J217 : la route diabolique J5… Ciel le Mexique…

Jeudi 25 août 2011

? sur la piste qui suit le rio Mantaro – Huanca

Distance parcourue : 41,78 km
Vmoy : 6,8 km/h Vmax : 30,6 km/h
Température : minima : 20°, maxima :
44°Dénivelée positif : 628 m
Dénivelée négatif : 460 mHeures sur
le vélo : 6H08’00’
Départ : 8 heures 27
Arrivée : vers 17 heures

Résumé de la journée

  • Conditions météorologiques : beau, rapidement chaud, j’adore, vent extrèmement violent quand j’arrive à Huanta
  • Objectif : avancer, une fois compris où j’étais, oué parce que depuis quelques jours je sais juste que je suis sur la bonne route mais je ne sais pas laquelle, donc une fois que je sais où je suis, et bien avancer, trouver un endroit où dormir et peut-être Huanta
  • Etat de santé : bon sauf ce matin je crains pour mon coude que l’épichondylite ne revienne et ça se calme, et le transperçage des jambes par son étendue m’inquiète et inquiète la population…
  • Particularités de la journée : décor somptueux, on se croirait au Mexique, piste moins difficile mais qui requiert toute mon attention, je remonte, je vais au-delà de mes forces et m’effondre à 100 mètres de l’entrée de Huanca, je bouffe tout ce qui me tombe sous la main…

Alors, alors, alors, alors la nuit fût particulièrement bonne dans ce bivouac de
rêve, terrain plat, à l’abri du vent, connaissance de la population, oui parce que un habite là la semaine, et dans la maison en ruines ils travaillent la pierre blanche qui sert à faire de la chaux et je crois aussi la porcelaine.

Réveil digne du décor

Mais quand faut y aller, faut y aller, départ 8h27, je progresse… surtout j’ai compris que dans les canyons il ne fait pas bon y être vers 17 heures car c’est à cette heure-là que le vent est le plus méchant… Mais où serai-je ce soir ? Vous l’avez compris moi je navigue à vue et c’est ce qui me convient, donc je continue…

Je suis partie depuis 15 minutes, j’en suis à mon deuxième franchissement de
rio…

Malgré ma chute de l’autre jour j’ai adopté la stratégie suivante : je les passe
sur le vélo, car j’en ai marre de me mouiller les pieds, l’eau étant rouge je ne sais quels pièges m’attend : eaux profondes, pierres, boue, donc je prends suffisamment d’élan pour passer mais pas trop de vitesse pour ne pas m’exploser, oué c’est compliqué, bon bin là je n’ai pas pris assez de vitesse et… Oui, plouf… Plouf dans l’eau, mais que les pieds, résultat mes chaussures puent, mais puent…

Je continue ma route diabolique et je nage dans le beau…

A 10 heures je rencontre un petit village avec resto, je fais ma première et unique (erreur) pose, je mange des sandwich aux oeufs arrosés de coca. Mes
jambes sont l’attraction des femmes du village, l’une me masse avec une crème hydratante à la vitamine E qui marche comme repellente, et c’est vrai. L’autre me donne (vend, car ici beaucoup de choses manquent, à commencer par l’argent) une crème repellente, le tout s’avérera efficace, mais le mal est fait, j’ai les jambes dans un état pas possible, piquées de partout, quelques piqûres sur les bras et au cou, les jambes c’est la cata; on me dit que c’est des sancudos, on me dit que c’est des moustiques, moi je pense que c’est un autre insecte car il n’y a pas le rond blanc des sancudos et en plus quand elles piquent (les bêtes ) ça fait mal, ces bêtes-là ne ressemblent pas à des moustiques, elles sont petites, allongées, vivent nuit et jour et ne volent pas très haut, quoiqu’il en soit on
me dit que les bêtes ne transmettent pas les maladies, qu’il faut juste faire attention aux infections, bon je surveille, ne me gratte pas. Ces bêtes-là ne piquent pas tout le monde, il faut du sang jeune, bin voyons je crois que c’est le sang que je me suis fait en me baladant vers les 5000. Le dopage, le dopage, oui ça tue… En attendant la meilleure protection c’est de se couvrir, mais je n’ai
pas de pantalon léger et si à 44° je ne peux pas mettre mes jambes à l’air c’est triste… Allez je suis en train de remonter, les bêtes devraient disparaître avec l’altitude et le froid… Je regarde mes notes (il faut pas croire mais des fois je fais les choses intelligemment), les cyclos français en tandem qui ont cassé
leur jante et l’ont attendue 3 semaines à la Paz et que j’ai rencontrés à la cas de ciclista de Trujillo, ils n’ont pas pris le même chemin, mais ont eux-aussi gravis les pics et ont eu eux-aussi le même problème de bêtes et m’ont conseillé de me protéger, trop tard… Ils ont pris eux-aussi des routes fantastiques, vraiment, que de routes fantastiques au Pérou, c’est éblouissant, j’ai fais un choix, je ne peux tout voir, j’ai fait une croix sur Nacaz, une sur Arequipa, que je connais déjà mais où il y a aussi un canyon fantastique, tout choix implique un renoncement, ainsi va la vie… Le Pérou est vraiment éblouissant de beauté… Le Pérou est aussi en marche vers une modernité avec son coté chouette et un peu de nostalgie… J’espère que le Pérou se réveillera un jour pour de bon et profitera de ses multiples richesses… Il semble qu’ici la liberté d’expression existe, alors je parle…

En attendant la fraicheur du matin va vite laisser place à la chaleur et moi j’adore… 44° une partie de la journée, trop, trop bien… Pour la peine je mets ma casquette et le réfrigérateur en route, Daniel il a dit que j’étais la première personne qu’il rencontrait qui connaissait le système… Et vous avez compris que tout ce que Daniel dit est parole d’évangile… Et Daniel c’est un grand grand
bonhomme, alors qu’il remarque que je ne suis pas complètement nase, ça me plait… Et pour les cyclos qui veulent savoir, par mail privé…

Et aujourd’hui je vais encore naviguer dans le beau, le grandiose, le qu’il n’y a pas de mots pour le dire…

La piste reste difficile, glissante, dans les descentes je suis hyper-concentrée,
c’est comme descendre une piste noire verglacée, sauf que les pneus de mon vélo ils ont pas de carre, donc c’est du tout droit, pas de zigzagage, sinon c’est dérapage et chute assurés, freinage extrêmement doux aussi et quand ça dérape, laisser filer tout droit même si il y a une grosse pierre, des fois je suis secouée
dans tous les sens et mes sacoches aussi, mais j’arrive à garder le cap et ne chute pas. Je regrette depuis deux jours de ne pas avoir pris mon casque, finalement Jean-Luc, je ne sais si tu as prévu de prendre un casque mais prends-en un, c’est utile, surtout pour faire du parapente avec la tente… Notez quand même le plus de 30km/heure sur piste, ceusses qui ont fait du VTT avec moi, ils doivent plus me reconnaître…

Tiens les failles réapparaissent…

Le rio est toujours très présent et m’enchante…

Parfois il s’élargit… Et continue de m’enchanter…

Puis j’arrive au Mexique

Et je vais faire provision de Kdo pour Julien, Mylène je te charge de lui apporter…

Là c’est un cadeau pour l’atelier pictural de l’Espace Socio-Culturel du Diois à
Luc-en-Diois dont le thème de cette année est l’arbre…

Là ce sont des cailloux, des pierres, alors c’est pour moi ( je vous rappelle que
les pierres à moi elles me parlent)…

Et puis là c’est de l’époustouflant, du plus beau que ça tu meurs…

Là c’est un kdo pour une de mes plus fidèles lectrices, oui elle a dit que c’était
du genêt…

Là c’est la nature qui se réveille, oui, ici c’est la fin de l’hiver, les premiers signes du printemps et la pluie qui tombe le soir depuis quelques jours…

Une église perdue

Un pont tout neuf

Mais qui ne supporte pas les camions qui devraient passer par le rio mais qui
contournent la chaine…

Et la cyclo elle ne passerait pas en fin d’après-midi ( à cause de quoi ?), le vent
pour ceux qui ne suivent qu’à moitié…

Le rio lui, imperturbable coule…

Et une fois le rio traversé par le pont sans rambarde et qui supporte pas les camions, il faut quoi faire de ce rio que vous descendez depuis des jours et
des jours ?Il faut le remonter de l’autre coté, ce que fait la cyclo…

Mais la cyclo elle a du fumer des chardons aux fleurs de coquelicots jaunes car elle monte sans broncher, sans manger et…

A 16 heures 30 au km 238, à 100 mètres de Huanta, petite ville où elle se promettait de se faire un bon resto, elle s’écroule sur le bord de la route
alors que soudainement est apparu du goudron, elle ouvre sa sacoche
réservée à la nourriture et engloutit tout ce qu’elle trouve dans n’importe quel ordre et trouve pratique le chocolat en tube (ici ils disent triangle) , c’est comme un berlingot de lait concentré sucré, sauf que c’est en triangle et que c’est du chocolat et que à 44° le chocolat ça fond et qu’elle n’a plus sa couverture de survie toute abimée, elle l’a donné ce matin, oui, elle a commencé le grand
délestage, et pour la cyclo c’est dur car les objets la rassurent, mais chargée ou monter il faut choisir, elle a choisi. Ce soir elle a donné à une petite jeune fille qui faisait le même gabarit qu’elle le joli petit débardeur avec gilet assorti orange avec des trucs brillants, super pour aller danser, sauf que pour danser à
3800 mètres dehors il faut se remuer les fesses et les péruviens ils bougeaient pas trop, alors elle a fait comme tout le monde elle a gardé bonnet et gants… Ce soir elle a aussi donné le débardeur orange javellisé, oué l’abuela-mamita-cyclo-fluo-gringaletta se prépare à la grande attaque… En attendant elle est écroulée au bord de la route dans un fossé, une femme et sa petite fille passe, la femme est effarée de l’état des jambes de la cyclo, la cyclo se recouvre, il commence à faire frais et la grande attaque (des bêtes) recommence…  Les vertiges mettront 3 heures à passer, c’est promis la prochaine fois la cyclo ne pédalera plus 6 heures sans rien avaler…

Enfin elle arrive à Huanta, elle apprend que Christophe a dormi là hier, elle sait
même où, bientôt on va lui dire ce qu’il a mangé… Elle est super contente car Christophe ne lui a mis qu’une journée dans la vue sur cinq jours…

Petite réflexion, chez nous c’est decaux qui s’est attribué l’espace urbain mais comme il m’a donné les vélov je dis rien, ici c’est Claro…

Pour aller au centre elle se perd un peu, demande son chemin à un dégénéré qui
va lui demander ses papiers, bien sûr elle l’envoie balader, et quand il va lui demander son nom elle va répondre « mon nom est personne », l’occasion était trop belle, mais le mec (dégénéré) il a pas du comprendre…

Voilà l’hôtel est nase, à tel point que je vais dormir sur mon matelas et dans mon
duvet, la douche commune froide, mais la chambre (sans fenêtre) chaude…

Bien sûr elle (la cyclo machin parce que moi je fais pas ça…) va se perdre dans la
ville ne sachant encore le nom de son hôtel, un repère, à coté du parque, oui, sauf qu’il y en a au moins deux…

Bien sûr elle a cherché un point internet, le débit était lent mais acceptable, le
clavier qui semblait correct avait la touche entrez qui se bloquait mettant un milliard d’espace entre un mot et l’autre, alors elle a abandonné…

Bisous tout le monde… Demain la grande attaque, aujourd’hui c’était juste
l’échauffement…

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