Admirez la plus petite cyclo du monde devant l’endroit qui porte le plus long nom du monde…
Samedi 9 mars 2013
Fermes 10 k avant Porangahau – Bivouac à la fin de la montée après Wimbledon
43 km
Bonne nuit.
Hier soir j’ai entendu la dame aux fleurs rentrer. Ce matin je la vois, je discute un peu avec elle, je ne suis pas une sauvage… Je lui explique ma présence, oui, elle a été surprise en voyant ma tente hier, elle me confirme que je n’aurai jamais de refus d’hospitalité mais qu’il vaut mieux demander. Et, enfin, enfin j’apprends le nom de ces fleurs roses à longues tiges et sans fleurs, parce que si je comptais sur vous, je serai toujours dans l’ignorance…
Nous allons voir si le Professeur Tournesol est un peu moins ignare que les autres… Cette plante, on peut en tirer un médicament, alors ?
Mes civilités ajoutées au fait que j’attends que la tente sèche (en fait elle ne séchera pas, la rosée est très importante ici) font que je ne pars qu’à 9h45.
Je ne regrette pas de m’être arrêtée avant Porangahau car ça monte encore. Je passe par le village pour renouveler mes provisions. L’épicière peu aimable m’assure que la prochaine et seule épicerie avant Masterton est fermée le dimanche. Ok, je me charge en provisions de coca, du pain de mie, du fromage, avec ce que j’ai déjà je devrais tenir… Pour l’eau il y a des fermes. Petit point carte…
Au fait j’ai dit excès pourquoi ? Mais parce que ça n’arrête pas de monter, parce qu’il y a des montées à la chilienne, j’ai dit à la chilienne, pas à la Vénézuelienne…
Et que je suis hyper-chargée, en plus j’ai récupéré un lourd bâton pour faire office de béquille.
Pourquoi j’ai dit excès ? Parce qu’en plus de parler pas français, de rouler à gauche, de vouloir la mort des cyclos, d’avoir des noms à coucher dehors, voilà qu’ils ont des places dont rien que le nom contient autant de lettres que dans une phrase de Proust…
Allez, on prend une grande respiration et on dit :
«Taumattawahakatangihangakoauauotamateaturipukakapimaungahororonukupokaiwhenuakitanatahu »
Attention interrogation écrite demain, on va voir, on va voir si vous y arrivez…
En plus ils indiquent la place à 500 mètres à droite devant une piste, vous faites quoi vous ?
Moi je prends la piste. J’arrive devant un magnifique parc devant une non moins magnifique maison.
Un chien m’accueille tous crocs dehors, ouf, il comprend le français et à mes « gentil le chien, gentil le chien » , il se calme… Personne dans la maison, pas de plaque de la place au nom le plus long du monde, je suis un peu déçue et rebrousse chemin…
Mais ce n’était pas là…
J’ai dit excès ? Oui, ça monte, ça monte, ça monte.
Après de douces collines…
Où il convient de rester prudent car le risque d’incendie est très fort…
Après de froides forêts
Je rentre en plein dans la montagne
Je m’étais fixé comme objectif, 60 ou 50 km…
Mais je n’en peux plus, deux fois je pousse, je me dis si je trouve u endroit où planter la tente (toujours les clôtures), je stoppe, je trouve, je stoppe.
Ah oui, excès aussi, personne, personne, je finis par me demander si je ne me suis pas trompée de route, non, je vérifie bien, tout est allrigth, mais où sont donc passés tous les new-zélandais ce samedi ? Mais oui bien sûr, ils sont sur la hightway n°2, oui, rappelez-vous la route du suicide…
Tandis que j’écris et que la nuit est tombée une bête rode autour de ma tente, oh la la, je n’ai pas encore affronté ce danger, je crie, je fais pan, elle ne se sauve, tandis que je cherche ma frontale pour l’affronter, elle se sauve… J’ai oublié de marquer mon territoire comme les animaux, j’y vais de ce pas…
Comme hier je zappe la leçon d’anglais du midi, je veux avancer mais la fais le soir, et ça paye, ça paye, je m’exprime mieux, je comprends mieux et vous pouvez admirer mon courage car il en faut. La dame aux fleurs elle m’a dit qu’il y avait des mots différents en new-zélandais, et bien mes amis je ne sais quel anglais je vais parler…
Ah oui, aussi je suis passé à Wimbledon, village sans maison, une taverne, 500 mètres plus loin une école, le monument aux morts une piscine sans nageur (ils sont sur la highway n°2), et quand même 2 courts de tennis tout décrépis.
Le temps ? Sans excès, couvert le matin, alternance de nuages et d’éclaircies l’après-midi, frais le matin, bon l’après-midi, j’aurais supporté quelques degrés de plus, mais quand même jambes et papates à l’air et vu que je ne me suis pas crémée, et vu que je viens de lire qu’ici aussi il y a un trou d’ozone, et bien j’ai cramé…
Ah oui, aussi j’ai eu du vent, de face, de côté…
Mais je suis dans mon élément, route déserte, alors tout va bien…
Les chiffres :
42,75 km
Vmoy : 9,6 km/h
Vmax : 48,2 km/h
Temps sur le vélo : 4h26’54 »
Bisous tout le monde