J210 : stupéfiant…

Jeudi 18 août 2011

Bivouac au péage de Casaracra – Bivouac dans la cour d’une ferme à Lloclapampa

Distance parcourue : 70,83 km
Vmoy : 15,3 km/h Vmax : 48,5 km/h
Température : minima : 15°, maxima : 34°
Dénivelée positif : 197 m
Dénivelée négatif : 471 m
Heures sur le vélo : 4H35’18 »
Départ : vers 10 heures
Arrivée : vers 17 heures

Résumé de la journée

  • Conditions météorologiques : soleil, vent, chaud et froid, encore gel la nuit
  • Objectif : avancer, trouver un endroit où dormir
  • Etat de santé : ça va puis un aliment va me torpiller le ventre…
  • Particularités de la journée : un paysage stupéfiant, une ville minière qui interroge, un kidnapping avec nuit dans la cour d’une ferme.

Pourquoi stupéfiant ? Parce que je suis stupéfaite, stupéfaite de ce que la nature peut nous offrir… Stupéfaite de l’entremêlage de formes et de couleurs, toujours différentes, toujours intriguantes… Stupéfaite de ce que la main de l’homme peut produire, là aussi mêlage de formes, de couleurs, de bruits et d’odeurs… Stupéfaite de ce que je pressens depuis des jours et des jours : le pillage organisé du Pérou…Peut-être je me trompe… Qui dit ? Personne, si les gens de PuÑo… Tir à balles réelles… Je vais faire comme tout le monde, me taire, sinon je sens que je vais finir mes jours au fond d’une mine, oubliée de tous… Et comme je marche à l’énergie solaire je vais rapidement m’éteindre… Et mourir…

Voilà nuit bruyante, tente penchée, mais sécurité…

Il a encore gelé cette nuit, mais la température n’est descendue qu’à 5° dans la tente, au péage j’ai retrouvé les sacs de tente égarés dans le déménagement…

Je descends le rio, je pédale super bien, la nature recommence à m’envoyer ses clins d’œil.

La circulation est d’enfer, impossible, camions, voitures et bus me frôlent… Et oui rappelez-vous, la route coupée… Lima n’est qu’à une centaine de km, là je paie ma tranquillité, j’ai en un jour la circulation de trois jours…

J’arrive à la Oroya, les vélos ont à nouveau droit de cité…

La Oroya, ville minière et industrielle à 3731 m d’altitude, ville stupéfiante dans un paysage stupéfiant, les mots me manquant voici les images :

Un rio, la force hydroélectrique…

Un rio parfois difficile à enjamber…

La nature séquestrée…

Une nature qui restera toujours plus forte que l’homme…

Une cyclo ravie de laisser s’échapper la grande partie du trafic… Au passage, observez la double ligne blanche qui est jaune et le camion il est ou ?

Ceux qui resteront iront à une vitesse folle…

La main de l’homme tentera de sculpter le paysage…

L’eau fera de même…

Là je reste stupéfaite…

Abasourdie…

Impressionnée…

 

Le rio toujours m ‘apaisera…

Le vélo est lui aussi tout chamboulé…

Parfois le rio paresse…

Les gorges s’élargiront et l’homme reviendra…

La cyclo aura son après-midi un peu gaché par des douleurs qui vont lui torpiller le ventre et des fuites qui cette fois-ci prendront le chemin inverse de la dernière maladie et ses médicaments qu’elle économise, elle a prévu un an, pas deux, certains se trouvent facilement, d’autres sont inexistants…

La cyclo qui a bien pédalé malgré un vent qui toujours remonte  les rios cherchera un endroit où dormir. Le village de l’autre coté de la route ferait bien l’affaire, juste il faut être très prudente sur le pont, trois voitures déjà sont tombées, oui c’est la Mamita qui me l’a dit…

 

Là-bas, un peu plus loin sur la piste, oui la maison bleue, c’est possible, il y a des bains… Des bains chauds ? Oui… On peut se baigner ? Oui, sauf que c’est fermé. Ah.  Des cyclotouriste sont venus, mais ils étaient plusieurs… Allez va pour les bains fermés… Un terrain plat au-dessus de la piste, barré par de multiples épines de 10cm de long… Les vaches qui rentrent… Dormir dans le campesito ? Mais qui vous a dit ça ? Pas possible… La nuit dans le campesito et seule… Allez au village… Là ? Là ? Non, à la casa, mais je ne peux passer, le sable, la montée… Si vous pouvez passer, les vaches passent bien…

Je passe… Je me mets où ? Dans le cuatro (une pièce vide) ou avec les vaches, je choisis les vaches, et les poules et le chien…

Et les baños ? Là, où vous voulez, dans la cour…

Dans le village le Christ est roi…

Et les mamitas ça s’entend bien et ça se raconte des choses et ça mange ensemble, oh simple, pommes de terre vapeur, oeuf durs, tisane d’anis.

Et la Mamita elle est supercontente, elle a « sa gringa », et toute la famille viendra, et la gringa répondra à toutes les questions et en posera d’autres, et le gendre il m’aime pas, ça tombe bien, moi -aussi je ne l’aime pas… Très intelligent il a compris le pillage du Pérou… Très intelligent il comprend bien la valeur de mon vélo qu’il inspecte sous toutes ses coutures… Je lui précise quand même que le premier qui touche à mon vélo je le tue…

La maison est rudimentaire, un sol de terre batue

Une cour intérieure

Une chambre à coucher

Une cuisine où le feu est alimenté par des bouses de vaches séchées, le bois est rare ici…

Mais les mamitas ça travaille encore dur, et à 5h30 les vaches ça se traie, non pas 5h30, il ne fait encore que 5° dans ma tente, je résiste… Jusque 6h30, de toute façon je ne peux plus dormir, les poules tentent d’utiliser ma tente comme perchoir, j’ai peur des dégats, le soleil arrive je me lève. La mamita s’absente pour une ahorita, je crains le pire, je la remercie comme je peux…

Je la reverrai, l’embrasserai, elle craint pour moi le pire, je suis prudente en retraversant le pont…

Besos a todos…

Ce contenu a été publié dans Pérou, avec comme mot(s)-clé(s) , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à J210 : stupéfiant…

  1. Monica dit :

    Majestueuses montagnes … Rio enchanteur …, Nuit de luxe parmi, vaches, poules et chien…,une Mamita souriante près de sa gringa. C’est beau.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *