce si ce n’est du rêve ? Bref je suis pas loin du péage, suffisamment loin pour ne pas avoir le bruit, mais la circulation est rare, suffisamment près pour avoir de la sécurité.

-Ah oui, vous voulez savoir latitude, etc, etc… et bin latitude 12° et demi, longitude : 76°, altitude vers 4400 mètres, peut-être un peu moins.

-Vous voulez savoir quoi d’autre ?

-Ce que j’ai vu ? Mais rien, il n’y a rien sur l’altiplano…

-Ah si j’ai vu le lac le plus haut du monde, oui, plus haut que le lac Titicaca… C’est le Lac de Junin.

-Et ici il se passe des choses étranges, le lac fait des méandres…

-Et comme dans toutes les campagnes du monde (enfin du monde d’avant pour certaines campagnes), les bouses sèchent au soleil…

-Des fois aussi l’altiplano ouvre  une fenêtre sur les montagnes alentour…

-Et aussi une  ville triste à mourir, comme si tout dedans était mort…

-Et aussi le train le plus haut du monde, sauf que la locomotive elle avait pas de wagon…

-Et les wagons y zavaient pas de locomotive

-Et aussi des lignes droites à mourir…

-Et tout et rien quoi… Et très loin des montagnes enneigées…

-J’oubliais le plus important, j’ai bu le jus de Maca…

-Alors ?

-Pour être reconstituant, c’est reconstituant, recette pour deux personnes : un œuf, une grande dose de lait concentré sucré, de la papaye, du sucre de canne non raffiné, une poignée de maca cuite auparavant deux heures dans de l’eau, vous mixez le tout et l’accompagnez de genre de pop corn sucré, sauf que c’est un maïs différent, le maïs c’est comme les pommes de terre, il y a mille variétés. Et… C’est bon…

-C’est quoi la Maca ?

-Bin c’est ça

-Non, pas ça, juste en face, ça…

-Un bulbe, de la taille d’une demi-noix, de couleur marron crue, cuite un peu violette, je l’ai goûté sans rien, un peu le goût de châtaigne, un peu amer, mais juste un peu, ici c’est la spécialité, je ne sais où elle pousse, peut-être dans un des carrés magiques qui ornent la montagne.

Allez j’aurais du en boire deux verres, je suis nase, il faut dire que je me suis fait une grosse journée de vélo, plus l’altitude, bisous tout le monde.

Ce contenu a été publié dans Pérou, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à J209 : allo, allo, allo, ici la tente de l’abuelacyclofluo, m’entendez-vous ?

  1. JANODOU dit :

    Bisous à toi Françoise. Je me laisse bercer à tes lectures en pleine nuit européenne. Il est 1h du matin et le sommeil m’a quitté.
    A bientôt

    • Francoise dit :

      Bin alors si ce que j’écris t’endort… Je vais changer mon style… Alors Jean-Luc, tu te réveilles, tu te bouges les fesses, je fais tout ce que je peux pour me ralentir et t’attendre mais il y a des limtes…Bisous, sans rancune

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *